ActualitĂ©s : PROCĂS DE LâAFFAIRE DE DĂTOURNEMENT DE 3 200 MILLIARDS DE LA BNA LâĂ©nigme Achour Abderrahmane sâinvite au tribunal dâAlger
Câest sous haute surveillance policiĂšre que le procĂšs du dĂ©tournement de 3200 milliards de centimes de la BNA sâest ouvert hier au tribunal correctionnel de Sidi Mâhamed. Dans le box des accusĂ©s, douze prĂ©venus, dont Achour Abderrahmane, le principal mis en cause dans cette affaire. Au total, ils sont vingt-six personnes impliquĂ©es, dont trois sont en fuite. La dĂ©fense est, quant Ă elle, assurĂ©e par une quarantaine dâavocats, alors que les tĂ©moins sont au nombre dâune cinquantaine. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - La grande salle se trouvant au premier Ă©tage du tribunal de Sidi- Mâhamed sâest avĂ©rĂ©e exiguĂ« pour contenir lâassistance nombreuse concernĂ©e par cette affaire. Et pourtant, le choix du tribunal sis Ă la rue Abane Ramdane avait pour objectif de «rĂ©unir les meilleures conditions pour la tenue de ce procĂšs». Un procĂšs qui va durer, sans aucun doute, plusieurs jours et qui sera, de lâavis de tous les observateurs, riche en rĂ©vĂ©lations. La particularitĂ© de ce premier jour rĂ©side dans le temps consacrĂ© Ă la lecture du volumineux arrĂȘt de renvoi de la chambre dâaccusation. Durant prĂšs de trois heures, le greffier a assurĂ© la lecture dâun document de 83 pages, Ă travers lequel il a replongĂ© lâassistance dans les pĂ©ripĂ©ties dâune affaire qui remonte Ă octobre 2005. Il est 14h05 min, Achour Abderrahmane, le crĂąne rasĂ© et fort de ses 165 kg , se trouvant en premiĂšre ligne, suit attentivement la lecture du document assurĂ© par le greffier. La main sur la tĂȘte, il scrute de temps Ă autre lâassistance, tout en restant concentrĂ© sur le contenu de lâarrĂȘt de renvoi. A sa gauche, trois ex-cadres de la BNA. Dans la grande salle se trouvent des journalistes, des avocats, mais Ă©galement des cadres de la BNA , dont le P-dg M. Benbouzid, en sa qualitĂ© de reprĂ©sentant de la partie civile. La lettre par laquelle le scandale arriva Outre Achour Abderahmane, nĂ© le 30 juillet 1966, dans ce dossier sont Ă©galement poursuivis ses associĂ©s, sa secrĂ©taire, des responsables des agences BNA de BouzarĂ©ah, de Zighout- Youcef, de Cherchell, de KolĂ©a, ainsi que lâex-P-dg de la BNA, son inspecteur gĂ©nĂ©ral, le directeur rĂ©gional et celui du rĂ©seau exploitation, deux commissaires aux comptes, deux experts-comptables, le directeur du service informatique pour, entre autres, association de malfaiteurs, dilapidation de deniers publics, faux en Ă©criture bancaire, escroquerie et chĂšques sans provision. La lecture de lâarrĂȘt de renvoi a Ă©tĂ© attentivement suivie par les avocats de la dĂ©fense, notamment ceux du principal mis en cause. Câest le cas de Mes Laceb Ouali, et Farouk Ksentini qui assure la dĂ©fense du richissime commerçant de KolĂ©a, ou encore Chaoui Abderrezak pour la partie civile ou Sadek ChaĂŻb pour un ex-cadre de la banque. Lâaffaire a Ă©clatĂ© en octobre 2005 au lendemain dâune lettre anonyme adressĂ©e aux plus hautes autoritĂ©s du pays, faisant Ă©tat «de circulation illĂ©gale de chĂšques interagences bancaires de la BNA et dont le bĂ©nĂ©ficiaire est