Dossier : FC BARCELONE, REAL MADRID, OLYMPIQUE DE MARSEILLE, LIVERPOOL FC, MANCHESTER UNITED ET MILAN AC Ces clubs qui nous passionnent
En dehors de la harga, de la tchipa et d’autres faits de société, s’il est bien un phénomène qui s’en est allé grandissant chez nous, depuis des années, c’est bien cet extraordinaire attrait que suscite le football de la Vieille Europe chez des milliers, pour ne pas dire des millions, d’Algériens pour lesquels les championnats d’Espagne, d’Angleterre, d’Italie et de France n’ont aucun secret.
C’est, en fait, toute une population qui voue à certains clubs du Vieux Continent un véritable culte à en boucher un coin même aux dirigeants de ces institutions que sont le Barça, le Real Madrid, Manchester United, Liverpool, Milan AC et, bien entendu, l’Olympique de Marseille. Des «convertis» qui savent tout de leur équipe, se sont imprégnés de l’histoire de chacune de ces formations. Certains de ces supporters bien de chez nous sont même capables de vous relater des détails de l’histoire de ces clubs que même des supporters «originaux» ne connaissent pas. On les retrouve partout à travers le pays, et chacun a sa petite histoire ayant fait qu’il devienne fan. Alors, les jours de match, ils entrent carrément dans la peau de ces South Winners ou Yankees habitués du Vélodrome, des Socios du Camp Nou ou de Bernabeu, des Kopites d’Anfield ou encore des tifosi habitués de San Siro. Un véritable phénomène qui se prolonge dans les rues de nos villes et villages. Il suffit, en effet, de se retourner pour se rendre compte du phénomène. Combien sont-ils, dans les rues d’Alger, de Tizi, d’Oran ou de n’importe quelle autre ville du pays à arborer fièrement le maillot du club de leur amour, ce qui a d’ailleurs, immanquablement, donné lieu à un florissant marché où désormais à côté du jeans, des blousons ou tout autre effet vestimentaire, sont achalandés en bonne place les maillots de ces clubs et d’autres encore, parfois même du lointain Boca Juniors si cher à Maradona. «Chez nous ? On ne sait plus jouer au football, mon frère…» Le phénomène faisant que des Algériens ont déclaré leur flamme à des clubs d’outre Méditerranée n’est pas nouveau. Mais, depuis qu’ont commencé à fleurir les paraboles sur tous les toits du pays, vers la fin des années quatre-vingt, c’est toute une nouvelle culture du football qui s’est établie aux quatre coins de cette Algérie qui doit réellement avoir peur pour son propre football tellement celui-ci, depuis, souffre de la comparaison, même si tout le monde sait qu’il n’est pas rationnel de comparer le football que l’on pratique chez nous et celui dont «s’abreuve» le téléspectateur algérien chaque semaine via le satellite. «Pourquoi je me suis détaché du football algérien ? C’est très simple : on ne sait plus jouer au football chez nous», assène Kamal Ghouilem, plus connu sous le pseudonyme de Tchitchou, un jeune de 22 ans dont le cœur est partagé entre le Barça et Marseille depuis un peu plus d’une dizaine d’années environ. Le Barça, pour lui, c’est tout simplement le football tel qu’il doit être joué, alors que pour l’OM, c’est un peu particulier. «Ils nous ressemblent tellement, les Marseillais. Ne dit-on pas que Marseille c’est notre 49e wilaya ?», explique-t-il. A juste 22 ans, c’est que sa mémoire regorge de souvenirs liés à ses deux passions, mais il ne peut oublier ce fameux jour où, en l’an 2000, Luis Figo, parti du Barça au Real, revenait au Nou Camp et fut accueilli par des pièces de monnaie par les supporters catalans. Il aurait donné cher pour être parmi ces derniers ce jour-là . La question qui tue : et si un jour, en Ligue des Champions par exemple, le sort décide d’un match entre Barcelone et Marseille ? «J’espère que cela n’arrivera jamais, sauf pour un match de gala», balance ce phénomène qui, l’autre jour, avant la demi-finale retour contre Chelsea à Stamford- Bridge, tremblait de tout son corps. Match qu’il a vécu au cybercafé l’Explorer au centre-ville de Tizi-Ouzou, chez Amine Guechtouli, un agronome de 35 ans qui s’est reconverti en gérant de cybercafé qui se transforme les jours de match du Barça principalement en une tribune du Nou Camp, comme c’était le cas lors de cette mémorable soirée du 2 mai lorsque Messi et ses frères livraient ce qui restera comme leur meilleur match de la saison face au Real Madrid pour le dernier Clasico en date, au début de ce mois de mai. 46 ans et fan de Liverpool depuis… 35 ans ! Amine, lui aussi, est Barcelonais de cœur «depuis la retraite de Zidane» tient-il à préciser. «Passer du Real au Barça ce n’est pas banal, je le sais, mais le football que j’aime c’est celui qu’étale le Barça», explique Amine qui ajoute que si par exemple il a accepté de débourser 5 000 dinars pour une carte d’Al-Jazeera Sport c’est pour voir les matches du Barça. Désormais, c’est chez lui que les mordus du football d’ailleurs se donnent rendez-vous les jours de match. Des comme Amine et Kamal, il en existe des milliers à travers le pays. Tiens, à l’exemple de ce dingue de marseillais, Sofiane Hameg. Lui, c’est uniquement l’OM et rien d’autre. «C’est venu tout naturellement, lors de la campagne européenne de 1993. Depuis, je tremble pour l’OM». Ce n’est pas vrai, il ne tremble pas pour l’OM, plutôt il respire pour ce club qui lui a inspiré pratiquement un mode de vie. Tout ce qui touche à Marseille, le concerne. Sans qu’il s’en rende compte, par exemple, tout en déambulant, il se met, sans raison, on le surprend à chantonner «qui ne saute pas n’est pas marseillais, allez…». Des contaminés sans possibilité de guérir un jour, il en existe des tas. A l’exemple de M. Rahim, 29 ans, qui a fait de Liverpool sa raison d’aimer ce fabuleux sport. Le «virus»» des Reds, il l’a chopé par la faute de son frère aîné qui, à 46 ans, comptabilise… 35 années de passion incroyable pour le club de la ville des Beatles. «Mon frère, je l’ai trouvé supporter de Liverpool aussi loin