ACTUALITÉ
– Le prix de la pomme de terre frôle aujourd’hui les 100 DA le kilo, alors qu’il ne dépasse pas les 70 DA en gros. Où se situe le problème ?
Je ne cesserai jamais de le répéter : la filière de la pomme de terre est gérée par une sorte de «mafia» qui profite de cette période de disponibilité de la production pour stocker le maximum dans les chambres froides et écouler sur le marché des quantités qui ne répondent pas à la demande afin de maintenir les prix le plus haut possible. Malheureusement, ce n’est plus un secret.
Ce n’est pas un problème de manque de production ni de grande vague de chaleur ou encore de maladies, mais plutôt de monopole. Que ce soit chez le mandataire ou le détaillant, cette hausse des prix est illogique. La cause est cette mauvaise gestion des quantités injectées sur le marché.
Pour les autres produits, je tiens à signaler que pour la tomate et le raisin, le mildiou a fait des ravages, notamment pour la récolte de raisin. Ce dernier reste cher et pas très abondant sur le marché. Heureusement que les autres fruits, tels que la pêche, la pastèque et le melon et bientôt la pomme, ont été épargnés et compensent ce manque de raisin.
Pour les navets demandés durant cette période, c’est leur production très faible qui est à l’origine de leur prix élevé. Les agriculteurs évitent d’en produire de grandes quantités vu qu’il n’est pas consommé avec abondance.
– En effet, cette hausse ne touche pas seulement la pomme de terre, mais aussi d’autres produits. L’approche de l’Aïd en est-il une cause ?
En fait, l’approche de l’Aïd n’a absolument rien à voir avec la flambée des prix. Si hausse il y aura, ce sera sur les prix des moutons et non pas les fruits et légumes. La cause de cette instabilité des prix entre le gros et le détail est ailleurs. Il s’agit, certes, des spéculateurs pour certains produits très demandés, mais aussi de la logique de la liberté des prix. Sous ce prétexte, un détaillant augmente les prix comme bon lui semble du moment qu’il trouve acheteur.
De son côté, le client, dépourvu de choix, achète moins que ses besoins pour faire des économies. La loi de l’offre et de la demande influe, sans doute, sur la mercuriale mais augmenter les prix de 100% entre celui du gros et du détail est loin de toute logique. La tomate qui est disponible sur le marché du détail à 50 DA, jusqu’à 120 DA a été cédée en gros à 25 DA. Il en est de même pour le poivron cédé entre 40 et 50 DA en gros et revendu au consommateur à 120 DA.
Je n’accuse pas les détaillants, parce qu’ils appliquent la règle de la liberté des prix, mais plutôt les agents de régulation qui devraient trouver une solution à cette instabilité du marché. Il faut que l’Etat intervienne en définissant une marge bénéficiaire bien claire qui inclut tous les frais, y compris le transport.
– Quelles sont, à votre avis, les solutions possibles ?
Il faut d’abord veiller à la traçabilité des transactions commerciales en imposant les factures à tous les niveaux. En plus de cette mesure, il est indispensable d’imposer une marge bénéficiaire chez les détaillants.
Ceci permettra une stabilité des prix et mettra fin aux spéculateurs. Pour mettre tout cela en marche, il est important que le contrôle soit élargi à tout commerçant, y compris celui activant dans l’informel. Les contrôleurs doivent exiger l’affichage des prix au détail avec la facture d’achat. Avant tout cela, il faut qu’il y ait une réelle volonté de réguler le marché.