Près de 400 personnes employées illégalement par l'ambassade d'Algérie en France

Ambassade Algerie Paris

 

Près de 400 personnes employées illégalement par l'ambassade d'Algérie en France
Publication: 21/02/2014 17h05

Décidément, un énorme fossé semble séparer les pratiques du pouvoir algérien des principes de légalité. Un dossier en notre possession révèle que l'ambassade d'Algérie en France emploie près de 400 enseignants de langues arabe et berbère sur le territoire français au mépris du code du travail, de la législation française et des droits élémentaires de ces "travailleurs" embauchés "au noir". Explications.

Dans le cadre du dispositif ELCO (Enseignement de la langue et de la culture d'origine), signé entre la France et l'Algérie en décembre 1981, l'ambassade d'Algérie recrute des enseignants vacataires en langues dans le but de dispenser des cours, aussi bien au niveau du Centre culturel algérien qu'auprès d'associations culturelles et surtout, en collaboration avec le ministère français de l'Éducation, au sein d'établissements scolaires français. Or, les contrats proposés ne sont pas conformes aux lois françaises en matière d'embauche.

Ces "documents" ne prévoient par exemple ni cotisations sociales ni délivrance de bulletins de salaires. Ainsi, les vacataires peuvent, selon le contrat proposé, travailler jusqu'à 21 heures par semaine (voire plus en cas de "force majeure", selon les termes du "contrat") sans pouvoir prétendre à des cotisations sociales. Ces employés, à l'évidence exploités par l'ambassade de leur pays d'origine, ne peuvent prétendre qu'à une "attestation de salaire", remise à leur demande.

Depuis quelques jours, les enseignants du tamazight, la langue berbère, ont tenté de réclamer leurs droits. Ils furent chassés manu militari du Centre culturel algérien qui ne veut plus les accueillir désormais. Le service de l'enseignement, rattaché à l'ambassade d'Algérie, ne cesse de faire parler de lui depuis plusieurs semaines. Et visiblement, chaque responsable, au niveau de l'ambassade semble vouloir rejeter la responsabilité sur son collègue. Plusieurs enseignants et quelques diplomates qui témoignent anonymement, parlent de pratiques de recrutement plus que douteuses au niveau de l'école algérienne en France, d'autres préfèrent évoquer la "gabegie" et la "gestion catastrophique". Il s'agirait d'un véritable panier de crabes, ou pire, d'une boîte de Pandore. "À l'image du pays et du pouvoir de Bouteflika", s'exclame un responsable.2014-02-21-ambassadealgerie.jpg

Aujourd'hui, certains des enseignants vacataires estiment que la "situation est alarmante" et dénoncent les "intimidations" dont ils font l'objet. En ligne de mire des contestataires, des membres du "clan" proche du ministre algérien de l'Education: Noureddine Toualbi, le coordonateur de l'ELCO et Abdelmadjid Bouhzam, un intime du ministre qui l'aurait personnellement nommé à Paris à la suite de son limogeage de l'université de Blida, en Algérie. La logique des copains et des coquins est ainsi exécutée au pied de la lettre!

Pour l'heure, l'inspection du travail, contactée par téléphone n'a pas su apporter une réponse claire à ce problème. Les enseignants vacataires, quant à eux, songent à saisir les prud'hommes et les tribunaux français pour faire valoir leurs droits.

C'est une affaire sur laquelle nous reviendrons, au regard des éléments dont nous disposons à propos notamment du fonctionnement opaque de l'école algérienne en France et du Centre culturel algérien. Si le nouveau directeur de l'école algérienne jouit, dit-on, d'une bonne réputation, il semblerait que ses pouvoirs seraient très limités à cause des interférences et autres ingérences à la fois de l'ambassade et du cabinet du ministre algérien de l'Enseignement.

http://www.huffingtonpost.fr/mohamed-sifaoui/lambassade-dalgerie-en-france-embauche-au-noir_b_4830862.html



01/03/2014
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