Liesse et impatience à Benghazi et Tobrouk
Liesse et impatience à Benghazi et Tobrouk
Le vote du Conseil de sécurité a été fêté toute la nuit dans les villes rebelles de l'Est. Les insurgés attendent désormais les frappes occidentales.
De notre envoyé spécial à Tobrouk et à Benghazi CHRISTOPHE AYAD
Une grosse bulle de silence qui enfle, enfle. Au moment du vote du Conseil de sécurité, jeudi soir tard, toute la ville de Tobrouk a retenu son souffle. Puis à l'annonce du résultat (10 pour, 5 abstentions), la bulle a explosé de joie. Un crépitement, une pétarade, une jubilation
Libye: «tout est prêt» pour une intervention militaire
LE RÉCIT DE LA JOURNÉE
Le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, n'a pas donné de calendrier précis. Le sommet prévu samedi à Paris devrait permettre «d'analyser» la déclaration de cessez-le-feu de Tripoli et d'en «tirer les conclusions».
Par LIBÉRATION.FR
Un Tornado de la Royal Air Force, le 18 mars, dans le nord de l'Ecosse. (Cheyne / Reuters)
L'ESSENTIEL
•La Libye annonce un cessez-le-feu immédiat. Des combats semblent pourtant toujours se dérouler à Ajdabiya. La communauté internationale et les rebelles sont sceptiques.
•Un sommet international décisif sera organisé demain samedi à Paris pour décider de la conduite exacte à suivre.
•La résolution votée jeudi soir autorise à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne
•Des affrontements ont eu lieu à Nalout et Zenten (ouest), Misrata (est) a été pilonné et des affrontements et des bombardements ont eu lieu près d'Ajdabiya, à 160 km du fief rebelle de Benghazi (est).
•Suivez les dernières évolutions de la situation via une liste sélectionnée de comptes Twitter.
19h20. La France a convoqué pour samedi un sommet international sur la Libye à Paris, qui devrait être décisif pour le déclenchement ou non de frappes aériennes contre le régime du colonel Kadhafi après que celui-ci eut annoncé ce vendredi un cessez-le-feu.
Le sommet débutera au palais présidentiel de l'Elysée à 13h30 (12h30 GMT). Il vise à associer les pays arabes et africains aux Occidentaux, et se tiendra en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et d'un représentant du gouvernement américain.
Le Premier ministre britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays s'est abstenu jeudi soir lors du vote du Conseil de sécurité de l'ONU, seront aussi présents.
Tout comme le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, leprésident de l'Union européenne Herman Van Rompuy, la diplomate en chef de l'UE Catherine Ashton ainsi que le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping.
18h45. Après le feu vert de l'ONU, la coalition pour intervenir en Libye menée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne et incluant le Qatar, a pris forme vendredi, l'Otan, toujours en retrait, semblant appelée à jouer un rôle d'appoint.
Si, malgré le cessez-le-feu décrété unilatéralement dans la journée par le colonel Mouammar Kadhafi, ces raids aériens avaient effectivement lieu, la participation dès le début des Britanniques et des Américains est aussi à prévoir.
(Un partisan de Kadhafi brandit une pancarte anti-Sarkozy, Ã Tripoli, le 18 mars (Zohra Bensemra / Reuters)
Des bases italiennes comme celle de Sigonella, en Sicile, devraient être mises à contribution par ces deux pays, les Français, eux, pouvant utiliser leur base de Solenzara, en Corse du sud.
D'autres pays de l'Alliance atlantique --le Canada, la Norvège, le Danemark et la Belgique-- ont à titre individuel fait part de leur intention de se joindre à la coalition, en lui apportant avions de transport, chasseurs-bombardiers F-16 ou F-18 et frégate ou navire chasseur de mines, pour participer aux raids ou soutenir une opération humanitaire.
18h20. Les rebelles libyens sont en train de se coordonner avec les Occidentaux sur les cibles à viser pour les frappes aériennes contre les forces du dirigeant Mouammar Kadhafi, selon un porte-parole de l'insurrection, Khaled al-Sayeh.
18 heures. Les forces fidèles au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi «attaquent toujours» malgré l'annonce d'un cessez-le-feu, affirme Khaled al-Sayeh, membre du conseil militaire de l'insurrection à Benghazi (est).
«Le régime de Kadhafi n'a jamais cessé de frapper ou d'attaquer le peuple. Jusqu'à maintenant, il attaque toujours les villes assiégées», déclare M. Sayeh lors d'une conférence de presse.
Il fait état de «bombardements soutenus» sur Zenten (120 km au sud-est de Tripoli), Misrata (200 km à l'est de Tripoli) et Ajdabiya (160 km au sud de Benghazi), trois villes encore partiellement aux mains de l'insurrection.
17h40. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, affirme que «tout est prêt» pour une action militaire en Libye, mais que le sommet prévu samedi à Paris permettra«d'analyser» la déclaration de cessez-le-feu de Tripoli et d'en «tirer les conclusions».
