Qualifiés pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde, les joueurs algériens ont réalisé une performance historique jeudi soir. «On en est vraiment tous très fiers», a résumé Yacine Brahimi, très bon face à la Russie (1-1).Yacine Brahimi, milieu offensif de l’Algérie : «On a écrit une page d’histoire de notre pays, c’est vraiment exceptionnel ce qui nous arrive, c’est indescriptible. Je pense qu’on ne se rend pas vraiment compte… On en est vraiment tous très fiers. On espère que tout le monde sera heureux. Ce n’était pas un match que pour nous, c’était pour tout le peuple algérien. Il y avait de la pression, beaucoup d’enjeu, parce qu’on savait ce qu’il pouvait y avoir au bout. On a encaissé un but mais on n’a pas paniqué, je crois que cela a fait notre force. Le coach nous a dit de continuer à jouer notre jeu, de ne pas s’inquiéter et qu’on allait marquer sur coup de pied arrêté. Contre l’Allemagne, on attaquera le match en position d’outsider et on donnera tout, comme on l’a toujours fait.»Djamel Mesbah, défenseur de l’Algérie : «On est menés 1-0, ils marquent un super but, ça fait mal, mais après on n’a pas lâché. Après, on égalise et on a souffert sur la fin contre une très belle équipe de Russie. Mais franchement, je suis fier de mes coéquipiers, très content et très soulagé. Après, vous allez rigoler mais… Maintenant, on va se reposer et penser au match de l’Allemagne. Ça sera très compliqué, on joue une grosse équipe. Mais on est en huitièmes, ce n’est pas pour rien, on mérite notre qualification, alors on ne va pas lâcher le morceau comme ça facilement. Sans faire les prétentieux, en sachant que l’Allemagne est supérieure à nous, bien sûr, il n’y a rien à dire. Mais c’est un match de foot, quatre-vingt-dix minutes et on ne sait jamais... »Madjid Bougherra, capitaine de l’équipe d’Algérie, remplaçant contre la Russie : «C’était stressant à mort. J’étais à genoux tout le long du match, je n’ai plus de voix… Je n’imagine même pas ce que c’est que d’être entraîneur… Mais c’est fort ! Ils ont fait un match d’hommes, ils ont joué avec le cœur et voilà, on est rentrés dans l’histoire, c’est ça le plus beau ! Le coach savait qu’on allait marquer sur coup de pied arrêté. Il nous a dit d’être patients et surtout de rester organisés, de ne pas partir à l’abordage. L’Allemagne ? Ça va être très dur mais on n’a rien à perdre. C’est que du bonus. Tout le monde sait que c’est le favori, que c’est une grosse équipe. Si on perd, c’est normal, si on gagne c’est un exploit. Maintenant, il faut prendre du plaisir et aller le plus loin possible.»
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Les Fennecs soufflent la Russie
L'algérie à l'offensive
Au coup d'envoi, l'équation est pourtant simple : un nul suffit à l'Algérie pour rallier le tour suivant. Mais, contrariant se réputation d'entraineur frileux, coach Vahid a décidé de jouer la gagne en reconduisant les Fennecs victorieux face à la Corée du Sud. Une décision courageuse, d'autant que la Russie a besoin d'attaquer pour s'assurer le 2e strapontin de la poule H. Heurté, le début de rencontre témoigne ainsi des intentions des deux équipes. A la lutte pour le moindre ballon, Algériens comme Russes se livrent un rude combat duquel ne sort pas indemne Sofiane Feghouli. Le crâne fendu par son coéquipier Carl Medjani, le milieu part se faire bander sur le bord de la touche. Et c'est impuissant qu'il doit assister à cette ouverture du score prématurée. Pourtant, la bête blessée est loin de rendre les armes. Vive et impliquée, la sélection algérienne ne veut pas se faire subtiliser son destin. Installés dans le camp adverse, Feghouli et ses coéquipiers dribblent, combinent, frappent. Mais sans la réussite qui accompagne les grandes épopées.
Au coeur de la nuit, Slimani
D'autant qu'en face, la Russie joue la gagne à sa façon. Animée par ce but d'avance, la sélection de Capello procède en contre-attaque. Et plutôt bien. Kerzhakov affole une arrière garde bien light en raison des offensives. A la 46e minute, Samedov a même l'occasion de mettre à l'abri son pays mais M'Bholi, sorti à la seconde près, en décide autrement. Qu'importe pour la Russie. Car de l'autre côté, ni Slimani de la tête (29e, 41e) ou Brahimi (27e) des vingts mètres ne parviennent à braquer le coffre gardé par le portier russe. Jusqu'à la 60e minute. Excentré sur son côté gauche, Djabou se débat dans les jambes de Kozlov et obtient un coup franc. Brahimi règle la mire sur le second poteau et la tête de Slimani. Au bout du crâne de ce dernier, la délivrance. Akinfeev parti à la pêche, l'attaquant du Sporting Portugal place le cuir dans les ficelles. Ce but, si longtemps espéré, ne met pas fin à l'asphyxie générale. 30 minutes durant, la Russie, agonisante, jette ses dernières forces dans une bataille pour la survie, la gloire et l'histoire. Mais il était écrit que l'Algérie sortirait vainqueur de ce combat. Il est 23h54. Jusqu'alors paisible et chaude, la nuit sort de sa torpeur et le silence se brise. Oui, les klaxons sont de retour. Et tant pis pour ceux qui bossent demain.
Par Raphael Gaftarnik