Photo : Riad
Par Amar Rafa
Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Mourad Medelci a, lors dâun entretien
exclusif Ă la ChaĂźne III de la radio nationale, rappelĂ© les principes de la diplomatie algĂ©rienne vis-Ă -vis de la situation en Libye, qui reposent notamment sur la non-ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures des autres pays, affirmant que «lâAlgĂ©rie continuera Ă ne pas Ă©mettre dâopinion sur le plan politique en ce qui concerne ce qui se passe dans un pays tiers». M. Medelci a soulignĂ©, Ă cet Ă©gard, que le respect de la souverainetĂ© des autres pays, la non-ingĂ©rence Ă©trangĂšre, plus particuliĂšrement le respect de la dĂ©cision de chaque peuple et de sa souverainetĂ© nationale sont les fondements de la position algĂ©rienne au sujet des questions tunisienne, Ă©gyptienne, yĂ©mĂ©nite, bahreĂŻnie, ivoirienne ou libyenne. «Notre attitude a Ă©tĂ©, dans chaque cas citĂ©, la mĂȘme», a-t-il fait observer, indiquant quâavec chacun de ces pays, «lâAlgĂ©rie entretient de bonnes relations». Revenant sur le discours Ă la nation, dans lequel le chef de lâEtat a insistĂ© particuliĂšrement sur la non-ingĂ©rence,
M. Medelci a indiquĂ© que, «aujourdâhui, nous constatons malheureusement que ce principe de non-ingĂ©rence est battu en brĂšche», faisant Ă©tat de «philosophie nouvelle qui permet Ă la communautĂ© internationale dâintervenir pour protĂ©ger les peuples, mais qui nâest pas encore partagĂ©e par tout le monde». Selon lui, «les conditions dans lesquelles doivent se faire ces interventions doivent ĂȘtres strictement organisĂ©es par les dĂ©cisions du Conseil de sĂ©curitĂ© et strictement respectĂ©es». Aussi «lâAlgĂ©rie considĂšre-t-elle comme trĂšs inamicale toute opinion exprimĂ©e sauf dans un cadre consensuel et dans un dialogue politique, en ce qui concerne sa politique». Le chef de la diplomatie algĂ©rienne a exprimĂ© sa conviction que «la seule et la plus raisonnable solution, sur laquelle il y a un consensus gĂ©nĂ©ral, câest la solution politique». Celle-lĂ mĂȘme qui est «portĂ©e par lâUnion africaine et que lâAlgĂ©rie est en train de dĂ©fendre», a-t-il poursuivi. Sâagissant des accusations du Conseil national de transition (CNT) libyen, M. Medelci a rappelĂ© les dĂ©mentis apportĂ©s par le MAE algĂ©rien en affirmant : «Nous avons, au niveau du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, apportĂ© les dĂ©mentis les plus clairs Ă ces accusations.» Et de poursuivre : «Nous avons eu lâoccasion dâen parler avec plusieurs partenaires et avec tous les interlocuteurs que jâai eus, y compris avec le ministre des Affaires Ă©trangĂšres français, Alain JuppĂ©. Nous avons eu Ă exprimer notre conviction que sâagissant de ces accusations, nous les considĂ©rons comme des manĆuvres dilatoires basĂ©es sur des agendas qui nâont rien Ă voir avec lâaffaire libyenne. Elles sont beaucoup plus anciennes que la crise en Libye, cela est trĂšs clair.» Il mentionnera au passage que lors de son premier contact avec le ministre des AE français, «Alain JuppĂ© lui-mĂȘme a considĂ©rĂ© comme peu crĂ©dibles ce quâil a qualifiĂ© de âârumeursââ, lorsquâil a Ă©voquĂ© ces informations complĂštement farfelues qui prĂ©sentent lâAlgĂ©rie comme partie prenante du conflit entre Libyens», a-t-il ajoutĂ©. Quant aux