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Washington clarifie sa position et suggère une transition
El Baradei chargé par l’opposition de négocier avec le régime égyptien
31-01-2011
Par Hasna Yacoub
Le plus important allié de l’Egypte, les Etats-Unis, a franchi un pas hier en appelant à «une transition en bon ordre» en Egypte. «Nous souhaitons voir une transition en bon ordre. Nous demandons instamment au gouvernement Moubarak, qui est toujours au pouvoir (...), de faire ce qui est nécessaire pour faciliter ce genre de transition», a déclaré sur la chaîne CBS Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine. Au même moment, la coalition nationale pour le changement, qui regroupe plusieurs formations, dont les Frères musulmans, principale force d’opposition dans le pays, a chargé El Baradei de négocier avec le régime. Ainsi, la stratégie d’aller vers un changement pacifique en installant un gouvernement de consensus commence à prendre forme. Hosni Moubarak, qui a visité le centre opérationnel de l’armée dans la matinée d’hier, semble refuser de quitter le pouvoir sous la pression de la rue. Il attend peut-être un retour au calme, la composition d’un gouvernement d’union nationale avant de déléguer ses pouvoirs au chef du renseignement, le général Omar Souleïmane, nommé samedi dernier vice-président. Il s’agit d’un premier scénario qui commence à prendre forme auquel la rue refuse jusque-là d’adhérer. Toujours en colère, les Egyptiens rejettent les nominations faites par le président égyptien et demandent le changement du régime et non des personnes. Hier encore, bien après l’entrée en vigueur du couvre-feu, des milliers de personnes étaient rassemblées dans différentes régions du pays, scandant «Le peuple veut la chute du régime». En milieu d’après-midi, des avions de chasse ont survolé la capitale à très basse altitude à plusieurs reprises. Mais rien ne semble pouvoir briser la détermination du peuple égyptien. En ce sixième jour de révolte, les manifestants ont continué à affluer vers les places publiques pour participer à une nouvelle journée d’une révolte qui ne semble pas faiblir malgré le bilan de plus d’une centaine de morts. La situation n’est pas encore maîtrisée et les émeutes qui ont éclaté dans la nuit de samedi à hier ont permis, dans certaines régions, l’évasion de plusieurs milliers de prisonniers, comme c’est le cas dans la prison de Wadi Natroun, à 100 km au nord du Caire, au cours de laquelle ils se sont emparés des armes des gardiens de l’établissement carcéral. Dans la prison Abou Zaabal, à l’est du Caire, plus d’une dizaine de prisonniers ont été tués alors qu’ils tentaient de s’enfuir. Depuis le début des troubles, plusieurs cas de prisons abandonnées et d’évasions ont été enregistrés à travers le pays. L’armée, qui tente de rassurer la population, a annoncé hier l’arrestation de plus de 3 000 évadés et de fauteurs de troubles. La population, quant à elle, s’est organisée pour faire face aux nombreux pillages et attaques des propriétés privées commis au Caire comme dans d’autres grandes villes du pays. Des comités de citoyens ont remis les pillards aux forces armées. La révolte égyptienne, qui a commencé deux semaines après celle du «Jasmin» qui a causé la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, continue à susciter l’inquiétude et de nombreux pays ont annoncé l’évacuation de leurs ressortissants. L’ambassade des Etats-Unis au Caire a annoncé qu’elle se préparait à évacuer ses ressortissants à partir d’aujourd’hui. Le Liban, la Libye et la Turquie ont mis en place des navettes aériennes. Ces craintes semblaient justifiées : l’Azerbaïdjan a annoncé l’évacuation de ses ressortissants après le décès d’un comptable de son ambassade au Caire, mortellement blessé samedi dernier alors qu’il rentrait chez lui.A l’aéroport du Caire, des hordes de touristes, d’expatriés et d’Egyptiens angoissés ont pris d’assaut les guichets de départs, cherchant à tout prix à quitter le pays. Même si l’Egypte semble aujourd’hui paralysée, le pays semble entamer une ère nouvelle.
24-01-2011
Ould kablia analyse les dernières émeutes du pays
Tout rapprochement avec les évènements d’Egypte ou de Tunisie n’est pas justifié
31-01-2011
Synthèse de Amar Rafa
«Personnellement, je n’ai pas vu dans ces évènements une manipulation directe et profonde. J’ai relevé une spontanéité liée aux problèmes que rencontrent les Algériens, de manière générale, et les jeunes, en particulier». Cette déclaration a été faite hier par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia.Dans son analyse des dernières émeutes qu’a connues le pays, le ministre de l’Intérieur a, lors d’un entretien accordé à notre confrère Liberté, fait état d’un «malaise profond», qui touche toute la société, dû au cumul de «revendications à caractère plus social et matériel que politique», Cependant, il a ajouté : «Ce qui relève de la faiblesse de la communication, face à un discours négationniste», avant d’estimer que «des milieux, y compris une partie de la presse, ne mettent l’accent que sur ce qui est négatif dans l’action du gouvernement» et que «certains ont tendance à nier les progrès et les actions positives en faveur de la population». Face à cette situation, «l’État fait et doit faire un effort supplémentaire. Il doit mieux apprécier les aspirations des citoyens, les attentes des jeunes», a indiqué M. Ould Kablia, avant d’ajouter que l’Etat doit les satisfaire «graduellement». Ce faisant, «nous examinons en ce moment prioritairement d’autres opportunités dans les domaines du logement et de l’emploi», a précisé le ministre.Interrogé sur le risque de contagion par rapport çà ce qui se passe en Égypte et en Tunisie, Ould Kablia a estimé qu’«en Algérie nous n’avons pas ressenti de revendications politiques». De plus, «l’Algérie a ses propres caractéristiques. Il y a des possibilités d’évacuation de la colère, des cadres d’expression permettant aux gens qui ne sont pas d’accord de faire entendre leur voix, une liberté d’expression qui est beaucoup plus large dans notre pays qu’ailleurs», a-t-il ajouté, avant d’expliquer plus loin que «le rapprochement avec d’autres contextes n’est pas justifié».Ayant accusé les organisations et partis politiques qui ont pris le relais des revendications citoyennes de faire de l’«exploitation la tentative de récupération d’un événement», le ministre de l’Intérieur estime que la marche du RCD a échoué, en en voulant pour preuve que «le président du RCD dit lui-même qu’il a échoué». Quant aux revendications exprimées, il a indiqué que l’état d’urgence «est une question qui relève des prérogatives du gouvernement et non du ministre de l’Intérieur», en ajoutant que «le gouvernement aura peut-être à examiner ce dossier pour voir si le fait qu’il est toujours en vigueur peut apparaître positif ou si l’on peut s’en passer». En prévision de la marche à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, le ministre a rappelé l’interdiction des marches à Alger, affirmant à propos des revendications de l’opposition que «ses membres cherchent des opportunités de s’exprimer différemment avec des objectifs de médiatisation vers l’extérieur du pays». A la question de savoir pourquoi le chef de l’État ne s’est pas adressé au peuple lors des émeutes, le ministre de l’Intérieur a indiqué : «C’est que le Président a donné des instructions et des orientations aux responsables en charge de ces problèmes […]. Donc sa position était connue. Il n’était pas absent». «Je vous confirme que Monsieur le président de la République suit la situation du pays et l’action du gouvernement au quotidien et qu’il fait part à tout moment de ses instructions, de ses observations ou de ses critiques», a déclaré, en outre, M. Ould Kablia.
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