que remonte ma mémoire. Il sait tout de cette équipe qu’il a commencé à aimer dans les années soixantedix, grâce au journal télévisé de la télévision algérienne. A l’époque, en fin de journal, on faisait passer souvent des images du championnat d’Angleterre pour les nouvelles sportives. C’est comme ça qu’il a eu une sorte de coup de foudre pour le maillot rouge de Liverpool. Son premier grand souvenir, c’était la finale de la Cup contre Newcastle en 1974. Puis, il s’est même permis un voyage en Angleterre en 1983 pour une sorte de pèlerinage au stade d’Anfield. Son virus, il l’a transmis à toute la famille, «sauf à mon autre frère, Karim, qui en a échappé, parce que lui, c’est plutôt un Gunner d’Arsenal, il est vrai qu’il a passé quatorze ans à Londres au moment où Bergkamp et Arsenal étaient à leur apogée» raconte Rahim, la ferveur pro-Liverpool à fleur de peau, comme en parlent, de leurs clubs respectifs, ces milliers d’Algériens, tels ces Blidéens sortis, dans la soirée du 2 mai, défiler tout juste après le dernier coup de sifflet du Clasico entre le Barça et le Real. Des manifestations spontanées qui agrémentent souvent des fins de matches impliquant ces clubs qui font rêver, comme ce sera sans doute le cas les tout prochains jours avec les habitués du Droit au but de Tizi-Ouzou ou du Vélodrome d’Alger, ces deux cafés dédiés à l’Olympique de Marseille, si d’aventure Karim Ziani et ses coéquipiers arrivent à retourner une situation compromise après le revers subi face à Lyon. Cet OM qui suscite une passion telle que Pape Diouf, le président du club phocéen, n’en reviendra pas s’il lui venait l’idée de consentir un petit tour chez nous pour se rendre compte de tout ce que représente l’OM pour des milliers d’Algériens qui, comme tous ceux qui se passionnent pour de nombreux clubs de la Vieille Europe, tout comme ces clubs de légende dont le FC Barcelone et Manchester United, en appel pour la très attendue finale de Ligue des Champions de ce soir. Match qui, depuis plusieurs semaines, fait saliver et attise les commentaires avec cette passion toute algérienne. Azedine Maktour
FC BARCELONE Les Blaugrana «plus qu’un club»
Comme partout ailleurs dans le monde, où il est considéré comme étant l’un des trois clubs comptant le plus de supporters en dehors de l’Espagne, le FC Barcelone est une «marque» qui s’est imposée en Algérie depuis fort longtemps.
Dans le cœur des Algériens, les Catalans du FC Barcelone tiennent une place à part, un peu comme l’Olympique de Marseille. Comme partout ailleurs dans le monde, où il est considéré comme étant l’un des trois clubs comptant le plus de supporters en dehors de l’Espagne, le FC Barcelone est une «marque» qui s’est imposée en Algérie depuis fort longtemps, mais l’amour fou que suscitent les Blaugrana remonte aux années 1980, avec la prise de pouvoir de celui qui, après avoir marqué l’histoire du club en tant que joueur, allait donner au Barça une autre dimension en tant qu’entraîneur : Johan Cruyff. Un homme devenu légendaire tout autant que celui qui avait lancé l’idée de la création de ce qui allait devenir une institution, Hans Gamper. Ce Suisse qui eut l’idée simple, en octobre 1899, quelque temps après s’être installé en Catalogne, de lancer, à travers la presse, une invitation aux Barcelonais et à tous les passionnés de football pour réfléchir à la création d’un club dans la capitale catalane. Cinq semaines plus tard, le 29 novembre 1899, le Futbol Club Barcelone naissait avec comme premier président Wild Gualtieri. Celui-ci tint les rênes du club jusqu’en 1908 lorsque la première grande crise, aussi bien sur le plan financier que comptable, vint menacer le FC Barcelone de dissolution. Hans, baptisé Joan par les Catalans, Gamper était alors forcé de prendre la présidence et permit au club de remonter la pente jusqu’au moment de sa démission en octobre 1909 pour ensuite revenir, sur la demande pressante des membres, en novembre 1910, pour une durée de trois années. En tout, ce sont cinq mandats que Gamper assurera à la tête du Barça. C’est sous sa férule que les Catalans remporteront leur premier championnat d’Espagne, ancienne version, en 1909-1910. Leur premier titre en Liga viendra à l’issue de la saison 1928-29 après que le Barça eut trusté le championnat de Catalogne entre 1923 et 1928 et le championnat d’Espagne de 1924 à 1926. Après la mort de Joan Gamper, en 1930, le Barça est honni par le régime dictatorial de Milans del Bosch, qui lui en fait voir de toutes les couleurs jusqu’à chasser le président du club et son staff administratif du club. Commença alors son déclin et la guerre civile fit le reste avec comme point d’orgue l’emprisonnement par le régime de Franco du président du Barça, Josep Sunyol, qui sera fusillé. Le club, symbole de la résistance catalane, sera, par la suite, au début de l’année 1940, présidé par Enrique Pinero, un proche de Franco, qui transformera le FC Barcelone en Club de Futbol de Barcelona. Une période noire malgré les titres conquis. C’est à partir de 1973, lorsqu’il redeviendra le FC Barcelone, que ce club, qui compte des millions d’adeptes à travers le monde, commencera vraiment à prendre de cette aura, qui, depuis l’ère Johan Cruyff, en tant que joueur d’abord, puis en tant qu’entraîneur à la fin des années quatre-vingt avec sa fameuse Dream Team, a pris une telle ampleur que le Barça, comme le disait un de ses anciens présidents, est «Mas que un club». Plus qu’un club. Et ce, même si depuis le début du nouveau millénaire, les Blaugrana ont été contraints de passer par des états d’âme qui ont fait baisser sa cote. L’ère Joan Gaspart, le président en poste avant l’actuel, Joan Laporta, a été parsemée d’échecs et Gaspart sera contraint de démissionner au cours de la saison 2002-2003. Les élections de juin 2003 porteront Joan Laporta aux cimes du club qui s’attellera alors à réorganiser de fond en comble l’équipe en confiant à Txiki Beguiristain