Maroc : un sondage interdit par le roi

Maroc : un sondage interdit par le roi

Caroline Politi (lefigaro.fr)
03/08/2009 |
Le magazine TelQuel et sa version arabophone Nichane ont été interdits samedi, suite à la publication d'un sondage sur la popularité des réformes entreprises par le monarque.
Le magazine TelQuel et sa version arabophone Nichane ont été interdits samedi, suite à la publication d'un sondage sur la popularité des réformes entreprises par le monarque.

Les deux versions - arabophone et francophone - d'un hebdomadaire indépendant ont été censurées samedi pour avoir voulu évaluer la popularité de Mohammed VI. Le roi y était pourtant plébiscité.

A l'occasion du dixième anniversaire de l'arrivée au pouvoir de Mohammed VI, TelQuel, le premier magazine marocain, s'est associé au Monde pour réaliser un grand sondage sur la popularité du roi. Cet exercice banal en Occident s'est révélé beaucoup plus périlleux au Maroc. Jamais auparavant un sondage sur la popularité d'un chef d'Etat n'avait été mené dans un pays du monde arabe, souligne le quotidien français. Avant même la parution du magazine et de sa version arabophone, Nichane, dans les kiosques, le ministre marocain de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a fait saisir le numéro contenant le sondage et l'a fait détruire. «La monarchie ne peut être mise en équation, même par la voie d'un sondage», a déclaré le ministre de la Communication, Khalid Naciri.

Ahmed Benchesmi, le directeur des magasines TelQuel et Nichane, a annoncé lundi qu'il allait porter plainte. «Les responsables ont interdit nos 100.000 exemplaires (des deux titres) en s'appuyant sur des articles de la constitution et du code de la presse qui qualifient de sacrée la personnalité du roi», a-t-il expliqué avant d'ajouter : « Il n'existe pourtant aucune loi au Maroc qui interdise les sondages d'opinions ».

 

Un bilan positif pour Mohammed VI

 

Le résultat du sondage était pourtant favorable à l'action accomplie par le roi. D'après cette étude, conduite par la filiale marocaine du CSA à la fin du mois de juin, 91% des Marocains jugent positif le bilan des dix premières années de règne et près d'un habitant sur deux estime le régime démocratique. La majorité des Marocains se réjouit des progrès faits dans le domaine de l'éducation, de la médecine ou de l'aménagement du territoire. Même « l'autoritarisme » du régime semble les satisfaire. «Bien sûr que notre monarchie est autoritaire, et tant mieux !» ont-ils déclaré aux enquêteurs, rapporte Le Monde. Mieux vaut que le pouvoir soit entre les mains du roi qu'entre celles des élus corrompus qui ne pensent qu'à leurs intérêts. », ont-ils ajouté.

Seuls points négatifs dans ce bilan : le problème de la pauvreté, qui, selon les personnes interrogées, ne s'est pas amélioré, ou encore le nouveau code de la famille édité en 2004. Cette loi, qui prévoit l'égalité entre hommes et femmes, est loin de faire l'unanimité. Près d'un Marocain sur deux estime que le roi est allé trop loin dans sa volonté de «libérer» les femmes. L'interdiction de la polygamie et la possibilité pour une femme de demander le divorce ne sont donc pas perçus comme une réussite.

» Mohammed VI, un roi qui préfère être aimé

» EN IMAGES - Les dix dates qui ont marqué le règne

 



03/08/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 71 autres membres