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Mercredi 8 juillet, 189e jour de l'année

Le dicton météorologique du jour:

"Juillet doit rôtir

Ce que septembre mûrira"

Le proverbe du jour:

"Ou l'on est avec les siens, l'on ne regrette pas sa patrie" (proverbe latin)

La citation du jour:

"Nous promettons selon nos espérances et nous tenons selon nos craintes" (La Rochefoucauld)L’enlèvement et l’assassinat des moines ont été revendiqués par le GIA 

 

Actualité 
LA FRANCE VEUT LEVER LE SECRET DÉFENSE SUR L’AFFAIRE DES MOINES
Chiche, Commençons!

08 Juillet 2009 - Tahar FATTANI

L’affaire des moines de Tibhirine refait surface au détour d’un témoignage, alors que les déclarations de Sarkozy en font une «affaire d’Etat».

LA FRANCE VEUT LEVER LE SECRET DÉFENSE SUR L’AFFAIRE DES MOINES
Chiche, Commençons!
Tahar FATTANI
  - Mercredi 08 Juillet 2009 - Page : 2

L’enlèvement et l’assassinat des moines ont été revendiqués par le GIA
L’affaire des moines de Tibhirine refait surface au détour d’un témoignage, alors que les déclarations de Sarkozy en font une «affaire d’Etat».

Que cherche la France? La déclaration faite par le président français, Nicolas Sarkozy, dans laquelle il demande la levée du «secret défense» sur l’affaire des moines de Tibhirine, mérite d’aller jusqu’au fond des choses. Puisqu’il s’agit de levée du «secret défense», pourquoi alors, ne pas commencer par la guerre d’Algérie et les exactions dont le peuple algérien a été victime? Chiche! Commençons par les crimes français en Algérie. Dire la vérité sur les massacres collectifs, les enfumades et génocides et la torture de l’armée d’occupation française en Algérie. Lever le secret défense sur les exterminations perpétrées contre le peuple algérien. Ouvrir les archives d’une colonisation qui a duré près d’un siècle et demi. Que la France assume sa responsabilité entière sur les effets de ses essais nucléaires dans le Sud algérien. Chiche! Levez donc le secret défense. M.Sarkozy qui souhaite connaître la vérité sur la mort des moines, qu’il commence à connaître toute la vérité des crimes commis par l’armée français durant la guerre d’Algérie et plus généralement durant l’occupation, cela au nom de la France. Que le président français qui espère ne rien «cacher» sur cette «vérité», qu’il commence par dévoiler les secrets d’assassinat des dizaines de militants algériens qui ont été jetés dans la Seine à Paris un certain 17 octobre 1961. On a tout simplement l’impression de souffler sur des braises. Cette affaire ne peut être qu’une pièce théâtrale mise en scène par les politiques français et orchestrée par les médias de l’Hexagone. Ce sont de véritables tirs groupés de la part des responsables français qui s’acharnent contre l’Algérie. Les affabulations françaises se succèdent.