et Frank Rijkaard la mission de remettre les Blaugrana à leur place. Ce ne fut pas simple puisque la première moitié de la saison 2003-2004, malgré Ronaldinho, le Barça est loin de 18 points du Real Madrid, le leader. Refusant de livrer le scalp de Rijkaard à la presse et aux socios qui l’exigeaient, Laporta réaffirma sa confiance à l’ex-milieu de terrain auquel il offrira Edgar Davids en guise de renfort durant la trêve hivernale. La suite ? C’est une incroyable remontée qui verra le Barça finir tout juste derrière le champion, Valence. La saison d’après, la reconstruction est poursuivie avec l’arrivée de Samuel E’too, Deco et autre Henrik Larsson. Là , le succès est au bout avec un titre de champion, après six saisons de disette, et surtout le jeu du Barça presque entièrement retrouvé. Et vint la saison de grâce 2005-2006, la troisième de l’ère Laporta, qui verra l’éclosion d’un petit Argentin sorti du centre de formation du Barça : Lionel Messi. L’exercice est entamé par la victoire en Supercopa aux dépens du Bétis Séville Balompié, mais la suite sera moins heureuse. Il aura fallu attendre le Classico, au Bernabeu, en novembre 2005, et une victoire retentissante (3- 0) pour revoir le Barça dérouler pour se faire sacrer champion avec 12 points d’avance sur le Real Madrid. Cerise sur le gâteau : la victoire en Ligue des champions au Stade-de-France aux dépens d’Arsenal (2-1). La saison 2006-2007 sera surtout marquée par cette «révolutionnaire» décision du Barça d’offrir son maillot à l’Unicef. Parmi les rares, avec Bilbao à l’époque, à résister au sponsor maillot, les Catalans acceptent de faire floquer le maillot Blaugrana et ce, tout en versant annuellement 1,5 million d’euros à la même organisation. Sinon, sur le plan sportif, les Barcelonais ont tout perdu. La Liga est remportée par l’éternel rival madrilène alors qu’en Ligue des champions, ils sont stoppés net par Liverpool. 2007-2008 ne sera pas meilleur. Thierry Henry, arrivé d’Arsenal, illustrera à lui seul le malaise des Catalans. Le Real finira au sommet de la Liga encore une fois et en Ligue des champions, des Anglais, encore une fois, sont passés par là . Manchester United ayant remporté les demifinales sur le score cumulé de 1- 0. Cette saison, les départs de Deco à Chelsea et Ronaldinho à Milan ont donné l’impression jusqu’à la semaine dernière, d’avoir libéré des Blaugrana de nouveau resplendissants. Il est vrai que le nouveau maître n’est pas n’importe qui. Josep Guardiola est, en effet, un de ceux sur lesquels Johan Cruyff comptait le plus lorsque le monde redécouvrait le Barça, il y a une quinzaine d’années. Symbole puissant de ce Barça en totale résurrection : cette soirée du 2 mai 2009, lorsque les hommes de Pepe Guardiola sont allés vaincre sur les terres du Real Madrid (6-2). Jamais les Blaugrana n'étaient allés inscrire six buts à Santiago Bernabeu. Les Madrilènes, eux, n'avaient plus reçu pareille gifle depuis plus de 60 ans lorsque l'Atletico, l’autre ennemi héréditaire des Merengue, a gagné (6- 3). L'équipe de Pepe Guardiola, à l’occasion du Clasico d’il y a quelques jours, a franchi la barre des 100 buts cette saison, et se retrouve tout près de battre le record de la Liga, 107 buts, détenu par le Real Madrid de l’ère Toshack, durant la saison 99-2000. En tous les cas, même si Villarreal est venu mettre son grain de sel en tenant en échec, au Camp Nou s’il vous plaît, les hommes de Guardiola qui voulaient plier le championnat bien avant l’heure, la moisson a été entamée avec la Coupe du Roi au Mestalla de Valence aux dépens de l’Athletic de Bilbao (4-1), avant que ce même Villarreal, deux matches avant le tomber de rideau inflige au Real sa 3e défaite d’un trait pour sacrer avant l’heure le Barça, en attendant cette nuit romaine, du 27 mai, que tout le peuple catalan et les millions de fans du Barça à travers le monde veulent magique. A. M.
MANCHESTER UNITED 131 ans et il se porte toujours comme un charme
Les cheminots de la Lancashire and Yorkshire Railway Company qui ont eu l’idée, en 1878, de donner naissance au Newton Heath LYR FC, qui allait devenir plus tard, en 1902, Manchester United FC, n’ont sans doute jamais pu penser qu’un de ces jours, leur club allait devenir le plus riche au monde et l’un des plus admirés aux quatre coins de la planète, dont l’Algérie bien sûr.
Man United, il faut le savoir, a failli mettre la clé sous le paillasson aussi vite qu’il fut créé. D’abord en raison du refus plusieurs fois signifié par les dirigeants de la League de lui accorder l’autorisation de prendre part à ses compétitions, dont la Cup, la plus vieille compétition de football de l’histoire. Puis, lorsqu’il fut admis en tant que membre à part entière, surgirent les difficultés financières qui ne trouveront une issue que par la grâce d’un brasseur : John Henry Davies. Décision fut prise alors de changer le nom du club, pour adopter celui de Manchester United FC. L’argent de Davies permettra à Man U d’étoffer ses rangs par de nouveaux joueurs pour sortir de l’ombre du grand rival d’à côté, Manchester City. Quelques titres, dont une Cup en 1908, sont venus donner quelque motif de fierté aux supporters de United, d’autant qu’à la même période, en 1909, les ancêtres de Ryan Giggs et Paul Scholes s’installeront dans de nouveaux quartiers : Old Trafford. Mais, la suite n’allait pas être très rose. Près d’une vingtaine d’années durant, du début des années vingt à la fin des années trente, Manchester United était de nouveau frappé par une récession sportive qui lui valut une descente en deuxième division, en 1922, et malgré les apports financiers de James Gibson, un homme d’affaires connu, United ne parvint pas à éviter la relégation en troisième division pour ne revenir parmi l’élite qu’en 1939. La «renaissance » de Manchester United coïncidera avec la fin de la Seconde Guerre mondiale. Matt Busby, celui qui allait donner les bases du Manchester United