17h20. Pour Angela Merkel:
«Il y a déjà des nouvelles encourageantes selon lesquelles (Mouammar) Kadhafi réagit à la résolution. Le monde et la communauté internationale devront en tout cas s'assurer qu'il ne s'agit pas de manoeuvres dilatoires ou de ruses».
(Angela Merkel, le 18 mars, Reuters)
17h10. Les Etats-Unis veulent des actes en Libye, pas seulement «des mots», déclare la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, après l'annonce d'un cessez-le-feu par le régime du colonel Mouammar Kadhafi.
«Nous sommes au courant par la presse de l'annonce d'un cessez-le-feu par le gouvernement libyen (...) La situation évolue rapidement. Nous n'allons pas nous laisser impressionner par des mots. Il nous faut voir des actes sur le terrain», explique la ministre en recevant son homologue irlandais Eamon Gilmore.
17 heures. Les Européens sont parvenus ce vendredi à un accord de principe sur de nouvelles sanctions renforcées contre onze individus, notamment des membres du gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi et neuf nouvelles entités libyennes, selon des sources diplomatiques.
16h45. L'Autriche, la Hongrie et la Bulgarie ne participeront pas à l'action militaire en Libye tout en soutenant la décision en ce sens du Conseil de sécurité de l'ONU.
16h35. Lu sur Twitter sur le compte Tripolitanian. «Le cessez-le-feu de Kadhafi est la plus grande des blagues. Ils continuent d'assassiner de nombreuses personnes!»
16h30. La réunion à Matignon sur la Libye a débuté ce vendredi à 16H00, sans que les responsables parlementaires et ministres présents ne fassent la moindre déclaration à leur arrivée, a constaté un journaliste de l'AFP.
Ont été invités à participer autour de François Fillon les ministres Alain Juppé (Affaires étrangères) et Gérard Longuet (Défense), ainsi que les principaux responsables de l'Assemblée et du Sénat, au premier rang desquels les présidents Bernard Accoyer et Gérard Larcher.
16h15. De fortes explosions sporadiques et lointaines sont entendues ce vendredi depuis le centre de Tripoli, sans qu'il ne soit possible d'établir leur origine, constate un journaliste de l'AFP.
Des témoins et journalistes présents dans la capitale libyenne ont également entendu le bruit d'une série de six à huit détonations.
15h40. L'Italie décide la fermeture de son ambassade à Tripoli.
15 heures. L'Union européenne est en train «d'examiner» les détails de l'annonce de cessez-le-feu par le régime libyen, indique la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, en soulignant qu'il fallait s'interroger sur sa «signification».
«Du point de vue militaire, la question décisive sera pour les planificateurs militaires de décider ce qui devrait être fait, l'enjeu étant bien sûr quelle est la signification de la déclaration sur le cessez-le-feu et la façon dont elle s'imbrique» dans la situation générale, estime Catherine Ashton.
(Catherine Ashton, le 18 mars, Reuters)
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, affirme que la communauté internationale «ne va pas se laisser tromper».
14h45. Le commandant des rebelles libyens, Khalifa Heftir, estime que le cessez-le-feu annoncé un peu plus tôt par le régime n'est «pas important» pour l'opposition, estimant qu'il s'agissait d'un coup de «bluff» du numéro un libyen Mouammar Kadhafi.
14h30. Des combats ont lieu ce vendredi après-midi aux alentours d'Ajdabiya, ville clé dans l'est de la Libye encore sous contrôle partiel des rebelles mais où les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont effectué des percées, selon des témoins et un journaliste de l'AFP.
13h45. La Libye annonce qu'elle met fin à toutes les opérations militaires en application de la résolution votée par le Conseil de sécurité de l'ONU dans la nuit, indique le ministre des Affaires étrangères libyenMoussa Koussa (photo AFP).
La Libye «a décidé d'observer immédiatement un cessez-le-feu et de mettre fin à toutes les opérations militaires», a déclaré M. Koussa lors d'une conférence de presse. Il a affirmé que son pays, étant membre à part entière des Nations Unies, était «contraint d'accepter la résolution du Conseil de sécurité».
13h30. L'Espagne va mettre à disposition de l'Otan deux bases militaires ainsi que des moyens aériens et navals, une fois obtenue l'autorisation du Parlement, annonce la ministre de la Défense Carme Chacon.
13h15. Un sommet Union européenne-Union africaine-Ligue arabesur la Libye se tiendra samedi à Paris en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, annonce Hicham Youssef, le directeur du bureau du chef de l'organisation panarabe Amr Moussa.
13h10. Face à l'armada occidentale qui se prépare, la Libye ne peut opposer qu'une vingtaine au plus de chasseurs Soukhoï 22 et 24, les vieux MiG et Mirage n'étant plus, pour la plupart, pleinement opérationnels.
