ActualitĂ©s : CRĂATION DE LâOBSERVATOIRE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION Un autre leurre des pouvoirs publics
Les pouvoirs publics lancent de nouvelles instances de lutte contre la corruption, sans appliquer rĂ©ellement la lĂ©gislation en vigueur. Un autre leurre ! ChĂ©rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, vient dâannoncer la crĂ©ation de deux instances, un observatoire national de lutte contre la corruption et une commission de lutte contre le mĂȘme flĂ©au. Se rĂ©fĂ©rant Ă une volontĂ© prĂ©sidentielle, exprimĂ©e dans une directive datant de septembre dernier, Ahmed Ouyahia a indiquĂ© que cet observatoire sera crĂ©Ă© Ă la fin mars et aura pour mission dâĂ©laborer des stratĂ©gies de lutte. Quant Ă la commission, elle sera composĂ©e de conseillers juridiques (magistrats) placĂ©s au niveau de certains ministĂšres et institutions Ă©conomiques. Ces magistrats seront appelĂ©s Ă sâassurer que lâoctroi de marchĂ©s publics se dĂ©roule dans le strict respect de la loi. Outre la crĂ©ation de ces deux organes, le gouvernement entend renforcer lâarsenal juridique de lutte contre ce flĂ©au. Une maniĂšre de confirmer lâengagement des pouvoirs publics Ă combattre ce mal, dâautant que plus de 4 000 affaires de corruption ont Ă©tĂ© traitĂ©es par la justice durant les quatre derniĂšres annĂ©es. Certes, la crĂ©ation de ces deux organes constitue une louable initiative mĂȘme si leur efficacitĂ© reste sujette Ă caution. NĂ©anmoins, celle-ci initiative demeure insuffisante dans la mesure oĂč la lĂ©gislation et la rĂ©glementation en vigueur ne sont mĂȘme pas appliquĂ©es. Un arsenal lĂ©gislatif existe, certes, Ă travers la loi du 20 fĂ©vrier 2006 relative Ă la prĂ©vention et la lutte contre la corruption. Cette loi prĂ©voit la crĂ©ation dâun organe national de prĂ©vention et de lutte contre la corruption mais qui nâest, pourtant, pas encore opĂ©rationnel. Egalement, des dispositions lĂ©gales imposent la dĂ©claration du patrimoine sans ĂȘtre nĂ©anmoins appliquĂ©es intĂ©gralement. Or, le gouvernement crĂ©e de nouvelles instances alors quâune instance dotĂ©e de larges prĂ©rogatives et de moyens dâaction est censĂ©e avoir Ă©tĂ© mise en place et rendue opĂ©rationnelle. Oubli ou preuve de la propension des pouvoirs publics Ă lâatermoiement ? Un questionnement lĂ©gitime dans la mesure oĂč rien ne sert de multiplier les organes de lutte contre la corruption, au-delĂ de la nature et du rĂŽle de ces instances, sans assurer un minimum de cohĂ©rence. Et dans la mesure oĂč la corruption est devenue endĂ©mique, elle nĂ©cessite davantage dâefficacitĂ©, de mobilisation, et moins de leurres. C. B.
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