que l’on connaît aujourd’hui, prend la fonction de manager en 1945 et se met à réorganiser le club à tous les niveaux. Trois saisons plus tard, les Rouges terminent à la deuxième place en championnat et s’offrent la Cup. Un autre titre de champion viendra couronner le parcours de United en 1952, mais Busby ne se laisse pas griser par ce succès puisque l’année suivante, il entreprendra de rajeunir une bonne partie de son équipe qui prendra le nom des Busby Babes. Des gamins parmi lesquels Duncan Edwards, âgé de 16 ans, que tout le monde prédestinait à une grande carrière. Man U sera alors le premier club anglais à prendre part à la Coupe d’Europe, en 1957, avec un parcours très honorable qui ne s’arrêtera pas en demi-finale face au maître Real Madrid. Et vint la terrible année 1958. Le 6 février de cette année-là , huit joueurs, dont Duncan Edwards, de Manchester United périrent, à Munich, dans le crash de l’avion qui les transportait pour un match de coupe d’Europe. Une tragédie qui allait, par sympathie, faire gagner à Manchester United des millions de supporters en Angleterre et sur le continent. Dix années plus tard, les Red Devils seront le premier club anglais à remporter la Coupe d’Europe avec dans leurs rangs un trio majeur constitué de Denis Law, Bobby Charlton et le génial George Best. Un succès que les Mancuniens ont eu du mal à avaler puisque pendant près de vingt ans, malgré deux succès en Cup en 1977 et 1985, ils rentreront dans les rangs jusqu’à ce que les dirigeants aient eu l’idée en 1986 d’aller en Ecosse ramener Alex Ferguson pour succéder à Ron Atkinson, le dernier de la meute d’entraîneurs qui se sont succédé en vingt ans. Une coupe d’Angleterre en 1990 suivie d’une coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes, face au Barça, l’année suivante, permettront à Ferguson de sauver sa tête. Novembre 1992 restera sans doute une date clé dans l’histoire de United. A la nouvelle génération formée au club, est venu, en effet, se joindre un personnage unique en son genre : Eric Cantona. Le «plus Anglais des Français» sera l’auteur de quelques matches mémorables et de sautes d’humeur dont «l’apogée» aura été ce geste de Kung Fu sur un supporter de Crystal Palace en 1995. Huit mois de suspension s’en suivront et Manchester perdra de sa superbe en perdant le titre au profit des Blackburn Rovers d’Alan Shearer et la Cup que remporta Everton. Une nouvelle génération devait prendre le relais, décidait alors Ferguson qui lança dans le bain Beckham, les frères Neville et Paul Scholes pour s’approprier le doublé à la fin de la saison, en 1996. De là , Manchester allait gagner des millions de supporters à travers le monde et la tendance évoluera de façon vertigineuse à l’issue de l’extraordinaire saison 1998 qui verra Man U décocher le championnat d’Angleterre, la Cup et la Ligue des Champions face au Bayern Munich dans une fin de match inimaginable, remportée (2-1) dans les arrêts de jeu. Depuis, tous les fans, Algériens compris, connaissent dans ses détails le parcours de United qui, tout en trustant les titres domestiques, se remit à embellir sa vitrine avec une Ligue des Champions, la saison dernière, aux dépens de Chelsea, et de se retrouver cette saison en course pour se succéder à lui-même, alors qu’en championnat, les héritiers des cheminots de Newton Heath ont égalé le record de Liverpool en remportant leur 18e couronne anglaise après une belle explication avec leur rival de toujours, Liverpool. Le tout sur fond d’incertitudes quant à l’avenir de Sir Alex au rang de Diable Rouge en chef, et ce, même si au lendemain du match nul face à Arsenal qui a permis aux Mancuniens d’être sacrés champions d’Angleterre, le quotidien londonien News of the World rapportait que Sir Alex est partant pour au moins cinq autres saisons. En tous les cas, beaucoup ont déjà du mal à imaginer Man United sans son plus célèbre écossais sur le banc… M. Azedine
MILAN ASSOCIATION CALIO La belle Å“uvre du Cavaliere
Plus que ce fut le cas pour les Madrilènes du Real, les Anglais ont été directement impliqués dans la naissance du Milan AC. En effet, Alfred Edwards et Herbert Kilpin étaient derrière la création, en décembre 1899, de ces Rossoneri qui allaient faire tourner la tête à des milliers d’Algériens un siècle plus tard. La culture de la gagne, les Milanais l’ont cultivée très vite, puisque un peu plus d’une année après leur venue au monde, ils étaient déjà couronnés champions d’Italie. Deux scudetti suivront en 1906 et en 1907. Puis, survinrent les premiers grands clashs dus au football dans la capitale lombarde. Des malentendus concernant les joueurs étrangers allaient, en effet, diviser les rangs du Milan et ceux qui n’étaient «pas d’accord» s’en iront créer celui qui allait devenir le rival historique : l’Inter. Les Rossoneri subiront les contrecoups et sur le terrain ne récolteront rien de probant jusqu’au début des années 1950 avec l’avènement du fameux Gre-No-Li, les Suédois Gunnar Gren, Gunnar Nordahl et Nils Liedholm. Trois hommes qui seront d’une incroyable influence sur le jeu d’une équipe qui allait mettre fin à une traversée du désert longue de 44 années. Trois autres titres ainsi qu’une finale de Coupe d’Europe des Champions, perdue en 1958 contre le Real, suivront. Sur leur lancée, les Rossoneri entament les années 1960 avec un huitième titre et une victoire, à Wembley, en Coupe d’Europe face à Benfica. Sur le toit du football de la Vieille Europe, les Milanais écrasent tout sur leur passage, avec à la baguette la petite merveille Gianni Rivera, et bouclent leur règne des années 60 par un éclatant 4-1 contre l’Ajax de Johan Cruyff. Sans être extraordinaire, la suite sera bien moins glorieuse pour Milan. Par gloire en Italie, on entend scudetto. Deux Coupes d’Italie remportées en 1972 et 1973 et une Coupe des Coupes en 1973 ne valent pas un titre national. Le bonheur suprême, le dixième scudetto qui ouvre le droit