Par Mekioussa Chekir

Le Premier ministre tunisien sortant, Mohammed Ghannouchi, reconduit hier dans ses fonctions a annoncé la composition d'un gouvernement d'union nationale, chargé de gérer la transition jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législatives. Le Premier ministre, qui s'exprimait devant des journalistes au palais du Gouvernement, a donné la liste des 19 ministres de ce
«gouvernement d'union  nationale».         Trois chefs de partis politiques de l'ancienne opposition au régime de Ben Ali font partie de ce gouvernement. Deux de ces partis n'avaient pas de représentants au Parlement. Six membres de l'ancien gouvernement Ben Ali ont aussi été reconduits, dont le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane et celui  de l'Intérieur, Ahmed Kriaâ, rapporte l'AFP. Des représentants de la société civile figurent dans ce gouvernement. M. Ghannouchi a aussi indiqué que le ministère de l'Information, accusé de censurer la liberté de la presse et d'expression dans le pays, a été supprimé. Quelques heures avant l'annonce du nouveau gouvernement, le mouvement islamiste tunisien Ennahdha a invité à la formation d'un «gouvernement de salut national» regroupant tous les partis, à l'exclusion de l'ex-parti au pouvoir, et d'une «assemblée  constituante» pour préparer une nouvelle Constitution, dans un communiqué  transmis hier à l'AFP à Paris. Selon la même source, ce dernier préconise que «nul ne soit exclu» de ce gouvernement, sauf ceux qui ont  «profité» ou participé au pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui la  Tunisie vendredi pour l'Arabie saoudite après un mois de manifestations réprimées dans le sang. Ennahdha, interdit sous le régime Ben Ali, appelle également à la formation d'une «assemblée constituante» qui sera chargée d'établir «une nouvelle Constitution», avant des élections  législatives, souhaitées «dans les six mois». Cette assemblée devra mettre en place «un régime parlementaire et démocratique regroupant toutes les tendances politiques et la société civile», souligne le mouvement. Voulant sans doute rassurer l'opinion nationale et internationale quant à la nature du futur pouvoir régnant, le Premier ministre reconduit a fait deux autres annonces importantes : celle de la libération de «tous les prisonniers d'opinion», ainsi que la levée de l'interdiction d'activité de la Ligue des droits de l'Homme. S'agissant de la situation prévalant dans le pays marquée par une insécurité qui inquiète fortement la population, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé, hier, depuis Abou Dhabi au rétablissement rapide de l'ordre en Tunisie. «Je demeure extrêmement inquiet à propos de la violence en Tunisie (…) J'en appelle au gouvernement [de Tunisie] et à toutes les parties pour  assurer l'ordre dans ce pays. La Tunisie doit retrouver sa stabilité le plus tôt possible pour continuer sur la voie du développement et de la prospérité. J'en appelle à la communauté internationale pour soutenir les efforts tendant à restaurer (...) la démocratie dans [ce] pays maghrébin», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. La Tunisie, rapporte l'AFP, était suspendue hier à l'annonce d'un gouvernement de transition et une imposante marche a été organisée à Tunis pour exiger la dissolution du parti du Président déchu, le RCD. Le départ des Ben Ali et des Trabesli fait découvrir à l'opinion internationale l'ampleur de la spoliation des richesses du pays dont ces derniers ont été responsables : Mme Ben Ali se serait enfuie de Tunisie avec 1,5 tonne d'or, selon la chaîne TF1 et le journal Le Monde qui cite des sources à la présidence française ; une  information démentie par la Banque centrale de Tunisie, rapporte l'AFP.