Pourquoi maintenant?
La mèche est venue de l’ex- général français François Buchwalter qui, le moins que l’on puisse dire, cherchait à imputer l’assassinat des moines à l’armée algérienne. Il a été suivi peu après, par de hauts responsables français au pouvoir, d’autres à la retraite, qui ont sorti leurs griffes. A commencer par le président Nicolas Sarkozy l’ancien Premier ministre Alain Juppé, Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Justice et Hervé de Charrette, ancien ministre des Affaires étrangères et Alain Marsaud, ancien chef du service de lutte antiterroriste du parquet de Paris, sont tous revenus à la charge. Nicolas Sarkozy est allé très loin dans ses déclarations sur le sujet en question. Après avoir déclaré la veille (lundi), «laissez la justice faire son travail», le président français est revenu à la charge 24 heures plus tard en faisant des déclarations qui ne peuvent que laisser dubitatif lorsqu’il déclare: «Je vous dis une chose, je veux la vérité. Les relations entre les grands pays, elles s’établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge», a t-il affirmé lors d’un point de presse animé, hier à Paris, à l’issue de sa rencontre avec son homologue brésilien Inacio Lula da Silva. Ne s’arrêtant pas là, M.Sarkozy fait une déclaration très forte en annonçant: «On ne peut pas dire que l’amitié entre les peuples et entre les pays peut résister aux mensonges. Il faut faire la lumière, il n’y a rien à cacher.» Ces déclarations ont été suivies par celles de la ministre française de la Justice, Michèle Alliot-Marie, qui promet de mettre «tous les moyens pour mener à bien leur enquête». Ne serait-il pas intéressant pour la Justice française de mettre tous les moyens pour déterrer «la mémoire» de toutes les populations massacrées par l’Empire français en Algérie comme en Afrique et en Asie? Mme Alliot-Marie a annoncé des «investigations supplémentaires» après les «révélations» tardives de l’ancien attaché militaire français à l’ambassade de France à Alger. Ce témoignage, dit-elle, «apporte un élément nouveau pour lequel de nouveaux éléments d’investigation supplémentaires auront lieu» dans une déclaration à la presse française, Mme Alliot-Marie a indiqué que les magistrats «disposent et continueront de disposer de tous les moyens pour mener à bien leur enquête, y compris en matière de coopération internationale». Et de rassurer: «Tout sera mis en oeuvre afin de connaître les auteurs et les conditions de cet assassinat.» Les témoignages de «Monsieur X» restent la devise des politiques français. Comme l’a fait le général Buchwalter, un ancien chef du service de lutte antiterroriste du parquet de Paris, Alain Marsaud, apporte son grain de sel. Ce dernier indique avoir reçu dans son bureau «une personne non-identifiée», à l’Assemblée nationale qui se présentait comme étant «un membre des services de renseignements» algériens. «Tout simplement. Ecoutez, j’appartiens aux "services" algériens et je viens témoigner». Tiens donc! Ainsi, cet ancien député affirme avoir recueilli les témoignages de «X» qui lui aurait dit «la vérité» sur l’assassinat des moines. «L’affaire des moines était beaucoup plus compliquée qu’on ne le disait et qu’il ne s’agissait pas d’une opération GIA (Groupe islamiste armé, Ndlr) avec enlèvement et assassinat, mais d’une opération montée par les services algériens ou par l’armée algérienne», a-t-il raconté. Et de dire qu’il s’agit d’une affaire «enterrée volontairement». En aucun cas, ce député n’a révélé l’identité de cet Algérien. Il s’agit tout simplement de «Monsieur X» qu’il ne connaît même pas et qu’il n’a plus revu depuis! Quand cet entretien a eu lieu, pourquoi le député français a gardé par-devers lui, ce témoignage qui, en fait, n’apporte aucune certitude quant aux faits qu’il révèle? De tels témoignages peuvent-ils être crédibles, ou pris pour argent comptant? Or, ces déclarations ont été rejetées dans le fond et dans la forme par Hervé de Charrette, ministre français des Affaires étrangères de l’époque concernée. La version de M.Marsaud «elle est quand même au quatrième degré: c’est l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a tué l’ours», a commenté l’ancien ministre français. Ce dernier apporte son témoignage et remet les pendules à l’heure. Ayant dirigé la cellule de crise installée au Quai d’Orsay sur ce dossier, le diplomate français corrige l’ex-général français François Buchwalter. Dans son intervention sur la chaîne d’information continue, LCI, M. de Charette a considéré le témoignage de l’ex-général comme «une opinion parmi tant d’autres».

