Et si ce texte devait ĂȘtre appliquĂ© hic et nunc, câest tout le fonctionnement de la justice qui serait bloquĂ© de facto, dans la mesure oĂč lâessentiel des piĂšces constitutives des dossiers en cours dâexamen sont en français, car Ă©manant dâinstitutions de la RĂ©publique, oĂč la langue de MoliĂšre reste lâinstrument de communication.
Ă partir de ce matin, tout document qui nâest pas rĂ©digĂ© en langue arabe nâest pas admis dans les diffĂ©rents tribunaux du pays. La dĂ©cision dĂ©coule de lâamendement apportĂ© au code de procĂ©dure civile. Cet amendement adoptĂ© par les parlementaires, le 28 avril 2008, est passĂ© inaperçu.
Mais aujourdâhui quâil doit entrer en application, on en mesure les incommensurables consĂ©quences qui le rendent quasiment inapplicable. Pour la bonne et simple raison que plus de 90% des documents et autres actes fournis Ă la justice par les justiciables, quâils soient personnes physiques ou morales, sont en français.
Câest une rĂ©alitĂ© objective et incontournable que seuls les initiateurs de cet amendement absurde sâentĂȘtent Ă ne pas voir.
Et si ce texte devait ĂȘtre appliquĂ© hic et nunc, câest tout le fonctionnement de la justice qui serait bloquĂ© de facto, dans la mesure oĂč lâessentiel des piĂšces constitutives des dossiers en cours dâexamen sont en français, car Ă©manant dâinstitutions de la RĂ©publique, oĂč la langue de MoliĂšre reste lâinstrument de communication.
Mais en plus du retard quâil va occasionner dans la mise en Ćuvre normale de la procĂ©dure, un tel amendement va aussi pĂ©naliser financiĂšrement les citoyens qui seront dans lâobligation dâavoir recours systĂ©matiquement aux services des traducteurs.
Faut-il encore que ces traducteurs existent en nombre suffisant et surtout soient suffisamment formĂ©s pour rĂ©pondre aux appĂ©tits âpapivoresâ de lâadministration judiciaire. Car il faut une adduction rigoureuse, et la moindre erreur peut avoir des consĂ©quences dramatiques sur les intĂ©rĂȘts des justiciables, comme le soulignent, Ă juste titre, nombre de praticiens du droit. Quâon ne se trompe pas de diagnostic, la justice algĂ©rienne, dĂ©jĂ rĂ©putĂ©e pour sa lourdeur lĂ©gendaire dans le traitement des affaires, a besoin dâautre chose que de pareils amendements qui conduiront immanquablement Ă sa paralysie. Sâil ne sâagit pas, encore une fois, dâĂȘtre contre le principe de lâarabisation, lâimprovisation et la prĂ©cipitation doivent, en revanche, ĂȘtre Ă©vitĂ©es. Il suffit juste de regarder sereinement lâimpact de cette arabisation idĂ©ologique et surtout dĂ©magogique au niveau de certaines instituions. LâuniversitĂ©, notamment.
A. O.