un homme dâaffaires rĂ©sidant Ă KolĂ©a». Le scandale a Ă©tĂ© Ă©touffĂ© une premiĂšre fois suite Ă des complicitĂ©s tant de lâintĂ©rieur de la banque quâau niveau de certaines structures de la SĂ»retĂ© nationale en charge de lâenquĂȘte. Il fallut attendre une annĂ©e pour que «lâaffaire refasse surface et que le principal mis en cause, ayant rĂ©ussi plus tard Ă prendre la fuite au Maroc, soit extradĂ© vers lâAlgĂ©rie». Selon lâarrĂȘt de renvoi, le scandale rĂ©side dans le fait que le mis en cause avait bĂ©nĂ©ficiĂ©, avec la complicitĂ© de certains responsables de la BNA, de «prĂȘts bancaires faramineux, alors que la rĂ©glementation en vigueur ne lui permettait pas dâen disposer». LâĂ©nigme des crĂ©dits Une Ă©nigme, cependant, dans cette affaire : «la facilitĂ© avec laquelle Achour Abderrahmane a bĂ©nĂ©ficiĂ© de tous les crĂ©dits» ou encore «la contrepartie mise Ă la disposition de la banque». A titre dâexemple, le 18 aoĂ»t 2001, il a prĂ©sentĂ© un bien immobilier dâune valeur de 1 million de dinars et la banque lui a accordĂ© un montant de⊠650 millions de dinars. Selon lâarrĂȘt de renvoi entre 2000 et 2005, Achour Abderrahmane a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâau moins une vingtaine de prĂȘts dâune valeur de 650 millions de dinars chacun, «sur la base de garanties souvent surĂ©valuĂ©es et ne couvrant mĂȘme pas le un dixiĂšme du crĂ©dit». Ce qui prouve, selon des observateurs, «que certaines parties font en sorte que la vĂ©ritĂ© sur le dossier Achour Abderrahmane ne soit pas connue», dâoĂč le «bĂąclage de lâinstruction». Selon des avocats, le procĂšs qui atteindra, Ă compter dâaujourdâhui, sa vitesse de croisiĂšre, «sera riche en rĂ©vĂ©lations». Les avocats de Achour Abderrahmane promettent des divulgations fracassantes, en avançant la thĂšse «du complot fomenté» contre le milliardaire de KolĂ©a, alors que dâautres promettent de mettre Ă nu le dysfonctionnement qui a caractĂ©risĂ© lâinstruction de cette affaire. Ces derniers ont indiquĂ© que le juge instructeur «sâest limitĂ© uniquement aux traites et chĂšques de cavalerie, laissant de cĂŽtĂ© tout ce qui pourrait Ă©clabousser des personnalitĂ©s de lâEtat». Ces derniers ont citĂ©, Ă titre dâexemple, la nature exacte de ses associĂ©s au sein de la sociĂ©tĂ© ECA (Comptoir africain dâemballage) au centre du scandale. LâĂ©nigme Achour Abderrahmane durera plusieurs jours avant que la justice ne tranche dans lâaffaire. A. B.
PROCĂS ACHOUR - DGSN Zouai acquittĂ©, Achour et Bessai condamnĂ©s
Dans lâaffaire quâil lâa opposĂ© aux deux hauts cadres de la DGSN, le milliardaire Achour Abderahmane a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă quatre annĂ©es de prison ferme, alors que le tribunal criminel dâAlger a prononcĂ© lâacquittement au profit de lâex-chef de SĂ»retĂ© de la wilaya de Tipasa. Pour sa part, lâex-chef de service de la police judiciaire relevant de la mĂȘme SĂ»retĂ© de wilaya a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă quatre annĂ©es de prison avec sursis. Pour rappel, le parquet gĂ©nĂ©ral avait requis Ă lâencontre des trois mis en cause respectivement dix et vingt ans de prison ferme. A. B.
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