Youcef Yousfi avait dĂ©jĂ dirigĂ© Sonatrach. Il avait Ă©galement occupĂ© le poste de ministre de lâĂnergie sous Liamine Zeroual. Avec Abdelaziz Bouteflika, il a occupĂ© le dĂ©partement des Affaires Ă©trangĂšres, avant dâĂȘtre nommĂ© ambassadeur au Canada, aux Nations unies puis Ă Tunis.
Sans grande surprise, Chakib Khelil a Ă©tĂ© sacrifiĂ©, pour sa gestion catastrophique du scandale qui a Ă©branlĂ© Sonatrach. Chakib Khelil, qui avait gĂ©rĂ©, Ă un moment donnĂ©, Sonatrach, et qui contrĂŽlait quasiment tout dans cette compagnie, a fait mine de ne rien savoir lorsque le scandale de Sonatrach avait Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© par la presse et que sept dirigeants de la compagnie, dont le P-DG et ses principaux collaborateurs, ainsi que les deux fils du P-DG et un ancien patron dâune banque publique furent entendus par la justice. Chakib Khelil avait tentĂ© maladroitement de dĂ©fendre les cadres incriminĂ©s, avant dâimpliquer âle clan prĂ©sidentielâ dans ce sĂ©isme, sans jamais convaincre quiconque. Mais la goutte qui aura fait dĂ©border le vase fut lâorganisation catastrophique du GNL-16 tenu Ă Oran et qui a coĂ»tĂ© un argent fou au contribuable sans que les rĂ©sultats ne soient Ă la hauteur des attentes de lâAlgĂ©rie. Un fiasco chĂšrement payĂ©. Le dĂ©part de Chakib Khelil Ă©tait dans lâair, depuis quelques semaines. Il nâavait plus les faveurs du prĂ©sident de la RĂ©publique. Et pourtant, il est restĂ© accrochĂ© Ă son poste, jusquâĂ lâultime minute. Ce jeudi, il Ă©tait Ă lâAPN, rĂ©pondant aux dĂ©putĂ©s, sĂ»r de lui. Son remplaçant nâest pas un Ă©tranger Ă la maison, Youcef Yousfi a dĂ©jĂ eu Ă gĂ©rer le secteur. Yousfi est connu pour son sĂ©rieux, et son sens de la mesure. Un vĂ©ritable commis de lâĂtat qui vient, aprĂšs la nomination du nouveau P-DG de Sonatrach, lui aussi connu pour les mĂȘmes qualitĂ©s, confirmer la reprise en main par lâĂtat du secteur Ă©conomique le plus sensible du pays. Youcef Yousfi avait dĂ©jĂ dirigĂ© Sonatrach. Il avait Ă©galement occupĂ© le poste de ministre de lâĂnergie sous Liamine Zeroual. Avec Abdelaziz Bouteflika, il a occupĂ© le dĂ©partement des Affaires Ă©trangĂšres, avant dâĂȘtre nommĂ© ambassadeur au Canada, puis aux Nations unies. Le retour de Yousfi Ă la tĂȘte de lâĂnergie aura pour but de ramener le calme dans la maison Sonatrach, aprĂšs la sĂ©rie de scandales qui lâont Ă©claboussĂ©e et dont bon nombre nâont pas encore livrĂ© tous leurs secrets. Mais au-delĂ des considĂ©rations internes, Yousfi a pour obligation de redorer le blason de Sonatrach Ă lâĂ©tranger, de rassurer les partenaires de lâAlgĂ©rie et de poursuivre la politique dâinvestissements dans le secteur, dans un climat plus transparent, plus serein et dĂ©barrassĂ© des pratiques maffieuses.
Edition du Samedi 29 Mai 2010
Bouteflika par petites touches
REMANIEMENT DU GOUVERNEMENT
Câest un remaniement qui laisse perplexe. Le prĂ©sident Bouteflika a procĂ©dĂ© Ă un large toilettage sans ĂȘtre le grand nettoyage. Avec en toile de fond, la cagnotte de 286 milliards de dollars pour un plan quinquennal qui semble sâappuyer sur les mĂȘmes hommes !