Le diplomate et le militaire
Et d’annoncer des démentis en cascade. «En tant que ministre des Affaires étrangères, je n’ai jamais eu connaissance de cette thèse développée aujourd’hui par M. Buchwalter. Pour moi, ce n’est qu’une opinion, celle d’un fonctionnaire parmi tant d’autres», a-t-il déclaré à L’Express. Sur LCI, le diplomate développe mieux son témoignage et remet les responsables français d’aujourd’hui à leur place. «Je suis personnellement porté à m’en tenir à la version la plus pratique, celle qui s’appuie sur des faits, c’est-à-dire le GIA a revendiqué ces événements, il a demandé en contrepartie des initiatives de la France, c’est-à-dire la libération d’Algériens détenus, ce que nous n’avons pas fait, il a menacé de les tuer et quand ils ont été découverts, il a déclaré que c’était lui-même qui l’avait fait. Donc c’est ça les faits, tout le reste c’est des commentaires.» De son côté, Alain Juppé, Premier ministre français au moment de la mort des moines, qui a délégué des diplomates français à Alger pour négocier avec les éléments du GIA, s’est étonné sur le pourquoi de cacher la vérité. Il a indiqué qu’il «ne voit pas ce qu’il y a à cacher sur ce drame». Et d’ajouter: «Dès que nous avons appris l’enlèvement des moines de Tibhirine par le GIA, nous avons lancé toutes les procédures et tous les moyens pour essayer d’obtenir leur libération».
«Malheureusement, ces négociations ont échoué. Depuis lors, des rumeurs circulent sur l’origine de ce massacre.» L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac a estimé, en outre, qu’«il faut faire confiance à la justice pour faire toute la lumière sur cette dramatique affaire». Sur un autre plan, la presse française annonçait un tête-à-tête Sarkozy-Bouteflika, en marge du Sommet du G8 qui s’ouvre aujourd’hui en Italie pour des discussions sur le sujet. A l’heure actuelle, aucune réaction officielle des autorités algériennes n’a été enregistrée. La seule et l’unique version officielle des faits est que les moines ont été assassinés par le groupe du GIA. C’est la version officielle que même les responsables français de l’époque avaient admise. L’enlèvement des moines de Tibhirine a été revendiqué le 26 avril 1996 à l’époque par le chef du Groupe islamique armé (GIA), «Abou Abderrahmane Amine», alias Djamel Zitouni. En 2004, une commission rogatoire internationale n’a retenu et validé que la thèse selon laquelle les moines ont été liquidés par les groupes islamistes. Mieux encore, la République française a envoyé des émissaires, mandatés à l’époque par Alain Juppé, Premier ministre, et Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, à son ambassade à Alger pour mener des «négociations» avec les éléments du GIA afin de procéder à la libération des moines. Le GIA avait proposé d’échanger les moines contre ses militants islamistes détenus.
Quelques jours plus tard, cette organisation terroriste annonce avoir décapité les captifs - assassinés le 21 mai - les terroristes accusant le gouvernement français d’avoir «trahi» les négociations-. Annonce faite le 23 mai par le GIA, soit deux jours après le crime commis.


 L'Expression



Actualités : POLÉMIQUE AUTOUR DE L’ASSASSINAT DES MOINES DE TIBHIRINE
Les bavardages d’un général français


François Bushwalter, un général français à la retraite qui était en poste à Alger en tant qu’attaché de défense auprès de l’ambassade de France entre 1995 et 1998, composte une nouvelle version — sa version — sur l’assassinat des moines trappistes de Tibhirine en 1996.
Dans sa confession bien tardive, recueillie le 25 juin 2009 par le juge antiterroriste Marc Trévidic et à laquelle Le Figaro a eu accès et en a publié les propos dans son édition d’hier, le général évoque «une bévue» de l’armée algérienne. Trop grosse la couleuvre !

Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Qu’a confessé le général à la retraite au juge Marc Trévidic ? D’abord qu’il détenait cette information d’un officier algérien qui aurait été luimême mis dans la confidence par son frère, chef d’escadrille d’hélicoptère au moment des faits. Cet officier, opérationnel, aurait confié à son frère — François Bushwalter n’a pas dévoilé leur identité pour, assure-t-il, des raisons de sécurité — qu’un jour de mai 1996, alors qu’ils patrouillaient en hélicoptère entre Blida et Médéa, ils aperçurent un bivouac qui ressemblait à un campement terroriste, et, alors, le mitraillèrent. Et ce n’est qu’une fois qu’ils se sont posés sur les lieux, qu’ils se rendirent compte qu’ils venaient de mitrailler des moines trappistes, en l’occurrence ceux de Tibhirine. «Ils ont donc tiré sur le bivouac. Ils se sont ensuite posés (…) Ils ont découvert qu’ils avaient tiré sur des moines… Les corps des moines étaient criblés de balles», a déclaré le général français dans sa déposition. Il a, ensuite, affirmé au juge qui a recueilli sa déposition, qu’il avait alerté sa hiérarchie, par écrit, mais qu’on lui avait intimé d’observer le silence pour ne pas nuire aux relations entre la France et l’Algérie. Un silence qu’il observa treize années durant, sans qu’il ressente pendant cette longue période le besoin de soulager sa conscience dont il a dit qu’elle a été torturée. François Bushwalter soutient que la note d’information, l’alerte, en somme, qu’il expédia à sa hiérarchie, a été classée secret défense. Pour accréditer sa thèse selon laquelle les 7 moines de Tibhirine ont été victimes d’une bévue de l’armée algérienne, le général français prétend que pour dissimuler les preuves du mitraillage, les militaires ont fait disparaître les corps criblés de balles des moines, annonçant n’avoir retrouvé que les têtes. Mais se peut-il qu’un mitraillage depuis un hélicoptère atteigne les victimes partout sur le corps sauf au niveau de la tête et du visage ? Cela est absolument invraisemblable. Autre fait étonnant, le général français semble avoir évacué de sa mémoire l’épisode de la négociation avec le GIA, qui avait envoyé un émissaire à l’ambassade de France, à Alger. Il est vrai que les supposées confidences de l’officier algérien lui ont été faites après les obsèques des sept moines, donc bien après le passage de ce mystérieux émissaire du GIA. Mais est-ce une raison suffisante pour que l’ancien attaché de défense efface d’un trait cette phase de négociation de son récit ? Car dans sa fonction d’alors, il ne pouvait être laissé dans l’ignorance quant à ce qu’apportait comme message le GIA. Il ne pouvait, en outre, occulter qu’il y avait eu deux équipes françaises de négociateurs, l’une chapeautée par Alain Juppé, alors chef du gouvernement, et l’autre par Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur de l’époque. Rappelons que le GIA avait annoncé, dans un de leurs communiqués le rapt des moines de Tibhirine tout en proposant à la France un échange de prisonniers. Et c’est, d’ailleurs, pour cela que deux équipes françaises de négociateurs ont été formées. Cependant, les négociations n’avaient pas abouti. Le GIA annonçait, le 21 mai 1996, avoir tranché la gorge des sept moines. Le 30 mai, soit près d’une semaine plus tard, les têtes sans corps des sept moines étaient découvertes dans la région de Médéa. La commission rogatoire internationale, sous l’égide du juge antiterroriste Jean- Louis Brugyère, avait, notons-le, validé la thèse de l’exécution des moines par le GIA. Le général français, qui, à travers sa déposition, relance le fameux «qui-tue-qui ?», se rend désormais l’auteur d’une seconde version tentant d’impliquer l’armée algérienne dans l’assassinat des moines de Tibhirine et dans celui de monseigneur Claverie, tué dans un attentat près d’Oran. C’est à l’AFP qu’il a confié cela, arguant que seules les autorités pouvaient être au courant du déplacement de ce dernier, d’autant plus qu’il avait changé son billet d’avion à la dernière minute. Avant lui, un ancien officier déserteur du DRS, Abdelkader Tigha, avait affirmé dans plusieurs journaux de l’Hexagone que l’armée algérienne était impliquée, en ce sens que, selon lui, elle manipulait le GIA et que Djamel Zitouni, alors émir de l’organisation terroriste, était un exfiltré de l’armée. Cet officier avait même soutenu que les moines de Tibhirine auraient été aperçus dans une caserne de Blida après le rapt. Le ragoût était de mauvais goût. Et François Bushwalter y met la même sauce. Mais pour indigeste qu’il soit, il met en appétit la partie civile, notamment Me Patrick Baudouin, qui a aussitôt demandé la levée du secret défense sur les rapports du général français à sa hiérarchie. Cela étant, la publication de la déposition de François Bushwalter, au lendemain de la célébration de la Fête de l’indépendance algérienne à bien des égards, a quelque relent politique. Et ce, d’autant plus qu’est inscrit dans l’agenda du président Bouteflika — du moins il y a accord de principe — une visite d’Etat en France. Cela, les internautes qui ont réagi à l’article du Figaro n’ont pas raté l’occasion de le souligner. Comme ils n’ont pas manqué de relever la légèreté de la thèse soutenue par le général français.
S. A. I.