d’accrocher une étoile sur l’écusson du club, le Milan AC le connaîtra en 1978-1979. Saison qui coïncidait avec le départ à la retraite de Rivera. Une page était définitivement tournée dans la vie du Milan. A ce moment, personne parmi les habitués des chaudes tribunes de San Siro ne se doutait qu’après 1980 ans d’existence, le Milan allait connaître une période aussi noire que celle ayant valu une relégation après un retentissant scandale de paris truqués. Le retour en série A sera immédiat, mais encore une fois, s’en suivit une autre relégation. Condamnés à prendre l’ascenseur, les Rossoneri reviendront parmi l’élite immédiatement et se remettent à viser les premiers rôles à partir de 1985 lorsqu’ils décrochent la qualification pour la Coupe de l’UEFA. Et arriva, début 1986, Silvio Berlusconi avec son leitmotiv : faire de Milan le meilleur club du monde. Qu’on l’aime ou non, il faut reconnaître que le «Il Cavaliere», comme on le surnomme en Italie, a réussi une belle œuvre : la résurrection des Rossoneri. Il fit appel à Capello qui remplace immédiatement Liedholm et décroche une qualification en Coupe de l’UEFA avant de céder sa place à Arrigo Sacchi. Le titre est au bout après une belle course avec le SC Napoli de Diego Maradona. A la belle composante déjà en place, les Rossoneri s’offrent Marco Van Basten, Ruud Gullit et Frank Rijkaard. Deux coupes des Clubs Champions, en 1989 contre le Steaua Bucarest (4-0), et en 1990 contre le Benfica (1-0), en plus de deux supercoupes d’Europe et deux coupes intercontinentales, viendront donner de l’éclat à la vitrine aux trophées des Milanais. Capello est rappelé aux commandes en 1991. Les Rossoneri ne font pas dans la poésie certes, mais le style Capello est toujours aussi efficace. Les trois titres ramassés entre 1992 et 1994 en sont l’illustration. Mais, le gros coup restera cette fabuleuse victoire en Ligue des Champions 1994 aux dépens du grandissime favori : sa majesté le Barça de Johan Cruyff. A l’arrivée, ce sera sur un sec 4 à 0 que Savicevic et ses amis feront oublier leur revers, douze mois plus tôt, contre l’Olympique de Marseille et de préparer la conquête, une année après, d’une nouvelle couronne contre l’Ajax Amsterdam. Avec le scudetto de 1996, Milan AC aura remporté en huit saisons pas moins de 17 trophées et clôt un fabuleux cycle auquel succédera une «période blanche» entre 1997 et 2001 durant laquelle Berlusconi fera n’importe quoi comme l’engagement de l’Uruguayen Oscar Tabarez comme entraîneur. Bêtise qui sera réparée par le rappel de Sacchi puis Capello, mais sans grand succès. Deux absences consécutives en Coupes européennes font désordre dans la maison milanaise, alors, en 1998, on fait appel à Zaccheroni qui, un peu à la surprise générale, conduit les Rossoneri à un 16e scudetto. La suite sera triste, mais la déculottée (6-0) qu’ils font subir à l’Inter, en 2001, fait oublier ses malheurs à Milan. Il fallut faire appel aux enfants du club pour que le Milan reprenne la voie du succès. L’arrivée de Carlo Ancelotti va permettre d’ouvrir un nouveau cycle, plus en adéquation avec l’histoire du club. Cela se traduira par une nouvelle conquête européenne face à la vieille Dame turinoise en 2003, puis un 17e scudetto marqué du sceau d’Andrei Shevchenko et surtout Kaka. Milan est redevenu Milan jusqu’à cette incroyable soirée du mois de mai 2005 lorsque les Reds de Liverpool sont venus faire descendre les Rouge et Noir de leur piédestal après avoir été menés 3-0 à la mi-temps. Finale de légende dans laquelle Milan tint le mauvais rôle. Il prendra sa revanche sur le même Liverpool deux saisons plus tard en remportant sa 7e Ligue des Champions malgré le départ de l’idole Schevchenko. La saison dernière s’est terminée sous le signe du néant pour les Milanais qui n’ont pu se qualifier pour la Coupe de l’UEFA que péniblement. Cette saison, les Rossoneri ont fait un peu mieux même si au bout, ils doivent se contenter du rôle de «faire-valoir» en Lombardie : l’Inter ayant été couronné trois journées avant le tomber de rideau après le revers du Milan chez l’Udinese. Une autre saison manquée qui risque de donner lieu à une intersaison très active du côté des Rossoneri qu’on dit en passe de se séparer de Carlo Ancelotti, donné partant à Chelsea, au moment où l’on s’apprête à dérouler le tapis rouge pour la sortie de celui qui symbolise le mieux le Milan de ces quinze dernières années : Paolo Maldini. M. A.
LIVERPOOL Un club de légende
Autant adulés pour leurs exploits sur les terrains d’Angleterre et d’Europe que pour leurs fabuleux supporters, les Reds de Liverpool sont peut-être le seul club au monde à gagner chaque année un peu plus de supporters à travers toute la planète, et ce, même si sur le plan du palmarès ils ont de la peine, depuis une vingtaine d’années maintenant, à soutenir la comparaison avec Manchester United ou Chelsea. Mais, la magie que suscite le nom de ce club, en coupes européennes notamment, ne laisse jamais froid. L’histoire de Liverpool commence par un mémorable clash, il y a 117 ans exactement, lorsque John Houlding, membre et supporter invétéré d’Everton, explosa de colère au sujet de la rente qu’il recevait du club en guise de loyer sur le terrain, Anfield, que l’équipe occupait. La majorité des membres d’Everton décida alors de déménager et Houlding ne pouvait pas supporter de voir son stade affreusement vide. Il décida alors de créer son propre club et clama que c’était le «vrai Everton». Ni la League ni la Fédération n’acceptèrent d’agréer ce nouveau club, du moins pas avec un tel nom. Alors, le 15 mars 1892 naquit Liverpool FC. A l’instar de Manchester United, Liverpool eut du mal à se faire accepter par les deux autorités régissant le football en Angleterre. Il a fallu que Liverpool change de patron, John Mc Kenna, pour enfin se faire adopter par la League et prend part à la seconde division qu’il fréquente trois saisons durant avant d’accéder à