Par Ali Boukhlef
La volonté affichée par des parlementaires algériens de faire voter une loi criminalisant le colonialisme français commence à faire mal du côté de Paris. Il n’y a toujours pas de réaction officielle, mais la sortie d’un député de l’UMP (Union pour un Mouvement populaire, conservateur au pouvoir) exprime un malaise certain au sein d’une partie de la classe politique française.
La sortie de Thierry Mariani, député de la majorité au pouvoir, intervient à un moment crucial : les deux pays vont signer, aujourd’hui au sein de l’Assemblée nationale à Paris, une convention de partenariat. L’accord fait suite à celui signé à Alger en décembre 2007 à l’issue de la visite du président Nicolas Sarkozy en Algérie. C’est également une suite de l’accord d’Alger signé en mars 2003 à l’occasion de la visite d’Etat de l’ancien président français Jacques Chirac.
C’est justement la signature de cette convention que Thierry Mariani veut bloquer. «[…] Nous venons d’apprendre ce week-end qu’il semblerait que le Parlement algérien pourrait envisager d’adopter une loi criminalisant le colonialisme français, créant des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux et prévoyant de demander à la France des excuses et des indemnités», écrit, en effet, le parlementaire de la majorité présidentielle avant de poursuivre que «dans ces conditions, je demande solennellement au gouvernement français de suspendre momentanément la procédure de ratification de cette convention et d’en reporter la discussion parlementaire. Avant de ratifier cette convention, nous devons en effet être informés des intentions réelles du gouvernement algérien et de son Parlement quant à cette proposition de loi qui aurait été déposée par 125 députés algériens de différentes sensibilités politiques».
Il est vrai qu’il ne s’agit-là que d’une réaction d’un seul parlementaire. Engage-t-il au moins une partie de son parti politique ? Possible. Sauf que, selon l’AFP, le rapporteur du texte de la convention que signeront les deux parties aujourd’hui, l’ancien ministre de l’Economie et député UMP, Hervé Gaymard, dit ne pas «souhaiter réagir à chaud». Il assure également qu’il n’est pas au courant de cette polémique.
Il est à rappeler qu’un texte du député FLN, Moussa Abdi, ayant récolté au moins 125 signatures (voir La Tribune du lundi 8 février), porte sur la criminalisation du colonialisme français. La proposition a été déposée au niveau du bureau de l’APN le 13 janvier dernier,
mais cette instance l’a remise à ses initiateurs le 16 du même mois (voir La Tribune du mercredi 4 février) pour «vice de forme».
Il est question, essentiellement, de créer une cours pénale algérienne qui aura pour mission de «juger les responsables français, abstraction faite de leur responsabilité politique».