VENDREDI 1 AVRIL 2011

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Les troupes de Gbagbo résistent toujoursà Abidjan


Forces loyales à Alassane Ouattara le 1er avril 2011 à proximité du palais présidentiel à Abidjan (Photo Jean-Philippe Ksiazek/AFP)

Les combats ont fait rage vendredi à Abidjan autour du palais et de la résidence présidentielles entre les forces du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo qui s'accroche désespérément au pouvoir et celles de son rival Alassane Ouattara.

Les Etats-Unis ont appelé vendredi soir les forces de la France et de l'ONU à agir pour mettre fin aux violences.

Vendredi 01 avril 2011, 20h29
Alors que le camp de M. Gbagbo affirmait avoir repoussé l'offensive des forces d'Alassane Ouattara, les tirs avaient baissé d'intensité dans l'après-midi.

Les appels à quitter le pouvoir lancés à M. Gabgbo se sont multipliés, de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) au secrétaire général de l'ONU, à la France et aux Etats-Unis.

Mais un des porte-parole de Laurent Gbagbo a répété que ce dernier n'"abdiquerait pas".

Au Plateau, quartier du palais présidentiel, les rafales de kalachnikov et les tirs d'arme lourde s'étaient succédés à un rythme soutenu, dont certains d'une très forte intensité faisaient trembler les murs des immeubles, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les rues étaient désertes, les habitants restaient terrés chez eux.

Même intensité des combats dans le quartier chic de Cocody (nord), dans un large périmètre proche de la résidence présidentielle et de la télévision d'Etat RTI et près du camp militaire d'Agban, dans le quartier voisin d'Adjamé.

Carte de Côte d'Ivoire situant les lieux d'affrontements dans le pays et à Abidjan (Photo /AFP)

Alors que la ville avait été livrée à la violence et aux pillages, quelque 150 ressortissants français et 350 étrangers d'autres nationalités ont été accueillis depuis jeudi soir sur le camp de Port-Bouët de la force française Licorne à Abidjan, selon l'état-major des armées françaises à Paris.

La France déconseille "formellement" les voyages en Côte d'Ivoire, où vivent 12.200 de ses ressortissants, dont 11.800 à Abidjan. Sur les 12.200, 7.300 ont la double nationalité.

Une Suédoise employée de l'ONU a été tuée par balle jeudi soir à Abidjan, selon le ministère suédois des Affaires étrangères.

A Yamoussoukro, capitale politique, un professeur français a été tué par balles dans son hôtel dans la nuit de jeudi à vendredi, sans que l'on sache si sa mort est liée aux combats dans le pays, ont indiqué des sources françaises.

Les forces d'Alassane Ouattara prêtes à s'emparer du palais présidentiel le 1er avril 2011 à Abidjan (Photo Jean-Philippe Ksiazek/AFP)

La Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) a de son côté affirmé vendredi dans un communiqué que son siège à Abidjan avait été "l'objet de tirs nourris jeudi après-midi, de la part des forces spéciales du président Gbagbo. Les troupes de l'Onuci ont riposté aux tirs dans un échange de feu de près de trois heures".

Les combats très intenses entre les militaires fidèles au président sortant et les Forces républicaines d'Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, ont débuté jeudi soir à Abidjan, la métropole ivoirienne constituant l'ultime objectif des forces pro-Ouattara.

Lundi, les Forces républicaines, qui contrôlaient le nord du pays depuis 2002, ont lancé une foudroyante offensive vers le Sud, pour mettre un terme à la crise née du scrutin présidentiel contesté du 28 novembre ayant fait, selon l'ONU, près de 500 morts, essentiellement des civils.

Au soir du cinquième jour de l'offensive, un porte-parole du gouvernement de M. Gbagbo a affirmé que celui-ci était "à sa résidence (d'Abidjan) avec toute la famille réunie" et que "toute tentative de recherche de solution par la force est sans issue".

"Il a été élu par les Ivoiriens et l'autre par la communauté internationale", a-t-il poursuivi, en référence à Alassane Ouattara.

Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, ne s'est pas exprimé publiquement depuis des semaines.

Les forces pro-Ouattara ont dit avoir pris au début des combats la télévision d'Etat, symbole du régime, le privant ainsi d'un moyen de communication essentiel. Le signal était interrompu depuis jeudi soir.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé vendredi Laurent Gbagbo à céder le pouvoir à Alassane Ouattara et a enjoint les deux camps à faire preuve de retenue.

Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU à Abidjan a offert à M. Gbagbo de "faciliter son départ si tel était son souhait".

La Cédéao, la France, les Etats-Unis ont appelé le président sortant à quitter le pouvoir.

Il "ne démissionnera" pas et "il n'en sortira pas vivant", a assuré un de ses amis les plus proches, l'ancien responsable socialiste français Guy Labertit.

"Il faut que Laurent Gbagbo se rende pour éviter un bain de sang. On espère qu'il le fera, sinon on viendra le chercher là où il est. S'il démissionne, c'est bien, sinon il sera traduit devant la justice internationale", avait averti jeudi soir Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara.

Mais le camp Ouattara n'est pas exempt de critiques: l'ONU craint de "graves violations des droits de l'homme" commises par les forces pro-Ouattara, en particulier dans l'ouest du pays.


