Subvention des Produits de large consommation
Subvention des Produits de large consommation
M. Benaïssa : “La suppression n’est pas à l’ordre du jour”
PUBLIE LE : 20-05-2012 | 0:00
Des plates-formes possibles pour des projets communs, dont la réalisation d’un partenariat entre acteurs du monde de l’agriculture et ceux de l’industrie.
Dans ce sillage, un protocole de coopération a été signé, hier, entre le Forum des chefs d’entreprise (FCE) et la fondation Filaha Innov. Les documents ont été paraphés, à la salle Mââchi, Safex, en présence du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, accompagné du ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, de la ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique, Mme Souad Bendjaballah, et du président du Forum des chefs d’entreprise, M. Rédha Hamiani, ainsi que de Dr Amine Ben Semane, président de la Fondation Filaha Innov, organisatrice du SIPSA-Agrofood, et le président la Chambre nationale d’agriculture (CNA). Dans son intervention, le ministre l’Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, a déclaré que «l’industrie agroalimentaire doit s’impliquer dans la modernisation et le développement de l’agriculture». «Il y a quelques années, l’industrie agroalimentaire s’approvisionnait à partir des marchés extérieurs, explique-t-il. Aujourd’hui, cette industrie, qu’elle soit publique ou privée, a pris conscience que sa durabilité dépend de son implication dans la production nationale.»
Aussi, «la suppression de la subvention de l’Etat aux produits de large consommation n’est pas à l’ordre du jour, et nécessite l’organisation et la mise en place des conditions de durabilité d’une telle décision», selon le premier responsable du ministère de l’Agriculture. Il estime qu’«il faut construire un système et créer des conditions qui vont garantir la durabilité de la décision à prendre». Pour sa part, le président du FCE a reitéré son opposition à la subvention accordée par l’Etat aux produits de large consommation, comme le lait. «Nous soutenons la politique agricole engagée par l’Etat et nous considérons que tout ce qui se fait comme accompagnement et aides pour augmenter l’offre va dans la bonne direction. Par contre, on est plus que réservé sur les subventions accordées aux produits», a-t-il dit. Pour M. Hamiani, «le prix bas du lait pasteurisé et conditionné en sachets qui se vend à 25 DA/litre, alors que son coût revient à 50 DA, engendre toutes sortes de détournements». Il a estimé que l’Algérien ne profite pas de ce prix, «puisque notre lait est acheminé vers des pays voisins, alors que la poudre subventionné est utilisée dans la production des produits dérivés». C’est pourquoi il a suggéré «de trouver des mécanismes pour que ce soutien aille vers les gens à faibles revenus. Ce besoin tire sa motivation profonde de nombreux facteurs, parmi lesquels il convient de relever la prise de conscience que les nouvelles conditions émergeant sur le marché mondial sont susceptibles de rentabiliser de nouvelles productions, de la reconnaissance du fait que les potentialités agricoles et agroalimentaires existent dans notre pays et que les capacités de transformation peuvent être développées rapidement — elles sont même déjà disponibles et non utilisées pour des produits comme la tomate, voire excédentaires pour la filière de la transformation des céréales. Il y a également les efforts importants déployés par le secteur de l’agriculture, depuis la mise en œuvre du PNDA, qui se traduisent, durant certaines périodes de l’année, par des excédents dans quelques productions. Il faut dire que l’appareil de transformation n’est pas préparé à prendre tout cela en charge, faute d’une démarche commune et cohérente, entre les agriculteurs et les industriels. Il y a par ailleurs la nécessité absolue dans laquelle se trouve notre pays d’avoir à consolider la relation agriculture/industrie, pour faire face à une conjoncture, de tendance lourde, de hausse des prix des produits alimentaires à l’échelle mondiale.
Sihem Oubraham
“Les disponibilités alimentaires dans le pays sont de 3.193 kcal/habitant/jour”
n Répondant à la problématique posée par le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), M. Réda Hamiani, relative à son opposition à la subvention des produits de large consommation, comme le lait et les céréales, M. Benaïssa a souligné que le soutien des produits de base, comme le lait et le pain, «est avant tout un choix politique qu’a pris l’Algérie au lendemain de son indépendance pour lutter contre la faim». Le ministre a rappelé que «les disponibilités alimentaires étaient de 1.731 kilocalories/habitant/jour au lendemain de l’indépendance, soit en dessous du seuil de la famine limité par l’OMS et la FAO à 2100 Kcal». «Aujourd’hui, l’Algérie a dépassé ce seuil en se mettant à 3.193 kcal/habitant/jour», a-t-il souligné. «Actuellement, on repose la question autrement : supprimer ou cibler la subvention ? Ce sont des sujets qui doivent être maîtrisés et évoluer dans le bon sens», a-t-il souligné, tout en ajoutant que «ce débat n’est pas idéologique, mais il s’agit d’un problème d’organisation et de création, d’abord, de filières durables». Le ministre a affirmé que «l’Etat allait continuer à soutenir la production agricole comme cela se fait dans les autres pays».
S. O.