DâemblĂ©e, trois remarques qui laissent lâobservateur averti dubitatif. Dâabord, câest la premiĂšre fois dans les annales de la RĂ©publique quâun prĂ©sident fasse un remaniement Ă la veille dâun dĂ©placement important Ă lâĂ©tranger. PrĂ©cisĂ©ment au Sommet de Nice. De surcroĂźt un vendredi soir, alors que les AlgĂ©riens sont accaparĂ©s par un certain Eire-EN pour la prĂ©paration du Mondial. Ensuite, le fait que le PrĂ©sident semble avoir, par la divulgation de cette liste dâun remaniement qui sâest trop fait attendre, rĂ©agi sous la pression des Ă©vĂšnements avec le sacrifice dâun homme-clĂ© de son Ă©chiquier. En lâoccurrence Chakib Khelil. Enfin, le fait que Bouteflika nâa pas tranchĂ© dĂ©finitivement dans son choix entre un gouvernement technocrate ou politique, prĂ©fĂ©rant une mixture donnant lieu Ă un attelage gouvernemental assez hybride. Mais examinons de plus prĂšs cette liste gouvernementale pour les premiers enseignements majeurs. Le fait marquant, qui nâest pas le dĂ©part dâun Khelil affaibli, est bien la concrĂ©tisation du changement constitutionnel en dotant lâExĂ©cutif dâun vice-Premier ministre. La Constitution en prĂ©voyait trois, ce qui fait que la nomination de Yazid Zerhouni sâapparente Ă une premiĂšre touche avant les deux autres. Donc, Nouredinne Zerhouni alias âYazidâ comme lâa si bien prĂ©cisĂ© lâAPS est devenu le vice-Premier ministre dâAhmed Ouyahia qui, au passage, garde son fauteuil. Ce qui est en soi rassurant sur la continuitĂ© du SG du RND que beaucoup donnaient partant. Une nomination qui est loin dâĂȘtre surprenante quand on connaĂźt le poids rĂ©el de âSi El-Yazidâ au sein de cet ExĂ©cutif quâil âdirigeâ en sous-main. La situation du gouvernement Ouyahia est ainsi clarifiĂ©e car le duo Ouyahia-Zerhouni fonctionnait dĂ©jĂ Ă plein rĂ©gime, le Premier ministre sollicitant les arbitrages de lâex-ministre de lâIntĂ©rieur quand ce nâest pas Zerhouni qui tance certains ministres en Conseil de gouvernement sous le silence complice dâOuyahia. Les rĂŽles en interne sont ainsi codifiĂ©s par la Constitution avec certainement un partage des tĂąches naturelles qui va dĂ©finir le rĂŽle de Zerhouni dans des tĂąches plus politiques quâĂ©conomiques laissant ainsi les coudĂ©es franches Ă Ouyahia de sâoccuper davantage de la gestion des grands dossiers notamment Ă©conomiques. Le prĂ©sident Bouteflika a ainsi dĂ©terminĂ© le cadre de ce binĂŽme avec une prĂ©fĂ©rence manifeste Ă son homme de confiance qui est loin dâĂȘtre Ouyahia. La deuxiĂšme confirmation de ce gouvernement est le dĂ©part de Chakib Khelil aprĂšs 11 annĂ©es Ă la tĂȘte du ministĂšre de lâĂnergie. Bouteflika ne pouvait plus faire avec, suite Ă lâavalanche de scandales touchant Sonatrach. AprĂšs que Khelil eut perdu la main sur la compagnie pĂ©troliĂšre comme lâillustre la passation Feghouli-Cherouati quâil a observĂ©e comme tĂ©lĂ©spectateur, le GNL-16 Ă Oran a achevĂ© toute la crĂ©dibilitĂ© du âTexanâ de Tlemcen qui sâest ainsi offert un pot dâadieu de 800 millions dâeuros. Reste la question qui brĂ»le les lĂšvres dâun simple magistrat de premiĂšre annĂ©e : est-ce que son Ă©jection du gouvernement va donner lieu Ă la possibilitĂ© de poursuites judiciaires ? Il est plus que probable que sans la casquette ministĂ©rielle et sans statut dâimmunitĂ©, Khelil va devoir rĂ©pondre Ă