Libye: le bureau de Kadhafi bombardé, avancée des rebelles à Misrata
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Syrie: opérations massives des forces de sécurité, au moins 5 morts à Deraa
Image de manifestants à Banias, dans le nord-est de la Syrie, prise par un photographe anonyme avec un téléphone portable, le 22 avril 2011 (Photo /AFP) |
Les forces de sécurité sont intervenues lundi par centaines dans plusieurs villes en Syrie faisant, selon un militant, au moins cinq morts à Deraa, dans le sud du pays, dans le but de mater la contestation anti-régime née il y a six semaines dans cette ville.
A Deraa, "plus de 3.000" membres des forces de sécurité appuyés par des blindés et des chars ont pénétré dans la ville lundi matin, selon des militants des droits de l'Homme joints au téléphone par l'AFP.
Lundi 25 avril 2011, 13h39
"Les hommes tirent dans toutes les directions et avancent derrière les blindés qui les protègent", a déclaré à l'AFP un militant Abdallah Al-Harriri, joint au téléphone depuis Nicosie.
Au moins cinq personnes ont été tuées, selon un témoin. "Nous les avons vus de nos propres yeux. Ils étaient dans une voiture qui a été criblée de tirs", a indiqué ce militant.
Ces décès portent à au moins 366 le nombre de personnes ayant péri depuis le début de la contestation le 15 mars, selon des chiffres compilés par l'AFP.
"Les minarets des mosquées lancent des appels au secours. Les forces de sécurité sont entrées dans les maisons. Il y a un couvre-feu et ils tirent sur ceux qui sortent de chez eux. Ils ont même tiré sur les réservoirs d'eau sur les toits pour priver les gens d'eau", a ajouté le témoin.
Image de manifestants à Banias, dans le nord-est de la Syrie, prise par un photographe anonyme avec un téléphone portable, le 22 avril 2011 (Photo /AFP) |
Selon un autre militant ayant pu entrer en contact avec Deraa, une ville agricole de 75.000 habitants, "des snipers ont pris position sur les toits et les chars sont dans le centre-ville".
Il a précisé qu'il y avait des corps "dans la rue" que les habitants "ne peuvent pas récupérer". D'après lui, "l'électricité est coupée et les communications téléphoniques sont presque impossibles".
Après le lancement de cette intervention à quelques kilomètres de la Jordanie, "la Syrie a fermé ses frontières terrestres avec la Jordanie", a annoncé le ministre jordanien de l'Information Taher Adwan.
L'agence officielle syrienne Sana, citant le directeur général des douanes Moustapha Bouqaï, a démenti cette information affirmant que "tous les poste-frontières avec les pays voisins, notamment avec la Jordanie sont ouverts".
Selon des militants, des opérations des services de sécurité étaient également en cours à Douma, à 15 km au nord de Damas, et al-Mouadamiyeh, dans la banlieue de la capitale.
"Il est clair que les autorités syriennes ont pris la décision d'une solution militaire et sécuritaire", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme.
Carte de Syrie situant les villes où ont eu lieu de violentes manifestations contre le président Bachar al-Assad (Photo /AFP) |
D'après lui, la nouvelle loi sur la réglementation des manifestations promulguée jeudi -en vertu de laquelle une demande d'autorisation doit être adressée au ministère de l'Intérieur cinq jours au moins avant la manifestation- "a servi" à réprimer la contestation.
Dimanche, treize personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par les forces de l'ordre à Jableh, près de Lattaquié (nord-ouest), a indiqué lundi un militant à l'AFP.
Après une visite du nouveau gouverneur de la région dans la ville, les forces de l'ordre ont encerclé Jableh et commencé à tirer sur les gens, a indiqué un militant.
Le régime du président Bachar al-Assad, malgré ses annonces de réformes telles que l'abrogation de la loi d'urgence et des tribunaux d'exception, persiste à réprimer les manifestations, selon les opposants et les ONG internationales.
Le gouvernement américain se prépare à appliquer des sanctions à l'encontre de hauts responsables proches du président syrien qui supervisent la violente répression, a indiqué dimanche soir le Wall Street Journal.
Dimanche, après des funérailles de victimes de la répression, des milliers d'habitants de la province de Deraa avaient manifesté sans que les forces de sécurité n'interviennent, selon un militant.
Les protestataires avaient brandi des drapeaux syriens et des pancartes appelant "à la suppression de l'article 8 de la Constitution" sur la suprématie du parti unique Baas, avait-il ajouté.
Le 23 mars, au moins une centaine de personnes avaient été tuées par les forces de l'ordre à Deraa où se déroulaient d'importantes manifestations depuis plusieurs jours, selon des militants et des témoins.
Par ailleurs, une vague d'arrestations a été menée ces derniers jours dans plusieurs villes par les services de sécurité dans les rangs des militants opposés au régime.
Wissam Tarif, qui dirige un groupe syrien de défense des droits de l'Homme basé à Séville et appelé Insan, a indiqué pour sa part dimanche que 221 personnes avaient disparu en Syrie depuis le début de la journée de vendredi.