Sarkozy se garde de commenter
Le président français Nicolas Sarkozy a commenté hier le témoignage du général français à la retraite sur l’assassinat des moines de Tibhirine. Sarkozy, qui s’est exprimé en marge du sommet franco-britannique, a eu la formule la moins engageante. «Il y a un juge d'instruction qui est en charge de ce dossier, la justice est saisie. Les déclarations de ce témoin ont été faites devant un juge. Laissons la justice faire son travail», a dit M. Sarkozy. «Que puis-je dire maintenant, si ce n'est compliquer le travail de la justice ? Et on verra à l'issue de cette instruction ce qu'il en sera. Que la justice fasse son travail, aille jusqu'au bout de son travail, je n'ai pas d'autres commentaires à faire», a conclu le chef de l'Etat, soulignant qu'il s'agissait d'un «drame qui l’avait bouleversé» et qu'il s'était lui-même rendu sur place.



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2009/07/17/article.php?sid=85466&cid=2


Actualités : POLÉMIQUE AUTOUR DE L’ASSASSINAT DES MOINES DE TIBHIRINE
Les bavardages d’un général français


François Bushwalter, un général français à la retraite qui était en poste à Alger en tant qu’attaché de défense auprès de l’ambassade de France entre 1995 et 1998, composte une nouvelle version — sa version — sur l’assassinat des moines trappistes de Tibhirine en 1996.
Dans sa confession bien tardive, recueillie le 25 juin 2009 par le juge antiterroriste Marc Trévidic et à laquelle Le Figaro a eu accès et en a publié les propos dans son édition d’hier, le général évoque «une bévue» de l’armée algérienne. Trop grosse la couleuvre !

Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Qu’a confessé le général à la retraite au juge Marc Trévidic ? D’abord qu’il détenait cette information d’un officier algérien qui aurait été luimême mis dans la confidence par son frère, chef d’escadrille d’hélicoptère au moment des faits. Cet officier, opérationnel, aurait confié à son frère — François Bushwalter n’a pas dévoilé leur identité pour, assure-t-il, des raisons de sécurité — qu’un jour de mai 1996, alors qu’ils patrouillaient en hélicoptère entre Blida et Médéa, ils aperçurent un bivouac qui ressemblait à un campement terroriste, et, alors, le mitraillèrent. Et ce n’est qu’une fois qu’ils se sont posés sur les lieux, qu’ils se rendirent compte qu’ils venaient de mitrailler des moines trappistes, en l’occurrence ceux de Tibhirine. «Ils ont donc tiré sur le bivouac. Ils se sont ensuite posés (…) Ils ont découvert qu’ils avaient tiré sur des moines… Les corps des moines étaient criblés de balles», a déclaré le général français dans sa déposition. Il a, ensuite, affirmé au juge qui a recueilli sa déposition, qu’il avait alerté sa hiérarchie, par écrit, mais qu’on lui avait intimé d’observer le silence pour ne pas nuire aux relations entre la France et l’Algérie. Un silence qu’il observa treize années durant, sans qu’il ressente pendant cette longue période le besoin de soulager sa conscience dont il a dit qu’elle a été torturée. François Bushwalter soutient que la note d’information, l’alerte, en somme, qu’il expédia à sa hiérarchie, a été classée secret défense. Pour accréditer sa thèse selon laquelle les 7 moines de Tibhirine ont été victimes d’une bévue de l’armée algérienne, le général français prétend que pour dissimuler les preuves du mitraillage, les militaires ont fait disparaître les corps criblés de balles des moines, annonçant n’avoir retrouvé que les têtes. Mais se peut-il qu’un mitraillage depuis un hélicoptère atteigne les victimes partout sur le corps sauf au niveau de la tête et du visage ? Cela est absolument invraisemblable. Autre fait étonnant, le général français semble avoir évacué de sa mémoire l’épisode de la négociation avec le GIA, qui avait envoyé un émissaire à l’ambassade de France, à Alger. Il est vrai que les supposées confidences de l’officier algérien lui ont été faites après les obsèques des sept moines, donc bien après le passage de ce mystérieux émissaire du GIA. Mais est-ce une raison suffisante pour que l’ancien attaché de défense efface d’un trait cette phase de négociation de son récit ? Car dans sa fonction d’alors, il ne pouvait être laissé dans l’ignorance quant à ce qu’apportait comme message le GIA. Il ne pouvait, en outre, occulter qu’il y avait eu deux équipes françaises de négociateurs, l’une chapeautée par Alain Juppé, alors chef du gouvernement, et l’autre par Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur de l’époque. Rappelons que le GIA avait annoncé, dans un de leurs communiqués le rapt des moines de Tibhirine tout en proposant à la France un échange de prisonniers. Et c’est, d’ailleurs, pour cela que deux équipes françaises de négociateurs ont été formées. Cependant, les négociations n’avaient pas abouti. Le GIA annonçait, le 21 mai 1996, avoir tranché la gorge des sept moines. Le 30 mai, soit près d’une semaine plus tard, les têtes sans corps des sept moines étaient découvertes dans la région de Médéa. La commission rogatoire internationale, sous l’égide du juge antiterroriste Jean- Louis Brugyère, avait, notons-le, validé la thèse de l’exécution des moines par le GIA. Le général français, qui, à travers sa déposition, relance le fameux «qui-tue-qui ?», se rend désormais l’auteur d’une seconde version tentant d’impliquer l’armée algérienne dans l’assassinat des moines de Tibhirine et dans celui de monseigneur Claverie, tué dans un attentat près d’Oran. C’est à l’AFP qu’il a confié cela, arguant que seules les autorités pouvaient être au courant du déplacement de ce dernier, d’autant plus qu’il avait changé son billet d’avion à la dernière minute. Avant lui, un ancien officier déserteur du DRS, Abdelkader Tigha, avait affirmé dans plusieurs journaux de l’Hexagone que l’armée algérienne était impliquée, en ce sens que, selon lui, elle manipulait le GIA et que Djamel Zitouni, alors émir de l’organisation terroriste, était un exfiltré de l’armée. Cet officier avait même soutenu que les moines de Tibhirine auraient été aperçus dans une caserne de Blida après le rapt. Le ragoût était de mauvais goût. Et François Bushwalter y met la même sauce. Mais pour indigeste qu’il soit, il met en appétit la partie civile, notamment Me Patrick Baudouin, qui a aussitôt demandé la levée du secret défense sur les rapports du général français à sa hiérarchie. Cela étant, la publication de la déposition de François Bushwalter, au lendemain de la célébration de la Fête de l’indépendance algérienne à bien des égards, a quelque relent politique. Et ce, d’autant plus qu’est inscrit dans l’agenda du président Bouteflika — du moins il y a accord de principe — une visite d’Etat en France. Cela, les internautes qui ont réagi à l’article du Figaro n’ont pas raté l’occasion de le souligner. Comme ils n’ont pas manqué de relever la légèreté de la thèse soutenue par le général français.
S. A. I.

Sarkozy se garde de commenter
Le président français Nicolas Sarkozy a commenté hier le témoignage du général français à la retraite sur l’assassinat des moines de Tibhirine. Sarkozy, qui s’est exprimé en marge du sommet franco-britannique, a eu la formule la moins engageante. «Il y a un juge d'instruction qui est en charge de ce dossier, la justice est saisie. Les déclarations de ce témoin ont été faites devant un juge. Laissons la justice faire son travail», a dit M. Sarkozy. «Que puis-je dire maintenant, si ce n'est compliquer le travail de la justice ? Et on verra à l'issue de cette instruction ce qu'il en sera. Que la justice fasse son travail, aille jusqu'au bout de son travail, je n'ai pas d'autres commentaires à faire», a conclu le chef de l'Etat, soulignant qu'il s'agissait d'un «drame qui l’avait bouleversé» et qu'il s'était lui-même rendu sur place.



