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Celui qui dĂ©couvre ce quartier pour la premiĂšre fois aura de quoi ĂȘtre surpris. Le spectacle est vĂ©ritablement dĂ©routant. Une masse humaine se dĂ©mĂšne dans une atmosphĂšre fĂ©brile. De loin, cela ressemble Ă un attroupement. A mesure que lâon sâapproche de lâendroit, lâon dĂ©couvre le spectacle. La mĂȘme gestuelle est rĂ©pĂ©tĂ©e machinalement. De grosses liasses de billets de dinars, euros, dollars, pincĂ©s dans la paume dâune main, sont agitĂ©es en Ă©ventail.
Nabil M. - Alger (Le Soir) - Lâendroit nâest autre que le Square Port SaĂŻd. Le Wall-Street algĂ©rien. Le beau monde qui meuble ce coin de rue est une Ă©lite. Ce sont les golden boys made in Alger. Ils sâagit vĂ©ritablement dâune population de privilĂ©giĂ©s, car force est de constater quâils jouissent dâune certaine immunitĂ©. Ils sâadonnent, Ă ciel ouvert, Ă une activitĂ© des plus illicites sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©s. La crainte provient surtout des Ă©ventuels vols et agressions au vu de la masse financiĂšre qui y circule. Pourtant lâendroit est hermĂ©tique aux bandes de malfaiteurs. Les commerces attenants Ă la ruelle ont tous baissĂ© rideau. Seule une rĂŽtisserie est restĂ©e ouverte. Les places de stationnement sont, elles aussi, rĂ©servĂ©es. Ces voitures ont des coffres qui valent des millions. Ce sont des tiroirs-caisses mobiles et des antichambres pour la livraison de grosses sommes en euros. Cette monnaie est au centre de tous les intĂ©rĂȘts. Lâeuro sâachĂšte et se vend au prix fort. La devise de lâEspace Shengen a le vent en poupe. Lâeuro nâarrĂȘte pas dâaugmenter AdossĂ© au pilier dâune arcade, un des «golden boys» nous aborde en agitant une liasse de billets. «Vous voulez vendre ou acheter ?», nous lance-t-il. «Lâeuro est Ă combien ?» avons-nous demandĂ©. Lâindividu nous dĂ©visage avant dâexpliquer que 100 euros sâachĂštent Ă 12 000 dinars et se vendent Ă 12 120 dinars. A quelques dizaines de dinars de diffĂ©rence, ce barĂšme revient sur toutes les bouches. Nous essayons dâengager la discussion avec les vendeurs pour connaĂźtre les raisons de la flambĂ©e de lâeuro, mais la rĂ©serve semble ĂȘtre de mise au Wall- Street dâAlger. Il aura fallu beaucoup de tact et autant de patience pour arracher quelques mots. «Lâeuro nâarrĂȘte pas dâaugmenter, je ne pourrais pas vous dire exactement pourquoi mais chaque jour nous le vendons 50 dinars plus cher que la veille. Avant-hier, il se vendait Ă 12 000 dinars, aujourdâhui il est Ă 12 120 dinars.» Un autre vendeur souligne que la hausse de lâeuro est due Ă la raretĂ© de cette monnaie sur la place. La demande sur lâeuro dĂ©passant lâoffre, les prix augmentent, assure-t-on. Ce nâest pas le cas du billet vert. 100 dollars sâĂ©changent sur le marchĂ© parallĂšle Ă 7 790 dinars. Plus loin, un autre vendeur Ă lâaccent jijĂ©lien est plus prolixe. Pour lui, la flambĂ©e de lâeuro sur le marchĂ© parallĂšle est le fruit de la spĂ©culation, qui tourne autour de la fluctuation du cours du pĂ©trole. Le vendeur assure aussi que lâeuro va poursuivre sa tendance Ă la hausse, avant de se taire subitement. Un individu Ă lâallure peu amĂšne lui fait signe de sâapprocher. Il susurre quelques mots Ă son oreille sans nous quitter des yeux. Il Ă©tait clair que notre prĂ©sence devenait gĂȘnante. Plus aucun autre «golden boy» nâa voulu rĂ©pondre Ă nos interrogations. Nous quittons le Square Port- SaĂŻd pour une banque mitoyenne. Le tableau Ă©lectronique des cours indiquait des taux de change incroyablement abordables. Renseignement pris, il sâest avĂ©rĂ© que le tableau en question Ă©tait en proie Ă un bug. Le taux de change officiel dans cette banque publique Ă©tait de 107 dinars pour 1 euro. Câest le caissier qui nous donne ces informations en consultant son registre de cotation. Lâeuro se porte bien. N. M.