Le plus grand danger pour les avions de la coalition viendrait des batteries mobiles de missiles sol-air, SA8 Ã basse altitude et SA2, SA5, SA6 Ã plus haute altitude.
13 heures. De nombreuses vidéos postées sur YouTube montrent la joie des habitants à Benghazi, hier soir, après le vote de l'ONU.
12h50. La Belgique est prête à participer à une intervention militaire en Libye dans le cadre de l'Otan avec 6 chasseurs F-16 et une frégate, annonce le ministre des Affaires européennes et de la coopération, Olivier Chastel, à l'issue d'une réunion du gouvernement.
Les Canadiens ont promis eux six chasseurs-bombardiers CF-18 à long rayon d'action, qui devraient arriver dès vendredi en Italie.
12h30. Les forces britanniques participeront aux opérations en Libye avec des avions de combat Tornado et Eurofighter, qui doivent rejoindre«dans les heures qui viennent» leurs bases de déploiement, annonce le Premier ministre David Cameron devant les députés.
Le Premier ministre souligne qu'il s'agirait d'une «opération conjointe»dans laquelle «le Royaume-Uni jouera son rôle».
(David Cameron quittant Downing Street ce matin, Reuters)
12h20. Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi met en garde contre toute offensive sur la Libye, menaçant de«transformer en enfer la vie» de ceux qui attaqueraient la Libye.
«Si le monde devient fou, nous le serons aussi. Nous allons riposter. Nous transformerons leur vie en enfer»,déclare-t-il dans une interview à la télévision publique portugaise RTP, réalisée quelques heures avant le vote de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
12h15. Sur Twitter, certains s'impatientent déjà , comme Libya New Media qui estime que les gens étaient trop euphoriques hier. «Pour l'instant rien ne s'est passé à part des nouvelles attaques de KadhafI.»
12 heures. L'agence de contrôle aérien européenne interdit les vols vers la Libye.
11h45. Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialiste des questions de défense, explique sur son blog qui va intervenir:
«La France et le Royaume-Uni, dont les deux armées de l'air préparaient un exercice de frappes aériennes, formeront l'ossature des opérations militaires contre la Libye. Le Canada, avec six CF-18, et la Norvège, avec des F-16 se joindront à eux, ainsi que le Danemark. L'Espagne a été citée, sans plus de précisions. L'Italie pourrait accueillir des avions, notamment celle de Sigonella (Sicile) sans participer aux frappes. Quelques pays arabes (Arabie saoudite, Emirats, Qatar) sont susceptibles de fournir des moyens, relevant sans doute plus du symbolique ("affirmer une présence arabe") que militairement significatifs. La grande inconnue reste le niveau d'engagement américain.»
11h35. 4 personnes sont mortes et 70 ont été blessées dans une attaque des forces de Kadhafi à Misurata, selon la chaîne de télé Al-Arabiya.
Des combats se déroulent également actuellement entre rebelles et forces pro-Kadhafi à Zenten et Nalout (ouest).
11h30. Sur Twitter, les comptes pro-insurgés ne cachent pas leur joie, depuis hier soir, comme les utilisateurs Iyad Elbaghdadi et Shabab Libya.
11h15. «Merci Sarkozy, merci la France». Hier soir, après le résultat du vote, Benghazi a exulté. Voir notamment cette vidéo de BFMTV, où des Libyens chantent leurs remerciements à Sarkozy...
11 heures. Les contours et les risques d'une intervention militaire en Libye. A lire notre analyse dans la zone abonnés de Libération.
(Une voiture détruite sur la route d'Ajdabiya, le 16 mars, Ahmed Jadallah / Reuters)
10h45. La Libye ferme son espace aérien à tout trafic jusqu'à nouvel ordre, annonce vendredi l'agence européenne du contrôle aérien Eurocontrol.
10h30. François Fillon recevra à 16H00 les principaux responsables parlementaires, en présence des ministres Alain Juppé (Affaires étrangères) et Gérard Longuet (Défense), afin d'évoquer la mise en oeuvre de la résolution de l'Onu.
10h15. Le Qatar participera aux opérations internationales visant à protéger les civils en Libye dans le cadre de la résolution de l'ONU, et souhaite la mise en place rapide d'une zone d'exclusion aérienne, a rapporté vendredi l'agence de presse d'Etat qatarie QNA.
10 heures. La participation de la Russie à une opération militaire en Libye est «exclue», déclare le chef de l'état-major de l'armée russe, le général Nikolaï Makarov, cité par Interfax.
(Le général Makarov, le 18 octobre 2010, Jo Yong hak / Reuters).
9h45. L'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit (EELV) estime qu'après la résolution de l'ONU permettant une intervention militaire en Libye, le colonel Kadhafi allait «se suicider ou se faire suicider».
«Kadhafi va disparaître : ou il va se suicider ou il va se faire suicider».
9h30. Berlin ne veut pas intervenir militairement en Libye, mais «comprend» la volonté de ses alliés d'y aller, déclare le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle.