l’ancêtre de l’actuelle Premier League et d’en remporter le titre en 1901. Cinq ans plus tard, Alex Raisbeck et ses coéquipiers, en majorité des Ecossais, offrent à Liverpool son second titre avant de disparaître du palmarès du football anglais, malgré une finale de Cup perdue contre Burnley devant 73 000 spectateurs et pour la première fois en présence du roi d’Angleterre, George V. Pendant une bonne quinzaine d’années, les «aïeuls» de Steven Gerrard disparaîtront du tableau des honneurs avant de se réapproprier le titre deux saisons coup sur coup, en 1921-22 et 1922-23, pour ensuite disparaître de nouveau, malgré le passage par Anfield de joueurs de la trempe de Matt Busby, jusqu’à la reprise après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Hormis le titre du premier championnat post seconde guerre, c’est une autre quinzaine d’années au régime sec à laquelle seront astreints les Reds qui s’habillent en ces temps-là en bleu, l’actuelle couleur du frère ennemi d’en face, Everton. Don Welsh puis Phil Taylor échoueront dans leur entreprise, dans les années cinquante, de remettre Liverpool en haut de la hiérarchie. Welsh assistera même à la relégation de son équipe sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Son successeur, Taylor, tentera tout durant trois saisons, mais Liverpool ne parvient pas à s’arracher de la deuxième division. Vint alors, en décembre 1959, Bill Shankly pour faire de Liverpool une équipe partout respectée. Première grande décision du nouveau boss : son équipe s’habillera désormais en rouge. Cela fait de l’effet, paraît-il, sur l’adversaire. Liverpool commence à écrire les premières pages de ce club mythique qu’il deviendra en alignant les titres à un rythme hallucinant. Après qu’il eut bien installé le club dans le statut de maître incontesté des îles, Shankly met le cap sur la conquête de l’Europe avec comme premier galon : la finale de la Coupe des coupes perdue contre le Borussia Dortmund en 1966. Son premier coup d’éclat sur le Vieux Continent, le club de la Mersey ne le réussira finalement qu’en 1973-74 avec la Coupe de l’UEFA, et à la tristesse générale c’est le moment que choisit Shankly pour confier la maison à son assistant Bob Paisley, celui qui constituera la référence pour tout entraîneur anglais avec son fabuleux palmarès où trônent une Coupe de l’UEFA en 1976, trois Coupes des champions 1977, 1978 et 1981, six championnats d’Angleterre et trois Coupes de la Ligue. Difficile de faire mieux. Joe Fagan prendra le train en marche à l’entame de la saison 1983- 1984 et remporte la Coupe d’Europe, le sixième trophée continental des Reds en dix ans. Une belle moisson brutalement interrompue quelques heures avant la finale de la Coupe des champions face à la Juve au Heysel de Bruxelles en mai 1985. La Juve l’emporte alors que l’on n’avait pas encore fini de compter les corps des 39 morts pour lesquels les clubs anglais payeront d’un bannissement de cinq ans des coupes européennes alors que Liverpool en prend pour six saisons. «Enfermé» en Angleterre, Liverpool se contente d’une razzia à l’échelle anglaise avec comme nouveau guide Kenny Dalglish, passé au rang de manager avec le même succès que lorsqu’il était joueur. Trois titres sont raflés en cinq saisons sous le règne de «King Kenny» avant qu’une nouvelle tragédie vienne endeuiller le porte-drapeau du football de la Mersey. La tragédie de Hillsborough, le stade de Sheffield Wednesday où les Reds devaient jouer une demi-finale de la Cup, le 15 avril 1989, face à Nottingham Forest. 1996 supporters de Liverpool périront écrasées dans une partie du stade dépassée par le déferlement des fans. Un moment qui marquera à jamais ce club que l’histoire n’a pas ménagé, engrangeant de la sympathie partout dans le monde. Dalglish, usé mentalement, quittera ses fonctions au cours de la saison 1991-1992. Roy Evans et avant lui Graeme Souness tenteront de remettre le club dans le droit chemin, mais rien n’y fait jusqu’à ce que les dirigeants, dont le président David Moores, décide d’une entorse à une tradition séculaire en engageant un entraîneur en dehors du club. Le Français Gérard Houllier prend le relais et sous sa coupe Liverpool réalise un extraordinaire quintuplé de trophées en 2001 dont une Coupe de l’UEFA remportée 5-4 aux dépens du Deportivo Alavès après un match au scénario complètement fou. Deux saisons plus tard, et une victoire en coupe de la Ligue face à Manchester United, Gérard Houllier est prié de laisser sa place à Rafael Benitez, le Madrilène ayant fait gagner à Valence ses lettres de noblesse, notamment avec un titre de champion au nez et à la barbe du Barça et du Real Madrid, puis une Coupe de l’UEFA face à Marseille. Une pointure donc, et Liverpool ne le regrettera pas puisque l’année d’après, en mai 2005, les Reds réaliseront le plus incroyable exploit de l’histoire cinquantenaire alors de la Ligue des champions. Un match entré dans le panthéon des grands moments du sport en général et du football en particulier. Menés 0-3 par Milan, à qui on ne la fait pas pourtant, Steven Gerrard et ses coéquipiers remonteront leur retard pour remporter la 5e Ligue des Champions de Liverpool et… de nouveaux supporters à travers le monde entier. Milan prendra sa revanche deux saisons plus tard (2-1) à Athènes. Depuis, c’est sur un autre centre d’intérêt que Liverpool focalise : la Premier League. Un titre — une obsession et celle de tous ses supporters — qui le fuit depuis 20 ans maintenant et duquel il n’a jamais été aussi proche que cette saison lors de laquelle, notamment en remportant leurs duels face-à -face en aller-retour avec Man U et Chelsea, les Reds ont démontré que la fin de la traversée du désert est très proche et, ainsi, Steven Gerrard, élu meilleur joueur de la Premier League cette saison, pourra enfin ajouter sur sa riche carte de visite ce titre qui le fait tellement rêver, plus qu’une autre Ligue des champions. M. A.
