lexpression editos 2/5/ au10/5/2007

L'EDITORIAL DU 06/05/2007
Elitisme à la Sarkozy
06 mai 2007 - Page : 3

Les Français vont-ils introniser aujourd'hui un partisan convaincu de la politique élitiste? Tout le laisse penser à en croire les sondages qui donnaient, hier, un avantage conséquent de dix points au représentant de la droite française, Nicolas Sarkozy, face à sa challenger de gauche, Ségolène Royal. Sarkozy veut «changer» la France. Et le débat de mercredi 2 mai n'a fait que confirmer les options fortes du candidat de l'UMP, lequel n'a guère fait mystère de ses préférences pour une France plus restrictive, à laquelle il compte donner un coup de barre encore plus à droite que même un Jean-Marie Le Pen, qui passa sa vie à défendre un nationalisme ombrageux aux «couleurs de la France», n'a osé franchir. Mais ce n'est certes pas ce nationalisme de «grand-père» que le candidat de la droite compte faire valoriser, car Nicolas Sarkozy qui ne cache pas son admiration pour Bush -et autres Berlusconi et Blair qui représentent, en fait, les grandes fortunes de leurs pays respectifs- est plutôt enclin à favoriser les élites sur le modèle des républicains américains.
Dans la France de Sarkozy, la classe médiane et la «masse» risquent de ne pas trouver leur compte. La philosophie que défend le candidat Sarkozy est loin d'être ouverte ou populaire si l'on excipe de sa vision de la France qu'il a défendue au long de la campagne électorale. M.Sarkozy veut «changer» la France en commençant par en restreindre l'accès à tous ceux qui n'entrent pas dans les perspectives qu'il trace pour son pays. Ainsi, pour ce qui est de l'immigration, M.Sarkozy persiste et signe, réitérant sa volonté, s'il est élu, d'envisager la création d'un ministère de «l'Immigration et de l'Identité nationale», qui entre de plain-pied avec sa militance pour une immigration «choisie», c'est-à-dire celle qui draine vers la France ce qu'il y a de meilleur en Afrique, en Asie et au Maghreb, tout en fermant la porte de l'Hexagone au tout-venant africain, asiatique et maghrébin. M.Sarkozy sait que la France a besoin de cerveaux (ingénieurs, techniciens supérieurs, informaticiens...) devenus une exigence pour un pays qui vieillit mal, mais estime que la France d'aujourd'hui n'a plus besoin d'ouvriers qui ont su, pourtant, reconstruire un pays dévasté par les guerres du XXe siècle.
Toujours dans ce chapitre élitiste, le candidat de la droite franchit allègrement le Rubicon en se disant favorable à ce que les lycées et collèges de France choisissent leurs élèves. Ce qui permettra aux établissements d'enseignement français de ne pas accepter la jeune «racaille» des banlieues, tout juste bonne à être «kharchée» selon l'expression même de M.Sarkozy qui n'hésite pas à employer un langage grossier. C'est donc une France «élitiste» aux antipodes de l'humanisme traditionnel français -qui donna au monde la déclaration universelle sur les droits de l'Homme- que M.Sarkozy veut construire.
Par ses positions arrêtées, l'ancien ministre de l'Intérieur risque, en fait, de bouleverser l'harmonie de son pays comme de mettre en péril les relations de la France avec ses partenaires internationaux et avec son voisinage arabe et méditerranéen. Dès lors, le choix que feront les Français aujourd'hui sera déterminant et marquera, sans doute, pour la durée, la destinée de la France.



