mémoires d’ Ahmed Taleb Ibrahimi --tome 2

 

 logo_elwatan.pnglogo_elwatan.pnglogo_elwatan.pnglogo_elwatan.pnglogo_elwatan.png

Article en PDF Imprimer l'article Envoyer l'article

Tome II des mémoires de Taleb-Ibrahimi

Ce que pensait Boumediène de Bouteflika

En 1976, Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, voulait proposer à Boumediène la création du poste de vice-président à l’occasion de l’élaboration de la Constitution. Le président Houari Boumediène, selon les révélations de Taleb Ibrahimi dans le second tome de ses mémoires, a refusé cette proposition.

Le 14 octobre 1978, le président Houari Boumediène, hospitalisé à Moscou pour un « paratyphoïde B », selon des responsables russes de l’époque, révèle à Ahmed Taleb Ibrahimi des confidences quelque temps avant son décès. Des confidences sur les hommes de pouvoir d’hier et d’aujourd’hui. C’est ce que raconte l’ancien ministre dans le second tome de ses mémoires (prochainement publié chez Casbah éditions) dont El Watan a présenté de larges extraits hier. Des révélations qui restent d’une actualité : comment l’actuel président Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, tenait à créer, à l’occasion de la promulgation d’une nouvelle Constitution en 1976, le poste de vice-président. L’histoire semble se répéter si l’on revient avec Taleb Ibrahimi à cette longue discussion nocturne – « de 22h à 4h du matin » – avec Houari Boumediène, malade et fatigué, à Moscou, le 14 octobre 1978. Le président Boumediène semblait, raconte dans son nouveau ouvrage Mémoire d’un Algérien, tome 2, La passion de bâtir (1965-1978), plus rassuré sur son état de santé. Les médecins soviétiques ont écarté le diagnostic du cancer de la vessie et il pense même à préparer son retour à Alger pour tuer dans l’œuf la rumeur qui gronde autour de son absence. Et dans la nuit moscovite, le président appelle Taleb Ibrahimi pour lui dresser un tableau des membres du Conseil de la révolution. Et là, Houari Boumediène révèle à son ministre : « On a beaucoup épilogué sur mes relations avec Bouteflika. La vérité, c’est que Abdelaziz était un jeune homme inexpérimenté, qui avait besoin d’un mentor, j’ai joué ce rôle. Sans doute m’en veut-il de ne l’avoir pas désigné comme "prince héritier" ainsi qu’il le désirait. En effet, lorsqu’en 1976, j’ai chargé Bedjaoui de préparer un projet de Constitution, ce dernier est venu m’informer d’une demande de Bouteflika relative à l’introduction d’une disposition portant création d’un poste de vice-président, élu en même temps que le Président, sur le même ‘‘ticket”, à la manière américaine. A Bedjaoui qui voulait savoir si cette proposition avait mon agrément, j’ai répondu qu’en tant que juriste, il pourrait proposer autre chose sauf introduire un tel article. » Il semble donc que les rumeurs qui foisonnent à Alger depuis des mois autour d’une même proposition – ou deal selon d’autres sources – d’amendement de la Constitution émis par le président Bouteflika rejoignent un ancien désir du locataire d’El Mouradia. D’ailleurs, avant même que le président Bouteflika lance son idée de révision constitutionnelle en 2007, il avait déjà déclaré critiquer la loi fondamentale de 1996. A ses yeux, la Constitution actuelle ne garantit pas le principe de la séparation des pouvoirs, ne permet pas de mettre fin aux interférences entre les prérogatives des institutions ainsi qu’à l’amalgame entre le régime parlementaire et le régime présidentiel. Mais depuis plusieurs mois, à part les appareils satellitaires du régime, aucune confirmation officielle d’une révision constitutionnelle n’est venue dissiper l’incertitude qui plombe tout un pays. Une partie de l’opinion doute des mobiles du chef de l’Etat, interprétant son désir de révision constitutionnelle comme un arrimage de la loi fondamentale à ses propres volontés de rester au pouvoir. Un groupe d’intellectuels, journalistes, militants de la société civile ont créé l’initiative civile pour le respect de la Constitution et lancé un appel qui a recueilli pas moins de six cents signatures. « L’heure est à l’application de la Constitution, pas à sa révision », peut-on lire dans cet appel. Depuis le maintien illégal de l’état d’urgence (en violation de l’article 92 de la Constitution) à l’abus du recours aux ordonnances présidentielles en violation de l’article 124, les cas de non-respect de la loi fondamentale depuis le premier mandat du chef d’Etat sont légion. Ce rappel historique de Taleb Ibrahimi éclaire plus sur les actuelles manœuvres qui se trament sur les hauteurs barbelées d’Alger.