Les prix des voitures augmenteront de 5%... Selon M. Mohamed BaĂŻri, prĂ©sident de lâassociation des concessionnaires automobiles dâAlgĂ©rie, une hausse des prix des voitures va prochainement toucher la majoritĂ© des concessionnaires. Lâaugmentation en question ne devrait pas dĂ©passer les 5 % des tarifs actuels. Lâorateur a aussi affirmĂ© que des concessionnaires qui travaillent dans la zone euro ont dĂ©jĂ commencĂ© Ă soumissionner dans la monnaie de lâEspace Shengen alors quâils le faisaient en dollars. Le prĂ©sident de lâAc2A a aussi expliquĂ© la hausse des prix des vĂ©hicules par la flambĂ©e de prix des matiĂšres premiĂšres qui rentrent dans le processus de fabrication des vĂ©hicules; il sâagit entre autres du pĂ©trole et de lâacier
... Les produits de large consommation aussi Le prix de quelques produits jusque-lĂ abordables sont passĂ©s du simple au double. Câest notamment le cas de la banane dont le tarif du kilogramme est Ă 160 dinars alors quâil y a quelque temps ce fruit sâĂ©changeait entre 65 et 85 dinars. Idem pour la pomme et autres produits comestibles issus de lâimportation. En somme, tout ce qui sâachĂšte en euros subit de plein fouet la hausse du prix du pĂ©trole. N. M.
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2008/04/23/article.php?sid=67331&cid=2 |
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PĂTROLE :
DĂ©jĂ Ă 118 dollars !
Oyez, oyez, oyez. Une emphase utile pour annoncer que les prix du pĂ©trole frĂŽlent dĂ©jĂ les 120 dollars le baril, le risque dâune rĂ©cession mondiale se posant. Suite... |
Oyez, oyez, oyez. Une emphase utile pour annoncer que les prix du pĂ©trole frĂŽlent dĂ©jĂ les 120 dollars le baril, le risque dâune rĂ©cession mondiale se posant. Les prix du baril de pĂ©trole ont dĂ©passĂ©, hier pour la premiĂšre fois, les seuils de 118 dollars Ă New York et de 115 dollars Ă Londres. Ainsi, le baril de pĂ©trole s'est hissĂ© en milieu de matinĂ©e jusqu'au niveau jamais atteint de 118,05 dollars Ă New York, et Ă Londres il a Ă©tĂ© vendu Ă 115,03 dollars. Ces nouveaux records effacent les performances de la veille oĂč les prix avaient grimpĂ© jusqu'Ă 117,83 dollars Ă New York et 114,86 dollars Ă Londres, aprĂšs des attaques sur des installations pĂ©troliĂšres au Nigeria entraĂźnant l'arrĂȘt de livraisons de pĂ©trole et de gaz au cours des mois d'avril et mai. Outre la situation au Nigeria, le marchĂ© s'inquiĂšte des risques liĂ©s Ă une grĂšve en cours dans la raffinerie Ă©cossaise de Grangemouth et dâun conflit social dans des terminaux pĂ©troliers français. Vers les 120 dollars le baril Cela Ă©tant, les prix du pĂ©trole galopent vers la barre des 120 dollars le baril sous l'impulsion d'une sĂ©rie de facteurs : rĂ©ticence de l'Opep Ă produire plus, fonte des stocks, sous-investissement dans le secteur, risques gĂ©opolitiques accrus et dollar faible. Il y a Ă peine quatre mois, le dĂ©bat faisait encore rage entre experts pour savoir si l'on verrait un jour le baril de brut atteindre le seuil mythique de 100 dollars. Ce fut chose faite le 2 janvier. La hausse des prix du pĂ©trole s'est ensuite brutalement accĂ©lĂ©rĂ©e, au point de battre les pronostics les plus audacieux. AprĂšs avoir dĂ©passĂ© 110 dollars le 14 avril, le prix du baril frĂŽle dorĂ©navant les 120 dollars. Hier, il s'est hissĂ© jusqu'Ă 118,05 dollars Ă New York, un nouveau record. Le pĂ©trole a donc fait en sept mois Ă peine un chemin qu'il avait mis quatre ans Ă parcourir : passĂ© de 40 Ă 80 dollars entre 2004 et fin 2007, il a depuis lors gagnĂ© presque 40 dollars. LâOPEP tient la bride Ă sa production Les raisons de cet emballement sont multiples. En toile de fond, l'industrialisation rapide des pays Ă©mergents, menĂ©e par le dragon chinois, entraĂźne une forte hausse des besoins mondiaux d'hydrocarbures. Or, l'offre ne suit pas. La combinaison d'une offre faible hors-Opep et d'une politique prudente de production de la part de l'Opep devrait maintenir un rapport trĂšs serrĂ© entre production et consommation, selon les analystes. Craignant qu'un ralentissement Ă©conomique amĂ©ricain n'entame la demande et