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2009/07/17/article.php?sid=85466&cid=2


Edition du Mercredi 08 Juillet 2009

Actualité

Sarkozy accuse l’Algérie de mensonges
Le Président français prend position dans l’affaire des moines de tibhirine

Par : Azzeddine Bensouiah


Le président Sarkozy a jeté, hier, un pavé dans la mare en traitant l’État algérien de menteur dans l’affaire des moines de Tibhirine et en exigeant la vérité des autorités algériennes et la levée du secret-défense en France.

Les “révélations” du général à la retraite, François Buchwalter, sur l’affaire des moines de Tibhirine n’ont pas fini de secouer le cocotier politico-sécuritaire français. Une affaire qui sent la manipulation à mille lieues et dont les puanteurs remontent présentement à la surface, n’épargnant aucun acteur français, jusqu’au sommet de l’État. Après l’affaire Clearstream, révélée par le général Philippe Rondot — également partie prenante dans l’affaire de Tibhirine —, voici venu un nouveau feuilleton dans la guéguerre franco-française, par services de renseignements interposés.
Au sommet de l’État français, c’est la cacophonie qui vient relayer cette sortie tardive de l’ancien attaché militaire de l’ambassade de France à Alger.
L’ex-Premier ministre français, Alain Juppé, en fonction en 1996 au moment de l’assassinat des moines de Tibhirine en Algérie, s’est dit mardi favorable à la levée du secret-défense sur cette affaire, affirmant ne pas voir “ce qu’il y a à cacher”. “Ce fut un drame épouvantable et dès que nous avons appris l’enlèvement des moines de Tibhirine par le GIA, nous avons utilisé toutes les procédures et tous les moyens pour essayer d’obtenir leur libération”, a déclaré M. Juppé à la radio France Info, disant “prendre acte” de ce nouveau témoignage.
“Malheureusement ces négociations ont échoué ; depuis lors des rumeurs circulent sur l’origine de ce massacre”,
a-t-il admis.
Interrogé pour savoir s’il était favorable à la levée du secret-défense sur cette affaire, M. Juppé a répondu que “je ne vois pas ce qu’il y a à cacher sur ce drame”, a-t-il dit. Pour sa part, Hervé de Charette, alors ministre des Affaires étrangères, a affirmé mardi n’avoir pas été informé à l’époque d’une possible “bavure” de l’Armée algérienne, qualifiant un témoignage en ce sens de “énième version”, sur la chaîne d’information en continu LCI.
“J’ai entendu : ce sont des conflits internes entre les civils et les militaires algériens ; j’ai entendu : ce sont des règlements de comptes menés par les services spéciaux algériens ; j’ai entendu : c’est une action du GIA (Groupe islamique armé) d’ailleurs c’était la version officielle ; puis on a dit, ah mais non, c’est une action du GIA mais menée par un groupe très spécial conduit par un dénommé Zitouni mais qui est manipulé par les autorités algériennes”. “Voici donc la quatrième ou cinquième version de ces faits. Moi je m’en tiens à ce que je sais, à ce que j’ai pu voir, et pour le reste malheureusement cela restera dans les mystères de l’Histoire”, a-t-il estimé. Que sait-il ? Qu’a-t-il vu ? Mystère et boule de gomme.
Quant à Alain Marsaud, ancien chef du service de lutte antiterroriste du parquet de Paris, il a estimé mardi que “l’ensemble des hautes autorités (françaises) de l’époque étaient complètement au courant de ce qui s’était passé” en 1996, au moment de l’assassinat des moines de Tibhirine.
“J’ai l’impression maintenant que l’ensemble des hautes autorités (françaises) concernées de l’époque étaient complètement au courant de ce qui s’était passé, qu’elles n’étaient pas dupes”, a indiqué M. Marsaud.
“Les informations, qui ont été données par les services de renseignement français en Algérie, étaient bien remontées mais il y avait une volonté de ne pas investiguer”, a ajouté l’ancien député de droite, proche de Charles Pasqua. Et d’ajouter : “C’est une affaire qui a été enterrée volontairement”.