Adlène Meddi

 
 
Article en PDF Imprimer l'article Envoyer l'article

Deuxième tome des mémoires d’Ahmed Taleb-Ibrahimi

La grande désillusion, trente ans après la mort de Boumediène

Après le premier tome de ses mémoires publiés en avril 2006, l’ancien ministre Ahmed Taleb Ibrahimi s’apprête dans deux semaines à éditer chez Casbah le second opus, sous le titre Mémoire d’un Algérien, tome 2, La passion de bâtir (1965-1978).

L’auteur, ancien ministre sous Boumediène et Chadli, médecin de formation, candidat à la présidentielle en 1999, chef d’un parti, Wafa, revient dans cet ouvrage sur ses années dans les arcanes du pouvoir de Houari Boumediène. Boumediène, l’homme qui lit la Fatiha sur la dépouille du cheikh Ibrahimi, le père de l’auteur, décédé le 20 mai 1965, alors que Ben Bella prolongera sa tournée à l’Est pour ne pas assister aux obsèques. D’ailleurs, et sans ambages, Taleb Ibrahimi charge son dernier ouvrage d’une sorte de mission : « Consacrer l’œuvre de Boumediène », ce dernier ayant été, selon l’auteur, ciblé après sa disparition en 1978 par une « politique délibérée et systématique » pour le « faire tomber dans l’oubli ». Le livre s’ouvre donc sur cette année 1965, lorsque, médecin à l’hôpital Mustapha Pacha à Alger, Taleb Ibrahimi désire s’éloigner de la politique, mais le coup d’Etat du colonel Boumediène le rattrape. Cherif Belkacem, ministre de l’Orientation à l’époque, lui propose d’intégrer le gouvernement. Taleb Ibrahimi réfléchit puis dit : « Oui. » « En prononçant ce oui, pouvais-je deviner que j’allais m’engouffrer dans une nouvelle ’’prison’’ qui allait durer plus d’un quart de siècle ? », concluait-il dans son premier opus. Dans le nouvel ouvrage dont El Watan présente des extraits, Taleb Ibrahimi détaille ce riche quart de siècle : les raisons de son adhésion au « redressement révolutionnaire » de 1965, son quotidien auprès de Boumediène, sa politique d’arabisation à la tête du ministère de l’Education, les tensions algéro-marocaines concernant le Sahara occidental, les circonstances du décès du président Boumediène, etc. Avec toujours ce regard sur l’actualité nationale et les désillusions qu’il porte. Taleb Ibrahimi se demande, d’ailleurs, à l’ouverture du livre, où était passées la justice sociale et les promesses de lendemains qui chantent trente ans après la mort de Boumediène.

Adlène Meddi

http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=93915

 
 

