ActualitĂ©s : AMAR GHOUL CRAQUE Ă AĂN-DEFLA : «Je suis lĂ , je travaille et les autres aboient !»
Jeudi 21 janvier 2010. Le cortĂšge ministĂ©riel arrive aux environs de 9h au niveau des limites territoriales des wilayas de Blida et d'AĂŻn-Defla, oĂč une collation est offerte Ă Amar Ghoul par les autoritĂ©s locales. La visite s'inscrit, selon les usages protocolaires, dans le cadre du suivi des projets du secteur des travaux publics. Le scandale de l'autoroute Est-Ouest ayant terni son image et celle de son ministĂšre, Amar Ghoul semble, cette fois-ci, avoir perdu son sang-froid. Reportage. De notre envoyĂ© spĂ©cial Ă AĂŻn-Defla, Lyas Hallas AprĂšs l'inspection de deux Ă©changeurs en construction Ă Khemis-Miliana et Bourached, le ministre passera Ă l'inauguration de deux autres ouvrages d'art : une trĂ©mie Ă Rouina, sur la RN 4, et un Ă©changeur Ă El- Abadia, reliant cette mĂȘme route Ă la RN 65, un projet incluant un doublement de voie sur 12 km. SollicitĂ© par les journalistes, le ministre se livre, vers 11h30, au jeu des questions-rĂ©ponses. Une journaliste de la radio locale, inquiĂšte du sort du marchĂ© d'Ă©quipement de l'autoroute Est-ouest, monopolise la parole et oriente l'intervention du ministre sur la construction des aires de repos, la signalisation et autres questions de gestion du pĂ©age. «C'est Naftal qui construira les aires de repos. D'ici lĂ , la compagnie publique mettra provisoirement en service des stations d'essence mobiles, le long des tronçons livrĂ©s Ă la circulation», dira-t-il en substance. InĂ©lĂ©gants furent, cependant, ses propos suite Ă une question qui ne «caressait pas dans le sens du poil». Au lieu de saisir l'occasion pour donner son point de vue, Amar Ghoul a versĂ©, plutĂŽt, dans la violence verbale. «Comment expliquezvous le retard accusĂ© dans la rĂ©alisation, surtout du lot est de l'autoroute, constat Ă©tabli par un bureau d'Ă©tudes italien assurant le suivi pour le compte du maĂźtre de l'ouvrage et mainte fois relayĂ© par la presse (40% de taux d'avancement), sinon l'insuffisance des capacitĂ©s opĂ©rationnelles du consortium japonais, comme le rĂ©vĂšle, d'ailleurs, l'enquĂȘte sur le projet et dont la presse en a Ă©galement fait Ă©tat ?» A cette question, le ministre, visiblement embarrassĂ©, a rĂ©pondu : «Qui vous a dit que nous Ă©tions en retard, hein ?!». Et d'ajouter : «On est lĂ , on travaille, les choses avancent et les autres aboient ! Pourquoi la presse ne parle-t-elle pas des projets qui avancent bien ? Ăa ne fait jamais la Une des journaux ! Pour le tronçon d'AĂŻn-Defla, Ă titre d'exemple, nous avons gagnĂ© 14 mois sur les dĂ©lais, et personne ne le dit. Dans cette mĂȘme wilaya, nous avons rĂ©ceptionnĂ© tous les projets inscrits dans le plan quinquennal 2005-2009.» Un vieil homme, qui collabore avec deux journaux, complimente : «Moi je l'Ă©cris, sid el-wazir (monsieur le ministre, Ndlr)». Gageons que les rĂ©vĂ©lations faites par El Watan dans son Ă©dition de jeudi dernier l'ont Ă©nervĂ©. Pas question de l'approcher une autre fois, devant l'excĂšs de zĂšle de sa garde rapprochĂ©e, pour lui demander de rĂ©pondre aux accusations de l'ex-directeur des nouveaux projets