180--/-ACTUALITES Du Mercredi 28 Juin 2017
Mercredi 28 Juin 2017
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الأربعاء 28 جوان 2017 م
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ACTUALITÉ
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INTERNATIONAL

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Lutte contre le terrorisme au Sahel : Les menaces d’Idriss déby Itno
CULTURE

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19e anniversaire de l’assassinat de Matoub : Des milliers de personnes à Taourirt Moussa
Association musicale andalouse El Djenadia : Le patrimoine andalou revisité dans deux nouveaux albums
RÉGION EST
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Célébration du Solstice d’été en Algérie : Une association de Skikda honorée
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Sortie avec les gendarmes de Biskra : Une présence sur tous les fronts
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RÉGION OUEST

Train rapide Oran-Alger : Un voyage de plus de 5 heures sans climatisation !
Mostaganem : L’université participera au Festival du court métrage estudiantin de Nabeul
Chlef : Des projets agricoles jetés aux oubliettes
Ghazaouet : L’humour pimente les veillées ramadhanesques à la plage
Sidi Bel Abbès : Une belle soirée entre artistes au musée Ghanja
Mascara : 1550 employés du filet social appelés à quitter leurs postes
Tiaret : Deux personnes mortes par asphyxie à l’intérieur d’un garage
Rélizane : 50 tonnes d’enrobé ravagées par le feu
RÉGION KABYLIE

Commune d’Iboudrarène : Le développement du tourisme de montagne contrarié
La violence s’empare des campus : Où va l’université algérienne ?
Les raisons des violences
le 28.06.17 | 12h00
Il a fallu que l’acte ultime soit commis pour que les consciences se réveillent et mesurent toute l’étendue du fléau de la violence à l’université. Un mal qui a métastasé dans l’incubateur fait de lenteurs des réactions et de l’omerta ambiante.
L’assassinat de l’enseignant de Khemis Miliana, Bachir Sarhane Karaoui, à Tipasa la semaine dernière par deux étudiants a soulevé l’indignation générale et la colère des populations universitaires, même si l’enquête préliminaire favorise la piste d’un problème de voisinage qui ne serait pas directement lié à l’université. En réaction à ce crime abjecte, des rassemblements de protestation ont été organisés par des enseignants devant le ministère de l’Enseignement supérieur et dans plusieurs établissements du pays pour dénoncer la dérive de l’université.
Car, même si la raison de l’acte n’est pas directement en relation avec leur environnement, les statuts de la victime et des auteurs les interpellent directement. Sur les réseaux sociaux, le fait divers soulève la colère de tous.
Quelques jours plus tard, de Tipasa justement, le ministre de l’Enseignement supérieur est presque soulagé de dire que l’acte criminel n’a rien avoir avec l’université. Tout en décrétant que la violence universitaire «n’a pas atteint le degré de virulence colporté un peu partout», Tahar Hadjar appelle toutefois la famille universitaire à s’unir et se soutenir pour lutter contre ce fléau.
Il instruit par la même occasion les recteurs et directeurs des établissements du supérieur à être fermes et user de toutes leurs prérogatives contre les fauteurs de troubles. M. Hadjar annonce l’introduction de la thématique de la violence universitaire dans les prochains travaux du conseil d’éthique et de déontologie de l’enseignement supérieur. Autre mesure «innovante», le ministre annonce un projet de loi limitant l’âge des adhérents aux organisations estudiantines à 27 ans.
Mais n’est-il pas un peu tard pour ce genre de mesures maintenant que la violence, n’en déplaise aux pouvoirs publics, a atteint des degrés indignes du monde du savoir ? Pourtant, depuis des années, les sirènes d’alarme ont été tirées. En 2014, deux publications alertent l’opinion publique sur les risques de dérapage dans le secteur.
