Match meurtrier en Egypte: Le Conseil militaire promet de juger les responsables
Au moins 73 personnes sont décédées le 1er février 2012 après l'envahissement du stade de Port Saïd, au nord de l'Egypte. REUTERS/STRINGER
VIOLENCES - Alors que politiques et membres de la société civile pointent du doigt l'incapacité des forces de sécurité à maintenir le calme...
Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir en Egypte, a promis ce jeudi que les responsables des violences qui ont fait au moins 74 morts en marge d'un matchde football à Port-Saïd seraient traqués et jugés.
«Ce genre d'événements peut se produire partout dans le monde mais nous ne laisserons pas les responsables s'en sortir», a-t-il promis sur l'antenne de la chaîne de télévision sportive appartenant au club d'Al Ahli, une des deux équipes impliquées dans le drame. «Nous nous sortirons de cette phase. L'Egypte sera stable», a poursuivi le maréchal Tantaoui. «Nous avons une feuille de route pour transférer le pouvoir à des civils élus. Quiconque prépare l'instabilité en Egypte échouera», a-t-il dit.
La plupart des morts piétinés dans une bousculade
Au moins 74 personnes ont trouvé la mort et un millier d'autres ont été blessées mercredi lorsqu'un terrain de football de Port-Saïd a été envahi par des supporters. Les violences ont éclaté à la fin d'un match remporté 3-1 par l'équipe locale d'Al Masry contre le club d'Al Ahli, l'une des formations les plus titrées dufootball égyptien. L'armée s'est déployée dans cette ville à l'entrée nord du canal de Suez pour «éviter de nouveaux affrontements» entre supporteurs, qui ont également fait 248 blessés, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Des hôpitaux ont fait état de centaines de blessés. La police a aussi indiqué avoir arrêté 47 personnes.
La plupart des morts ont été piétinés dans la bousculade provoquée par la panique ou ont chuté des gradins, ont rapporté des témoins. Les services de sécurité ont assuré que les policiers anti-émeutes étaient présents en nombre suffisant, mais qu'ils n'ont pas voulu s'interposer en raison de consignes de modération diffusées après des manifestations meurtrières au Caire en novembre et décembre derniers. La sécurité de l'Egypte "est bonne" a assuré le maréchal Hussein Tantaoui, a rapporté la télévision.
«Les autorités ont été négligentes»
L'incapacité des forces de sécurité à maintenir le calme a cependant été pointée du doigt par des responsables politiques. «Les autorités ont été négligentes», écrivent Les Frères musulmans, principale force politique au parlement nouvellement élu, sur leur site Internet. «Nous redoutons que certains officiers punissent le peuple en raison de la révolution qui les a privés de leur capacité à agir en tyran et qui a réduit leurs privilèges», poursuivent les Frères musulmans.
Politiques et membres de la société civile dénoncent également derrière ce drame un complot pour déstabiliser la nouvelle Egypte. La confrérie islamiste a ainsi estimé ce jeudi que ce drame était l'oeuvre d'une «main invisible», celle de partisans du président déchu Hosni Moubarak. «Les événements de Port-Saïd ont été planifiés et sont un message des partisans de l'ancien régime», a affirmé le député Essam al-Erian, membre du parti politique de la confrérie. Le député libéral Amr Hamzawi a ainsi appelé au limogeage immédiat du ministre de l'Intérieur, ainsi que du gouverneur et du chef de la sécurité de la ville.
Cycle de violences
Le mouvement juge que le cycle de violences que vit l'Egypte a été alimenté par l'incapacité des autorités à arrêter et juger les auteurs des actes répétés de violences de ces derniers mois. «Nous mettons les autorités en garde contre toute tentative visant à détruire ou à brûler l'Egypte ou à détruire ses institutions. L'état de droit doit s'appliquer avec fermeté à tous, quelles que soient les pressions internes ou externes», continuent les Frères musulmans.
Le Mouvement du 6-Avril, qui a joué un rôle central dans la mobilisation du mouvement de contestation de l'hiver dernier, a affirmé pour sa part que les violences de Port-Saïd avaient été préparées par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui gouverne le pays depuis le renversement d'Hosni Moubarak le 11 février 2011. «Ceux qui ne peuvent assurer la sécurité et protéger un match de football ne peuvent protéger la nation tout entière», estime le collectif. Le parlement égyptien nouvellement élu doit tenir ce jeudi une session extraordinaire sur ces événements, ont rapporté les médias d'Etat.