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	PARIS-WASHINGTON-ROME-DOHA Libye : qui est responsable du chaos ?

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Actualités : PARIS-WASHINGTON-ROME-DOHA
Libye : qui est responsable du chaos ?

Chef de file de la coalition internationale, la France est en grande partie responsable de la situation chaotique qui sévit en Libye. Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont totalement désengagés de ce pays dès la chute de Mouamar Kadhafi. 
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - «J’ai approuvé l’intervention en Libye, mais j’ai regretté que l’accompagnement n’ait pas suivi». Cette sentence n’est pas d’un dirigeant arabe ou africain mais celle du président français. François Hollande avait tenu ces propos en octobre 2012, en marge du sommet de la francophonie qui s’est déroulé au Congo. 
L’aveu de Hollande est bien plus qu’une critique de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy. C’est une reconnaissance explicite que l’intervention de la France est la cause du chaos en Libye. Car son engagement fut autant politique que militaire. Le 10 mars 2011, la France était le premier Etat à reconnaître officiellement le Conseil national de transition. 
Nicolas Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, on mené une véritable bataille diplomatique au sein des instances européennes afin d’imposer le principe de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne. Un objectif qu’ils n’ont pu atteindre face au refus de l’Allemagne. Soutenue par l’Arabie Saoudite, le Qatar et le Royaume-Uni, la France saisit alors le Conseil de sécurité de l’ONU. Le 17 mars, une résolution prévoyant l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne et une intervention aéronavale pour neutraliser les troupes de Mouamar Kadhafi est adoptée par le Conseil de sécurité. L’armée française baptise cette opération «Harmattan», en référence au vent chaud du Sahara. Les moyens militaires engagés sont conséquents : une cinquantaine d’avions de combat et une trentaine d’hélicoptères. Des informations font également état de l’intervention de soldats d’élite français aux côtés des rebelles. Sarkozy a voulu que la France soit le chef de file de la coalition internationale. Car derrière l’argument humanitaire du président français, se cachait deux objectifs majeurs : le pétrole et Kadhafi. A une année de l’élection présidentielle de 2012, le dirigeant libyen était devenu un «allié» particulièrement gênant. Kadhafi aurait, en effet, participé financièrement à l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007. Selon le site Mediapart, le Guide libyen aurait versé 50 millions d’euros à travers le fonds d’investissement libyen African Portfolio. L’affaire est actuellement en justice. Pour ce qui est du pétrole, l’Elysée a appliqué la règle du premier arrivé, premier servi. Le 20 octobre 2011, Mouamar Kadhafi meurt en tentant de quitter la ville de Syrte. 
La libération de la Libye est proclamée par le CNT trois jours plus tard. Mais pour les pays de la coalition, la victoire ne sera que de courte durée. Moustafa Abdel Djalil, le président du CNT, annonce sa volonté d’instaurer la Charia comme base législative du nouvel Etat libyen. Le 11 septembre 2012, l’ambassadeur des Etats-Unis à Tripoli est assassiné par un groupe de manifestants à Benghazi, le berceau de la rébellion. Christopher Steven et trois autres cadres de l’ambassade périssent dans l’attaque du siège du consulat. Tous les pays disposant de représentations dans cette ville ne tardent pas à rapatrier leurs ressortissants. La ville est entre les mains des milices islamistes. Mais en l’absence d’Etat, c’est l’ensemble du territoire libyen qui sera contrôlé par des groupes armés. La problématique de la dissémination de l’arsenal de l’armée de Kadhafi se pose avec acuité. Des armes lourdes, mais aussi des missiles 
sol-air sont récupérés par Al Qaïda au Maghreb islamique. L’organisation terroriste les utilise dans les pays du Sahel, principalement au Mali et en Algérie. 
A l’instar de son prédécesseur, François Hollande tient à marquer son mandat par une intervention militaire en Afrique. Il débute son quinquennat par l’opération Serval, dont l’objectif étant d’éliminer les terroristes d’AQMI et du Mujao installés au nord du Mali. Encore une fois, la victoire française ne sera que temporaire. Les groupes terroristes ont opéré un repli stratégique vers le sud de la Libye. Le Fezzan, situé au centre du Sahel, est devenu leur base logistique. 
Aujourd’hui, la Libye est entrée dans un nouveau cycle de terreur. En Cyrénaïque, le général à la retraite Khalifa Haftar a pris les commandes d’une véritable armée pour engager une grande opération de neutralisation des milices armées. A Tripoli, le Congrès général national a décrété une «vacance parlementaire» confirmant ainsi l’absence de toute autorité politique. 
Les territoires de l’ouest sont toujours contrôlés par les groupes extrémistes affiliés à AQMI. Ils constituent une véritable menace pour la stabilité de l’Algérie et de la Tunisie. Et cette situation est bien le résultat du désengagement de la France et de ses alliés au lendemain de la chute de Kadhafi. 
T. H.

