Lundi 04 Janvier 2009

Ahmed Ouyahia a-t-il été trompé dans le but d’inciter la direction de l’Institut Pasteur d’Algérie à conclure le contrat d’achat du vaccin de la grippe A/H1N1 avec Glaxo SmithKline ? Bloqué durant plusieurs semaines le contrat a finalement été signé en une journée suite à une instruction du Premier ministre.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Des zones d’ombre persistent dans la passation du marché d’acquisition du vaccin de la grippe A/H1N1. En écartant l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) du processus des négociations d’achat avec les firmes pharmaceutiques étrangères, le ministère de la Santé a provoqué une situation inextricable. Dès le début du mois d’août 2009, le département de Saïd Barkat avait opté pour, au moins, deux laboratoires : Novartis et GlaxoSmithKline. Il est aujourd’hui avéré que l’IPA — organisme habilité à importer ce produit pour le compte de l’Etat — a refusé d’entériner le contrat de gré à gré avec GSK. Un refus dû, essentiellement, aux dispositions contractuelles qui devaient lier les deux parties et qui ont d’ailleurs été consignées par la direction générale de l’IPA, dans un document adressé le 4 août au secrétaire général du ministère de la Santé. Un stratagème a donc été mis en œuvre pour obliger l’IPA à signer le document. Il semble qu’Ahmed Ouyahia ait joué — malgré lui — un rôle central dans cette opération. Le 1er septembre, le département de Saïd Barkat adresse au Premier ministre une lettre dans laquelle il fait part des dispositions préventives prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la grippe A/H1N1. Il indiquera, en outre, que des négociations sont en cours avec des laboratoires internationaux dans le but d’acquérir le vaccin contre la grippe A/H1N1. Le 3 septembre, sur la base de cette lettre qu’il cite en référence, le Premier ministre saisit officiellement le ministre des Finances afin de lui annoncer que l’achat du vaccin sera financé sur le «Fonds spécial pour les urgences et les activités de soin». «Je vous fais part, en outre, de mon instruction de confier la conclusion du marché d’acquisition des vaccins à l’Institut Pasteur d’Algérie et vous charge d’en faire état à la Commission nationale des marchés qui doit traiter cette opération avec diligence», notera le Premier ministre, dans cette correspondance dont une copie a été adressée au ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Diligence» reste le maître mot de toute cette affaire. Il a été appliqué à la lettre par la direction de l’Institut Pasteur, puisque le contrat avec GlaxoSmithKline a été signé le jour même, soit le 3 septembre ! Comment expliquer qu’un organisme qui refuse d’entériner un contrat qu’il n’a pas négocié puisse faire marche arrière en l’espace de quelques heures ? Comment se fait-il que le ministère de la Santé ait saisi le chef de l’Exécutif pour lui faire état de «consultations» avec des firmes pharmaceutiques étrangères et que deux jours plus tard, un seul et unique laboratoire parvient à décrocher un marché de gré à gré de l’ordre de 73 millions d’euros, soit sept mille quatre cent millions de dinars ? L’explication se trouve peut-être dans un document dont a été destinataire la direction de l’Institut Pasteur d’Algérie en cette fameuse journée du jeudi 3 septembre. Une autre instruction portant paraphe du secrétaire général du ministère de la Santé. «Suite aux décisions de monsieur le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, et suite aux instructions de monsieur le Premier ministre, je vous demande de procéder à la signature des contrats d’acquisition de 20 millions de doses de vaccin contre la grippe A/H1N1 avec le laboratoire GSK et de 10 millions de doses du même vaccin avec le laboratoire Novartis.» Il n’aura fallu qu’un simple paragraphe avec la formule «instructions de monsieur le Premier ministre» pour imposer à l’IPA la levée de son veto.
T. H.

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