«Nous comprenons ceux qui, pour des motifs respectables, se sont prononcés pour une intervention militaire internationale en Libye, (...) Mais après évaluation des risques, nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne voulons pas mêler des soldats allemands à une guerre, à une intervention militaire en Libye», explique le ministre, comme il l'avait déjà fait dans la nuit après le vote.
9h15. Une manifestation de soutien à Kadhafi ce 18 mars après le vote de l'ONU. (Ahmed Jadallah / Reuters)
9heures. Seïf al-Islam n'a pas peur. La Libye n'a «pas peur» après le vote à l'ONU d'une résolution prévoyant des frappes aériennes contre les forces gouvernementales, affirme ce vendredi l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Seïf al-Islam Kadhafi.
«Nous sommes dans notre pays et avec notre peuple. Et nous n'avons pas peur», dit-il depuis Tripoli à l'émission de télévision américaine ABC News Nightline.
«Nous n'aurons pas peur. Allez! Nous n'aurons pas peur. Vous n'allez pas aider le peuple si vous allez bombarder la Libye pour tuer des Libyens. Vous détruisez notre pays. Personne n'est content avec cela», dit-il.
8h30. Revoir la vidéo de l'intervention de Juppé au Conseil de sécurité de l'ONU, jeudi soir.
8 heures. Les frappes militaires contre la Libye après la résolution de l'Onu interviendront «rapidement», «dans quelques heures» et les Français y «participeront», a déclaré vendredi matin sur RTL le porte-parole du gouvernement François Baroin.
Le résumé de la nuit de jeudi à vendredi. Une déclaration qui fait suite au vote jeudi soir du Conseil de sécurité de l'ONU, après trois jours de négociations, en faveur d'un recours à la force contre les troupes du colonel Mouammar Kadhafi.
La résolution autorise à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne, y compris des frappes aériennes, mais précise qu'il n'est pas question d'occupation militaire. Elle prévoit aussi une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du colonel Kadhafi de pilonner ses opposants.
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a réagi en estimant que la résolution de l'ONU constituait un «appel aux Libyens à s'entretuer». «Cette résolution traduit une attitude agressive de la communauté internationale, qui menace l'unité de la Libye et sa stabilité», a-t-il dit, dénonçant un «complot» de la communauté internationale et «une volonté de pays comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis de diviser le pays».
Le vice-ministre a également affirmé que son pays était prêt à un cessez-le-feu: «Nous sommes prêts pour cette décision (de cessez-le-feu) mais nous avons besoin d'un interlocuteur bien précis pour discuter de sa mise en oeuvre», a-t-il assuré lors d'une conférence de presse à Tripoli.
Et pourtant, les forces fidèles au dirigeant libyen pilonnaient vendredi la ville de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) contrôlée par la rébellion, après une nuit de tirs à l'arme lourde, selon le porte-parole des rebelles.
La Chine, la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde s'abstiennent
Le texte a été adopté par 10 voix sur les 15 membres du Conseil de sécurité. La Chine et la Russie se sont abstenues mais n'ont pas utilisé leur veto pour bloquer le texte. L'Allemagne, le Brésil et l'Inde se sont aussi abstenus.
Au moment où Mouammar Kadhafi venait d'annoncer son intention d'attaquer la ville de Benghazi, tenue par les rebelles, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait averti, avant le vote, qu'il restait peu de temps pour intervenir. La France avait auparavant annoncé des frappes aériennes dès l'adoption de la résolution. «Chaque jour, chaque heure qui passe alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules. Prenons garde d'arriver trop tard. Ce sera l'honneur du Conseil de sécurité d'avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur l'oppression», a plaidé Juppé, qui avait fait spécialement le déplacement à New York (voir en vidéo l'intervention de Juppé).
Après le vote, l'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant a souligné que la Grande-Bretagne était «prête à prendre ses responsabilités pour mettre fin aux violences, protéger les civils».
L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a déclaré que les Etats-Unis «se tenaient du côté du peuple libyen et (soutenaient) leurs besoins en matière de droits de l'Homme». «Le Conseil de sécurité a répondu à l'appel à l'aide du peuple libyen», s'est-elle réjouie, estimant que «ce vote est une puissante réponse au besoin urgent sur le terrain».
«Les soldats allemands ne participeront pas à une intervention militaire en Libye»
Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, a lui justifié l'abstention de son pays en relevant qu'une intervention militaire en Libye comporte des «risques et des dangers considérables». «Les soldats allemands ne participeront pas à une intervention militaire en Libye», a ajouté le vice-chancelier d'Angela Merkel.
Maria Luiza Ribeiro Viotti, ambassadrice du Brésil, a expliqué que son pays «n'était pas convaincu par le fait que l'usage de la force conduirait à la fin de la violence». «Cela pourrait causer plus de mal que de bien pour le peuple libyen».
L'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a jugé «regrettable» que «la passion pour l'usage de la force ait prévalu». Il a rappelé que son pays avait proposé une résolution appelant à un cessez-le-feu.
