Quand le silence renforce le tabou

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Dilem du Dimanche 28 Novembre 2010 | Vu 10989 fois

 

Actualité
Par : Malika ben
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Edition du Dimanche 28 Novembre 2010

Actualité

Quand le silence renforce le tabou
violences sexuelles contre les enfants en Algérie

Par : Malika ben


La rencontre organisée par le réseau Nada pour la défense des droits de l’enfant, jeudi dernier, nous a permis de confirmer que la violence sexuelle contre les enfants, notamment lorsqu’il s’agit d’inceste, est un sujet que la société aura du mal à débattre.

En effet, comme ce fut le cas pour les mères célibataires, la violence sexuelle contre les enfants est un dossier qui ne sera pas propulsé au-devant de l’actualité de sitôt. Il devrait passer par des années de clandestinité avant de se frayer une place “publique”. 
Car si pour la mère célibataire, la fille finit généralement par quitter le domicile familial, laissant derrière elle une famille qui tente de gérer tant bien que mal la “honte” que proches et voisins finissent par oublier, puisque le fait de tourner le dos à l’une des leurs qui a osé commettre l’irréparable lave l’honneur de la famille, pour l’abus sexuel de l’enfant, la situation est tout autre. L’équation  se complique encore davantage quand il s’agit d’inceste. Lorsque c’est le frère qui en est l’auteur, la solidarité familiale voudrait que quand la victime n’est autre que la propre sœur de l’auteur, de ne pas ébruiter l’affaire pour ne pas entacher la réputation de l’homme de la famille et briser son avenir. 
Pour la fille-victime, elle aura toute la vie pour panser cette blessure, pense-t-on. Et c’est ce qui contraint les familles à enterrer à jamais le secret. Aujourd’hui, même si des voix s’élèvent pour évoquer l’abus et l’exploitation sexuels des enfants, ceci ne se fait que dans un cadre très restreint. Si ce n’était la presse qui rapportait les rares activités de certaines associations qui osent évoquer  le sujet, d’un côté,  et les statistiques des services de sécurité, de l’autre, le phénomène qui prend de l’ampleur continuera à être complètement  ignoré. Car changer les mentalités est loin d’être chose aisée.
On s’imagine mal un simple citoyen ou une famille habitant une région conservatrice évoquer ouvertement ce sujet quand le premier responsable du réseau qui vient d’être mis en place pour plaider la cause de ces enfants reconnaît lui même que “la famille de l’enfant victime de violence sexuelle se voit contrainte de plier bagage et quitter le quartier” pour éviter les commentaires des voisins. 
Noureddine Benbraham ira jusqu’à reprocher à la presse qui rapporte ce genre de “fait divers” le fait de donner les initiales de la victime et des détails qui la rende identifiable pour des proches. “L’enfant est désigné du doigt. Ce n’est pas facile pour toute sa famille.” Et il faudrait des années de soutien psychologique pour arriver à réparer ce qu’un monstre a brisé en quelques minutes. Mais en trouvant normal qu’une famille victime et non coupable soit contrainte de fuir, nous ne faisons qu’enraciner davantage le tabou et non le briser. 
La logique ne voudrait-elle pas que quand on veut lutter contre un phénomène, on commence d’abord par le dévoiler ? Dire qu’il faille cacher l’identité de la victime ne rime-t-il pas avec tabou ? “Non !” se contente de nous répondre Benbraham qui  pense que, de leur côté, les mamans doivent se rencontrer pour discuter de la protection de leurs enfants. Comment le feront-elles puisque le sujet est toujours classé “tabou” ?  Il faut savoir que le dossier de la violence sexuelle faite aux enfants a été dépoussiéré par des ONG internationales suite au constat accablant fait par l’OMS : 150 millions de filles et 73 millions de garçons,  âgés de moins de 18 ans, ont subi des violences sexuelles dans le monde en 2002. 
Quelques années plus tard, un “projet de renforcement des capacités d’intervention et de mise en réseau des acteurs locaux de la société civile pour la promotion des droits de l’enfant et la lutte contre son exploitation sexuelle dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée” verra le jour.  Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et le Liban étaient les principales cibles. Des études ont été lancées pour savoir ce qui se fait dans ce domaine au niveau des 4 pays. 
En Algérie, l’enquête a eu lieu entre le 24 et le 23 mai 2010 et a touché les wilayas d’Alger, Blida, Constantine et Boumerdès. Les consultants de l’Association toulousaine pour le développement et l’accompagnement de projet (ATDAP) ont commencé par un recueil des textes juridiques, des programmes et autres procédures nationales. 
Ceci, outre les tête-à-tête avec différents responsables d’organismes  et associations, des responsables de l’éducation nationale, des médecins, des éducateurs, des avocats… C’était au total 80 acteurs et  28 structures situées dans les 4 wilayas-pilotes. Selon les résultats de l’enquête, “la thématique de la violence sexuelle sur enfant reste un sujet très sensible, mais elle n’est pas pour autant un véritable tabou pour la plupart des acteurs rencontrés”. Évidemment, plusieurs insuffisances ont été recensées par les consultants. Nous citerons en premier lieu le cadre législatif. 
Les enquêteurs ont noté que ce cadre est “très ferme en matière de lutte contre les violences sexuelles sur mineurs mais celui-ci reste imprécis quant à la qualification exacte des actes et leur typologie”. Et de poursuivre que ces violences sont définies de manière très vague dans le code pénal. Pour ce qui est du signalement de l’acte de violence, aucun mécanisme n’existe à ce jour. Seuls les professionnels de santé sont tenus de signaler par “obligation morale” tout sévice repéré. 
La prise en charge de l’enfant-victime n’est pas réellement assurée en raison de l’inexistence d’un organisme spécialisé. Les enquêteurs ont, par ailleurs, mis l’accent sur la prévention des abus sexuels. Un volet délaissé en raison, notamment, du manque de coordination entre les organismes étatiques et les différentes associations. 
La même étude note que l’approche de la protection des enfants en Algérie demeure encore généraliste.   