Deuxième tome des mémoires d’ Ahmed Taleb Ibrahimi

Les vérités d’un proche de Boumediène

L’arabisation

« Quand la France a occupé l’Algérie, et devant l’impossibilité de changer nos origines pour nous métamorphoser en descendants des Gaulois, elle s’est attaquée aux deux autres piliers de notre identité : la langue arabe dans le but de nous franciser et la religion musulmane dans l’espoir de nous christianiser, le tout sous couvert d’une prétendue « mission civilisatrice ». Dans sa tentative de détruire la langue arabe, elle n’a pas hésité à susciter un enseignement des dialectes et à encourager les parlers berbères. Ce qui explique que dans toute la littérature du mouvement nationaliste, il n’est fait référence qu’à l’arabité et à l’islamité qui étaient en danger, contrairement à la berbérité qui toutefois a été instrumentalisée pour créer des antagonismes pseudoethniques entre « Arabes » et « Berbères », là où en fait n’existaient que des particularismes linguistiques. Dans le même ordre d’idées, il me paraît utile de rappeler qu’une chaire de langue berbère a été créée à l’Université d’Alger, bien avant l’indépendance du pays. Elle était toujours en activité quand j’ai été placé à la tête du ministère de l’Education nationale en 1965. Elle avait pour titulaire Mouloud Mammeri. (...) Pour revenir au débat qui agitait le mouvement national au sujet de la dimension berbère de notre identité, je constate malheureusement qu’au lendemain de l’indépendance, nous avons commis l’erreur de perpétuer le discours nationaliste basé sur le binôme arabité/islamité au lieu de revenir à notre trilogie identitaire. (...) Dès ma prise de fonction au ministère, je relève que le concept « arabisation » ne me paraît pas approprié. Il s’applique plutôt aux efforts des pays arabes, dans leur recherche de mots nouveaux pour actualiser et moderniser la langue arabe. En Algérie, il s’agit d’une réappropriation de la langue nationale, une récupération de notre culture, après une phase de décadence et de dépendance. Le terme « arabisation » ayant été choisi lors d’un congrès du FLN comme option de l’Algérie indépendante, gardons-le. L’essentiel est de lui donner le contenu approprié. (...) La politique d’arabisation a suscité une polémique et de nombreuses critiques. J’ai l’impression de travailler sur le fil du rasoir, entre un courant qui trouve que cette politique se caractérise par une lenteur décevante qui cache sans doute, selon lui, un penchant pour la langue française, et un courant qui ne ménage pas ses critiques. Pour ce dernier, il lui est reproché, en particulier, de provoquer une baisse du niveau des élèves, au motif que la langue arabe ne peut assurer un enseignement de qualité, notamment dans les disciplines scientifiques et techniques. De manière générale, elle comporte le risque de freiner la modernisation de la société, car elle serait porteuse de valeurs passéistes et rétrogrades ! Des clivages potentiellement dangereux pour la cohésion nationale apparaissent et opposent arabisants et francisants. Ces derniers, au lendemain de l’indépendance, et pour des raisons historiques évidentes, ont pris en main l’encadrement des activités économiques, administratiVes et techniques, etc. du pays. Ils perçoivent donc le processus d’arabisation comme une menace pour leurs acquis et leur avenir, à plus ou moins long terme.(...) Ceux qui m’accusent d’être à l’origine de l’arabisation en Algérie m’attribuent un honneur que j’aurais souhaité mériter. Ils oublient en effet que l’arabisation fait partie des options politiques principales de la Révolution algérienne, consacrées par les textes fondamentaux du FLN, notamment le Programme de Tripoli (juin 1962) et la Charte d’Alger (avril 1964). »