Université le chaos de l’enseignant de physique à l’université de Tizi Ouzou Aomar Aït Aïder, et surtout Repenser l’université un ouvrage collectif fait par d’importants sociologues bien au fait du fonctionnement de l’université algérienne, coordonné et présenté par le regretté professeur Djamel Guerid – décédé avant la publication —, qui avaient fait un constat sans concession parfois choquants sur le fonctionnement des établissements et du secteur en général et alerté sur les dangers à venir. Ainsi et à la lumière des éclairages fournis par différents acteurs du monde universitaire ces quatre dernières années, la violence à l’université, même si elle est le reflet de toute une société, a des raisons très objectives.
Au premier plan, figure le mode de gouvernance et de gestion des établissements universitaires. Après la démocratisation de l’accès à l’enseignement est venu le temps du diplôme pour tous. L’augmentation du taux de réussite au baccalauréat et le rush occasionné sur les établissements du supérieur imposent aux responsables d’accorder la priorité à la gestion des flux au détriments du savoir. Pour garantir la « paix sociale » et ne pas dérégler la mécanique, les recteurs et autres directeurs d’établissement intercèdent souvent dans les prérogatives des enseignants en faveur des étudiants et cela se fait généralement via des organisations estudiantines asservies et complices.
En octobre 2013, l’ancien recteur de la faculté de droit d’Alger, Dr Ahmia Slimane regrettait, sur les colonnes du supplément Etudiant d’El Watan, que le faible niveau des étudiants oblige certains enseignants à abaisser la moyenne de réussite afin d’éviter la surcharge des paliers inférieurs d’un côté et le passage des étudiants avec un nombre élevé de modules en dette de l’autre. Mais la pratique n’est pas du goût de tous les enseignants. «Avec ces mesures de sauvetage, on apprend à l’étudiant à ne pas faire d’effort et de travailler juste le minimum», dénonçait alors un enseignant de Tizi Ouzou.
Cet acoquinage de l’administration avec certaines organisations estudiantines, les plus puissantes et choisies selon l’obédience politique, mène vers les seconds facteurs de violence en poussant leurs militants à user de pressions diverses, négociant les «passages des étudiants», des quotas en Master et en Doctorat jusqu’à imposer leurs règles dans la gestion des œuvres universitaires. Siégeant dans les conseils de disciplines des universités, ces étudiants capotent toute tentative de punition à l’encontre des étudiants incriminés en procédant systématiquement par le chantage de la fermeture des établissements. Cette situation a fini par exténuer le corps enseignant qui n’a plus aucune prise sur ses disciples. En avril 2014, une enseignante de mathématiques à l’université de Tizi Ouzou dénonçait un harcèlement insupportable opéré par son étudiant qui lui avait manqué de respect, car elle l’avait introduit en conseil de discipline. Esseulée, menacée dans son intégrité physique, elle regrettera le fait que ses collègues lui préconisent de laisser tomber et de se plier aux exigence de l’étudiant agresseur.
Le troisième facteur à l’origine des violences est la frustration des étudiants non affiliés aux organisations et donc non protégés. Se sentant floués, ayant compris que le cursus universitaire n’est pas basé sur l’effort, l’assiduité ou le sérieux, ils ont décrété qu’eux aussi ont le « droit » inamovible de passer au palier supérieur, d’accéder aux masters et de conquérir par la force s’il le faut et l’insubordination pour accéder aux privilèges. D’où la constitution à vau-l’eau de collectifs et de délégations d’étudiants qui recourent souvent à des grèves inopinées, fermant les établissements universitaires. Parfois, trois ou quatre étudiants empêchent un département entier de fonctionner durant des semaines.
Si on ajoute à cela le difficile environnement dans lequel survivent ces étudiants, l’agressivité et la violence sont aisément compréhensibles. Lors d’un entretien réalisé en septembre 2014, le Pr Dalila Samaï Haddadi, directrice du Centre d’aide psychologique universitaire, avait averti contre le burn-out subi par les apprenants : «L’étudiant est en état de débordement et de fatigue. Il est usé par le manque d’hygiène, le bruit incessant des chantiers, l’insécurité matérielle et physique, la difficulté qu’il trouve à se déplacer, manger, dormir… Et si on ajoute à cela la perte de valeurs socioculturelles et le manque de confiance dans un système où ce n’est pas la compétence qui règne mais la médiocrité, on comprend que cet étudiant-là, sans justifier les comportements inadéquats, a toutes les raisons d’être troublé, déséquilibré et agressif dans son attitude. L’université reproduit les travers du système (politique) du pays. Et devant toutes ces angoisses emmagasinées, l’étudiant est en état de burn-out.»