Karim MOHSEN

L'EDITORIAL DU 05/05/2007
Duperie
05 mai 2007 - Page : 3

A quelques jours du scrutin pour les législatives, les voix des électeurs continuent de susciter la convoitise des candidats à la députation. Le souci de ratisser large a dicté à ces derniers de concevoir un discours à géométrie variable. Qui promet des logements, qui des emplois, qui la réévaluation du Snmg.
Et il est fort à parier que peu des promesses des candidats seront tenues, pour ne pas dire aucune. Mais il faut savoir que les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Certes, chacun est libre de promettre, à qui veut l'entendre, la lune. Mais, faut-il avoir les moyens de sa politique. Prenant les citoyens électeurs pour des dupes, les candidats avancent promesse sur promesse, convaincus de les réaliser à coup de baguette magique. Que peut-on penser d'un candidat qui entame ses discours par «moi, je ferai», «moi, je peux», n'est-ce pas le reflet d'un égocentrisme démesuré? Or, la personnalisation, l'hypermédiatisation engendre la dépolitisation. Plus les candidats se croient en position de l'emporter, plus ils promettent. Et plus, ils sont convaincus de ne rien pouvoir faire ni changer le cours de l'histoire, à l'instar de ces «sanafirs» qui ne sortent de l'ombre que le temps d'un scrutin, versant plus dans l'égocentrisme et la démagogie. A croire qu'ils sont tous issus de l'empire de l'ego. Ce moment d'hypnose collective est d'autant plus ridicule quand les habits de l'histoire sont plus grands pour ceux qui tentent de les porter. Certes, nul n'est redevable de ses promesses, d'autant que cela n'engage à rien. Mais entre les promesses chimériques et les slogans vides de sens, le citoyen électeur retient les propos d'Ahmed Ouyahia qui s'interogeait récemment, quel est le parti qui peut se targuer de mettre sur la table un programme doté d'une enveloppe de 150 milliards de dollars? De ce fait, les candidats peuvent toujours promettre, car en fin de compte, l'unique programme à l'ordre du jour, ce sera encore et toujours celui du président de la République et qui sera mis en application. De ce fait, le véritable contenu politique est ailleurs. Chose qui suscite le rejet du citoyen à tout scrutin basé sur l'égocentrisme des acteurs qui ignorent les fondements mêmes de la politique et ses mécanismes. Heureusement, qu'en fin de compte, ce sont la raison et la logique qui dicteront les comportements des votants davantage que les promesses sans lendemain et les slogans creux. Aussi, il serait regrettable que ce qui fait la légitimité d'un vote se transforme en choix par défaut ou par dépit.



 

Smail ROUHA

L'EDITORIAL DU 03/05/2007
Balbutiements
03 mai 2007 - Page : 3

Un jour sans la presse. C'était le 1er mai. Et le lendemain 2 mai, on célèbre la Liberté de la presse. Cela signifie-t-il que l'on peut se passer des journaux? Les médias écrits sont, en premier, interpellés, depuis que la radio, puis la télévision et enfin Internet, sans compter les chaînes d'info en continu, se sont emparés de la couverture des événements presque en temps réel. Je dis bien presque, car le fait même de raconter ir-réalise l'événement. On sélectionne, on charcute, on met en forme, donc forcément on déforme. Et là, comme dans toute action de déformation, il est possible de faire d'un lâche un héros, et vice versa.
Qu'on le veuille ou non, Internet démocratise la communication, car par le biais des blogs, l'information n'est plus l'apanage des spécialistes ni une chasse gardée, mais devient à la portée du plus grand nombre.
Beaucoup d'événements qui se sont passés en Algérie, depuis les années 98, ont subi l'impact des écrits sur le Net, qui ont démystifié un certain regard quasi officiel sur la lecture qu'on se faisait de la situation. Cela ne veut pas dire que tout ce qui est balancé sur le Net est vrai, ni qu'il faut tout prendre pour argent comptant, mais le fait même qu'il y ait une pluralité d'opinions et de points de vue contribue à la décantation et à une meilleure visibilité.
Ces quelques remarques n'enlèvent rien au mérite ni au sacrifice des professionnels de la presse algériens, notamment ceux qui ont payé de leur vie l'amour de leur métier, de la vérité et de la liberté. Seulement, on remarque qu'il y a une complémentarité entre le travail des professionnels et celui de tous ces blogueurs, journalistes occasionnels mais ô combien si précieux alliés de la démocratie et de la pluralité d'opinions. D'autant plus qu'on aura remarqué une retenue, voire une pudeur de la part des blogueurs. Qui ajoutent une autre palette à leur talent: celui de l'humour. Alors que certains journalistes professionnels en rajoutent pour vendre sans doute du papier, les blogueurs n'ont pas ce souci, et ils n'ont pas de visée commerciale. Quelque part, on ne peut que saluer l'arrivée sur le Net de tous ces journalistes amateurs qui viennent renforcer le camp de la démocratie et de la liberté d'expression, d'autant plus qu'il leur arrive souvent de s'intéresser à des sujets très importants, même si ces derniers sont marginalisés par la presse quotidienne. Il est possible que la véritable pluralité soit là, tout simplement. Enfin, une dernière remarque: Reporters sans frontières (RSF) n'a pas épinglé l'Algérie dans son rapport annuel. Est-ce à dire que tous les problèmes ont été résolus en Algérie? Ce n'est pas évident. Beaucoup de choses restent à faire, et dans tous les domaines, pour enraciner définitivement la liberté de la presse, qui n'en est qu'à ses balbutiements.