L'ambassadeur chinois Li Baodong, qui assure la présidence du Conseil de sécurité en mars, a expliqué que son pays avait «toujours été contre l'usage de la force dans les relations internationales».
Des tirs de joie ont retenti à Benghazi, fief des insurgés en Libye, peu après l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
(Source AFP)
Libye: «tout est prêt» pour une intervention militaire
LE RÉCIT DE LA JOURNÉE
Le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, n'a pas donné de calendrier précis. Le sommet prévu samedi à Paris devrait permettre «d'analyser» la déclaration de cessez-le-feu de Tripoli et d'en «tirer les conclusions».
Par LIBÉRATION.FR
Un Tornado de la Royal Air Force, le 18 mars, dans le nord de l'Ecosse. (Cheyne / Reuters)
L'ESSENTIEL
•La Libye annonce un cessez-le-feu immédiat. Des combats semblent pourtant toujours se dérouler à Ajdabiya. La communauté internationale et les rebelles sont sceptiques.
•Un sommet international décisif sera organisé demain samedi à Paris pour décider de la conduite exacte à suivre.
•La résolution votée jeudi soir autorise à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne
•Des affrontements ont eu lieu à Nalout et Zenten (ouest), Misrata (est) a été pilonné et des affrontements et des bombardements ont eu lieu près d'Ajdabiya, à 160 km du fief rebelle de Benghazi (est).
•Suivez les dernières évolutions de la situation via une liste sélectionnée de comptes Twitter.
19h20. La France a convoqué pour samedi un sommet international sur la Libye à Paris, qui devrait être décisif pour le déclenchement ou non de frappes aériennes contre le régime du colonel Kadhafi après que celui-ci eut annoncé ce vendredi un cessez-le-feu.
Le sommet débutera au palais présidentiel de l'Elysée à 13h30 (12h30 GMT). Il vise à associer les pays arabes et africains aux Occidentaux, et se tiendra en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et d'un représentant du gouvernement américain.
Le Premier ministre britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays s'est abstenu jeudi soir lors du vote du Conseil de sécurité de l'ONU, seront aussi présents.
Tout comme le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, leprésident de l'Union européenne Herman Van Rompuy, la diplomate en chef de l'UE Catherine Ashton ainsi que le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping.
18h45. Après le feu vert de l'ONU, la coalition pour intervenir en Libye menée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne et incluant le Qatar, a pris forme vendredi, l'Otan, toujours en retrait, semblant appelée à jouer un rôle d'appoint.
Si, malgré le cessez-le-feu décrété unilatéralement dans la journée par le colonel Mouammar Kadhafi, ces raids aériens avaient effectivement lieu, la participation dès le début des Britanniques et des Américains est aussi à prévoir.
(Un partisan de Kadhafi brandit une pancarte anti-Sarkozy, Ã Tripoli, le 18 mars (Zohra Bensemra / Reuters)
Des bases italiennes comme celle de Sigonella, en Sicile, devraient être mises à contribution par ces deux pays, les Français, eux, pouvant utiliser leur base de Solenzara, en Corse du sud.
D'autres pays de l'Alliance atlantique --le Canada, la Norvège, le Danemark et la Belgique-- ont à titre individuel fait part de leur intention de se joindre à la coalition, en lui apportant avions de transport, chasseurs-bombardiers F-16 ou F-18 et frégate ou navire chasseur de mines, pour participer aux raids ou soutenir une opération humanitaire.
18h20. Les rebelles libyens sont en train de se coordonner avec les Occidentaux sur les cibles à viser pour les frappes aériennes contre les forces du dirigeant Mouammar Kadhafi, selon un porte-parole de l'insurrection, Khaled al-Sayeh.
18 heures. Les forces fidèles au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi «attaquent toujours» malgré l'annonce d'un cessez-le-feu, affirme Khaled al-Sayeh, membre du conseil militaire de l'insurrection à Benghazi (est).
«Le régime de Kadhafi n'a jamais cessé de frapper ou d'attaquer le peuple. Jusqu'à maintenant, il attaque toujours les villes assiégées», déclare M. Sayeh lors d'une conférence de presse.
Il fait état de «bombardements soutenus» sur Zenten (120 km au sud-est de Tripoli), Misrata (200 km à l'est de Tripoli) et Ajdabiya (160 km au sud de Benghazi), trois villes encore partiellement aux mains de l'insurrection.
17h40. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, affirme que «tout est prêt» pour une action militaire en Libye, mais que le sommet prévu samedi à Paris permettra«d'analyser» la déclaration de cessez-le-feu de Tripoli et d'en «tirer les conclusions».
17h20. Pour Angela Merkel:
«Il y a déjà des nouvelles encourageantes selon lesquelles (Mouammar) Kadhafi réagit à la résolution. Le monde et la communauté internationale devront en tout cas s'assurer qu'il ne s'agit pas de manoeuvres dilatoires ou de ruses».
