Syrie: au moins 34 morts lors d'importantes manifestations anti-régime
Syrie: au moins 34 morts lors d'importantes manifestations anti-régime
Image video prise sur YouTube d'un soldat syrien pointant son fusil vers les opposants qui manifestent à Hama, au nord de Damas, le 20 mai 2011 (Photo /AFP/YouTube) |
Au moins 34 civils ont péri vendredi sous les balles des forces de sécurité en Syrie, où des milliers de manifestants ont défilé pour réclamer la liberté et la chute du régime qui reste sourd aux pressants appels internationaux à cesser la répression.
Après avoir sommé le président syrien Bachar al-Assad de "diriger la transition" ou de partir, le président américain Barack Obama est revenu à la charge vendredi en estimant que la situation en Syrie représentait un motif "d'inquiétude aiguë" tant pour Israël, pays voisin, que pour les Etats-Unis.
Vendredi 20 mai 2011, 21h13
Selon des militants des droits de l'Homme, 34 manifestants ont été tués et des dizaines blessés lors des protestations qui ont touché de nombreuses villes à l'appel de l'opposition pour un "Vendredi de la liberté" et de l'unité nationale.
Et la révolte entamée il y a plus de deux mois n'a donné aucun signe de faiblesse: les manifestations ont rassemblé des milliers de personnes, en particulier à Homs (centre), Hama (centre) Deraa (sud), Banias (nord-ouest), Qamichli (nord), Lattaquié (ouest) et Maaret al-Naamane (ouest)
Des manifestations ont également touché des secteurs proches d'Alep (nord), deuxième ville du pays, et Damas, deux cités globalement épargnées par le mouvement de contestation qui continue, malgré la répression, de défier le régime baassiste au pouvoir depuis plus de 50 ans.
Image vidéo prise sur YouTube des opposants au régim qui manifestent avec un immense drapeau national à Hama, au nord de Damas, le 20 mai 2011 (Photo /AFP/YouTube) |
Le bilan le plus lourd a été enregistré à Maaret al-Naamane, près d'Idlib, où 15 personnes, dont un adolescent de 15 ans, ont été tuées par les forces de sécurité qui ont ouvert le feu pour disperser les manifestants, selon les militants.
Douze autres manifestants, dont un enfant de 10 ans et deux adolescents de 15 et 16 ans, ont péri sous les balles des forces du régime à Homs, un foyer de la contestation du régime assiégé par l'armée depuis près de deux semaines, ont-ils poursuivi.
Deux manifestants ont été tués dans la région de Deraa (sud), où est née la contestation, un à Daraya, dans la banlieue de Damas, un à Lattaquié, principal port du pays (ouest), un à Hama (centre) et deux à Deir Zor (est), ont ajouté les militants en fournissant une liste nominative des victimes.
Des manifestations ont eu lieu aussi à Douma, près de Damas, à Jableh (ouest), ainsi qu'à Amouda et Derbassiyeh (nord-est).
A Banias, elle aussi assiégée, les manifestants portaient des branches d'olivier et des hommes ont défilé torse nu pour montrer qu'ils n'étaient pas armés, contrairement aux accusations du régime qui attribue les troubles à "des gangs criminels armés" ou à des "groupes terroristes".
Les forces de sécurité ont cependant tiré sur la foule à Banias, selon d'autres militants, mais aucun bilan n'était disponible.
"Le peuple veut la chute du régime", ont scandé les manifestants dans plusieurs villes, selon des vidéos diffusées par des militants sur internet.
Carte des manifestations en Syrie, vendredi 20 mai 2011 (Photo /AFP) |
A Hama (centre), des forces anti-émeutes portant casques et boucliers, de même que d'autres membres des forces de sécurité en tenue militaire, ont tiré sur les manifestants, selon une vidéo.
Dans la localité kurde de Aïn Arab, près d'Alep, des centaines d'opposants ont scandé "Non à la violence" et "Nous voulons la liberté", tandis qu'à Saqba, une banlieue de Damas, des centaines de personnes ont crié "Bye-bye Bachar".
A Taybé al-Imam, près de Hama, des manifestants criant "Allah O Akbar" (Dieu est grand) ont déchiré et piétiné des portraits de Bachar al-Assad et de Hafez, son père et prédécesseur décédé en 2000, selon une vidéo.
La télévision d'Etat a de nouveau accusé des "gangs armés" d'avoir ouvert le feu sur des "rassemblements" et sur la police à Idlib et dans la banlieue de Homs, et évoqué un nombre indéterminé de victimes.
Les restrictions imposées aux médias étrangers par le régime empêchaient toute vérification indépendante sur le terrain.
La répression en Syrie a fait depuis le 15 mars au moins 850 morts et entraîné plus de 8.000 arrestations, selon des organisations de défense des droits de l'Homme et l'ONU, et a poussé des milliers de Syriens à prendre le chemin de l'exode.
D'abord prudents, les Etats-Unis ont haussé le ton cette semaine.
"Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie. Le gouvernement doit cesser de tirer sur les manifestants et autoriser les protestations pacifiques", a dit jeudi M. Obama, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines contre M. Assad.
