Saddam Hussein a été pendu et maintenant ?...

 

 

dimanche 31 décembre 2006, 10h24

Saddam Hussein enterré dans son village natal au lendemain de sa pendaison
Par Thibault MALTERRE

TIKRIT (AFP) - La dépouille de Saddam Hussein a été remise par les autorités irakiennes aux chefs de sa tribu plutôt qu'à sa famille, et enterrée dimanche dans son village natal d'Aouja, près de Tikrit, au lendemain de sa pendaison très médiatisée.

Au même moment, la vidéo complète de l'exécution de Saddam Hussein, pendu samedi à Bagdad, était déjà disponible sur internet, révélant que des témoins de la pendaison scandaient le nom de son pire ennemi chiite quelques instants avant sa mort.

"Saddam Hussein a été enterré dimanche à 04H00 (01H00 GMT) dans un bâtiment construit au cours de son règne, dans le centre d'Aouja" (180 km au nord de Bagdad), a déclaré à l'AFP Moussa Faraj, un membre de la famille de l'ancien président irakien qui a assisté aux funérailles.

"Plusieurs centaines de membres de la tribu de Saddam, les Albou Nasser, étaient présents, dont le cheikh Ali al-Nida. Le gouverneur de Salaheddine, Hamed al-Chakti, était également sur les lieux", a-t-il ajouté.

"Les forces de sécurité irakiennes ont fermé les entrées menant à Tikrit, dès samedi, avant l'exécution de Saddam Hussein", a précisé Moussa Faraj.

L'ancien raïs n'a pas été enterré dans un cimetière, mais dans un édifice appartenant à sa famille, habituellement réservé à l'exposition publique des corps et aux cérémonies funéraires, selon M. Faraj.

Un proche du Premier ministre Nouri al-Maliki, qui a requis l'anonymat, a confirmé que Saddam avait été enterré dans une propriété familiale à Aouja, et a expliqué que son corps avait été transporté de Bagdad à Tikrit dans un hélicoptère de l'armée américaine.

L'ancien raïs irakien est né à Aouja, à quatre km au sud de Tikrit, dans la province de Salaheddine, à 180 km au nord de Bagdad, bastion de la tribu des Albou Nasser. C'est aussi là que sont enterrés ses fils, Oudaï et Qoussaï, tués le 22 juillet 2003 par l'armée américaine à Mossoul (nord). Tous deux reposent dans le cimetière familial d'Aouja.

Une source proche de Nouri al-Maliki avait expliqué samedi que le corps de Saddam Hussein ne quitterait pas le pays. La famille proche de Saddam vit à l'étranger, en Jordanie pour deux de ses filles, Raghad et Rana, et à Doha, au Qatar, pour sa veuve Sajida et sa troisième fille Hala.

Samedi, la télévision irakienne a montré des images de Saddam Hussein, les mains attachées dans le dos, refusant une cagoule, poussé vers une potence par deux bourreaux masqués qui lui passent une corde autour du cou.

La séquence s'arrêtait avant la pendaison, mais une vidéo de qualité médiocre, vraisemblablement tournée avec un téléphone portable par un des témoins qui assistaient à l'exécution, était disponible dimanche sur internet.

Saddam Hussein ne montre quasiment aucune émotion, et semble incroyablement calme. Quelques personnes crient: "Moqtada, Moqtada, Moqtada!", en référence au chef chiite radical Moqtada Sadr dont le père, Mohammed Baqer Sadr avait été assassiné en 1999 par le régime de Saddam Hussein.

Le condamné récite une première fois la chahada, la profession de foi musulmane ("Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète"), puis il entame une seconde prière. Dans un vacarme de métal, la trappe s'ouvre alors qu'il prononce le nom du prophète.

Pendu au bout de la corde, le cou brisé, Saddam Hussein est mort mais il a gardé les yeux ouverts.

L'ancien président irakien avait été condamné à mort le 5 novembre par le Haut tribunal pénal irakien pour avoir ordonné l'exécution de 148 villageois chiite en représailles après un attentat contre le convoi présidentiel.

Le calme règnait dimanche matin dans la capitale irakienne, alors que le pays célèbre pour quatre jours l'Aïd al-Adha, la fête du sacrifice. Mais les violences ont été particulièrement meurtrières samedi, avec 77 tués par une nouvelle série d'attentats.