(Angela Merkel, le 18 mars, Reuters)
17h10. Les Etats-Unis veulent des actes en Libye, pas seulement «des mots», déclare la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, après l'annonce d'un cessez-le-feu par le régime du colonel Mouammar Kadhafi.
«Nous sommes au courant par la presse de l'annonce d'un cessez-le-feu par le gouvernement libyen (...) La situation évolue rapidement. Nous n'allons pas nous laisser impressionner par des mots. Il nous faut voir des actes sur le terrain», explique la ministre en recevant son homologue irlandais Eamon Gilmore.
17 heures. Les Européens sont parvenus ce vendredi à un accord de principe sur de nouvelles sanctions renforcées contre onze individus, notamment des membres du gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi et neuf nouvelles entités libyennes, selon des sources diplomatiques.
16h45. L'Autriche, la Hongrie et la Bulgarie ne participeront pas à l'action militaire en Libye tout en soutenant la décision en ce sens du Conseil de sécurité de l'ONU.
16h35. Lu sur Twitter sur le compte Tripolitanian. «Le cessez-le-feu de Kadhafi est la plus grande des blagues. Ils continuent d'assassiner de nombreuses personnes!»
16h30. La réunion à Matignon sur la Libye a débuté ce vendredi à 16H00, sans que les responsables parlementaires et ministres présents ne fassent la moindre déclaration à leur arrivée, a constaté un journaliste de l'AFP.
Ont été invités à participer autour de François Fillon les ministres Alain Juppé (Affaires étrangères) et Gérard Longuet (Défense), ainsi que les principaux responsables de l'Assemblée et du Sénat, au premier rang desquels les présidents Bernard Accoyer et Gérard Larcher.
16h15. De fortes explosions sporadiques et lointaines sont entendues ce vendredi depuis le centre de Tripoli, sans qu'il ne soit possible d'établir leur origine, constate un journaliste de l'AFP.
Des témoins et journalistes présents dans la capitale libyenne ont également entendu le bruit d'une série de six à huit détonations.
15h40. L'Italie décide la fermeture de son ambassade à Tripoli.
15 heures. L'Union européenne est en train «d'examiner» les détails de l'annonce de cessez-le-feu par le régime libyen, indique la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, en soulignant qu'il fallait s'interroger sur sa «signification».
«Du point de vue militaire, la question décisive sera pour les planificateurs militaires de décider ce qui devrait être fait, l'enjeu étant bien sûr quelle est la signification de la déclaration sur le cessez-le-feu et la façon dont elle s'imbrique» dans la situation générale, estime Catherine Ashton.
(Catherine Ashton, le 18 mars, Reuters)
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, affirme que la communauté internationale «ne va pas se laisser tromper».
14h45. Le commandant des rebelles libyens, Khalifa Heftir, estime que le cessez-le-feu annoncé un peu plus tôt par le régime n'est «pas important» pour l'opposition, estimant qu'il s'agissait d'un coup de «bluff» du numéro un libyen Mouammar Kadhafi.
14h30. Des combats ont lieu ce vendredi après-midi aux alentours d'Ajdabiya, ville clé dans l'est de la Libye encore sous contrôle partiel des rebelles mais où les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont effectué des percées, selon des témoins et un journaliste de l'AFP.
13h45. La Libye annonce qu'elle met fin à toutes les opérations militaires en application de la résolution votée par le Conseil de sécurité de l'ONU dans la nuit, indique le ministre des Affaires étrangères libyenMoussa Koussa (photo AFP).
La Libye «a décidé d'observer immédiatement un cessez-le-feu et de mettre fin à toutes les opérations militaires», a déclaré M. Koussa lors d'une conférence de presse. Il a affirmé que son pays, étant membre à part entière des Nations Unies, était «contraint d'accepter la résolution du Conseil de sécurité».
13h30. L'Espagne va mettre à disposition de l'Otan deux bases militaires ainsi que des moyens aériens et navals, une fois obtenue l'autorisation du Parlement, annonce la ministre de la Défense Carme Chacon.
13h15. Un sommet Union européenne-Union africaine-Ligue arabesur la Libye se tiendra samedi à Paris en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, annonce Hicham Youssef, le directeur du bureau du chef de l'organisation panarabe Amr Moussa.
13h10. Face à l'armada occidentale qui se prépare, la Libye ne peut opposer qu'une vingtaine au plus de chasseurs Soukhoï 22 et 24, les vieux MiG et Mirage n'étant plus, pour la plupart, pleinement opérationnels.
Le plus grand danger pour les avions de la coalition viendrait des batteries mobiles de missiles sol-air, SA8 Ã basse altitude et SA2, SA5, SA6 Ã plus haute altitude.
13 heures. De nombreuses vidéos postées sur YouTube montrent la joie des habitants à Benghazi, hier soir, après le vote de l'ONU.