    
 
 

 


Libye: combats autour de Brega, la rébellion prête à un cessez-le-feu


Des rebelles libyens quittent Ajdabiya, en route vers Brega, le 1er avril 2011 (Photo Mahmud Hams/AFP)

Le site pétrolier de Brega, dans l'est de la Libye, a été vendredi le théâtre d'intenses combats entre les forces de Mouammar Kadhafi et les rebelles, qui se sont dits prêts à un cessez-le-feu sous certaines conditions.

En milieu de journée, la ligne de front se situait à 800 km à l'est de Tripoli, aux environs de Brega, mais il était impossible de savoir de source indépendante qui contrôlait la localité, selon des journalistes de l'AFP.

Vendredi 01 avril 2011, 20h22
Au total, 11 personnes dont huit civils ont péri en trois jours dans la zone disputée, selon des sources médicales à Ajdabiya, à 80 km à l'est de Brega: cinq civils sont morts mercredi, trois jeudi et trois rebelles vendredi. De plus, 10 insurgés ont été blessés.

Les versions divergeaient cependant sur les circonstances exactes de la mort des civils, l'une affirmant qu'ils avaient été tués dans des raids aériens de la coalition internationale et l'autre disant qu'ils l'avaient été par les forces du colonel Kadhafi.

Mais les rebelles bloquaient la route vers Brega, avec des pick-up garés en travers de la chaussée à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Ajdabiya.

En fin d'après-midi, les combats à l'artillerie lourde continuaient, les rebelles utilisaient des lance-roquettes multiples de gros calibre, et le bruit des détonations résonnait jusqu'à Ajdabiya.

Des rebelles libyens près de Brega, le 31 mars 2011 (Photo Mahmud Hams/AFP)

Après avoir battu en retraite sous les bombardements de la coalition internationale, les troupes de Mouammar Kadhafi ont marqué des points sur le terrain ces derniers jours, reprenant plusieurs localités aux insurgés, en particulier le site pétrolier de Ras Lanouf.

Selon le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, les conditions météorologiques ont réduit ces derniers jours l'efficacité des frappes de la coalition internationale, dans la mesure où les avions ne pouvaient pas toujours "voir les cibles avec précision".

Vendredi matin, les rebelles, sous-équipés et moins bien organisés que l'armée loyaliste, ont tenté de remettre de l'ordre dans leur organisation.

Devant la porte ouest d'Ajdabiya, Abdelkarim Mansouri, 54 ans, criait les nouvelles consignes: "Plus de civils ! Plus de voitures civiles. Seuls les soldats et le ravitaillement peuvent passer !"

Des rebelles libyens, le 30 mars 2011 à Ajdabiya (Photo Mahmud Hams/AFP)

Il s'agit là qu'une "nouvelle tactique", a-t-il expliqué à l'AFP. "On ne veut plus que les chebab (jeunes) se fassent tuer. La guerre n'est pas une distraction. Ce sont les ordres du conseil militaire".

Pendant ce temps, à Benghazi, fief des rebelles à 160 km au nord d'Ajdabiya, Moustapha Abdeljalil, chef du Conseil national de transition (CNT), s'est dit prêt à respecter un cessez-le-feu, à deux conditions.

"Nous sommes prêts à un cessez-le-feu à condition que nos frères dans les villes de l'ouest puissent s'exprimer librement et que les forces (pro-Kadhafi) qui assiègent nos villes se retirent", a-t-il expliqué.

Il s'exprimait près une rencontre avec l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, le Jordanien Abdel Ilah Khatib, qui a affirmé que le principal objectif de l'ONU était d'obtenir "un cessez-le-feu durable".

Les puissances occidentales cherchent une solution politique plutôt que militaire au conflit, qui a éclaté le 15 février avec les premières manifestations en faveur de la démocratie à Benghazi.

"La situation en Libye ne peut pas être résolue par des moyens militaires. Il peut seulement y avoir une solution politique", a insisté le ministre allemande des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.

Parallèlement, un proche conseiller du clan Kadhafi, en visite dans sa famille à Londres, est reparti porteur d'un "message fort" du gouvernement britannique au régime Kadhafi, selon une source gouvernementale à Londres.

Selon le quotidien britannique The Guardian et la BBC, Mohammed Ismail aurait été envoyé à Londres pour tenter de trouver une porte de sortie au dirigeant libyen.

Car si ses troupes ont marqué des points sur le terrain ces derniers jours, Mouammar Kadhafi a subi un revers important sur le plan politique avec la défection, annoncée mercredi soir, de l'une des principales figures du régime, le ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa.

M. Koussa avait activement participé ces dernières années au retour de la Libye dans le concert des nations fréquentables.

L'Otan a pris jeudi matin le commandement de toutes les opérations, assumées depuis le 19 mars par la coalition menée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Selon son secrétaire général Anders Fogh Rasmussen, la mission sera accomplie "quand il n'y aura plus de menaces contre la population civile".

Il s'est opposé à l'idée d'armer les rebelles, estimant que l'Otan intervenait "pour protéger le peuple libyen, et non pour armer le peuple".

Vendredi, la rébellion a annoncé avoir passé un accord avec le Qatar pour commercialiser le pétrole brut des zones qu'elle contrôle en échange de livraisons de nourriture, médicaments et carburant, précisant qu'elle espérait aussi pouvoir acheter des armes avec les revenus du pétrole.

Et l'Union européenne s'est dite prête à déclencher, si l'ONU le demandait, une opération militaire humanitaire afin de répondre à la situation de crise en Libye.






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01/04/2011
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