Programme AADL - 2001 : Les demandeurs investissent la rue

Programme AADL - 2001 :

 Les demandeurs investissent la rue

Des responsables de plus de 600 familles, hommes et femmes, ont observĂ©, hier, un sit-in devant le siĂšge de la direction gĂ©nĂ©rale de l'AADL, sis au quartier SaĂŻd  Hamdine, sur les hauteurs d'Alger. La colĂšre s'est mĂȘlĂ©e Ă  la tristesse qui se lisait sur les visages des personnes approchĂ©es.

Chacun crie sa colÚre et scande des propos hostiles à l'égard des responsables de cette Agence qui selon eux, a détourné leur sort, ou plutÎt le sort du projet de logements qu'elle leur avait promis depuis 2001.

«10 ans dĂ©jĂ  passĂ©s», a regrettĂ© un citoyen qui affirme que certains citoyens sont morts avant que leur rĂȘve ne devienne rĂ©alitĂ©. Pourtant, le rĂȘve de ces malheureux citoyens est rĂ©alisable. De surcroĂźt, ils ont contribuĂ© Ă  la rĂ©alisation de ce fameux projet en payant les deux tranches comme l'avait exigĂ© l'AADL.

«Ceux qui ont procĂ©dĂ© Ă  cette formule de la location-vente en 2002, 2003 et en 2004 ont dĂ©jĂ  leur logements. Nous par contre, nous attendons toujours. Nos dossiers sont renvoyĂ©s d'une annĂ©e Ă  une autre. Ça fait dĂ©jĂ  10 ans », a dĂ©plorĂ© une manifestante poursuivant « les logements sont distribuĂ©s Ă  ceux qui ne sont pas rĂ©ellement dans le besoin.»

Le piston, le passe-droit et le dĂ©sengagement de l'AADL ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s avec amertume par ces citoyens qui ne savaient pas Ă  quel saint se vouer. « Ils ne veulent pas nous recevoir. On est lĂ , chaque jeudi et lundi. Quelques fois, on nous dit que l'assiette fonciĂšre existe. J'ai envoyĂ© mĂȘme une lettre Ă  Nordine Moussa, ministre de l'Habitat.

Mais jusqu'Ă  prĂ©sent, il ne m'a pas rĂ©pondu. Nous demandons aux prĂ©sidents de la RĂ©publique de prendre en charge nos prĂ©occupations. L'AADL, c'est de la mafia », a tonnĂ© une femme Ă  la voix entrecoupĂ©e. «On nous a dit qu'il y a 1 846 logements Ă  Rouiba. Aujourd'hui, on m'a dit qu'il n'y a rien» a-t-elle ajoutĂ©. Ces citoyens qui ont perdu la patience, semblent ne pas comprendre oĂč se situe le problĂšme.

Ils n'arrivent pas à expliquer non plus l'attitude de l'AADL. Pourtant, ils ont respecté toutes les formalités. L'un d'eux nous a fait part de son parcours du combattant pour avoir l'accÚs à la direction générale de l'AADL sans qu'il soit reçu par les personnes concernées».

«On nous a demandé de voir avec la Cnep. Mais nous, nous avons déposés nos dossiers au niveau de l'AADL. C'est à eux d'en prendre la responsabilité. Ils se disent au service du citoyen. On est là depuis 7 heures et demie. Nous avons déposé nos piÚces d'identité. Ils nous ont enfin reçus.

Un agent de sécurité qui m'a accompagnée a expliqué à son chef que nous sommes ceux qui ont déposé leur dossier en 2001. La réponse est plus décevante que nous l'avions imaginée. Le chef de sécurité lui a ordonné de ne pas nous laisser entrer. Nous avons demandé à ce qu'on voit le directeur adjoint. Mais ce dernier ne veut rien entendre», a-t-il narré.

L'intrigue des incomprĂ©hensions n'est pas encore arrivĂ©e Ă  son Ă©pilogue chez ces personnes qui sont acteurs sans le vouloir. «On nous a dit que vous-vous ĂȘtes dĂ©sistĂ©s. Mais le dĂ©sistement se fait par Ă©crit. Nous n'avons rien signĂ©. Çà ne tient pas debout. Il y a du louche », s'est lamentĂ©e une quinquagĂ©naire qui semblait Ă©reinter de ce rĂ©cit dont l'auteur est l'AADL.

«Ou bien nous aurons nos logements, ou nous scandaliserons ces personnes qui jouent avec nos logements. On nous a promis de nous convoquer au mois de janvier. Il y a 15 jours de çà nous avons eu des confrontations. Ils nous ont donné le rendezvous pour aujourd'hui.

Quand on est arrivé sur place, ils ont enlevé la note indiquant les jours de réception », ont-ils déploré. Le site inauguré et les citoyens sans logements «Le 07/01/2010, Monsieur le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme accompagné du directeur général de l'AADL, ont procédé à l'inauguration des livraisons au niveau du site de Mahelma qui compte 1 267 logements» lit-on sur le site de l'AADL.

Néanmoins, un citoyen affirme que jusque-là, il n'a vu que des promesses. «Notre dossier est chez le notaire. Le site a été inauguré par le ministre de l'Habitat. Mais, ils veulent nous arnaquer. Je ne comprends pas ces manoeuvres », a-t-il dénoncé.

«En Algérie il n'y a pas de crise de logements mais la crise de distribution des logements », a commenté un autre protestataire. Nombreux sont ceux qui sont intervenus pour relater quelques fragments de cette histoire absurde.

La commission de suivi absente «En principe, aprÚs la distribution des logements, il y aura une commission qui s'occupe du suivi. Mais sur le terrain rien n'a été fait. Il y a ceux qui ont sous-loué leur logement.

Ce qui veut dire qu'ils ne sont pas réellement dans le besoin », a témoigné un contestataire précisant qu'au niveau de l'AADL des Bananiers à Bab Ezzouar, sur les 64 locataires, 17 appartements sont fermés et 7 autres ont été sous-loués.

«OĂč est la commission de suivi devant cette anarchie et ces excĂšs ? », s'est-il interrogĂ©. PlongĂ©e dans un dĂ©sespoir total, une jeune dame qui avait du mal Ă  supporter les conditions que la lenteur des projets et la bureaucratie lui a imposĂ©e, a fait appel au prĂ©sident de la RĂ©publique. « Le loyer nous a ruinĂ©.

On paye chaque annĂ©e 20 Ă  25 millions. On est toujours mal-Ă -l'aise. Je lance un appel Ă  monsieur le prĂ©sident, il faut qu'il sache qu'on est les seules victimes. On Ă©tait les premiers Ă  dĂ©poser les dossiers au niveau de l'AADL. À ce jour, on n'a rien reçu », a-t- elle lancĂ© comme cri de dĂ©tresse.

Djedjiga Rahmani
http://www.biladi.fr/58706-programme-aadl-2001-les-demandeurs-invistissent-la-rue



08/02/2010
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