12h50. La Belgique est prête à participer à une intervention militaire en Libye dans le cadre de l'Otan avec 6 chasseurs F-16 et une frégate, annonce le ministre des Affaires européennes et de la coopération, Olivier Chastel, à l'issue d'une réunion du gouvernement.
Les Canadiens ont promis eux six chasseurs-bombardiers CF-18 à long rayon d'action, qui devraient arriver dès vendredi en Italie.
12h30. Les forces britanniques participeront aux opérations en Libye avec des avions de combat Tornado et Eurofighter, qui doivent rejoindre«dans les heures qui viennent» leurs bases de déploiement, annonce le Premier ministre David Cameron devant les députés.
Le Premier ministre souligne qu'il s'agirait d'une «opération conjointe»dans laquelle «le Royaume-Uni jouera son rôle».
(David Cameron quittant Downing Street ce matin, Reuters)
12h20. Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi met en garde contre toute offensive sur la Libye, menaçant de«transformer en enfer la vie» de ceux qui attaqueraient la Libye.
«Si le monde devient fou, nous le serons aussi. Nous allons riposter. Nous transformerons leur vie en enfer»,déclare-t-il dans une interview à la télévision publique portugaise RTP, réalisée quelques heures avant le vote de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
12h15. Sur Twitter, certains s'impatientent déjà , comme Libya New Media qui estime que les gens étaient trop euphoriques hier. «Pour l'instant rien ne s'est passé à part des nouvelles attaques de KadhafI.»
12 heures. L'agence de contrôle aérien européenne interdit les vols vers la Libye.
11h45. Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialiste des questions de défense, explique sur son blog qui va intervenir:
«La France et le Royaume-Uni, dont les deux armées de l'air préparaient un exercice de frappes aériennes, formeront l'ossature des opérations militaires contre la Libye. Le Canada, avec six CF-18, et la Norvège, avec des F-16 se joindront à eux, ainsi que le Danemark. L'Espagne a été citée, sans plus de précisions. L'Italie pourrait accueillir des avions, notamment celle de Sigonella (Sicile) sans participer aux frappes. Quelques pays arabes (Arabie saoudite, Emirats, Qatar) sont susceptibles de fournir des moyens, relevant sans doute plus du symbolique ("affirmer une présence arabe") que militairement significatifs. La grande inconnue reste le niveau d'engagement américain.»
11h35. 4 personnes sont mortes et 70 ont été blessées dans une attaque des forces de Kadhafi à Misurata, selon la chaîne de télé Al-Arabiya.
Des combats se déroulent également actuellement entre rebelles et forces pro-Kadhafi à Zenten et Nalout (ouest).
11h30. Sur Twitter, les comptes pro-insurgés ne cachent pas leur joie, depuis hier soir, comme les utilisateurs Iyad Elbaghdadi et Shabab Libya.
11h15. «Merci Sarkozy, merci la France». Hier soir, après le résultat du vote, Benghazi a exulté. Voir notamment cette vidéo de BFMTV, où des Libyens chantent leurs remerciements à Sarkozy...
11 heures. Les contours et les risques d'une intervention militaire en Libye. A lire notre analyse dans la zone abonnés de Libération.
(Une voiture détruite sur la route d'Ajdabiya, le 16 mars, Ahmed Jadallah / Reuters)
10h45. La Libye ferme son espace aérien à tout trafic jusqu'à nouvel ordre, annonce vendredi l'agence européenne du contrôle aérien Eurocontrol.
10h30. François Fillon recevra à 16H00 les principaux responsables parlementaires, en présence des ministres Alain Juppé (Affaires étrangères) et Gérard Longuet (Défense), afin d'évoquer la mise en oeuvre de la résolution de l'Onu.
10h15. Le Qatar participera aux opérations internationales visant à protéger les civils en Libye dans le cadre de la résolution de l'ONU, et souhaite la mise en place rapide d'une zone d'exclusion aérienne, a rapporté vendredi l'agence de presse d'Etat qatarie QNA.
10 heures. La participation de la Russie à une opération militaire en Libye est «exclue», déclare le chef de l'état-major de l'armée russe, le général Nikolaï Makarov, cité par Interfax.
(Le général Makarov, le 18 octobre 2010, Jo Yong hak / Reuters).
9h45. L'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit (EELV) estime qu'après la résolution de l'ONU permettant une intervention militaire en Libye, le colonel Kadhafi allait «se suicider ou se faire suicider».
«Kadhafi va disparaître : ou il va se suicider ou il va se faire suicider».
9h30. Berlin ne veut pas intervenir militairement en Libye, mais «comprend» la volonté de ses alliés d'y aller, déclare le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle.
«Nous comprenons ceux qui, pour des motifs respectables, se sont prononcés pour une intervention militaire internationale en Libye, (...) Mais après évaluation des risques, nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne voulons pas mêler des soldats allemands à une guerre, à une intervention militaire en Libye», explique le ministre, comme il l'avait déjà fait dans la nuit après le vote.