Mais Damas a rejeté cet appel en affirmant que M. Obama n'avait pas à "dire à un pays souverain ce qu'il devait faire".
Libye: l'Otan coule huit navires de Kadhafi, dont Obama prédit la chute
L'Otan a détruit plusieurs navires libyens qui menaçaient les forces rebelles, alors que le président américain Barack Obama a affirmé que le colonel Mouammar Kadhafi n'avait d'autre choix que de quitter le pouvoir.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des avions de l'Otan ont coulé huit navires de guerre des forces gouvernementales lors d'attaques coordonnées dans les ports de Tripoli, Al-Khums et Syrte, a annoncé dans un communiqué l'Alliance atlantique.
Vendredi 20 mai 2011, 17h25
"Vu le recours de plus en plus fréquent à la force navale, l'Otan n'avait pas d'autre choix que de prendre des actions décisives pour protéger les populations civiles de Libye et les forces de l'Otan en mer", a déclaré, dans ce texte, l'amiral Russ Harding, commandant adjoint de l'opération "Protecteur unifié" de l'Otan en Libye.
"Tous les vaisseaux ciblés la nuit dernière étaient des navires de guerre, sans usage civil", a-t-il insisté.
Jeudi vers 22H00 GMT, soit une heure après les premiers raids, un navire était toujours en feu dans le port de Tripoli où s'élevait une colonne de fumée, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Deux heures plus tard, une nouvelle série d'explosions a retenti dans la capitale, survolée par des avions de chasse.
Un combattant rebelle écoute le président américain Barack Obama, le 19 mai 2011 à Zwaytinah (Photo Saeed Khan/AFP) |
Quelques heures auparavant, dans son discours sur le Moyen-Orient, le président américain avait légitimé l'intervention de l'Otan, sur mandat de l'ONU, sans laquelle "des milliers de personnes auraient été tuées" selon lui.
"L'oppposition a organisé un conseil par intérim légitime et crédible. Et quand Kadhafi quittera inévitablement le pouvoir ou sera forcé de le faire, des décennies de provocations cesseront et la transition vers une Libye démocratique pourra commencer", a affirmé Barack Obama.
Le régime libyen a aussitôt dénoncé un discours "délirant".
M. Obama "croit aux mensonges que son propre gouvernement et ses médias répandent. Ils n'ont pas trouvé la moindre charge contre nous", a déclaré le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, au cours d'une conférence de presse.
"Ce n'est pas Obama qui décide si Mouammar Kadhafi quitte la Libye ou non. C'est au peuple libyen de décider de son futur", a-t-il souligné.
Pour renforcer ces propos, Mouammar Kadhafi est apparu jeudi soir à la télévision d'Etat, apparemment en bonne santé.
L'Otan a visé à plusieurs reprises la résidence du colonel Kadhafi à Tripoli ces dernières semaines. Des rumeurs avaient alors circulé, selon lesquelles le Guide aurait été blessé.
Les raids de l'Otan ont permis de stabiliser la ligne de démarcation sur le front est, située entre Brega et Ajdabiya, à 160 km au sud-ouest de la "capitale" rebelle Benghazi, et d'aider les insurgés à desserrer l'étau autour de Misrata (ouest), dont ils ont repris le 12 mai le contrôle de l'aéroport.
"La situation à Misrata est toujours la même", a indiqué vendredi Jalal Al-Gallal, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT), l'instance dirigeante de la rébellion.
"Kadhafi tente de manoeuvrer autour de Misrata. Il y a des combats sporadiques près de Zliten et autour de l'aéroport", a-t-il ajouté.
Selon Khalid Abou Falra, responsable médical à Misrata, des combats vendredi à l'ouest de Misrata ont fait un mort et huit blessés.
A Benghazi, en vue de la prière du vendredi, plusieurs points de contrôle ont été installés et les voitures ne sont pas autorisées à se rendre près du front de mer où sont concentrés les lieux de pouvoir et les symboles de la rébellion.
Ce renforcement de la sécurité, coutumier à Benghazi, vise à empêcher d'éventuels attaques ou incidents promis par le régime de Tripoli dans le passé, selon M. Gallal.
Par ailleurs, la famille du photographe Anton Hammerl, 41 ans, disparu début avril en Libye, a annoncé qu'il avait été tué il y a six semaines par les forces loyalistes dans un lieu extrêmement reculé du désert libyen.
Le gouvernement libyen avait pourtant déclaré pendant des semaines qu'il était vivant et le ministère autrichien des Affaires étrangères -- les parents du photographe étant autrichiens -- avait assuré lui aussi le 25 avril qu'Hammerl se portait bien après "un certain nombre d'échanges" avec les autorités libyennes.
M. Gallal a déclaré que les rebelles feraient tout "pour retrouver le corps".
Concernant les quatre Français détenus par les insurgés depuis le 11 mai à Benghazi, après une arrestation qui s'est soldée par la mort du patron français d'une société de sécurité privée, la rébellion a annoncé vendredi qu'ils seraient "très bientôt" expulsés.