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Actualités : 

La nomination récente de la ministre de l’Education a réveillé les vieux démons. Otage de courants politiques antinomiques, l’école sert une fois de plus de terrain favori pour l’affrontement de deux projets de société, en témoignent les attaques dont fait l’objet Nouria Benghebrit depuis son arrivée à la tête du ministère de l’Education.
Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Tout juste nommée, la ministre de l’Education a eu à faire face à une véritable levée de boucliers. Attaquée de toutes parts, «soupçonnée» par les uns de vouloir révolutionner le système éducatif, pointée du doigt car ne maîtrisant «pas assez» la langue arabe, Nouria Benghebrit aura été l’une des rares ministres du gouvernement Sellal à être autant sous les feux de la rampe. 
Son parcours professionnel et même personnel passionnent et divisent. Et pour cause, le ministère de l’Education a pour la seconde fois de l’histoire de l’Algérie une femme à sa tête. Une femme dont le bagage scientifique est avéré et dont l’apport au sein du Crasc est reconnu par ses pairs. En acceptant un poste politique, Nouria Benghebrit n’était pas sans savoir que l’exposition dont elle bénéficiera ne la mettra pas à l’abri des attaques d’autant que l’école a de tout temps été au cœur d’une bataille aux enjeux énormes. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une bataille pour un projet de société. 
Et en la matière, la ministre de l’Education a des positions qui ne souffrent aucune ambiguïté. L’ex-directrice du Crasc est résolument inscrite dans une démarche moderniste et plaidait dans ses interventions en tant que chercheur pour une école ouverte sur le monde et totalement ancrée dans la modernité. 
Et c’est visiblement cette appartenance à un courant moderniste qui fait sortir de leurs tanières les forces de régression qui gangrènent à différents niveaux le système éducatif. L’histoire récente de l’Algérie démontre à quel point, ces forces avaient mis l’école au service de leur sinistre projet. 
Durant des années, les écoles se sont transformées en lieux d’embrigadement. De jeunes élèves y ont été formatés pour peupler les maquis. S’il n’est pas question aujourd’hui de pousser vers cette voie, les forces conservatrices ne sont pas prêtes à céder un iota du terrain qu’elles occupent et c’est tout naturellement que l’arrivée d’un ministre femme portant le sceau de la modernité dérange au plus haut point. 
C’est sans doute cette crainte de voir celle qui a pris part à la commission Benzaghou mettre en application les recommandations de cette dite commission qui agite les milieux conservateurs. Ces derniers passent au peigne fin les faits et gestes de la ministre dans l’espoir d’y détecter une menace aux «constantes nationales» pour ensuite crier au scandale. 
Moins d’un mois après son installation, Nouria Benghebrit n’a pourtant pris encore aucune décision susceptible de mécontenter les uns ou les autres. 
Elle se limite pour le moment à écouter tout le monde : directeurs de l’éducation, syndicats et parents d’élèves ont tous été invités tour à tour à des discussions qui auront permis à la nouvelle locatrice du ministère de prendre le pouls d’un secteur en perpétuelle ébullition. Passé ce temps, elle devra cependant quitter le terrain de la neutralité pour prendre les décisions qui s’imposent pour redresser le système éducatif. Elle sera alors appelée à se départir de la distance que lui conférait son statut de chercheur pour faire des arbitrages. Aura-t-elle pour ce faire une marge de manœuvre confortable ? 
En prenant part au gouvernement, elle prenait le risque de ne pas faire l’unanimité mais surtout celui de mettre le crédit dont elle bénéficie au service d’un système habitué aux compromis.
N. I.

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