En revanche, c’est l’attitude du président français qui paraît la plus troublante de toutes les réactions enregistrées jusque-là. Après avoir déclaré, ce lundi, que “la justice doit aller jusqu’au bout”, dans cette affaire, il est revenu à la charge, ce mardi, pour accuser l’État algérien de “mensonge”.
Une accusation qui ne manquerait pas d’influer négativement sur les relations entre les deux pays. Si, pour le moment, aucune réaction officielle n’est venue d’Alger, pas même une convocation de l’ambassadeur de France à Alger, il est clair que les accusations de Nicolas Sarkozy ne passeront pas inaperçues.
Le président français Nicolas Sarkozy a demandé mardi la “vérité” sur le massacre des moines de Tibhirine en Algérie en 1996, et indiqué qu’il voulait la levée du secret-défense sur tous les documents demandés par la justice française.
“Je vous dis une chose, je veux la vérité. Les relations entre les grands pays, elles s’établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge”, a déclaré le président français lors d’une conférence de presse avec son homologue brésilien Inacio Lula da Silva à Paris.
“J’indique de la façon la plus claire que, naturellement, je lèverai le secret-défense sur tout document que nous demandera la justice. Il n’y a pas d’autres façons de faire la vérité, aucune autre façon”, a ajouté M. Sarkozy. “Ce sont des faits qui remontent à 1996. La justice est saisie, la justice doit avoir tous les documents”, a insisté M. Sarkozy.
“On ne peut pas dire que l’amitié entre les peuples et entre les pays peut résister aux mensonges. Il faut faire la lumière, il n’y a rien à cacher. En tout cas de mon point de vue, je suis vraiment déterminé à ce que la lumière soit faite”, a-t-il conclu. Le chef de l’État français accuse, à plusieurs reprises, l’État algérien de mensonge dans l’affaire de Tibhirine.
Pourtant, le président Sarkozy avait affirmé, la veille, que lui-même avait fait le déplacement sur place, au moment des faits. Pourquoi n’avait-il rien dit depuis ce temps-là ? Cette seconde sortie du président français, en 48 heures, contredit sa première déclaration où il affirmait : “Que puis-je dire maintenant si ce n’est compliquer le travail de la justice ? On verra à l’issue de cette instruction ce qu’il en sera. Que la justice fasse son travail, aille jusqu’au bout de son travail, je n’ai pas d’autres commentaires à faire”. N’est-il pas en train d’influer sur le travail de la justice en accusant Alger d’avoir menti ? Qu’est-ce qui a fait changer d’avis le président français, en quelques heures seulement ? La cacophonie qui caractérise le discours des officiels français et autres hauts gradés directement impliqués dans cette affaire renseigne sur les dérives d’une crise latente entre les services de renseignement français et les lobbies qui se livrent depuis des années une guerre sans merci dans les tribunaux sans jamais livrer la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. On l’a vu avec les affaires de l’Angola Gate, ou encore avec l’affaire Clearstream.
On le constate actuellement avec les moines de Tibhirine. Mais, dans cette dernière affaire, au lieu de rester dans la cuisine franco-française, on veut impliquer Alger, histoire de faire diversion, et quitte à ce que les relations bilatérales en subissent les contrecoups.

Azzeddine Bensouiah


www.liberte-algerie.com


Pause-Café
Un été algérien (2)

Je t’écris pour te dire que tata Aïcha est furieuse. Et quand elle remue, c’est toute la maisonnée qui tremble. Suite...


ELLE A ÉTÉ INHUMÉE HIER À BEN-AKNOUN
Décès de la mère de Abdelaziz Bouteflika

La mère de Abdelaziz Bouteflika est décédée dans la nuit de dimanche à lundi, a rapporté, hier, l’Agence Presse Service. Suite...


AFFAIRE DE L’OAIC :
Le procès reporté

Le procès de l’affaire dite de l’OAIC, qui devait se tenir hier au tribunal d’El-Affroun dans la wilaya de Blida, a été reporté au 28 septembre prochain, en raison de la non-comparution de témoins cités dans cette affaire. Suite...




08/07/2009
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