Un mois après le début de la révolte, Kadhafi a repris l'avantage en Libye
Un mois après le début de la révolte, Kadhafi a repris l'avantage en Libye
le 15.03.11 | 14h33
Les forces pro-Kadhafi reprenaient l'avantage en Libye, pilonnant la ville rebelle d'Ajdabiya (est), un mois après le début d'une révolte qui s'est transformée en guerre civile, sans que le G8 ne parvienne mardi à s'accorder sur une intervention militaire.
Pour les insurgés, il n'y a que "deux possibilités: se rendre ou fuir", a assuré le colonel Mouammar Kadhafi dans un entretien au quotidien italien Il Giornale, excluant toute négociation mais promettant de ne pas tuer ceux qui se rendraient.
Les forces gouvernementales ont lancé l'aviation et l'artillerie lourde contre Ajdabiya, noeud de communication stratégique et dernier verrou tenu par les rebelles avant le fief de l'opposition à Benghazi, 160 km plus au sud, coupant la route entre les deux villes.
Les combats ont fait au moins trois morts et une quinzaine de blessés, selon des médecins, en plus de deux morts reçus pendant la nuit.
Selon la télévision officielle libyenne, "la ville d'Ajdabiya est totalement contrôlée (par les forces loyalistes, NDLR) et elle est en train d'être purgée des gangs armés" - une information démentie par des journalistes de l'AFP sur place, selon qui certains insurgés érigeaient des barricades dans la ville.
"Bientôt Ajdabiya sera sûre et calme comme elle l'était", affirmait un SMS envoyé par les autorités libyennes sur les téléphones mobiles, a constaté l'AFP.
"A moins que l'Otan n'intervienne, il (Kadhafi, NDLR) va tous nous massacrer", déclare le docteur Souleimane al-Abeidi, venu prêter main-forte dans l'hôpital de la ville.
"Nous sommes des civils. Que pouvons-nous faire contre des armes lourdes? Contre des chars, des roquettes Grad et des navires de guerre?", insiste ce médecin de 43 ans, alors que des confrères s'énervent contre les insurgés qui accompagnent des blessés, les accusant d'abandonner leur poste.
En fin d'après-midi, des centaines de civils et d'insurgés fuyant Ajdabiya arrivaient à Benghazi.
Selon des habitants, des combats sporadiques se poursuivaient à Brega, site pétrolier à 80 km à l'ouest, mais la ligne de front proprement dite était désormais aux portes d'Ajdabiya.
Lundi, des avions ont largué des tracts sur Ajdabiya: "Nous arrivons pour vous libérer des terroristes", annonçaient-ils, tout en prévenant que la ville ferait l'objet d'une fouille maison par maison pour en extirper les "rats".
Les grandes puissances réunies au sein du G8 à Paris ont écarté faute de consensus l'option militaire pour ralentir les forces de Mouammar Kadhafi, se bornant à promettre pour cette semaine une nouvelle résolution à l'ONU sur des sanctions renforcées.
"Nous sommes d'accord pour demander au Conseil de sécurité d'accroître ses pressions", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, à l'issue du sommet, dont les conclusions ne mentionnent pas l'option d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, voulue à l'origine par Paris et Londres ainsi que la Ligue arabe et réclamée par l'opposition libyenne.
Un groupe de puissances comprenant les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France espère présenter à l'ONU dès mardi un projet de résolution durcissant les sanctions contre la Libye.
"Kadhafi marque des points", a regretté M. Juppé, estimant que la communauté internationale ne pourrait pas empêcher les forces gouvernementales de reprendre Benghazi.
Barack Obama a renouvelé lundi soir sa mise en garde au dirigeant libyen: "M. Kadhafi a perdu sa légitimité et il faut qu'il parte", a-t-il déclaré.
Mais sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton a refusé de promettre une aide militaire aux rebelles, même sous la forme de livraisons.
Le temps presse pourtant pour les insurgés. L'armée a annoncé dimanche qu'elle était en marche "pour purger" l'ensemble du pays. Depuis le 15 février, la répression sanglante de l'insurrection a fait au moins des centaines de morts et poussé plus de 250.000 personnes à fuir le pays.
Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a appelé les combattants à laisser fuir les civils, soulignant le nombre inhabituellement faible de femmes et enfants arrivant aux frontières avec l'Egypte et la Tunisie.
Dans l'Ouest, les rebelles ont annoncé qu'ils contrôlaient toujours Misrata, théâtre de violents combats la semaine dernière à 150 km à l'est de Tripoli, mais qu'ils s'attendaient à une offensive des forces gouvernementales rassemblées dans une caserne proche.
A Zouara, ville située à 120 km à l'ouest de Tripoli et reprise lundi par les pro-Kadhafi, des partisans du régime ont manifesté selon la télévision et des coups de feu retentissaient, "probablement des tirs en l'air pour faire peur aux habitants", selon un témoin proche de la rébellion.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a proposé à M. Kadhafi de nommer un président jouissant d'un soutien populaire afin de mettre fin à la crise. "Nous voulons un arrêt des combats de part et d'autre", a-t-il insisté sur la chaîne Al-Arabiya.
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, le Jordanien Abdul Ilah Khatib, a réitéré lundi son appel en faveur de l'arrêt des violences et d'un accès pour les organisations humanitaires, lors d'un entretien avec le ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa. Une nouvelle rencontre était prévue mardi.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, la production de pétrole libyen, habituellement de 1,6 million de barils par jour, était presque à l'arrêt ces derniers jours.
AFP
Libye: bombardements contre les rebelles à Ajdabiya, au moins trois morts
le 15.03.11 | 14h33
Des centaines de civils et insurgés arrivaient mardi après-midi à Benghazi (est de la Libye), fuyant Ajdabiya, selon un journaliste de l'AFP se trouvant à une vingtaine de km au sud de Benghazi, bastion des rebelles.
Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, lancées à l'assaut de la localité stratégique d'Ajdabiya, ont coupé mardi la route principale la reliant à Benghazi, bastion des rebelles dans l'est de la Libye, ont annoncé des insurgés.
Des civils et des rebelles formaient avec leurs véhicules de longues files d'attente aux stations services avant de tenter de prendre la route vers Tobrouk, à l'est d'Ajdabiya, a constaté un journaliste de l'AFP. D'autres insurgés érigeaient des barricades dans les rues de la ville.
Les forces gouvernementales ont mené mardi un raid aérien et lancé l'artillerie lourde contre Ajdabiya, ville de l'Est libyen contrôlée par l'insurrection, faisant au moins trois morts et une quinzaine de blessés, selon des médecins.
En outre, dans la nuit de lundi à mardi, l'hôpital avait déjà reçu deux morts et un homme ayant eu une main arrachée.
Depuis la fin de la matinée, de nombreux tirs de batteries antiaériennes résonnaient à l'ouest de la ville, noeud de communication stratégique à 160 km au sud du siège de l'opposition à Benghazi et désormais en première ligne des combats entre forces gouvernementales et insurrection.
En début d'après-midi, les rebelles revenant du front ont déclaré avoir essuyé de violents bombardements, tandis que le bruit des tirs de roquettes s'amplifiait dans le centre-ville.
Au moins un insurgé, un homme de 31 ans, a été tué quand les éclats d'une bombe larguée par un avion de chasse ont perforé l'arrière de la voiture où il se trouvait. Quelques heures plus tard, l'hôpital a reçu deux morts et trois blessés dans un état critique, ont précisé des médecins.
Entre les deux, une douzaine de blessés, dont un garçon d'une dizaine d'années, ont été amenés à l'hôpital, selon un journaliste de l'AFP. Les médecins ont précisé que la plupart d'entre eux avaient été victimes de bombardements.
Selon des habitants, des combats sporadiques se poursuivaient à Brega, site pétrolier à 80 km à l'ouest repris dimanche par les forces gouvernementales, mais le poste de contrôle de la ligne de front proprement dite était désormais à moins d'une dizaine de kilomètres à l'ouest d'Ajdabiya.
"Nous voulons une zone d'exclusion aérienne et des frappes chirurgicales. Personne en Libye ne dira rien contre ça. Nous voulons que l'Otan frappe les bases de Kadhafi", a déclaré le docteur Souleiman al-Abeidi, venu de l'hôpital d'Al-Baïda, dans le nord-est du pays, pour aider l'insurrection.