Contacts secrets Boumediène-Hassan II

« Boumediène nous reçoit le 14 décembre 1977, Bouteflika et moi, et nous fait part d’une curieuse information : Hassan II, par des voies détournées, l’a contacté pour des entretiens secrets. Afin de manifester sa bonne foi et sa bonne volonté, le Roi a désigné sa sœur Lalla Aïcha pour entamer le dialogue avec le représentant de Boumediène ». Et il ajoute : « Moi, ma famille ce sont mes collaborateurs. C’est pourquoi je confie cette mission à Si Ahmed ». Avant d’entamer cette nouvelle mission, Boumediène me charge de prévenir les frères du Polisario pour qu’il n’y ait pas de malentendu : l’Algérie ne négociera jamais en lieu et place des Sahraouis mais fera tout pour faciliter l’ouverture d’un dialogue direct entre les deux parties au conflit (le Maroc et le Polisario). Durant plusieurs jours, nous nous posons des questions sur cette initiative : le Roi est-il vraiment sincère ? Cherche-t-il vraiment une issue honorable à une guerre de plus en plus coûteuse ? Si tel est le cas, rien ne grandit plus les hommes que le fait de reconnaître leurs erreurs pour y apporter les solutions adéquates. Ou est-ce un aveu d’impuissance devant la combativité des Sahraouis ? Est-ce tout simplement une nouvelle manœuvre destinée à semer la suspicion parmi les alliés de l’Algérie ? Y a-t-il une relation entre cette initiative et le revirement que vient d’opérer le président Sadate dans ses rapports avec l’ennemi israélien ? (,,,) 7e rencontre : Genève (hôtel Richmond), 6 et 7 septembre 1978 (Je suis accompagné de Kasdi Merbah, directeur de la sécurité militaire, chargé de prendre en charge les aspects sécuritaires de la rencontre au sommet projetée). Dès le début de l’entretien, j’ai déclaré que nous ne comprenions pas pourquoi l’autre partie qui avait beaucoup insisté sur l’importance et l’imminence d’une rencontre au sommet avait répondu avec plusieurs semaines de retard à notre proposition concernant une date éventuelle. Alors que la date proposée se situait le 6 juillet et que cette proposition avait été faite par nous le 26 juin, l’autre partie a attendu le 26 août, soit deux mois après, et pour dire qu’il fallait « activer » l’organisation de la rencontre. En soulignant cette attitude contradictoire de leur part, j’ai demandé à mes interlocuteurs de l’expliquer. Il me fut répondu que cette date était trop proche de la fête de l’anniversaire du Roi et puis, le 10 juillet, il y a eu ce changement en Mauritanie « qui nous a surpris comme il vous a surpris sans doute vous-mêmes ». J’ai indiqué alors que, depuis la fin juin, il y a eu effectivement beaucoup de faits nouveaux qui modifient incontestablement le contexte. J’ai évoqué à ce sujet le discours du Roi du 20 août et la campagne marocaine déclenchée à partir du 27 août. J’ai fait remarquer à mes interlocuteurs que pour un observateur attentif, la volonté de dialogue dont ils font état depuis le mois de décembre dernier peut s’expliquer de plusieurs manières :
- Tout d’abord, il peut s’agir de manœuvres dilatoires pour gagner du temps en ayant en vue on ne sait quel objectif ; nous ne voulons pas retenir cette hypothèse
- Ensuite, il peut s’agir du désir de conserver, à toutes fins utiles, un contact afin d’avoir un lien permettant de discuter périodiquement tout en poursuivant la guerre. - Enfin, il s’agirait réellement d’un dessein stratégique en vue d’une paix juste et durable dans la région, renforcé par un développement harmonieux de l’économie. C’est parce que nous avons retenu cette dernière hypothèse que nous avons répondu favorablement à la proposition marocaine d’organiser une réunion au sommet et que nous avons proposé la date du 6 juillet. Mais ce sont précisément les événements survenus depuis cette date et que j’ai déjà mentionnés, qui nous font maintenant douter que cette dernière hypothèse soit la bonne. Le discours du Roi du 20 août, la campagne de presse déclenchée à partir du 27 août nous obligent à nous demander s’il ne s’agit pas bel et bien d’une politique qui, comme Janus, aurait deux races. En tout cas, il y a une contradiction fondamentale entre les propos tenus dans les réunions secrètes et les déclarations publiques des personnalités les plus autorisées. On ne peut même pas invoquer des excès de langage puisque le Roi lui-même a fait des déclarations fracassantes. Sur ce point capital, on me répond que le discours du Roi doit être replacé dans un certain contexte : « Nous sommes agressés quotidiennement et le silence ne serait compris ni de notre armée, ni de notre opinion publique ; depuis, il y a une déclaration du ministre algérien des Affaires étrangères (à sa sortie de l’Elysée) qui faisait allusion à "un couloir à travers le Sahara occidental". Quant à la campagne de presse, il est vrai que le Roi, au départ, a été mal renseigné sur les combats qui venaient d’avoir lieu dans le sud du Maroc et ce n’est qu’après un certain temps que son analyse l’a amené à la conviction que l’opération ne pouvait pas avoir été organisée par l’armée algérienne ». Merbah a fait remarquer qu’au contraire, c’est l’armée marocaine qui, à plusieurs reprises, a violé la frontière algérienne en particulier pour installer des champs de mines. Nous n’avons jamais fait état de ces violations et nous n’avons pas cherché à les exploiter, précisément parce que de notre côté, la volonté de ne pas aggraver la tension dans la région est réelle. En conclusion, nos interlocuteurs nous ont demandé de « mettre entre parenthèses » le discours du Roi et la campagne de presse et ont confirmé leur demande d’une réunion au sommet sur la base du document élaboré après les premières rencontres. Ils ont suggéré que la réunion ait lieu entre le 15 et le 25 septembre. Au cours de l’entretien du lendemain matin, mercredi 7 septembre, il est apparu que les deux représentants du Roi n’avaient pas d’autre mission que de proposer les dates indiquées ci-dessus pour la réunion au sommet. J’ai tenu néanmoins à leur indiquer quelle doit être l’attitude générale qui, de leur part, pourrait seule conduire à la paix. La politique n’est pas seulement une question de sentiments. Si en amour, il est plus doux de donner que de recevoir, disent les psychologues, on pourrait ajouter que dans le domaine politique, il peut être plus grand de donner que de recevoir. Et surtout, il ne faut pas être victime de sa propre propagande. Il faut voir les réalités en face : il y a un fait national sahraoui et c’est imiter l’autruche que de refuser de voir que tout ce qui se passe dans la région n’est pas l’œuvre des Algériens. Le Polisario n’est pas l’Algérie. Il ne faut pas raisonner comme les colonialistes français hier qui, y compris un Camus, refusaient de voir dans notre mouvement de libération autre chose que la main de Moscou ou du Caire. La fuite en avant ne saurait être une solution. Au contraire, il faut faire en temps voulu les révisions qui s’imposent pour pouvoir déboucher sur les solutions qui seules peuvent conduire à une paix durable. Ainsi, ce sommet Boumediène-Hassan II, en discussion depuis neuf mois, n’aura pas lieu à la date proposée, pour des raisons de calendrier. Boumediène participera à Damas du 20 au 24 septembre au 3e sommet des pays membres du Front de la fermeté. Les entretiens secrets seront suspendus en raison de la maladie de Boumediène. Le Maghreb, dont nous avons tant rêvé, est ainsi privé d’une chance de réconciliation et de paix si souhaitée pour mettre un terme aux affres et aux souffrances de cette guerre fratricide imposée à nos peuples. Boumediène croyait à l’édification du Maghreb et à la libération des peuples. Il le dira pour la dernière fois à Hassan II, comme pour prendre à témoin l’Histoire : « En Amérique, en Asie comme en Amérique latine, notre engagement à l’égard de la décolonisation des peuples a toujours été le même et nous n’entendons nullement le changer ». Puis il ajoute : « Je voudrais vous dire ma foi inébranlable en l’édification d’un Maghreb qui se fera inéluctablement par le dialogue et le choc des idées, et non point par les procès d’intention et le choc des armes. »