commentaires de JuppĂ© lors de leur entretien tĂ©lĂ©phonique, Medelci a dĂ©clarĂ© que la discussion nâa pas portĂ© uniquement sur le point indiquĂ©, mais sur les relations bilatĂ©rales. Dâailleurs, a-t-il indiquĂ©, «avec M. JuppĂ©, nous avons convenu quâil nây a pas dâautres solutions que celle politique en Libye, et que cette solution doit ĂȘtre portĂ©e par les Libyens eux-mĂȘmes». Les relations entre lâAlgĂ©rie et la France «ne sont pas tendues», a estimĂ© M. Medelci, ajoutant, toutefois : «Nous avons beaucoup dâintĂ©rĂȘts communs et nous avons pour certaines situations internationales ou rĂ©gionales des approches diffĂ©rentes.» Il a ajoutĂ© Ă ce sujet : «Il y a eu quelques problĂšmes que nous avons vĂ©cus au cours des derniĂšres annĂ©es, et qui ont eu le temps de se rĂ©gler.» Le ministre des AE algĂ©rien nâa pas exclu, par ailleurs, que la situation en Libye puisse avoir des rĂ©percussions sur le terrorisme dans la rĂ©gion. Il a indiquĂ© que «le risque sĂ©curitaire nâest pas exagĂ©ré» et quâ «il peut avoir des consĂ©quences fĂącheuses pour la sous-rĂ©gion, pas seulement pour lâAlgĂ©rie, mais aussi pour les autres pays de la rĂ©gion». Il a ajoutĂ© que «cela peut donner des ailes au terrorisme». Et ce, avant de faire Ă©tat dâune sĂ©rieuse concertation avec les pays voisins, notamment du Sahel, pour faire face Ă la menace terroriste.A une question sur les cadres de concertation, il dira que lâUnion du Maghreb arabe (UMA) «nâavance pas comme nous le souhaitons, mais elle nâest pas bloquĂ©e», a-t-il dit, en voulant pour preuve le lancement dâune banque maghrĂ©bine commune, qui va devenir opĂ©rationnelle cette annĂ©e. Au sujet des relations bilatĂ©rales avec le Maroc, le ministre algĂ©rien des AE nâa pas exclu la rĂ©ouverture des frontiĂšres en affirmant : «Nous nâavons pas exclu de rouvrir les frontiĂšres. Nous avons dit quâil faut remettre sur le tapis les questions sensibles (Ă©nergie, agricultureâŠ). Mais il serait malhonnĂȘte de situer un jour dans le calendrier.» Il a Ă©voquĂ©, en outre, le message envoyĂ© par le prĂ©sident Bouteflika, Ă partir de Tlemcen, en prĂ©cisant : «Notre prĂ©sident a passĂ© un message rĂ©cemment. Notre volontĂ© est dâavoir une relation suivie avec le Maroc.»Qualifiant le dialogue au sein du groupe des 5+5 de «cadre intĂ©ressant», en exprimant la volontĂ© dâAlger de le prĂ©server, pour lui, lâUPM a toutefois subi les contrecoups dâun autre Ă©vĂ©nement malheureux, lâagression de Ghaza. La Ligue arabe, quant Ă elle, traverse une situation singuliĂšre de son histoire ; beaucoup de pays de la rĂ©gion vivent une crise systĂ©mique, a-t-il estimĂ©, affirmant que le prochain sommet de Baghdad nâest plus «pertinent aujourdâhui en termes de calendrier». Aussi, «lâAlgĂ©rie ne soutient aucun candidat et nâest opposĂ©e Ă aucun. Elle est pour un candidat du consensus».
Les relations algĂ©ro-amĂ©ricaines sont «suivies et les consultations rĂ©guliĂšres», a affirmĂ© M. Medelci pour indiquer que ces relations «évoluent tout Ă fait normalement. Il y a des avancĂ©es et les relations gagnent en intensité». Le rapport du dĂ©partement dâEtat sur les droits de lâHomme «nâa pas Ă©tĂ© plus critique que celui de lâannĂ©e derniĂšre», mais «marque des avancĂ©es» en matiĂšre des droits de lâHomme en AlgĂ©rie, a-t-il ajoutĂ©.