aCTUAL ITES Mercredi 27 Juin 2012
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Tomate industrielle
Réouverture de huit usines
le 27.06.12 | 10h00
Huit unités viennent de bénéficier d’un soutien financier de la BADR, allant du rachat de leurs dettes auprès des autres banques à l’attribution de crédits de campagne permettant d’acquérir la matière première auprès des agriculteurs. La filière emploie environ 140 000 travailleurs. Les huit unités ont nécessité chacune un investissement d’environ 200 milliards de centimes et disposent d’une capacité de 750 t/jour.
Une décision salutaire, celle de financer la réouverture des unités de transformation de la tomate de l’est du pays, en souffrance depuis plusieurs années des suites de l’accumulation de diverses dettes. L’Etat a décidé, par le biais de la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR), de mettre la main à la poche et graisser le moteur à l’arrêt des conserveries en question.
Huit unités viennent de bénéficier d’un soutien financier de la BADR, allant du rachat de leurs dettes auprès des autres banques à l’attribution de crédits de campagne permettant d’acquérir la matière première auprès des agriculteurs.
La finalité tend à joindre les deux bouts de la filière : son amont agricole qui pourvoit aux besoins des industriels et son aval agroalimentaire cultivé par ceux-là mêmes.
Contacté hier par nos soins, le PDG de la BADR, Boualem Djebbar, nous a expliqué que cette opération de sauvetage des conserveries de l’Est s’inscrit dans le cadre de la décision d’assainir les dettes fiscales des entreprises en difficulté.
Pour le cas des huit conserveries qui viennent mettre du beurre dans les épinards, celles-ci ont vu leurs dettes rachetées par la BADR, en bénéficiant par le même concours d’un rééchelonnement sur plusieurs années. Mieux encore, la BADR vient d’ouvrir une ligne de crédit de 4 milliards de dinars au bénéfice de ces unités de transformation de tomates.
L’objectif étant de financer l’acquisition de la matière première auprès des agriculteurs par le moyen d’un crédit fédératif à taux bonifié de 0%. Cet appareil productif qui s’est vu envahir par la rouille pendant plusieurs années ne cesse de revendiquer, depuis le début des années 2000, le concours des banques et des pouvoirs publics pour se remettre sur les rails.
Ces unités étaient victimes, dans les années 1990, d’une perte de change qui a entraîné un important préjudice sur le capital investissement injecté par les opérateurs. Le chiffre d’affaires de ces conserveries tournait autour de 15 milliards de dinars avant que les moteurs grippent sous l’effet des difficultés financières.
Investissement de 200 milliards
Elles ont nécessité chacune un investissement d’environ 200 milliards de centimes et disposent d’une capacité de 750 t/jour. C’est une réelle opération de sauvetage de toute une filière qui vient d’être décidée par les pouvoirs publics. Cette filière emploie environ 140 000 travailleurs, si l’on se réfère aux estimations de ses acteurs. Pour M. Djebbar, PDG de la BADR, il s’agit d’une stratégie qui tend à prendre en charge toute une filière intégrée qui est celle de la tomate industrielle. Celle-ci a vu une dynamique se créer dans le mileu de ces acteurs grâce à un rapprochement amorcé entre agriculteurs et industriels.
Mohamed Laïd Benamor, président du CIC et PDG du groupe portant le même nom activant, entre autres, dans la transformation de la tomate, a qualifié de «salutaire» la décision prise par l’Etat d’insuffler la vie dans ces unités.
Cependant, il faudra, d’après lui, que ces unités «s’inscrivent dans la démarche de combiner des jointures entre les différents acteurs de la filière afin que soit réalisé enfin l’objectif de faire barrage aux importations, atteindre l’autosuffisance en la matière et aller dans un futur proche vers l’exportation».
Pour cela, il est impératif de parvenir à pourvoir l’amont (surfaces cultivées) en 300 millions de plants de tomates. S’il est vrai que les performances de la filière sont indéniables durant ces dernières années (voir l’article de Lyes Mechti), la concrétisation des objectifs de l’autosuffisance et de l’exportation suppose, d’après Mohamed Laïd Benamor, qu’il y ait un consensus, une foi et une conviction à tous les niveaux.
C’est-à-dire que la course à l’échalote ne doit pas primer sur les objectifs nobles de limiter les importations anarchiques qui portent préjudice au budget de l’Etat et au secteur productif. Les patrons ayant bénéficié du plan de sauvetage de l’Etat en faveur des conserveries craignent justement que cette volonté capote sous les pieds des importateurs.
Pour la campagne 2012, des contrats entre industriels et agriculteurs sont en phase de signature. Le redémarrage des huit unités de transformation permettra de faire travailler environ 5000 agriculteurs en amont et de créer des centaines d’autres emplois en aval.
Ali Titouche