9h15. Une manifestation de soutien à Kadhafi ce 18 mars après le vote de l'ONU. (Ahmed Jadallah / Reuters)
9heures. Seïf al-Islam n'a pas peur. La Libye n'a «pas peur» après le vote à l'ONU d'une résolution prévoyant des frappes aériennes contre les forces gouvernementales, affirme ce vendredi l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Seïf al-Islam Kadhafi.
«Nous sommes dans notre pays et avec notre peuple. Et nous n'avons pas peur», dit-il depuis Tripoli à l'émission de télévision américaine ABC News Nightline.
«Nous n'aurons pas peur. Allez! Nous n'aurons pas peur. Vous n'allez pas aider le peuple si vous allez bombarder la Libye pour tuer des Libyens. Vous détruisez notre pays. Personne n'est content avec cela», dit-il.
8h30. Revoir la vidéo de l'intervention de Juppé au Conseil de sécurité de l'ONU, jeudi soir.
8 heures. Les frappes militaires contre la Libye après la résolution de l'Onu interviendront «rapidement», «dans quelques heures» et les Français y «participeront», a déclaré vendredi matin sur RTL le porte-parole du gouvernement François Baroin.
Le résumé de la nuit de jeudi à vendredi. Une déclaration qui fait suite au vote jeudi soir du Conseil de sécurité de l'ONU, après trois jours de négociations, en faveur d'un recours à la force contre les troupes du colonel Mouammar Kadhafi.
La résolution autorise à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne, y compris des frappes aériennes, mais précise qu'il n'est pas question d'occupation militaire. Elle prévoit aussi une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du colonel Kadhafi de pilonner ses opposants.
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a réagi en estimant que la résolution de l'ONU constituait un «appel aux Libyens à s'entretuer». «Cette résolution traduit une attitude agressive de la communauté internationale, qui menace l'unité de la Libye et sa stabilité», a-t-il dit, dénonçant un «complot» de la communauté internationale et «une volonté de pays comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis de diviser le pays».
Le vice-ministre a également affirmé que son pays était prêt à un cessez-le-feu: «Nous sommes prêts pour cette décision (de cessez-le-feu) mais nous avons besoin d'un interlocuteur bien précis pour discuter de sa mise en oeuvre», a-t-il assuré lors d'une conférence de presse à Tripoli.
Et pourtant, les forces fidèles au dirigeant libyen pilonnaient vendredi la ville de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) contrôlée par la rébellion, après une nuit de tirs à l'arme lourde, selon le porte-parole des rebelles.
La Chine, la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde s'abstiennent
Le texte a été adopté par 10 voix sur les 15 membres du Conseil de sécurité. La Chine et la Russie se sont abstenues mais n'ont pas utilisé leur veto pour bloquer le texte. L'Allemagne, le Brésil et l'Inde se sont aussi abstenus.
Au moment où Mouammar Kadhafi venait d'annoncer son intention d'attaquer la ville de Benghazi, tenue par les rebelles, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait averti, avant le vote, qu'il restait peu de temps pour intervenir. La France avait auparavant annoncé des frappes aériennes dès l'adoption de la résolution. «Chaque jour, chaque heure qui passe alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules. Prenons garde d'arriver trop tard. Ce sera l'honneur du Conseil de sécurité d'avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur l'oppression», a plaidé Juppé, qui avait fait spécialement le déplacement à New York (voir en vidéo l'intervention de Juppé).
Après le vote, l'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant a souligné que la Grande-Bretagne était «prête à prendre ses responsabilités pour mettre fin aux violences, protéger les civils».
L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a déclaré que les Etats-Unis «se tenaient du côté du peuple libyen et (soutenaient) leurs besoins en matière de droits de l'Homme». «Le Conseil de sécurité a répondu à l'appel à l'aide du peuple libyen», s'est-elle réjouie, estimant que «ce vote est une puissante réponse au besoin urgent sur le terrain».
«Les soldats allemands ne participeront pas à une intervention militaire en Libye»
Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, a lui justifié l'abstention de son pays en relevant qu'une intervention militaire en Libye comporte des «risques et des dangers considérables». «Les soldats allemands ne participeront pas à une intervention militaire en Libye», a ajouté le vice-chancelier d'Angela Merkel.
Maria Luiza Ribeiro Viotti, ambassadrice du Brésil, a expliqué que son pays «n'était pas convaincu par le fait que l'usage de la force conduirait à la fin de la violence». «Cela pourrait causer plus de mal que de bien pour le peuple libyen».
L'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a jugé «regrettable» que «la passion pour l'usage de la force ait prévalu». Il a rappelé que son pays avait proposé une résolution appelant à un cessez-le-feu.
L'ambassadeur chinois Li Baodong, qui assure la présidence du Conseil de sécurité en mars, a expliqué que son pays avait «toujours été contre l'usage de la force dans les relations internationales».
Des tirs de joie ont retenti à Benghazi, fief des insurgés en Libye, peu après l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
(Source AFP)