 


Edition du Dimanche 28 Novembre 2010

Actualité

Ces “petits voyous” qui sèment la terreur
Ils sont impliqués dans de graves délits et le crime organisé

Par : Farid Belgacem 


Le phénomène devient inquiétant d’autant que la prise en charge de cette frange sociale n’est pas du tout évidente au vu de leurs besoins immédiats en matière d’intégration dans le monde socioprofessionnel. Mais le fait est là : plus de 300 jeunes mineurs sont impliqués dans les crimes et délits à travers les 48 wilayas du pays. 
Dans les grandes agglomérations, cet état de fait semble s’être banalisé alors qu’il s’agit d’un facteur aggravant. Consommation et commercialisation de drogue et psychotropes, vols, agressions et atteinte aux ascendants, menaces, coups et blessures volontaires, associations de malfaiteurs et autres infractions, les mineurs, dans leur grande majorité, ignorent les termes du délit ou du crime que la société leur reproche. Et pour cause, ces jeunes, qu’on appelle souvent “petits voyous”, sont enrôlés par des adultes dans le chemin de la tentation et du gain facile. Selon la Gendarmerie nationale, qui cite un bilan établi au mois d’octobre dernier sur la criminalité de droit commun, ces mineurs viennent “étoffer” un tableau peu reluisant de la population délinquante, sachant que des jeunes de moins de 18 ans, aussi, sont incriminés dans des affaires de crime organisé. 
D’ailleurs, et immédiatement, dans la tranche d’âge de 18 à 30 ans, on a recensé pas moins de 3 846 personnes durant la même période. Ce qui renseigne de la proximité d’âge des jeunes impliqués, notamment à cause de leur situation familiale ou professionnelle, mais aussi de leur statut social. Et si les femmes sont beaucoup plus recensées dans la catégorie de victimes, il n’en demeure pas moins que 192 personnes de sexe féminin sont aussi impliquées dans des affaires aussi gravissimes les unes que les autres. 
Des crimes contre les biens et les personnes, en passant par les délits contre la famille et les bonnes mœurs, jusqu’aux affaires liées au crime organisé, les femmes constitue également un axe majeur dans cette population délinquante. Par ailleurs, le même tableau relève que 7 079 personnes ont été arrêtées, dont 2 141 placées sous mandat de dépôt, sur les 6 215 affaires traitées au mois d’octobre. Outre les vols, les viols et les agressions (plus de 1 630 cas), l’escroquerie et les abus de confiance (35 cas), font des ravages dans notre société. Au chapitre du crime organisé (1 220 cas), on notera la saisie de 1,6 tonne de cannabis, de 8 grammes d’héroïne, de 4 grammes de cocaïne, de 474 grains de cannabis et de 4 173 psychotropes. Mais il y aussi le trafic de véhicules. Et ce sont 63 voitures et camions qui ont été récupérés en un mois impliquant ainsi 109 personnes affiliés à des réseaux tant nationaux qu’internationaux. Au plan de la lutte contre la corruption, la fraude fiscale et le trafic d’influence, 3 personnes ont été appréhendées dans 5 enquêtes menées par les groupements de wilaya et les sections de recherches (SRGN). Signalons, enfin, que plus de 120 opérations coup-de-poing ont été menées durant la même période dans les 48 wilayas, et qui ont abouti au démantèlement de plusieurs dizaines de gangs.


www.liberte-algerie.com



28/11/2010
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