Ă l'ANA, portĂ©es Ă la connaissance de l'opinion publique par notre confrĂšre. La pause prĂ©vue au siĂšge de la daĂŻra fut prolongĂ©e d'une bonne demi-heure, le temps de permettre Ă Amar Ghoul d'aller rendre visite Ă un «malade». «Veuillez attendre un peu, le temps que le ministre revienne », demanda son chargĂ© de communication aux reprĂ©sentants de la presse. Un intermĂšde qui nous permettra, en tout cas, de percevoir le saupoudrage. La peinture sur les trottoirs (le rouge et blanc de signalisation), effectuĂ©e le matin mĂȘme, disait-on, collait aux chaussures. 13h. L'agenda du ministre le conduira Ă Sidi-Makhlouf. Amar Ghoul est allĂ© s'enquĂ©rir de l'avancement des travaux d'entretien du chemin communal reliant la RN 65 et le CW 3, en passant par Taghia. Le chemin en question, dont la rĂ©habilitation incombe Ă la commune d'AĂŻn-Bouyahia, sĂ©pare cette derniĂšre de celle du chef-lieu de la daĂŻra d'El-Abadia. Devant l'Ă©cole, oĂč les responsables locaux devaient exposer au ministre la fiche technique du projet, le maire de la commune d'AĂŻn-Bouyahia dĂ©cernera un «tableau d'honneur» au wali. Des expressions du genre «Allah yahfedh, sid el-wali (que Dieu nous prĂ©serve, monsieur le wali, Ndlr), pour le travail qu'il fait, qui donnaient une image caricaturale des Ă©lus algĂ©riens, supplĂ©tifs de l'administration, reprĂ©sentants du peuple. Amar Ghoul profitera, ainsi, de l'occasion pour parler aux siens, histoire de soigner sa «popularité». Des gens simples, qui habitent tout autour et semblent le connaĂźtre personnellement, n'ont pas hĂ©sitĂ© Ă lui demander de leur rĂ©gler des problĂšmes. L'«enfant prodigue» assume la dĂ©putation pour cette wilaya sous la banniĂšre du MSP depuis deux mandats. Deux autres points devaient ĂȘtre inspectĂ©s, et le cortĂšge rebroussera sitĂŽt chemin, traversant une «favela» situĂ©e Ă El-Abadia, Ă la limite de la commune d'AĂŻn-Bouyahia. Des taudis Ă perte de vue, de moins de deux mĂštres de haut, construits avec la boue sĂ©chĂ©e oĂč vit un petit peuple dans une misĂšre indescriptible. Le ministre n'a pas beaucoup tardĂ© Ă El-Attaf et Ă Tiberkanine, oĂč les Ă©changeurs, en cours de construction, ont pris forme. Et le ministre marquera une halte sur un autre ouvrage d'art, cette fois-ci pour les besoins du tournage de l'ENTV. Le reprĂ©sentant de l'«Unique» lui posera une question pertinente, devenue classique : «Quelle conclusion tirez-vous de cette visite ?» Amar Ghoul : «Nous avons inspectĂ© des ouvrages d'art et autres chantiers de doublement de voies reliant d'importantes agglomĂ©rations de la wilaya Ă l'autoroute Est-Ouest. Les travaux connaissent un taux d'avancement apprĂ©ciable et il ne reste que quelques retouches Ă faire pour en finir.» Sur le chemin du retour, pour regagner Alger, les sĂ©parations des voies, ces blocs de bĂ©ton servant de glissiĂšres de sĂ©curitĂ©, n'incitaient pas Ă s'intĂ©resser au panorama, plutĂŽt dĂ©solant sur ce tronçon de l'autoroute Est-ouest et oĂč des machines continuaient de pondre des blocs de ciment sur plusieurs sections. Visiblement, les travaux n'Ă©taient pas achevĂ©s Ă 100 %. L. H.
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