OLYMPIQUE DE MARSEILLE «Bonne mère ! La France du football te doit beaucoup»
Produit de la fusion entre le FC Marseille et l’Epée, un club d’escrime, en 1899, l’Olympique de Marseille était surtout porté sur le rugby. C’est en 1902 que le football a acquis le statut de discipline majeure de l’OM avec des résultats presque immédiats puisque, en 1904, il participe à la phase finale du championnat de France mais, comme pour les quatre saisons qui suivront, il ne dépassera jamais le cap des demi-finales. La France du football commencera à s’habituer à l’OM à partir des années 20, lorsque le président Dallaporta se lance dans l’achat de joueurs de renom qui vont porter Marseille souvent sur le devant de la scène du football français, notamment en remportant trois coupes de France en 1924, 1926 et 1927 puis le championnat de France amateurs en 1929. Ces succès ouvrent grandes les portes du Groupement des clubs professionnels qui lance le premier championnat de France en 1932. L’OM remportera la 5e édition en 1937, grâce à un meilleur goal-average que le FC Sochaux, et s’installe au Vélodrome. Désormais grand du football français, l’OM attire des joueurs de calibre. C’est ainsi que durant cette période arriveront des joueurs qui vont marquer à jamais l’histoire du club : Mario Zatelli et la perle noire marocaine Larbi Ben Barek. Malgré cela, et une 5e Coupe de France, l’OM n’inscrira de nouveau sur le tableau d’honneur du championnat qu’onze ans après son premier titre, en 1948, auquel succédera une longue période où il y eut beaucoup plus de bas que de hauts avec des sauvetages de la relégation au tout dernier moment comme c’était le cas en 1952 ou encore la déculottée reçue face à Saint-Etienne (3-10). Les hauts, c’était surtout en Coupe que l’OM les connaissait. La descente avec laquelle les Marseillais flirtaient devint inéluctable en 1959 et ce n’est qu’en 1962 qu’ils remontent mais pour séjourner une saison parmi l’élite. C’est à l’enfant du pays, Marcel Leclerc, venu reprendre le club, que Marseille retrouve la D1 en 1966. Trois années d’apprentissage et les Olympiens se remettent à gagner, d’abord la Coupe en 1969, puis le championnat en 1971 grâce en grande partie au duo Josip Skoblar-Roger Magnusson auquel viendront se joindre deux autres grosses pointures : Georges Carnus et Bernard Bosquier, chipés à l’ennemi de l’époque : l’AS Saint-Etienne. L’entrée en Coupe des champions ne laissera pas un souvenir impérissable aux Marseillais, éliminés dès le premier tour par l’Ajax puis en 1972 par la Juve. Le départ bruyant, en 1972, de Marcel Leclerc, accusé d’avoir détourné des fonds du club, sera suivi d’une période à blanc qui s’étalera jusqu’en 1975 lorsque, sous l’impulsion des deux internationaux brésiliens Paulo César et Jaïrzinho, l’OM finit tout juste derrière le FC Nantes. Puis, le grand trou ! Relégation en 1980 et liquidation judiciaire l’année suivante. L’OM devient un anonyme en deuxième division, mais une bande de jeunes formés au club, les Minots, redonne espoir au peuple marseillais en maintenant le club en D2 et joue même l’accession, mais la rate de peu deux saisons de suite jusqu’au coup de maître de 1983. L’acclimatation à l’élite se passe difficilement durant les saisons qui suivront jusqu’à ce que Bernard Tapie s’offre le club en 1986 pour en faire ce qu’il est aujourd’hui : un phénomène de société aussi bien en France que dans certains pays où il est considéré comme le club français le plus apprécié. C’est grâce à Tapie que la France a vu défiler des stars au summum de leur art, pas sur le déclin comme cela avait été toujours le cas. Chris Waddle, Carlos Mozer, Enzo Francescoli, Abedi Pelé ou Rudi Völler écriront les plus belles pages de Marseille avec des titres et surtout une passion qui fera de Marseille une des grandes villes du football mondial. Le summum de ces moments de gloire c’est évidemment cette folle soirée munichoise du 26 mai 1993, face aux Rossoneri de Milan, deux ans après les larmes de la finale perdue aux tirs au but face à l’Etoile rouge de Belgrade. La descente aux enfers arriva alors que les Marseillais n’avaient pas fini de refaire le match de Munich face au Milan AC. Les révélations concernant une tentative de corruption de joueurs de Valenciennes, adversaires de l’OM avant la finale face à Milan, vaudra à Bernard Tapie et son club une relégation automatique après la fin de la saison 1994, le retrait du titre remporté une saison plus tôt et la suspension des coupes d’Europe en 1993-94 décidée par l’UEFA. Vinrent alors de nouvelles années de vaches maigres jusqu’à l’année 1997 qui verra l’OM retrouver la Coupe de l’UEFA dont il disputera et perdra la finale en 1999 face à Parme. Puis, de nouveau les tréfonds du classement et la «consommation sans modération » d’entraîneurs dont Abel Braga, Javier Clemente, Tomislav Ivic pour inaugurer le retour aux affaires de Bernard Tapie, et Josip Skoblar, entre autres. Marseille n’arrive toujours pas à relever la tête malgré ce défilé et Robert Louis-Dreyfus, l’homme fort du club, est obligé de faire preuve d’une immense patience avant de voir le porte-drapeau du football français renaître en 2003 et décrocher enfin une place pour la Champions League puis, l’année suivante, atteindre la finale de la Coupe de l’UEFA qu’il perdra face au FC Valence de Rafael Benitez. Du temps s’est écoulé depuis, et tout en étant parmi les principaux acteurs du championnat comme de la coupe, les Marseillais ont été obligés à la disette, jusqu’à il y a trois semaines, lorsque s’est confirmé le déclin lyonnais, et l’entame d’un bras de fer entre Marseillais et Bordelais pour une fin de championnat de France enfin intéressante. Beau retour au premier plan pour un club «auquel la France du football doit beaucoup» comme le soutient un «malade» de l’OM, même si tout a été remis en cause après le monumental ratage (1-3) face à Lyon au Vélodrome, il y a un peu plus d’une semaine, au moment où les Girondins, eux, ont réussi à garder la tête froide et leur siège de leader intact. A. M.