Pour l'armée américaine, l'année 2006 se finit par un bilan sanglant, avec la mort de 107 soldats en décembre, le mois le plus meurtrier depuis novembre 2004.

http://fr.news.yahoo.com/31122006/202/saddam-hussein-enterre-dans-son-village-natal-au-lendemain-de.htm

´ÉDITORIAL DU 02/01/2007
Le retour de manivelle
02 janvier 2007 - Page : 3

Choisir le jour du sacrifice des musulmans pour envoyer à la potence un de leurs dirigeants est une décision d’un poids et d’une signification phénoménaux. La présence de la télévision et surtout celle de la caméra amateur venue en renfort, confirment les objectifs des auteurs de cette macabre mise en scène. C’est en effet, un monde musulman stupéfait qui a reçu au réveil les images de la pendaison d’un de ses chefs d’Etat. Des images qui sonnent comme un avertissement pour tous les autres dirigeants arabes qui seraient tentés de s’interposer au cours mondial des événements tracés par les grandes puissances. Des images qui ont pour but également de «booster» le désordre actuel en Irak. De finir par convaincre les musulmans à s’entre déchirer. De faire croire que la pendaison est une décision du gouvernement irakien. Que ce sont les chiites qui se vengent. D’ailleurs, le film amateur de la pendaison a été ajouté après les images de la télé officielle à cette fin et pour sa partie «son». Pourtant, les concepteurs de cette agression contre le monde musulman ont fait les frais «d’un retour de manivelle» vraiment inattendu par eux. Ils ne s’attendaient pas à l’attitude courageuse et digne du raïs face à la mort. Une attitude qui a renforcé la fierté des musulmans.
Mais au-delà de cette guerre psychologique, beaucoup d’observateurs ont relevé la dénonciation par le Vatican de cette pendaison qui pose le problème de savoir à quelle autre force s’est donc pliée l’administration américaine pour décider de précipiter l’exécution de Saddam. D’une manière générale, la question se pose à tous les pays occidentaux avec l’abolition de la peine de mort qu’ils prônent et qui ont à peine murmuré leur opposition à l’exécution.
On a la nette impression qu’un regain de moyens est mis en branle pour accélérer la guerre civile en Irak qui, malgré les attentats au quotidien, ne s’est pas encore installée. Une guerre fratricide comme celle qui a fini par opposer les Palestiniens entre eux. Comme celle qui est programmée au Liban. L’effritement des forces, le morcellement des pays arabes, la division des peuples de la région, sont autant d’objectifs programmés face auxquels les musulmans en général, et les Arabes en particulier, devraient faire preuve d’intelligence et déjouer.
Il suffit de s’intéresser à cet autre dictateur, Fidel Castro, qui, de son lit de mort, parvient à tenir les Américains à distance. Des Américains incapables de régler un problème à leur porte, sont-ils réellement maîtres du jeu en cours actuellement sur la planète?



 

Zouhir MEBARKI

samedi 30 décembre 2006, 20h06

Saddam Hussein a été pendu à l'aube à Bagdad

Par Thibauld MALTERRE

BAGDAD (AFP) - Saddam Hussein, condamné pour l'exécution de 148 villageois mais accusé d'avoir provoqué des dizaines de milliers de morts, a été pendu samedi à l'aube, "résolu et courageux" selon un témoin.

Saluée immédiatement par Washington, son exécution est loin d'avoir fait l'unanimité à l'étranger, notamment chez les opposants à la peine de mort.

"Saddam est monté calmement à la potence, il était résolu et courageux", a raconté à la télévision nationale Iraqia le conseiller à la sécurité nationale, Moaffaq al-Roubaï.

C'est en effet l'image qu'a donnée l'ancien président, dans une séquence d'une vingtaine de secondes diffusée par les télévisions du monde entier.

Ces images montrent Saddam Hussein, les mains attachées dans le dos, refusant une cagoule, poussé vers une potence par deux bourreaux masqués qui lui passent une corde autour du cou. Les images s'arrêtent et ne montrent pas la pendaison elle-même, qui a eu lieu juste avant 06H00 (03H00 GMT).

Ses dernières paroles, selon le juge Mounir Haddad, ont été: "J'espère que vous resterez unis et je vous mets en garde: ne faites pas confiance à la coalition iranienne (en référence à la coalition chiite au pouvoir en Irak), ces gens sont dangereux".

Une télévision privée a ensuite diffusé de furtives images de son corps au cou brisé, dans un linceul blanc ensanglanté. Cette dépouille ne quittera pas le pays, a assuré à l'AFP un haut responsable irakien, contrairement aux voeux de la famille.

Les deux co-accusés de Saddam Hussein, Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement, et Awad al-Bandar, ancien président du tribunal révolutionnaire, dont la pendaison a été annoncée par erreur par la télévision irakienne, ne devraient être exécutés que dans quelques jours.

La nouvelle de la pendaison a été accueillie par des tirs de joie à Najaf, ville sainte chiite au sud de Bagdad, mais dans une relative indifférence à Bagdad, où l'annonce de la mort de l'ex-dictateur n'a été saluée que par quelques tirs dans les quartiers majoritairement chiites.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki, se félicitant de l'"exécution du criminel Saddam", a lancé un appel à la réconciliation, à l'intention des partisans de l'ancien régime dont "les mains ne sont pas tâchées de sang".

L'exécution "ne mettra pas fin à la violence en Irak, mais c'est une étape importante sur la route de l'Irak vers une démocratie qui peut se gouverner (...) et être un allié dans la guerre contre le terrorisme", a déclaré le président américain George W. Bush dans un communiqué.

Les violences ont en effet été particulièrement meurtrières samedi. Une série d'attentats a fait 77 morts à Bagdad et à Koufa, localité chiite au sud de la capitale. Les autorités n'ont pas été en mesure immédiatement de déterminer s'il s'agissait de représailles sunnites après l'exécution.

