Mercredi 30 Juin 2010 --lesoir
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Un œil de bœuf, une cloche, une secrétaire et un parfait sosie ! | |
Par Hakim Laâlam Email : laalamh@yahoo.fr | |
L’Elysée annonce d’importantes mesures d’austérité afin de réduire le train de vie de l’Etat français. Désormais, Sarkozy n’aura droit qu’à … … une seule Rolex par mois ! Mais c’est vrai ! Où avais-je la tête ! J’allais presque oublier que la DGSN est toujours sans patron. Déjà , des voix s’élèvent ici et là pour dire leur incompréhension devant la vacance d’un poste pareil. Même si je comprends parfaitement ces inquiétudes, je reste plus mesuré. Car je sais, moi, qu’on ne nomme pas comme ça, sur un simple claquement de doigts — fussent-ils d’augustes doigts présidentiels — un successeur à feu Ali Tounsi. Il y a un certain nombre de conditions à remplir avant de désigner le nouveau premier flic du pays. D’abord, changer la porte blindée du bureau du DGSN. Je pense qu’il faut même prévoir de changer carrément de modèle, voire de fournisseur. L’ancienne porte a montré toutes ses limites. Même si l’enquête ne l’a pas encore révélé, je peux d’ores et déjà vous dire que l’ancienne porte comportait un défaut majeur. Elle n’était pas équipée d’un œil de bœuf. Comment a-t-on pu placer, à l’entrée du bureau d’un DGSN algérien, une porte blindée sans œil de bœuf ? C’est un grave manquement qu’il s’agit aujourd’hui de corriger. Autre détail fort troublant, l’absence de cloche de protection autour du bureau du DGSN. Le genre de cloche qui entoure, par exemple, la papamobile de Benoit XVI lors de ses déplacements. Il est impensable de n’avoir pas prévu de cloche dans le bureau du premier flic d’Algérie. Autre correctif urgent à apporter avant de nommer le nouveau patron de la police, la refonte du mode de fonctionnement du secrétariat du DGSN. Là aussi, de graves carences ont été relevées. Un des principes de base dans la formation d’une assistante de patron de DGSN n’a pas été respecté. Tous les experts vous le confirmeront. Une bonne assistante, celle qui aurait appris par cœur les recommandations du manuel de la parfaite assistante de DGSN, n’aurait jamais ouvert la porte à un moustachu en colère tenant en son bec un journal. C’est le B.A.-BA de la parfaite secrétaire. Dès l’apparition d’un moustachu aux poils frémissants de rage, l’alerte aurait dû être donnée. Et serait alors entré en jeu le sosie ! Comment ça, «quel sosie» ? Mais le sosie ! Le sosie du DGSN, voyons ! Il doit toujours y avoir un sosie du patron de la police prêt à l’emploi. Dans ce domaine-là , d’autres nations nous ont distancés et laissés loin derrière. Je ne vois pas pourquoi l’Irak a pu se doter de 11 sosies de Saddam et nous, nous ne sommes même pas capables de dénicher un seul bon sosie de DGSN. C’est impardonnable ! Et c’est parce que toutes ces mesures ne sont pas encore tout à fait réunies que la nomination d’un nouveau patron de la police tarde autant. Il n’y a rien de politique derrière ce retard. C’est juste que les autorités n’ont pas encore mis la main sur une porte blindée avec œil de bœuf, une cloche, une secrétaire rapide à la… détente, et un sosie crédible. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. |
Actualités : SALAH GOUDJIL AU SOIR D’ALGÉRIE :
«Belkhadem est devenu un zaïm !»
Entretien réalisé
par Fatma Haouari
L’ancien membre de la direction du FLN est sorti de son mutisme par «devoir de mémoire», nous dit-il, car, selon lui, le FLN a dévié de ses principes et de ses valeurs. Dans cet entretien à bâtons rompus qu’il nous a accordé, il accuse Belkhadem de s’être octroyé les pleins pouvoirs à l’occasion du 9e congrès, bafouant les règles de collégialité qui ont permis au parti de survivre à toutes les crises qui l’ont traversé.