des convocations de justice surtout que les enquĂȘtes ont toutes abouti Ă lâarchitecture pyramidale dans la prise de dĂ©cision Ă Sonatrach. Le troisiĂšme fait marquant est indĂ©niablement la mise sur la touche dâAbdelhalmid Temmar. Lâex-ministre de la Participation, fidĂšle de Bouteflika, nâa certes pas quittĂ© le gouvernement mais le fait quâil se retrouve Ă la tĂȘte dâun ministĂšre de la Prospective et des Statistiques sonne comme une humiliation cinglante. Comment peut-on interprĂ©ter le fait que lâhomme qui avait la mainmise sur les projets dâinvestissements, de privatisation, de foncier et des grands contrats se retrouve Ă la tĂȘte dâun ministĂšre qui a la dĂ©nomination dâun institut. Comble du dĂ©saveu, Temmar se voit flanquĂ© dâun secrĂ©taire dâĂtat, Ali Boukrami. De ce fait, le grand gagnant est un illustre inconnu du grand public : Mohamed Benmeradi qui cumule aussi bien l'Industrie, la Petite et Moyenne entreprise et la Promotion de l'investissement. Il est clair que le choix dâun technocrate Ă ce poste vise Ă faire la premiĂšre mutation dâun gouvernement politique Ă un gouvernement technique. Temmar, qui a eu Ă faire un baroud dâhonneur Ă lâAPN, la veille de son remplacement, en Ă©voquant le dossier de Bellara, paie son immobilisme patent. Car son successeur, Bendimered devra assurer et rassurer des investisseurs Ă©trangers fatiguĂ©s de lâinertie de la dĂ©cision Ă©conomique et encourager le privĂ© national compĂ©tent qui ronge son frein Ă trop attendre les assiettes de terrain, les signatures dâadministrations byzantines et des autorisations Ă investir dans son propre pays. Un comble. Car lâĂ©chec de Temmar est multiple. Quand on sait que le CNI (Conseil national dâinvestissement) ne sâest pas rĂ©uni depuis une annĂ©e, que le CPE (Conseil des participations de lâĂtat) est un Ă©chec sur toute la ligne et que le FNI (Fonds national dâinvestissement) se noie dans le verbiage pathologique des responsables du secteur, il est Ă©vident que Bouteflika ne peut pas cautionner un si grande incurie. Temmar qui a le don de rester âvivantâ a eu plus de chances que son ami Khelil dont il nâa pas cessĂ©, ces derniĂšres semaines, Ă faire du lobbying pour son maintien. Dernier point saillant est la nomination de Moussa Benhamadi en tant que ministre de la Poste et des Technologies de la communication et de l'information, en remplacement de M. Hamid Bessalah. Ce dernier fait les frais de sa gestion hasardeuse du secteur qui a besoin dâun homme de la poigne de Benhamadi qui aura la lourde tĂąche de solutionner lâĂ©quation Orascom et le dossier de lâachat dâOTA qui a plombĂ© Bessalah. Avec son profil mixte, politique et technique, Benhamadi aura Ă jouer un grand rĂŽle dans la conclusion de cette vente. Ce remaniement est donc assez spĂ©cial. Bouteflika semble lâavoir opĂ©rĂ©, contraint et forcĂ© afin de calmer les esprits mais sans pour autant donner une visibilitĂ© sur lâavenir de lâExĂ©cutif. Des ministres quâon sait fatiguĂ©s physiquement sont toujours en poste. Dâautres qui sont sous la menace de scandales ont obtenu un sursis. Dâautres qui ont dĂ©montrĂ© une incapacitĂ© Ă gĂ©rer leur secteur se voient amputĂ©s de prĂ©rogatives. Bouteflika a envoyĂ© un signal mais pas un message. Ă quand le changement ?
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