De leur côté, quatrième facteur, les enseignants eux-mêmes. Démotivés, en manque de considération et faisant face à des conditions socioéconomiques difficiles, certains pèchent par convoitise ou lassitude. Dans une étude sociologique menée en 2003, intitulée «Attitude et pratiques professionnelles des enseignants universitaires algériens», le professeur Mohamed Ghalamallah (chargé de cours au département de sociologie Alger 2, chercheur associé au Créad) écrit : «Le discours des universitaires de notre échantillon (d’enseignants-chercheurs d’Oran) relève le désordre institutionnel et pédagogique de l’université, la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, expression d’un statut social et professionnel dévalorisé.
Nos sujets s’indignent du peu de considération que les pouvoirs publics confèrent à une institution qui a la mission majeure de former l’élite de la nation. Ils vivent leur métier dans la perplexité, avec un profond sentiment de frustration.» En plus de cette «misère», les enseignants recrutés en masse pour faire face à la déferlante étudiante ne sont pas formés aux pratiques pédagogiques, ce qui complique davantage leurs relations avec leurs disciples.
Souvent en porte-à-faux avec l’administration, certains enseignants recourent à leur tour à la manipulation des plus jeunes pour arriver à leurs fins. Cela, sans trop insister sur les cas, nombreux de harcèlement sexuel, de corruption et népotisme auxquels certains encadreurs s’adonnent monnayant ainsi leurs sésames : les notes, accentuant la frustration des étudiants.
Mais le facteur le plus déterminant et qui est au centre de tous les maux reste la gestion politique de l’université. Dans une interview publiée dans les colonnes de ce supplément le 22 février 2017, Adel Abderrezak, enseignant à l’université Abbes Laghrour de Khenchela et ex-porte-parole du CNES (1996-2004), décrivait les choses ainsi : «Tout concourt à ce que la violence s’installe à l’université.
Une administration autoritaire qui veut tout contrôler, des sociétés privées de vigiles perméables aux dérapages, des organisations d’étudiantes plus impliquées dans des logiques de pouvoir que dans des logiques syndicales, des enseignants résignés à la gestion de carrière et désyndicalisés». Et d’ajouter : «L’opacité du deux poids, deux mesures, les passe-droits, le clientélisme, tout cela amplifie le phénomène d’agressivité à l’intérieur des universités.
En fait, tout cela traduit le fait que le lien s’est coupé entre les différents acteurs universitaires, chacun enfermé dans son îlot recherche l’évitement de l’autre ! C’est aussi ça l’objectif ‘des politiques moins visibles’, qui font tout pour anesthésier toute conscience critique dans les milieux universitaires : l’enseignant se contentant de son acte pédagogique banalisé, l’étudiant de réussir son cursus à tout prix, l’administration de rechercher la paix sociale par tous les moyens, y compris en tournant le dos à la réglementation.» Pour le Dr Abderrezak Dourari, il faut «autonomiser le champ du savoir.
Il faut que ce secteur ne dépende plus du pouvoir et qu’il soit géré dans les normes universelles de l’université. Même dans le Chili de Pinochet, le régime politique réprimait l’acte politique mais l’université avait son propre fonctionnement». «Il faut revenir aux normes, c’est-à-dire l’octroi des postes sur la base des compétences et des publications scientifiques. Un jour, j’avais mis l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur au défit de révéler les CV des recteurs. Ici, les postes sont inversement proportionnels aux compétences.
Même dans l’université, la triptyque imposée par le système politique à la gestion de tous les secteur est la même : la violence, l’impunité et la corruption. Pour une université saine, il faut que le politique gère ce qui est politique. Aux pédagogues de gérer l’université», conclut le Dr Dourari.
Samir Azzoug