L’OPÉRATION A ÉTÉ FAITE DANS UNE TOTALE DISCRÉTION L’Etat dévalue le dinar Ahmed MESBAH - Mardi 25 Août 2009 - Page : 3
Le taux de change est passé de 65 à 73 dinars pour un dollar entre décembre 2008 et juillet 2009.
Le glissement de la valeur du dinar se révèle comme un bon moyen de réduire la facture des importations et de gonfler en même temps celle des exportations. D’ailleurs, cet objectif est visible à travers la lecture des lois de finances successives. En six mois, période qui sépare les lois de finances initiale et celle complémentaire de 2009, la valeur de la monnaie nationale est passée de 65 à 73 dinars pour un dollar. La démarche du gouvernement n’est pas jugée positive par tout le monde. Ainsi, l’analyste financier, Mohamed Ghernaout, estime que les achats des intrants seront plus chers y compris pour les investissements de l’Etat. Il y a d’autres achats incompressibles qui vont subir les effets de cette mesure comme les médicaments et les produits alimentaires. Pour réduire les transferts en devises à l’étranger, les importations ne sont pas seulement rendues plus chères artificiellement mais il est exigé des importateurs de recourir au seul crédit documentaire pour effectuer ces opérations. Devant le tollé soulevé par le patronat, il semblerait que le gouvernement soit disposé à exempter les matières premières de cette exigence. Et cela avant même l’élaboration de la loi de finances de 2010. Car, il y a urgence pour les patrons qui veulent continuer à mener leurs affaires dans des conditions de confiance avec leurs fournisseurs. Les opérateurs économiques, à l’instar de Mohand Arezki Aberkane, président-directeur général du groupe Sogemetal, trouvent légitime que la loi de finances complémentaire 2009 (LFC) introduise des dispositions pour aboutir à un encadrement efficace des flux internes et externes au plan économique et financier. Malgré ce jugement, il est estimé que les mesures relatives aux échanges extérieurs seraient nocives dans certains cas. Ce responsable ne veut pas que la logique d’équilibre de la balance des paiements prenne le pas sur la logique de la dynamique de l’entreprise algérienne. Et c’est un avis partagé par de nombreux autres entrepreneurs, qui se trouve ainsi résumé en quelques mots. Vouloir à tout prix que la facture des importations soit réduite à sa plus simple expression et par tous les moyens peut porter atteinte à l’indispensable flexibilité des entreprises, selon la même source. Il est ajouté que le recours exclusif à un moyen de paiement extérieur tel le crédit documentaire n’est pas de nature à réduire les volumes et les valeurs des flux des importations. Pour ce faire, il est expliqué que le meilleur moyen est celui d’augmenter l’offre locale de biens et services. C’est dans ce sens qu’il est jugé que pour les entreprises de production, le maintien des divers moyens de paiement participent financement du secteur industriel national et à sa pérennité. Le même responsable souligne que lorsqu’il s’agit de réduire les importations et de mettre fin à l’informel ou de rationaliser la gestion des ressources et des moyens de paiement extérieur, il y aurait sûrement d’autres mesures à prendre mais elles ne sauraient se limiter à quelques aménagements à la portée limitée. |