Lâassassinat du Directeur GĂ©nĂ©ral de la SuretĂ© Nationale , feu Ali Tounsi, ne passera pas inaperçu comme nâimporte que autre crime. Tout simplement parce quâil sâagit, ici, de lâassassinat dâune personnalitĂ© qui assume une grande responsabilitĂ© sĂ©curitaire et parce que le crime nâa pas eu lieu dans une rue oĂč il y avait foule et voitures, mais Ă lâintĂ©rieur dâun bureau, dans un bĂątiment fortifiĂ© et parce que lâauteur de ce crime nâest pas un criminel ou un terroriste hors la loi, mais un responsable sĂ©curitaire qui dĂ©tient les commandes dâun organe qui, bien quâen cours de crĂ©ation, aura un rĂŽle sensible et prĂ©pondĂ©rant Ă lâavenir, Ă savoir, celui des hĂ©licoptĂšres de contrĂŽle ou plutĂŽt lâappareil de « la force aĂ©rienne de la police ».
Ce qui est certain et indiscutable, câest que les retombĂ©es de cet Ă©vĂ©nement ne passeront pas, cette fois, inaperçues, ni sur le plan intĂ©rieur ni extĂ©rieur et quâil aura un impact sur lâAlgĂ©rie pour un certain temps. Toutefois, les autoritĂ©s se sont, quand mĂȘme, contentĂ©es de signaler que lâassaillant a Ă©tĂ© pris dans une crise de dĂ©mence pour ensuite classer le dossier, en attendant les rĂ©sultats de lâenquĂȘte qui aboutira certainement au mĂȘme rĂ©sultat, que celui de lâenquĂȘte menĂ©e sur lâassassinat du feu Mohamed Boudiaf.
De toute maniĂšreâŠface Ă la fuite en avant et au mutisme du pouvoir, qui nâest plus une sagesse et face au stress de lâopinion publique nationale et lâinquiĂ©tude de lâopinion internationale, reprĂ©sentĂ©e dans les gouvernements et leurs appareils, nous avons tous le droit de nous demander pour la Ă©niĂšme fois, serait-il logique quâune personne souffrante dâune pathologie psychique occupe le poste de commandant des « forces aĂ©riennes de la police » et cette mĂȘme personne se trouve ĂȘtre candidate au poste de prĂ©sident de la commission nationale des marchĂ©s de la sĂ»retĂ© nationale, selon plusieurs sources ?
Face Ă la diversion et Ă la fuite en avant, concernant la gravitĂ© de ce qui sâest passĂ©, on nâa quâĂ sâinterroger pourquoi le dĂ©funt aurait-il acceptĂ© de recevoir lâassaillant, alors quâil nâest pas de ses habitudes de recevoir ceux quâil limoge, en particulier quand il sâagit de gens quâil rĂ©voque pour des raisons relatives Ă la corruption. Y aurait il une quelconque partie officielle qui puisse nous affirmer ou infirmer que le colonel Ali Tounsi avait effectivement renvoyĂ© son assassin de son poste ? Peut-on, notamment, nous confirmer ou infirmer que lâassaillant soit effectivement impliquĂ© dans des affaires de corruption liĂ©e aux opĂ©rations dâachat de matĂ©riel Informatique ou piĂšces de rechange pour hĂ©licoptĂšres de lâĂ©tranger et avec des prix faramineux ?
Reste Ă dire que tout le monde est dâaccord sur le fait que la corruption a rongĂ© tous les secteurs et que lâensemble des dirigeants est responsable, pour ne pas les accuser directement de corruption. Ce sont toutes ces raisons qui imposent au pouvoir de ne pas cĂ©der Ă la loi du silence, de la fuite en avant et de lâobscurantisme. Encore plus, il doit adopter une politique de confrontation et ouvrir toutes les portes fermĂ©es aux mĂ©dias et aux journalistes, dans le cas oĂč il a une sĂ©rieuse intention de trouver une sortie de crise.
Le fait que personne, parmi les responsables, nâa le courage dâinitier un vrai dĂ©bat avec les journalistes algĂ©riens et non pas Ă©trangers, ne signifie quâune seule chose, câest quâil y a une peur bleue de lâopinion publique et quâil y a une incapacitĂ© manifeste pour affronter la rĂ©alitĂ©. Ce qui signifie, enfin, que le rĂ©gime en place fait face Ă une faillite gĂ©nĂ©rale.