L'armée américaine a annoncé de son côté la mort de six soldats, portant à 107 le nombre de militaires américains morts en Irak au mois de décembre, le plus meurtrier pour l'armée américaine depuis novembre 2004.

L'ancien président "a payé", a estimé le gouvernement britannique, tout en réaffirmant son opposition à la peine de mort, alors que le ministère français des Affaires étrangères a "pris acte" de l'exécution et appelé les Irakiens à "travailler à la réconciliation et à l'unité nationale".

La présidence finlandaise de l'Union européenne, qui a dit avoir toujours été contre la peine de mort, a estimé que l'exécution "pourrait aussi s'avérer porteuse de divisions pour l'avenir de l'Irak".

La pendaison de Saddam Hussein, intervenue le premier jour de la fête musulmane d'al-Adha, a causé "surprise et consternation", selon l'agence SPA, qui reflète le point de vue officiel du royaume saoudien.

La Jordanie, voisine de l'Irak, a exprimé l'espoir qu'elle n'aura pas d'incidences négatives sur le pays.

Les organisations de défense des droits de l'Homme ont regretté l'exécution. "Saddam Hussein était responsable de terribles et nombreuses violations des droits de l'homme, mais ces actes, aussi brutaux soient-ils, ne peuvent justifier son exécution, une punition cruelle et inhumaine", a dit Human Rights Watch.

Pour Amnesty International, ça a été "une occasion manquée" pour obliger l'ancien dictateur à rendre compte de tous ses crimes.

L'exécution a également été perçue comme une "nouvelle tragique" au Vatican, opposé à la peine de mort, tout comme au Conseil de l'Europe qui estime que l'Irak a manqué une occasion "de rejoindre le monde civilisé".

Le ministère russe des Affaires étrangères a regretté que les appels internationaux à la clémence n'aient pas été écoutés, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a affirmé "respecter" le jugement, tout en rappelant que Berlin était opposé à la peine capitale.

A Gaza, la mort de Saddam Hussein a été qualifiée d'"assassinat politique" par le mouvement islamiste Hamas.

Enfin, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour protester contre cette exécution, en Inde, au Pakistan et au Bangladesh.

Saddam Hussein, 69 ans, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1979 jusqu'à la chute du régime en avril 2003, a été condamné à mort le 5 novembre pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl. Son appel a été rejeté le 26 décembre.

Sa mort met fin à toutes les poursuites qui avaient été engagées contre lui, en particulier le procès Anfal, où il était jugé pour génocide contre la population kurde.

Les ultimes secondes de la vie de Saddam Hussein à la télévision


L'ancien président irakien Saddam Hussein, pendu samedi matin, est monté à la potence
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20Minutes.fr | 30.12.06 |

   

  

«Saddam est monté calmement à la potence, il était résolu et courageux», a raconté le Conseiller à la sécurité nationale, Moaffaq al-Roubaï. Saddam Hussein «n'a pas essayé de résister, n'a rien demandé. Il tenait un coran dans sa main qu'il a souhaité envoyer à une personne». Il avait «les deux mains attachées quand il a été pendu», a poursuivi l’officiel irakien, avant l'aube qui marque le début des célébrations de l'Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice.

Selon CNN, qui cite également Roubaï, Saddam «était un homme brisé. Il y avait de la peur dans ses yeux.»

La pendaison de l’ancien Raïs, condamné à mort le 5 novembre pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl en 1982 a été filmée, depuis la remise de Saddam aux Irakiens jusqu'à la potence et les images viennent d'être diffusées à la télévision irakienne [Voir quelques images sur 20Minutes Espagne], au mois à trois reprises.

La séquence dure une vingtaine de secondes montre Saddam Hussein, vêtu d'une chemise blanche et d'une veste noire. Les mains attachées dans le dos, le visage découvert, il est conduit par deux bourreaux encagoulés sur une potence de métal. Les deux bourreaux lui passent la corde autour du cou. Les images s'arrêtent sur cette dernière séquence et ne montre pas la pendaison elle-même.

Fin des poursuites
«J'espère que vous resterez unis et je vous mets en garde: ne faites pas confiance à la coalition iranienne, ces gens sont dangereux» aurait-il ajouté avant d’être exécuté entre 2h30 et 3h GMT samedi. Agé de 69 ans, Saddam Hussein avait été arrêté en décembre 2003 plusieurs mois à la chute de son régime.

Sa mort met fin à toutes les poursuites qui avaient été engagées contre lui, en particulier le procès Anfal, où il était jugé pour génocide contre la population kurde et accusé d'être responsable de la mort de 180.000 personnes en 1987-1988.

La nouvelle de l'exécution a été accueillie par une multitude de tirs de joie à Najaf, ville sainte chiite du sud de l'Irak, selon un correspondant de l'AFP. A Bagdad, quelques rafales ont résonné brièvement, également dans les quartiers majoritairement chiite [Photo 2 ci-contre], mais la situation semblait ensuite normale dans la ville.



31/12/2006
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