 

Ahmed BEN ALAM


 

L'EDITORIAL DU 02/05/2007
Le comment!
02 mai 2007 - Page : 3

C'est la haute saison pour les partis politiques. Ils débordent d'activités. Les leaders sillonnent les routes du pays et haranguent les foules à chaque étape. Les candidats à la députation eux, essayent de vendre leur image au bon peuple. C'est carrément l'ambiance des foires qui s'est emparée du champ politique. Pour vendre leur image, les candidats rivalisent de promesses. «Votez pour moi, vous aurez des logements!» avance l'un, «en me donnant vos voix vous prenez une assurance contre le chômage!» renchérit l'autre. Et ainsi de promesse en promesse, certains seraient même prêts à promettre...la lune pourvu que l'électeur leur accorde son bulletin. Il est difficile de croire à toutes ces promesses quand on a en mémoire toutes les autres, faites dans des campagnes électorales précédentes et jamais tenues. Alors, pour faire bonne mesure, les candidats précisent: «On vous promet que cette fois c'est la bonne».
Le problème est que toutes ces promesses exigent une maîtrise réelle du sujet et ont forcément un coût. De ces deux paramètres sans lesquels aucune promesse ne peut être viable, pas un mot. Promettre des logements, c'est bien, c'est même très bien mais comment y arriver? Avec quels moyens? Tant humains que financiers. Idem pour l'emploi comme d'ailleurs pour tout autre sujet. Rien ne se fait par miracle.
A moins de nous prendre tous pour des électeurs infantilisés à qui on peut faire des promesses sans lendemain, les candidats devraient aborder le «comment» de leurs actions.
A l'époque du parti unique, l'astuce résidait dans l'emploi du futur. «Nous ferons», «nous avons inscrit un projet». Astuce qui permettait de reconnaître une situation peu reluisante tout en l'éludant par de fausses promesses. Aujourd'hui, le temps de l'emploi du futur est dépassé. Tout le monde connaît la supercherie. C'est pourquoi les candidats sont, maintenant, affirmatifs et osent parler au présent.
Quoi qu'il en soit, et même le programme du président de la République, qui est actuellement appliqué nécessite des réajustements et des correctifs dans plusieurs de ses segments. Ce qui revient à dire que même les candidats des partis de l'alliance devraient nous expliquer «comment» parvenir à tel ou tel objectif du programme présidentiel qu'ils défendent. Au moins pour nous rassurer et démontrer qu'ils ne manquent pas d'expertise. Dans le cas contraire et en s'obstinant à occulter le «comment», la fonction d'élu ne pourra pas être valorisée. Au moins pour être fier d'avoir été élu. D'avoir décroché de haute lutte le mandat. Ce qui est, pour l'heure, loin d'être le cas.



 

Zouhir MEBARKI


 



09/04/2007
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