"Nous sommes des civils. Que pouvons-nous faire contre des armes lourdes? Contre des chars, des roquettes Grad et des navires de guerre?", a déclaré ce médecin de 43 ans. "Donnez-nous des chars, donnez-nous des avions, et nous ferons la besogne nous-mêmes".
"A moins que l'Otan n'intervienne, il va tous nous massacrer", a-t-il insisté.
Les Occidentaux et les Russes, réunis au sein du G8, ont pris acte mardi à Paris de leurs divisions face la contre-offensive du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi sur le terrain, et écarté l'option militaire défendue en vain par la France et le Royaume-Uni.
AFP
Les insurgés stoppés dans leur progression vers le centre d'Abidjan
le 15.03.11 | 16h57
Les insurgés favorables à Alassane Ouattara, président ivoirien reconnu par la communauté internationale, ont été stoppés dans leur progression vers le centre d'Abidjan, les militaires fidèles à son rival Laurent Gbagbo contrôlant toujours mardi un camp stratégique de policiers.
Les affrontements de lundi dans plusieurs quartiers d'Abidjan ont été les plus violents depuis le début de la crise née de la présidentielle de novembre 2010, qui a déjà fait près de 400 morts selon l'ONU et menace de faire basculer le pays dans la guerre civile.
Les Ivoiriens restaient suspendus aux annonces des deux rivaux: la télévision publique contrôlée par le président sortant Gbagbo a promis lundi soir que de "grandes décisions" seraient "arrêtées dans quelques heures" alors que le camp adverse annonçait une intervention de M. Ouattara mardi soir sur sa propre chaîne de télévision.
La pression internationale demeurait forte: les chefs de la diplomatie des huit pays les plus industrialisés (G8) ont réaffirmé à Paris leur soutien à Alassane Ouattara et évoqué la possibilité de "nouvelles sanctions" à l'égard de "ceux qui font obstacle à une solution pacifique".
Dans le quartier d'Adjamé (nord d'Abidjan), les combats avaient été "très très durs" lundi, a raconté mardi à l'AFP un des policiers qui avaient défendu face aux insurgés le camp CRS du secteur de Williamsville, soulignant que les forces pro-Gbagbo avaient réussi à en garder le contrôle.
Les insurgés "étaient déterminés, ils escaladaient les murs comme des commandos, ils étaient nombreux", a-t-il ajouté.
Les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo ont repoussé les insurgés avec des armes lourdes et des renforts venus du camp de gendarmerie d'Agban, le plus grand du pays, situé aussi à Williamsville, un peu au sud-est du camp CRS.
"Sans l'appui des militaires d'Agban, le camp CRS serait tombé", a reconnu le policier du camp attaqué. Le camp d'Agban abrite le commandement de la gendarmerie, des unités d'intervention et de blindés.
Ces deux camps hautement stratégiques contrôlent l'accès au quartier du Plateau, coeur du pouvoir où est situé le palais présidentiel de Laurent Gbagbo.
Les insurgés avaient lancé leur offensive sur le camp CRS depuis la zone nord de la métropole ivoirienne, notamment du quartier voisin d'Abobo, qu'ils contrôlent en grande partie.
La nuit de lundi à mardi a été globalement calme dans la zone de Williamsville, avec seulement des tirs sporadiques de kalachnikov, selon des témoins.
Mais plus d'une centaine d'habitants, terrorisés par les tirs nourris à l'arme lourde de la veille, quittaient mardi matin leur domicile, baluchon sur la tête, sacs au bras, a constaté un journaliste de l'AFP. Le marché était fermé et la circulation automobile très réduite.
Sur un important axe, à l'entrée de Williamsville, des barrages de fortune ont été mis en place. A proximité, des passants déposaient une couverture sur le corps d'un tué.
Lundi matin, une attaque avait aussi eu lieu à Abidjan près de la résidence privée du général Philippe Mangou, chef d'état-major des FDS, dans le quartier de Yopougon (ouest), bastion du président sortant visé pour la première fois depuis le début de la crise.
Une aide d'urgence a commencé à être distribuée à des milliers d'habitants de la capitale économique ivoirienne déplacés par les combats, a indiqué le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés.