Un Français invente la voiture qui ne coûte rien (ou presque)

 

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Il invente la voiture qui ne coûte rien

Un ingénieur a planché sur un projet de "Free Car", c'est-à-dire un véhicule qui ne coûte rien (ou presque)

Un Français invente la voiture qui ne coûte rien (ou presque)

Créé le 10-07-2012 à 15h54- Mis à jour le 13-07-2012 à 13h27

INTERVIEW Ingénieur et ancien de l’industrie automobile, Michaël Oualid planche depuis plusieurs années sur un projet baptisé Free Car. Explications.

Le projet de "free car" élaboré par Michel Oualid (DR)

Le projet de "free car" élaboré par Michel Oualid (DR)
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Et s’il était possible de circuler en voiture gratuitement ? A l’heure où les Français pestent contre un budget automobile en explosion, Michaël Oualid, ingénieur et ancien de l’industrie automobile, a planché pendant plusieurs années sur son projet de Free Car. Sa voiture se veut libre, car affranchie de beaucoup de codes automobiles, et gratuite, car son propriétaire verra son prix d’achat, déjà faible, remboursé au fil de son utilisation grâce à un ingénieux système de "cash-back". Enfin, elle peut être made in France et selon Michaël Oualid, elle permet même aux constructeurs, dont les bénéfices ont bien souffert ces derniers temps, de dégager des marges plus confortables.

Quel est le principe ?

La Free Car est à la fois libre et gratuite. Libre, parce qu’elle se dégage de beaucoup de contingences automobiles. Gratuite, parce qu’au bout de quelques années son prix de vente est remboursé. Son principe : le prix de la voiture est pris en charge par celui qui en tire un profit financier.

Concrètement, le véhicule est équipée d’un boîtier. A chaque fois que son propriétaire utilise la voiture, il glisse sa carte bleue dans ce boîtier. Cela ne lui coûte rien, mais cela lui permet d'être identifié à la fois comme le propriétaire d'une free car et comme conducteur pour le trajet en cours. Ensuite, si au cours de son déplacement, il effectue un achat chez un partenaire (si par exemple il va acheter des étagères en kit chez un marchand de meubles), il règle son achat avec sa carte bleue. Le marchand de meubles lui consent alors une petite remise, de l’ordre de 2% et il rétrocède une commission au constructeur. Même chose quand le conducteur passe à la pompe, fait entretenir sa voiture… toutes ses dépenses habituelles font l’objet d’une remise. Au bout de quelques années, les réductions mises bout à bout remboursent le coût de la voiture.

Quel est l’intérêt pour le marchand de meubles, dont les parkings sont pleins, de payer ses clients ?

Il s’agit d’une simple forme de promotion, rien d’autre ! Evidemment, le week-end, les parkings débordent et le marchand de meubles n’a pas intérêt à faire venir davantage de clients. En revanche, le mardi après-midi, il peut rechercher une affluence supplémentaire, avec des incitations.

En plus d’inciter l’automobiliste avec un "cash-back", le marchand de meubles rétrocède aussi un petit montant des achats au constructeur, un peu de la même façon que les hôtels rémunèrent les sites de location de chambres, ou que les marchands en ligne versent des commissions à Google si le client est venu sur leur site par l’intermédiaire du moteur de recherches.

Le constructeur est rémunéré comme un apporteur d’affaires, car il génère des ventes supplémentaires pour le magasin. Pour le constructeur, la voiture devient rentable non plus au moment de sa vente, mais au moment de son utilisation. 

Quel est l’intérêt pour l’automobiliste ? Au départ il doit payer pour utiliser la "free car" ?

En premier lieu, il verse un montant modéré. Au lieu de payer le prix total de la voiture, le consommateur s’acquitte d’un droit d’entrée, qui peut être compris entre 1 et 3.000 euros. Je penche tout de même pour un prix un peu plus élevé que 1 euro : un peu comme chez le psy, il faut que le conducteur s’engage ! Mais au fil du temps, ce droit d’entrée est remboursé grâce aux multiples promotions octroyées par les partenaires. Par ailleurs, le fait que la voiture soit équipée d’un boîtier qui mesure effectivement les distances parcourues permet un système d’assurances plus souple, sur le modèle du "pay as you drive".

L’assureur identifie simplement le conducteur grâce à la carte bleue introduite dans le boîtier, et elle facture celui qui utilise effectivement la voiture. Ainsi le propriétaire peut prêter sa voiture à un ami sans payer une prime d'assurance supplémentaire. Autre avantage pour ceux qui souhaitent partager une free car : un même véhicule peut être rattaché à de multiples conducteurs, tous assurés individuellement. Les assureurs ont une analyse plus fine de leurs risques, et les usagers payent le juste prix. 

Pouvez-vous nous parler de la voiture en elle-même ?

Elle a plusieurs caractéristiques. En premier lieu, son design doit évoquer une ouverture aux autres partenaires : grande distribution, assurances, tourisme, énergie, divertissement, service, et même quelques éléments de personnalisation. Cette construction ouverte va de pair avec un aspect robuste, car la free car doit pouvoir durer de nombreuses années. Cela implique donc un design qui ne se démode pas trop vite. C’est, de toute façon, une voiture dont l’usage est plus important que la propriété : c’est une automobile sobre et sans fioritures, qui renchérissent son coût de fabrication.

Même en terme d’équipement, elle est extrêmement dépouillée. Elle peut avoir un chauffage, mais le système est bien moins sophistiqué que sur les modèles existants. Cette sobriété présente un autre avantage : la free car est beaucoup plus légère. Cela la rend plus sûre, car les éventuels accidents sont moins graves, et surtout cela la rend plus écologique, car elle mobilise beaucoup moins de matières premières et est plus légère, donc consomme moins. Enfin, elle est open-source. Cela signifie que le constructeur doit en livrer les plans en même temps que les pièces, afin que les garagistes puissent l’assembler eux-mêmes. Mais aussi qu’on puisse la personnaliser après sa fabrication, ajouter des éléments de confort ou des jeux sur le boitier, sans coût supplémentaire.

A qui s’adresse-t-elle ?

Tout le monde a besoin d’une automobile abordable : les retraités, les jeunes, les chômeurs, les familles (qui en font leur deuxième voiture), et maintenant les populations des pays émergents. Le cabinet AT Kearney a réalisé une étude sur l’Ultra Low Cost Car (ULCC), il évalue le marché à 15,6 millions de voitures par an en 2020 ! 

Quelle est la différence avec les voitures low-cost telles que Renault les fabrique ?

Les Dacia ont été conçues avec une base de coûts faible mais elles sont commercialisées exactement de la même manière que des voitures classiques : l’argent rentre dans les poches du constructeur au moment où la vente se réalise.

La free car coûte beaucoup moins cher à développer et à assembler : son prix de revient, avec une estimation pessimiste, est au maximum de 6.000 euros. Le coût de production, lui, est en partie pris en charge par l’automobiliste dans le droit d’entrée. Avec 5% de rétro-commissions, on estime que le constructeur peut gagner environ 500 euros par an. Cela signifie que les constructeurs, qui gagnent habituellement entre 500 et 1.000 euros par modèle, peuvent gagner entre 5 et 10 fois plus qu’avec leur actuel modèle économique. En clair, la free car coûte deux fois moins cher à fabriquer, mais peut rapporter cinq fois plus d’argent. Cette rentabilité permet aux constructeurs de continuer à assembler des voitures en France.

Cette free car remet totalement en cause le modèle économique des constructeurs…

Oui, mais cela résout aussi leur problème de rentabilité ! J’ai travaillé sur ce projet en me mettant avant tout à la place du constructeur. Cela suppose, tout de même, une période de transition. Dans un premier temps, en test, le boîtier pourrait être installé sur les voitures existantes. 

 

 



17/07/2012
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