Walter Bartoli a assisté depuis les tribunes à la victoire de sa fille Marion en finale de Wimbledon contre Sabine Lisicki (6-1, 6-4). Le désormais ancien entraîneur était très ému après la cérémonie de remise des trophées.

Walter, pouvez-vous nous décrire ce qui vous passe par la tête à la fin du match ?
C’est très difficile de résumer. Il y a eu 22 ans de travail avec Marion pour vivre ce jour. C’est surtout l’accolade que j’ai eu avec elle que je retiens. Cela s’est passé en trois secondes, mais je pense qu’on s’est tout dit. Je vais m’effondrer, tout simplement. Je suis au bord de lâcher.

Comment avez-vous vécu ce match depuis les tribunes ?
Même si elle a eu un peu de tension au début, elle est parvenue à la surmonter. Et au niveau de la concentration et de l’implication, c’était parfait. Extraordinaire ! Cela fait 22 ans qu’on travaille avec Marion pour qu’elle puisse réaliser son rêve. Pour nous, c’est l’aboutissement de tellement d’années, d’heures de travail et d’entraînement.

Pour elle, il était inconcevable que vous ne soyiez pas là aujourd’hui...
Oui, j’ai tenu la place qu’elle a bien voulu me donner. Bien sûr je suis venu et j’étais enchanté de venir. Ce matin, on a pris le petit déjeuner ensemble, on était tout content. Elle a fait les bons choix, comme d’habitude. Je pense qu’elle a trouvé la bonne alchimie. Je trouve qu’avec Thomas (Drouet), qui a fait du bon travail avec nous, elle a trouvé son équilibre. Le staff fédéral est tout aussi important. Chacun a apporté sa petite pierre à l’édifice.

Comment avez-vous vécu ces deux semaines loin d’elle ?
Elle ne contestait pas ma façon de travailler. C’est une jeune femme de 28 ans, elle a envie de mener sa propre vie et de s’épanouir. C’est totalement légitime et normal. Je pense avoir bien joué mon rôle de père et de coach, et Dieu sait si c’est compliqué. Mais quand je vois l’aboutissement et quand je la vois rayonnante, je pense que je peux être heureux pour elle et de tout ce qu’on a fait ensemble.

Vous a-t-elle épaté au cours de cette quinzaine ?
Oui, elle m’a épaté. Mais elle l’avait déjà fait avant. Je me souviens comment elle avait renversé le match contre Justine (Henin) en 2007 (en demi-finales à Wimbledon, ndlr), j’étais complètement bluffé. Ce n’est pas la première fois.

 

Réactions

Le clan français a salué la victoire de Marion Bartoli à Wimbledon ce samedi. L’émotion était palpable pour Amélie Mauresmo, Thomas Drouet et Valérie Fourneyron, la ministre des Sports. Voici leurs réactions.

Amélie Mauresmo (capitaine de l’équipe de France de Fed Cup):
"Je ne sais même pas quoi dire. Ce qui est important, c’est ce bonheur, cette émotion, c’est rare et précieux. J’espère qu’elle va en profiter. Elle a bluffé pas mal de gens, c’est sûr. Mais derrière, il y a quand même du boulot. Il y a aussi une certaine satisfaction pour moi, presque un an après ma nomination à la tête de l’équipe de France de Fed Cup, de pouvoir redynamiser le tennis féminin français. Son retour avec nous a peut-être été un déclic dans son épanouissement, avec ce qu’elle a vécu en Fed Cup et ce qu’elle a vécu ici. Marion a peu de doutes. Une fois qu’elle est sur de bons rails et qu’elle se sent bien, il n’y a pas grand-chose qui peut parasiter son fonctionnement."

Thomas Drouet (sparring-partner de Marion Bartoli):
"Je savoure ce moment, j’apprécie les sensations que j’ai eues et c’est gravé dans ma mémoire. Je réalise très bien ! Je suis très heureux pour Marion, parce qu’elle a traversé des périodes difficiles. Elle travaille depuis 20 ans pour réaliser son rêve et aujourd’hui elle l’a fait. Je suis rempli d’émotions pour elle, et pour moi aussi. Parce que je sors d’une situation difficile (l’affaire John Tomic, ndlr). Et là, c’est incroyable ! Je savais qu’on allait gagner, parce que j’ai une boule de cristal (rires). Non, en fait, je voyais le niveau de Marion s’améliorer au quotidien. Sa force vient du travail qu’elle a effectué. Même quand c’était difficile, elle n’a jamais lâché. Elle a réussi à relativiser, à ne pas s’enflammer, même quand il y a eu l’hécatombe du côté des têtes de série. Je pense qu’elle a apprécié chaque seconde de ce tournoi."