estimant qu'une hausse de ses quotas aurait peu d'incidence sur les cours, l'Organisation des pays producteurs de pĂ©trole a maintenu la bride Ă sa production depuis le mois de septembre. Le cartel pĂ©trolier s'est contentĂ© d'annoncer hier qu'il allait accroĂźtre de 5 millions de barils par jour sa capacitĂ© de production d'ici 2012. Sâalarmant du sous investissement dans le secteur pĂ©trolier, le marchĂ© doute que les pays producteurs puissent rĂ©pondre, Ă long terme, aux besoins mondiaux. La fonte des stocks mondiaux en cause Un geste sans doute insuffisant : l'AIE estimait en fĂ©vrier Ă 37,5 millions de barils par jour la capacitĂ© de production nĂ©cessaire au niveau mondial pour rĂ©pondre Ă la croissance de la demande et compenser le dĂ©clin des gisements existants d'ici 2015. Autre motif de crainte, les rĂ©serves de pĂ©trole reprĂ©sentent un coussin de sĂ©curitĂ© de plus en plus maigre : selon le cabinet londonien CGES, les stocks mondiaux auraient fondu de 500 000 barils au premier trimestre. Sur ce marchĂ© trĂšs tendu, vulnĂ©rable aux chocs d'offres, les tensions gĂ©opolitiques exacerbent la nervositĂ© des opĂ©rateurs. DĂ©but mars, l'Irak Ă©tait au centre des inquiĂ©tudes aprĂšs l'attaque d'un olĂ©oduc dans la rĂ©gion de Bassorah. La dĂ©prĂ©ciation du dollar, autre facteur Ces derniers jours, les projecteurs Ă©taient braquĂ©s sur le Nigeria : aprĂšs l'attaque de plusieurs olĂ©oducs dans le sud du pays, le gĂ©ant pĂ©trolier Shell a annoncĂ©, hier, une perte de production de 169 000 barils par jour. Facteur plus rĂ©cent mais essentiel, la dĂ©prĂ©ciation continue du dollar, dont la valeur, Ă prĂšs de 1,60 dollar pour un euro, n'a jamais Ă©tĂ© aussi basse, a aussi largement participĂ© Ă la flambĂ©e. Elle incite les fonds d'investissements Ă acheter des matiĂšres premiĂšres vendues en dollars pour se prĂ©munir contre les risques d'inflation. Le risque de la rĂ©cession mondiale se pose De son cĂŽtĂ©, le directeur gĂ©nĂ©ral de lâAgence internationale de lâĂ©nergie (AIE) qui reprĂ©sente les intĂ©rĂȘts des pays consommateurs, n'a pas exclu hier que les prix Ă©levĂ©s du pĂ©trole conduisent Ă une rĂ©cession mondiale. Ce responsable de lâAIE a toutefois admis quâĂ court terme, le marchĂ© du pĂ©trole devenait «plus Ă©quilibré», car les stocks devraient se reconstituer. L'AIE s'attend Ă une baisse de la demande Ă court terme, Ă la fois en raison de facteurs saisonniers et Ă cause du ralentissement Ă©conomique. Elle estime donc que si l'Opep maintient sa production inchangĂ©e, les stocks de brut devraient ĂȘtre en mesure d'augmenter. Mais Ă long terme, l'AIE «veut voir plus de stocks et plus de capacitĂ©s excĂ©dentaires », car «la faiblesse des investissements et le bas niveau des capacitĂ©s excĂ©dentaires de production rendent le marchĂ© trĂšs volatil». Le directeur gĂ©nĂ©ral de l'AIE a estimĂ© en outre que l'Arabie saoudite, premier producteur mondial et seul pays Ă disposer d'une vĂ©ritable capacitĂ© de production excĂ©dentaire, «investit comme prĂ©vu» pour dĂ©velopper ses infrastructures de production. Il a nĂ©anmoins ajoutĂ© que «ce n'est pas Ă eux de tout faire». Pas dâinquiĂ©tudes selon lâArabie saoudite A contrario, le ministre saoudien du PĂ©trole, Ali Al- Nouaimi, a soulignĂ© hier Ă Rome que la flambĂ©e des prix du pĂ©trole est due Ă un «problĂšme d'investissement » et non Ă un «problĂšme de ressource Ă©nergĂ©tique ». Le monde «n'est pas sur le point de manquer de pĂ©trole», selon Ali Al- Nouaimi, sâexprimant devant le Forum international de l'Ă©nergie qui rĂ©unit des pays producteurs et consommateurs de pĂ©trole. Il a estimĂ© qu'il n'Ă©tait pas nĂ©cessaire «de paniquer et de chercher des solutions exotiques, dont l'efficacitĂ© n'a pas Ă©tĂ© prouvĂ©e». «J'ai observĂ© un niveau sans prĂ©cĂ©dent d'incertitude, de doute, et mĂȘme de peur dans les discussions sur l'avenir de l'Ă©nergie et son impact sur les perspectives Ă©conomiques mondiales», a-t-il relevĂ©. C. B /Agences. http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2008/04/23/article.php?sid=67332&cid=2 |
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