Le Conseil des gardiens a exclu mardi d'annuler les résultats de l'élection présidentielle de vendredi en Iran, qui ont provoqué des manifestations d'une ampleur sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Lire la suite l'article
Photos/Vidéos liées
Articles liés
L'organe législatif suprême, composé de 12 personnalités, a toutefois accepté le principe d'un nouveau décompte partiel des suffrages, ce qui n'a visiblement pas suffi à apaiser les partisans du candidat réformateur Mirhossein Moussavi.
Ces derniers, qui contestent la réélection du président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, se sont à nouveau rassemblés par petits groupes dans le nord de Téhéran, malgré l'interdiction des manifestations. Plusieurs dizaines de jeunes sympathisants de Moussavi ont marché sur le siège de la télévision publique.
Ils semblent toutefois avoir suivi l'appel de Moussavi qui les a invités à renoncer à la manifestation qui était prévue mardi, pour "épargner des vies". Sept personnes ont trouvé la mort lundi en marge d'un vaste défilé dans les rues de la capitale, selon une chaîne de télévision officielle.
"Le rassemblement des modérés est annulé", a déclaré dans la matinée le porte-parole de Moussavi, mais des messages circulaient sur le réseau de "microblogage" Twitter appelant au maintien de la manifestation.
Des dizaines de milliers de partisans d'Ahmadinejad ont en revanche afflué sur la place Vali Asr, dans le centre de Téhéran.
Même si la contestation devait se poursuivre et gagner en ampleur, rares sont ceux qui croient à une annulation du scrutin sur ordre d'Ali Khamenei, guide suprême de la révolution.
"Malgré l'ampleur grandissante des manifestations, le résultat contesté de l'élection sera vraisemblablement confirmé et le système politique va probablement se ressouder autour de Khamenei", prédit Cliff Kupchan, membre de la société de conseil Eurasia Group.
Un représentant du Conseil des gardiens a évoqué de possibles changements dans les résultats. "En vertu de la loi, la demande de ces candidats en vue de l'annulation du vote ne peut être examinée", a-t-il toutefois ajouté.
JOURNALISTES ÉCARTÉS
Signe de la tension, les autorités iraniennes ont interdit aux journalistes des médias étrangers de quitter leurs bureaux pour couvrir les manifestations.
"Aucun journaliste n'est autorisé à faire un reportage, à photographier et à filmer en ville", a dit à Reuters un responsable du ministère de la Culture.
La télévision nationale iranienne en langue anglaise Press TV a en outre annoncé l'arrestation "des principaux agents" responsables de l'agitation post-électorale en possession d'armes à feu et d'explosifs.
Sur le front diplomatique, Barack Obama, qui a tendu la main récemment à la République islamique, s'est dit "profondément troublé" par les violences post-électorales.
La veille, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne avaient invité les autorités iraniennes à dissiper les doutes qui pèsent sur l'issue du scrutin.
Un diplomate tchèque a été convoqué au ministère iranien des Affaires étrangères en tant que représentant de l'UE pour recevoir une protestation contre "l'interventionnisme" et l'attitude jugée "insultante" des Vingt-Sept.
Malgré l'agitation, Mahmoud Ahmadinejad s'est rendu en Russie pour assister au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui réunit à Ekaterinbourg la Russie, la Chine ainsi que les ex-républiques soviétiques du Kazakhstan, d'Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan.
Le président iranien, arrivé avec un jour de retard sur le programme initial, a été félicité par ses homologues.
Version française Jean-Philippe Lefief