Référendum au Sud-Soudan: la majorité pour la sécession déja atteinte
Paris craint "un risque imminent" d'enlèvement au Nord Mali
La France craint "un risque imminent" d'enlèvement de ses ressortissants dans le Nord du Mali, a déclaré mercredi la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie une dizaine de jours après l'enlèvement dramatique par Al-Qaïda de deux jeunes Français au Niger. "Nous voyons, grâce à la collaboration de tous les services, un certain nombre de menaces, notamment dans le Nord Mali", a déclaré la ministre, en présentant ses voeux de nouvelle année à la presse. Mercredi 19 janvier 2011, 18h54 Le début de l'année est marqué par une saison de festivals culturels dans le Nord du Mali. La ministre a fait ces déclarations alors que deux Français de 25 ans, Vincent Delory et Antoine De Léocour, ont été tués le 8 janvier au Mali, près de la frontière avec le Niger, après avoir été enlevés la veille dans un restaurant de Niamey. Leur enlèvement a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui multiplie depuis plus d'un an les rapts de Français au Sahel ouvertement pris pour cible par cette organisation. Aqmi a affirmé que ses membres avaient exécuté un des deux otages et que l'autre avait été tué au Mali par les frappes aériennes françaises menées contre les ravisseurs. Les autorités françaises ont affirmé que les deux jeunes hommes avaient été "exécutés" par leurs ravisseurs. Selon le procureur de Paris, l'autopsie a révélé des impacts de balles sur les deux corps. Antoine de Léocour a été tué d'une balle dans la tête, tirée avec une arme automatique "à bout touchant". "Les causes de la mort sont plus difficiles à établir pour Vincent Delory", dont tout le bas du corps a été carbonisé et qui présente "cinq plaies par armes à feu". Le lendemain de leur mort, le président français Nicolas Sarkozy a rejeté "le diktat des terroristes" tandis que les autorités ont mis en garde les ressortissants français au Sahel. Dans un communiqué rapporté le 15 janvier par le service américain de surveillance des sites islamistes SITE, Aqmi a dit avoir agi pour "répondre à la police oppressive de la France envers les musulmans (...) (dont) son ingérence dans les affaires du Sahel et du Maghreb". Après l'enlèvement en avril 2010 au Niger d'un autre Français, Michel Germaneau, ensuite transféré au Mali, les forces françaises et mauritaniennes avaient mené un raid au cours duquel sept membres d'Aqmi avaient été tués. Aqmi avait ensuite annoncé l'exécution de l'otage et appelé à la vengeance contre la France qualifiant Nicolas Sarkozy d'"ennemi de dieu". En septembre, Aqmi avait aussi revendiqué l'enlèvement au Niger de cinq Français, ainsi qu'un Togolais et un Malgache, pour la plupart employés des groupes français Areva et Vinci. Ils sont depuis retenus dans le nord-est du Mali. En octobre, le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, avait prévenu que la France ne connaîtrait la sécurité que si elle se retirait d'Afghanistan et cessait "ses injustices" à l'égard des musulmans, dans un message audio justifiant l'enlèvement de Français au Sahel. |
Décompte des bulletins de vote, le 15 janvier 2011 à Juba, au Sud-Soudan (Photo YASUYOSHI CHIBA/AFP/Archives) |
La majorité simple des voix requises pour la sécession du Sud-Soudan a d'ores et déjà été atteinte, avec par endroits des scores de 99% en faveur du "oui" à l'issue du référendum sur son indépendance, selon des résultats préliminaires compilés mercredi par l'AFP.
Quelque 3.932.588 d'électeurs étaient inscrits sur les listes en vue de ce référendum historique dont l'enjeu est la partition du plus vaste pays d'Afrique.
Mercredi 19 janvier 2011, 16h50
Compte tenu du fort taux de participation, environ 1,9 million de voix étaient nécessaires afin de garantir la victoire de l'option sécessionniste ou de celle du maintien de cette région de près de neuf millions d'habitants au sein du Soudan.
Ce scrutin est le point-clé de l'accord de paix global ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, afro-chrétien, un conflit ayant fait plus de deux millions de morts, nordistes et sudistes confondus.
Les antennes locales de la commission référendaire du Sud-Soudan ont commencé mercredi à publier leurs résultats préliminaires.
Selon des données préliminaires, encore partielles, compilées par l'AFP, l'option en faveur de l'indépendance du Sud-Soudan avait déjà réuni 2.198.422 de voix en milieu de journée mercredi, dépassant le seuil des 1,9 million de voix.
Un prêtre montre deux bulletins de vote, l'un pour le maintien de l'unité du Soudan, l'autre pour la sécession du Sud, durant la messe, le 16 janvier 2011 à Juba (Photo Yasuyoshi Chiba/AFP) |
Ces données ne comprennent pas les résultats de l'Etat sudiste de Jonglei, fief du défunt leader historique de la rébellion sudiste John Garang, et le plus peuplé du Sud-Soudan.
Elles créditent l'indépendance d'environ 99% des voix, avec des pointes de 99,9% dans l'Etat de Lakes, bastion de la rébellion sudiste pendant la guerre civile Nord-Sud, à l'origine de deux millions de morts entre 1983 et 2005.
"C'est un moment historique!", s'est exclamé mercredi Timon Wani, président du bureau de la commission référendaire de la capitale sudiste, sous les applaudissements nourris de la population, en annonçant un score à Juba de 97,5% en faveur de la sécession du Sud-Soudan.
"C'est un grand résultat, il n'est pas vraiment possible d'obtenir une plus forte avance. Je suis certain que le reste des Etats du Sud-Soudan vont suivre cette tendance", a dit à l'AFP Mohamed Lowala, un militant indépendantiste.
Les sondages indiquaient une victoire de l'option sécessionniste au référendum du Sud-Soudan, mais il est encore trop tôt pour crier victoire, avait affirmé mardi le ministre sudiste de l'Information Barnaba Marial Benjamin.
Plusieurs responsables sudistes avaient déjà indiqué qu'ils souhaitaient avoir les résultats définitifs du scrutin, prévus début février, avant de célébrer la victoire.
Des analystes pronostiquaient le retard du référendum ou un scrutin, tronqué, mais les autorités ont réussi à organiser cette consultation à la date prévue, du 9 au 15 janvier, et ont en outre obtenu le sceau des observateurs internationaux.
Le référendum est "crédible" et respecte "les normes internationales" en matière de démocratie, ont jugé cette semaine les observateurs de l'Union européenne et de la fondation américaine Carter.
Le président soudanais Omar el-Béchir s'était engagé à reconnaître la sécession du Sud-Soudan à l'issue de ce scrutin qui devrait mener le 9 juillet prochain, date de la fin de l'accord de paix Nord-Sud, à la création d'un nouveau pays, le 193e au monde.