Avec les nouvelles prérogatives du secrétaire général du FLN, Salah Goudjil estime que Belkhadem a instauré la «zaâma», qui le place au-dessus de toutes les instances du parti et qui fait de lui l’unique détenteur du pouvoir dans la prise des décisions politiques engageant le parti. Il explique également que c’est le différend qui l’oppose à l’actuel patron du parti et qui a éclaté au grand jour durant le rendez-vous organique tenu à la Coupole du 5-Juillet. Plusieurs révélations nous ont été faites, comme l’option de désignation des mouhafadhs par le SG du FLN, au lieu de leur élection par la base, la composante du bureau politique qui n’a, en fait, plus aucune prérogative pour cause de dilution des responsabilités, la liste des membres du comité central qui n’a pas encore été rendue publique, le déséquilibre dans la représentation des wilayas, le quota insignifiant des postes politiques accordé aux femmes. Il dénonce aussi l’opacité, l’exclusion et l’absence de débat démocratique.
Le Soir d’Algérie : Vous étiez membre de la direction du FLN. Pouvez-vous nous faire le bilan des cinq dernières années ?
Salah Goudjil : Si on doit faire un bilan, je dirai que ces cinq dernières années ont été difficiles, dans le sens où on venait de traverser une crise assez complexe et qu’on avait comme objectif la réunification du parti, ce en quoi on croyait fortement. On avait mis en place des structures qui auraient permis d’absorber toutes les dissensions et toutes les divergences et de maintenir l’équilibre au sein du parti. Sans oublier que ces nouveautés auraient aussi permis la modernisation du parti. Je dois vous dire qu’en ce qui me concerne, j’étais convaincu de la réussite de la réconciliation entre les militants du FLN mais aujourd’hui, avec ce qui se passe, je ne peux cacher ma déception. La façon dont est mené le parti me fait mal, et si j’ai décidé de parler, c’est par devoir envers mon pays, le parti et les militants. J’étais contre la dissolution du conseil national ainsi que des autres structures mises en place lors du 8e congrès rassembleur. Il fallait juste les épurer. Nous avions trouvé, là , de bons mécanismes pour faire fonctionner le parti en y maintenant une certaine stabilité. En tout cas, l’esprit de collégialité restait plus ou moins intact. J’ai désapprouvé le retour aux anciennes appellations ; je l’ai dit devant tout le monde, sauf que j’étais en position minoritaire. Le danger réside dans les statuts qui donnent les pleins pouvoirs à Belkhadem. Il n’est plus responsable devant les autres instances, il n’est pas SG du CC, il est SG du FLN. Il peut désigner comme il peut démettre. Il est le maître absolu.
Justement, la célérité avec laquelle ont été conduits les travaux du 9e congrès et, avant cela, ceux du conseil national donne l’impression qu’ils ont été bâclés, voire ficelés d’avance. Qu’est-ce qui a motivé, selon vous, cette urgence ?
C’est une question importante à laquelle je répondrai qu’effectivement, c’est le constat que l’on peut faire. Concernant le 9e congrès, je n’étais pas du tout d’accord avec la date arrêtée pour sa tenue. J’en avais fait part à Belkhadem et au comité exécutif, car j’estimais que nous n’étions pas prêts pour l’organiser. Il y avait dix mouhafadas avec leurs kasmas qui n’étaient pas légitimes. Il fallait d’abord assainir ces structures pour que les militants qui devaient venir au congrès soient les représentants légitimes de la base, et ce en passant par des élections propres et transparentes. Mais ceux qui sont venus étaient désignés. Donc point de légitimité et, en conséquence, même la direction était frappée d’illégitimité. Mais Belkhadem n’a pas tenu compte de mes appréhensions et a refusé de faire reculer la date. Je lui ai expliqué mes raisons, devant la direction du parti et par écrit, en vain. Lors de la dernière réunion de l’ancienne direction, nous avions émis une instruction stipulant clairement que la liste des militants devait être affichée dans chaque kasma et que celui qui n’y trouvait pas son nom avait le droit de faire un recours pour demander à y figurer. J’avais dit à Belkhadem qu’un assainissement sous cette forme permettrait de connaître le nombre de militants et de pouvoir procéder à l’organisation d’assemblées électives pour l’élection des délégués au congrès. Mais cette opération nécessitait plus de temps, car nous ne pouvions pas l’entreprendre en 15 jours. Il nous fallait au moins 3 mois, et de ce fait, il fallait le reporter. Il a répondu que j’étais le seul à réclamer ce report et que les autres ne disaient rien. Résultat, des problèmes partout, à M’sila, Batna, Biskra, Khenchela, Saïda, Naâma, Oran, Tlemcen, Mostaganem, El-Oued, et j’en passe. Toutes ces wilayas étaient en butte à des problèmes à cause de l’illégitimité des responsables au regard des statuts et règlements du parti. Le pire est que maintenant, le fait que le mouhafadh soit désigné créera d’autres problèmes. Les mouhafadhs en place actuellement vont se préparer de façon à demeurer à leur poste. Le grand défi pour le parti est de se maintenir à la première place en tant que formation majoritaire. Nous allons vers des rendez-vous électoraux, les élections législatives de 2012 arrivent, et en mon for intérieur, je suis pessimiste. Pourrions-nous avoir la majorité ? J’en doute. Je le dis pour l’Histoire. Les résultats des dernières sénatoriales sont un signe avant-coureur qui nous éclaire sur la situation que l’on veut à tout prix occulter.