Libye: le bureau de Kadhafi bombardé, avancée des rebelles à Misrata
Le bureau du colonel Kadhafi touché par des frappes de l'Otan, le 25 avril 2011 dans le quartier de Bab al-Aziziyah, à Tripoli (Photo Imed Lamloum/AFP) |
Le régime libyen a subi lundi un affront symbolique: une frappe aérienne de l'Otan a complètement détruit le bureau du colonel Mouammar Kadhafi à Tripoli, au moment où à Misrata, théâtre de violents combats depuis des semaines, les rebelles marquaient une nette avancée.
Le bureau de Mouammar Kadhafi, situé dans son immense résidence du secteur de Bab Al-Aziziya, a été totalement détruit par une frappe aérienne de l'Otan, a constaté un journaliste de l'AFP. L'Otan avait déjà visé ce secteur vendredi soir.
Lundi 25 avril 2011, 12h07
Des détonations, les plus fortes ayant secoué la capitale jusqu'ici, ont été ressenties lundi vers 00H10 locale (22H10 GMT dimanche) tandis que des avions survolaient la ville, cible depuis vendredi de raids intensifs de l'Otan.
Seif Al-Islam, fils du colonel Kadhafi, a qualifié le bombardement du bureau de son père de "lâche".
Capture d'image diffusée par la télévision libyenne de Seif Al-Isalm, fils du colonel Kadhafi, le 25 avril 2011 à Tripoli (Photo /AFP/Libyan Tv) |
"Cette attaque lâche sur le bureau de Mouammar Kadhafi peut faire peur ou terroriser les enfants mais nous n'abandonnons pas la bataille et nous n'avons pas peur", a-t-il dit dans une brève déclaration à sa télévision Allibiya, affirmant que la bataille engagée par l'Otan en Libye était "perdue d'avance".
Vers 03H00 locales (01H00 GMT), la fumée s'échappait toujours d'une partie du bâtiment détruit, où des dizaines de curieux et de partisans du régime se sont rassemblés, scandant des slogans à la gloire du Guide.
Une salle de réunion, en face du bureau du colonel Kadhafi, a été touchée par le souffle de l'explosion.
Les avions de l'Otan survolaient toujours la capitale libyenne lundi matin, tandis que le calme semblait régner lundi dans la ville rebelle de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, après une journée de combats intenses.
Auparavant des tirs d'artillerie avaient touché la ville pendant plusieurs heures provoquant des explosions plus violentes que d'habitude, tombant sur des habitations au hasard.
Le bureau du colonel Kadhafi touché par des frappes de l'Otan, le 25 avril 2011 dans le quartier de Bab al-Aziziyah, à Tripoli (Photo Joseph Eid/AFP) |
Selon des sources médicales, au moins une douzaine de civils, dont des enfants, ont été tuées dans ces bombardements nocturnes.
Des roquettes sont tombées sur le cimetière du quartier, éventrant des tombes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Lundi matin, les rues étaient quasiment désertes. De nombreux bâtiments présentaient des impacts de balles et roquettes.
Dans une mosquée, un muezzin chantait en continu "Dieu est grand, il est mon seul guide".
"Il chante depuis des heures pour apaiser les gens", a expliqué à l'AFP Seilam Naas, 55 ans, un habitant du quartier de Kharouba, qui a perdu deux cousins en 48 heures, l'un tué par un sniper, l'autre par une roquette.
Malgré l'annonce par le régime d'une suspension des opérations, les combats se poursuivaient toujours dans cette ville assiégée depuis plusieurs semaines et où la situation humanitaire devient de plus en plus inquiétante.
Samedi soir, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, avait assuré que les forces gouvernementales avaient "suspendu leurs opérations" à Misrata, grande ville côtière rebelle à 200 km à l'est de Tripoli.
Il s'agit de permettre aux tribus locales de trouver une solution pacifique dans un délai de 48 heures, avait précisé M. Kaïm.
Une nette avancée des rebelles a permis dimanche de libérer des habitants enfermés chez eux depuis parfois plusieurs dizaines de jours, à cause des snipers qui abattaient tous ceux qui tentaient de sortir.
Parallèlement, deux soldats loyalistes blessés et capturés dimanche matin ont assuré à l'AFP que le moral des troupes pro-Kadhafi était "au plus bas".
Dans l'Ouest, les forces loyales au colonel Kadhafi ont bombardé dimanche après-midi des zones proches du poste-frontière tuniso-libyen de Dehiba, pour tenter de reprendre la ville de Wazzan, selon des témoignages recueillis par l'AFP.
Dimanche soir, un homme kazakh apparemment déséquilibré a tenté d'immobiliser une hôtesse sur un vol Paris-Rome de la compagnie Alitalia, avec le projet de le détourner vers Tripoli, mais a été maîtrisé.
L'appareil a finalement atterri sans encombre à l'aéroport international de Fiumicino vers 22H05 (20H05 GMT). Tous les passagers sont sains et saufs.
Le Koweït a pour sa part accordé une aide financière de 50 millions de dinars (180 millions USD) à la rébellion, selon le président du Conseil national de transition (CNT, rébellion), en visite à Koweït.
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