Décès du président Boumediène

Vingt-neuf ans maintenant nous séparent de ce triste événement. Durant toute cette période, de nombreux compatriotes n’ont cessé de me poser cette question lancinante : est-il mort de maladie, comme on le prétend, ou bien n’a-t-il pas été plutôt victime d’un empoisonnement lent, œuvre des services secrets étrangers, notamment américains et israéliens ? Dans l’état actuel de mes connaissances, il est difficile de confirmer telle ou telle hypothèse, surtout que dans les pays du Tiers-monde, on a tendance à refuser l’idée que certains leaders charismatiques soient des hommes comme les autres, exposés aux mêmes vicissitudes de la vie tels que la maladie, les accidents. Par ailleurs, d’autres morts de leaders restent mystérieuses. Ainsi, de sérieux soupçons pèsent sur les services secrets israéliens qui seraient certainement responsables de l’empoisonnement de Yasser Arafat, après avoir vainement tenté, quelques années plus tôt, une opération similaire à Amman contre le chef du mouvement palestinien Hamas, Khaled Machaal. Autres exemples : le roi Fayçal a été assassiné au moment où il défendait la thèse de l’embargo pétrolier à destination des pays occidentaux qui soutiennent Israël, et les présidents Nasser et Assad aux positions antiimpérialistes et anti-sionistes notoires ont été terrassés par des crises cardiaques... Toujours est-il que j’ai quitté, à Moscou le 17 octobre, un Boumediène en forme et avec un moral de fer alors que 28 jours après, je l’ai retrouvé à Alger fort diminué. Espérons que d’autres témoignages pourront un jour éclairer l’histoire dans un sens ou dans l’autre.

http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=93928

 

 

 
     
   


12/05/2008
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 76 autres membres