Vous avez quand même été associé aux préparatifs du 9e congrès puisque vous faisiez partie de la commission de préparation. Pourquoi ne pas avoir mis sur le tapis ce qui vous dérangeait dans le fonctionnement du parti ?
J’ai émis des réserves et je l’ai dit devant tout le monde avant et pendant les réunions, et durant le congrès. Mais que voulez-vous, nous étions une minorité à vouloir engager une discussion rationnelle. En outre, comme j’étais en charge des relations avec l’extérieur, je ne voyais pas vraiment ce qui se tramait. Mais quand Belkhadem m’a demandé de faire des propositions concernant la constitution du bureau politique, je lui ai dit clairement que je ne ferai pas de propositions concernant des personnes mais pour des missions. J’en ai proposé onze. Il en a tenu compte et en a adjoint quatre autres. Malheureusement, ces missions ont été diluées dans des commissions présidées par des responsables autres que ceux qui sont membres du bureau politique. Ces derniers n’ont pas été satisfaits, et Belkhadem a, de la sorte, opté pour le dogmatisme au lieu du pragmatisme. Ceci dit, le premier constat qu’on peut faire est que la constitution du comité central a donné lieu à un déséquilibre. En terme de représentation, on remarque qu’une wilaya est représentée par un nombre important par rapport à une autre, alors que les textes du parti sont clairs à ce sujet. Chaque wilaya, quelle que soit son importance, grande ou petite, doit être représentée par trois membres. Or, on se retrouve avec une wilaya forte de 14 représentants. Le deuxième constat concerne les statuts. Pour être membre du comité central, il faut justifier de 10 ans de militantisme. Or, des membres siégeant dans le CC ne remplissent pas ce critère. Pour ce qui est des femmes, il n’y en a que 34, alors qu’elles étaient 90 au conseil national. C’est une véritable régression. Dès lors, on est en droit de se poser la question suivante : pourquoi la liste des membres du comité central n’a-t-elle pas encore été dévoilée ?
Votre départ ainsi que celui d’Abdelkrim Abada et de Saïd Bouhadja de la direction du parti ont été une véritable surprise pour tout le monde, d’autant que c’est grâce à vous que le parti a pu garder sa cohésion durant les moments de crise vécus par le FLN. Pourquoi Belkhadem vous a-t-il écartés ?
Je vais vous expliquer une chose très importante. Belkhadem ne tolère pas qu’on le contredise ou qu’on demande des explications. Il veut être le seul à dicter ce qu’on doit faire, sans discuter et sans en débattre. Avec les nouveaux statuts du parti, il a complètement remis en question le fonctionnement démocratique des instances horizontales et verticales. Belkhadem est devenu un zaïm, mais la zaâma au FLN est bannie. Le parti ne peut pas fonctionner comme une zaouïa, avec un cheikh et ses maqadims. Le parti a pour principe cardinal et valeur fondamentale la collégialité. C’est là tout le mystère de la grandeur du parti, et c’est a