SOIRÉE FOOT AU RESTAURANT «LE VÉLODROME» La tribune marseillaise d’Alger
«Comme à Marseille, on se déplace au Vélodrome pour voir l’OM, à Alger aussi, les fans du club phocéen vont au Vélodrome pour suivre les matchs de leur équipe préférée» plaisante Mustapha, gérant du Vélodrome d’Alger, un sympathique restaurant à Sidi-Yahia, sur les hauteurs de la capitale. Il faut dire que «Mus», comme l’aiment à l’appeler ses amis et ses fidèles clients, a tout fait pour reproduire l’ambiance d’un cercle sportif dédié au club marseillais qui compte de nombreux supporters en Algérie. Les couleurs bleue et blanche sont dominantes de la rampe d’escalier aux cartes du menu. Et le logo de l’OM y est visible partout. Lotfi Mérad - Alger (Le Soir) - En cette soirée de dimanche, un événement de taille tient en haleine les fans algériens de l’OM venus nombreux au Vélodrome pour suivre le match. Pour cause, leur équipe dispute un match décisif contre l’Olympique lyonnais pour le compte de la Ligue une du Championnat de France. «Marseille avec 71 points doit impérativement gagner ce match pour rejoindre Bordeaux en tête du classement avec 74 points», nous explique Mustapha, un mordu de foot et supporteur invétéré du club marseillais. A quelques minutes du début de la rencontre, prévu à 20h, la salle du restaurant est archicomble. Il y a les habitués mais aussi ceux qui viennent pour la première fois comme Mahmoud. Ce jeune émigré, venu de Paris pour les besoins de son mariage, affirme avoir «appris l’existence de ce resto par le biais d’un ami algérois». Et a priori, Mahmoud semble séduit par la convivialité du lieu. Les 52 places que compte le restaurant sont toutes occupées. Les retardataires se résignent à suivre le match debout. «Il y a tellement de monde que même les habitués n’ont pas trouvé de place pour s’assoire . Mais je n’y peux rien», commente Mus. Tablier blanc et tee-shirt bleu à l’effigie de son club favori, il se charge de préparer les plats. Avant d’atterrir derrière les fourneaux, cet ancien architecte, la cinquantaine bien entamée, a roulé sa bosse dans plusieurs pays. Apres dix années passées au bureau d’étude d’architecture Fernand Pouillon à Alger, il s’installe en France pour travailler en tant que commercial dans le domaine des loisirs. Pays qu’il quitte pour verser dans les affaires au Koweït. De retour en Algérie, il décide d’ouvrir en février 2006 un restaurant auquel il donna le nom du mythique stade de Marseille en hommage à l’OM. «L’idée de créer un lieu où l’on parle foot en mangeant dans une ambiance conviviale m’est venue comme ça d’autant que la cuisine est mon hobby», soutient Mustapha qui se défend d’avoir été mu dans son entreprise par des considérations mercantiles. «Il n’y a rien de commercial dans ce que je fais puisque je n’envisage aucunement d’agrandir les lieux ou mettre plus de tables pour gagner plus d’argent», tient-il à préciser. Dans la cuisine respirant la propreté, la charge de travail est exceptionnellement énorme pour Mustapha et son aide-cuisinier. «C’est la même ambiance à chaque rencontre de l’OM que nous retransmettons en direct grâce à un abonnement au câble», nous apprend-il. Derrière le comptoir peint en bleu et blanc, Kamel prépare les pizzas. Le jeune Rédha, lui, fait sa tournée des tables pour prendre les commandes. Deux jeunes employés, ne dérogeant pas à la règle, sont flanqués de t-shirt aux couleurs du club phocéen. Dès les premières secondes du match, le brouhaha se tut. Les spectateurs, jeunes et moins jeunes, yeux braqués sur le grand écran du vidéo-projecteur et de l’écran plasma, suivent attentivement le match, acclamant en chœur la moindre gesticulation des joueurs. Parmi eux Smaïl, un habitué des lieux. Ce fervent supporteur de l’OM a divorcé d’avec le foot algérien, il y a longtemps. «Il ne reste plus de championnat en Algérie. Depuis que les matchs se jouent à huis clos et que les clubs ont appris à parler en milliards», regrette Smaïl qui a trouvé place sur le frigo. Une première déception gagne l’assistance à la 28e minute du match. Le penalty inscrit par le joueur d’origine algérienne Karim Benzema, met en émoi les supporters. Pendant ce temps, le service continue pour Mustapha et ses trois employés. Un œil sur l’écran, un autre sur les commandes des clients. Un deuxième but marqué par le même Benzema à la 43e minute, enfonce davantage les supporters algérois de l’OM. La déception se lit sur tous les visages. Une maigre consolation pour les «Marseillais» après le but de Wiltord à la 81e minute. Le coup de grâce tombera dix minutes plus tard avec le but de Juninho pour le compte de l’Olympique lyonnais. A la fin du match, le Vélodrome se vide de ses clients. Quelques supporteurs continuent de commenter le match et chacun y va de son analyse. «Il fallait s’y attendre. Pendant tout le championnat, l’OM a perdu ses capacités à domicile», tranche Younès. Si les clients du Vélodrome ont bien digéré la bonne cuisine de «Mus», ils auront néanmoins beaucoup de mal à digérer la défaite de leur équipe fétiche. Cette année, «Droit au but», la devise du club, n’a pas été honorée. L. M.
BOUTIQUE OFFICIELLE DE L’OM À ALGER Un carré de Marseille au cœur de la capitale
«C’est exactement le même agencement que celui de la boutique OM de la Canebière», relève Nassim en poussant pour la première fois la porte de la boutique officielle du club phocéen à Alger dans le quartier du Sacré-Cœur. Ce jeune émigré accompagné de son père, Laïd, tous deux supporters de l’OM, a du mal à croire qu’à Alger il y a un magasin «officiel» dédié exclusivement au club de foot marseillais. Il faut dire que l’identité graphique du club est scrupuleusement respectée. De la devanture, aux étalages jusqu’à la peinture des locaux. «Avant l’ouverture du magasin, un responsable a été dépêché de France pour vérifier la conformité des lieux avec l’identité du club», nous a indiqué Mme Attouche, gérante du magasin. Ouverte officiellement au grand public en décembre 2008, la boutique de l’OM d’Alger propose sur deux étages toute sorte d’articles et produits dérivés. Des peluches, des montres en passant par les tongs, stylos, maillots, shorts, biberons et autres souris pour ordinateur à l’effigie et aux couleurs de l’OM. «Nous avons des produits pour les enfants de deux ans à l’âge adulte», souligne notre interlocutrice. Le magasin compte parmi sa clientèle des jeunes et des moins jeunes «de toutes les catégories sociales» et surtout «les supporters du Mouloudia d’Alger». «Plein d’émigrés algériens viennent acheter chez nous vu que nos prix sont relativement bas par rapport à ceux appliqués en France», soutient encore Mme Attouche. Chose que confirme d’ailleurs Laïd, après avoir fait une courte tournée dans le magasin. Selon ce dernier, les prix pratiqués à Alger sont nettement plus bas que ceux de France. A titre d’exemple «un maillot revient à 75 euros, auxquels, il faut ajouter 15 euros pour le flocage, soit 90 euros. Alors qu’à Alger, le maillot est à 8500 dinars et le flocage est gratuit», note-t-il en soulignant que «cela revient moins cher pour nous les émigrés d’acheter à Alger qu’en France». A l’ouverture de la boutique en décembre dernier, beaucoup de personnes sont venues par curiosité. Aujourd’hui, il y a surtout de vrais fans du club phocéen, très nombreux en Algérie, qui poussent la porte en verre du magasin, unique en Afrique. L. M.
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