Actualité | dimanche 1 juillet 2012
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Ançar Eddine détruit les mausolées de Tombouctou
En effaçant la mémoire des musulmans maliens, la secte voudrait dicter sa loi et sa foi.
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Il a commis le même forfait que les talibans
Ançar Eddine détruit les mausolées de Tombouctou
le 01.07.12 | 10h00
En effaçant la mémoire des musulmans maliens, la secte voudrait dicter sa loi et sa foi.
La scène rappelle au mauvais souvenir celle des talibans, armés de mortiers, ciblant les statues géantes des bouddhas sculptées sur la falaise de Bamiyan, au centre de l’Afghanistan. C’était en mars 2001 sur ordre du mollah Omar. Onze ans plus tard, les sinistres Ançar Eddine, qui ont planté leur étendard au nord du mali, renvoient l’écho à leurs compères talibans, en entreprenant eux aussi un génocide culturel sur la mythique ville de Tombouctou. Armés de pioches, de houes et de burins, une trentaine d’intégristes se sont acharnés hier, au nom d’Allah, sur trois mausolées de saints musulmans, symbole hérétique à leurs yeux.
Les mausolées millénaires de Sidi Mahmoud (nord de la ville), Sidi Moctar (nord-est) et Alpha Moya (est), qui étaient la fierté des musulmans maliens, ne sont désormais plus que du sable… La razzia des gens des ténèbres a eu raison des lumières que symbolisaient ces lieux dédiés à l’islam populaire depuis la nuit des temps.
Il est vrai que les mausolées de Tombouctou ne cadraient pas avec la lecture sectaire de l’islam de ces faux prophètes. Ce précieux patrimoine témoin d’une pratique saine de la religion musulmane ne reflète pas non plus la vision du monde de Ançar Eddine qui s’apprête à dicter leurs lois et même leur foi à ces Maliens qui ont le malheur de partager leur territoire conquis par le sang.
L’Unesco qui a annoncé, jeudi dernier, sa décision de classer Tombouctou patrimoine mondial en péril, s’est finalement prise en retard. La ville «aux 333 saints» n’est plus qu’un champ de ruines…
En voulant sonner l’alerte, l’Unesco a finalement précipité le passage à l’acte du mouvement intégriste, qui a effacé d’un coup de pioche un patrimoine fabuleux qui a fait la réputation de Tombouctou. «Dieu, il est unique. Tout ça, c’est ‘’haram’’ (interdit en islam). Nous, nous sommes musulmans. L’Unesco, c’est quoi ?», réplique sèchement un membre de la nébuleuse terroriste.
Talibans, shebab, Ançar Eddine : même combat
Le massacre à la pioche pouvait alors commencer avec la «bénédiction» d’un mufti version Ançar Eddine.
«Ançar Eddine va détruire aujourd’hui tous les mausolées de la ville. Tous les mausolées sans exception», a déclaré à travers un interprète Sanda Ould Boumama, porte-parole d’Ançar Eddine à Tombouctou joint par l’AFP depuis Bamako. La sale besogne est désormais achevée.
Tôt le matin, les fossoyeurs de la culture s’en étaient pris, en criant Allah Akbar, (Dieu est grand), aux mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, et de Sidi Moctar (nord-est) et enfin à celui d’Alpha Moya. En quelques heures, ils ont réduit à néant des centaines d’années d’histoire et au silence des milliers de fidèles… Ançar Eddine vient ainsi de renvoyer l’écho dans l’ignominie et la bêtise aux talibans et à leurs jeunes «frères» shebab de Somalie qui s’étaient, eux aussi, distingués de manière minable en détruisant de nombreux mausolées de mystiques soufis. Ançar Eddine marque ainsi son territoire au nord du Mali, où il a commencé à faire régner sa loi en attendant d’étendre sa «ouma» sur tout le pays. Et plus si affinités…
Déculturation
Et comme il fallait s’y attendre, ce génocide culturel et patrimonial a suscité une vive émotion. A Bamako, le gouvernement a dénoncé «la furie destructrice assimilable à des crimes de guerre» du groupe islamiste armé Ançar Eddine et a menacé les auteurs de ces destructions de poursuites au Mali et à l’étranger.
L’Unesco qui a appelé les parties en conflit dans le pays à «assumer leur responsabilités» n’a fait que constater les dégâts. «Nous venons juste d’apprendre la nouvelle tragique des dégâts sans raison causés au mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord du Mali», se lamente Alissandra Cummins, présidente de l’Unesco, dans un communiqué. Mais, qui va prendre ses responsabilités dans une partie du Mali coupée du monde et où Ançar Eddine est libre de tout et responsable de rien ?
La réalité est que Tombouctou, ce grand centre intellectuel de l’islam et ancienne cité marchande prospère des caravanes, et qui compte des précieux vestiges religieux, risque de disparaître de la carte du patrimoine mondial. Après ce massacre de Tombouctou, Gao et Kidal (nord-est), les deux autres régions formant le Nord, elles aussi aux mains des islamistes de divers groupes armés, risquent de subir la même furia destructrice de ces vandales des temps modernes. Ce chaos au nord, qui s’ajoute à la confusion à Bamako, met le Mali dans une situation explosive.
Hassan Moali
60 milliards de dinars pour une entreprise budgétivore
Enième plan de sauvetage pour Air Algérie
le 01.07.12 | 10h00
Sur les 60 milliards de dinars, 26 proviendraient de «financements extérieurs». La création de nouvelles lignes est envisagée.
45 milliards de dinars seront consacrés à l’achat de 3 avions neufs et à la rénovation de 3 appareils de type Boeing 767.
Air Algérie prévoit la création sous peu un hub à l’aéroport d’Alger pour se lancer dans le trafic de transit.
Le gouvernement ne cesse de délier les cordons pour renflouer les caisses d’une entreprise budgétivore. Encore une fois, Air Algérie investira de 60 milliards de dinars au titre d’un «plan quinquennal de développement». L’annonce a été faite hier par Mohamed Salah Boultif, PDG de la compagnie. Objectif ? Restructurer la compagnie en groupe et améliorer ses parts de marché, particulièrement sur le réseau international, en constante érosion. D’après lui, ce plan – dont 26 milliards proviendront de financements externes et le reste de fonds propres – consacre 45 milliards de dinars de son budget global à l’achat de trois avions d’une capacité de 150 places chacun et de deux avions-cargos pour le transport de marchandises, ainsi que le renouvellement de trois appareils de type Boeing 767, actuellement en activité. Outre la création de nouvelles lignes vers l’Asie, Air Algérie compte poursuivre le développement de la fonction maintenance des avions et le renforcement des compétences des personnels par la mise en place d’un centre spécialisé. La compagnie publique prévoit de mettre sur pied un système d’informations global. En direction des clients, la compagnie espère enfin améliorer la qualité écornée de la communication.
A terme, Air Algérie ambitionne d’atteindre un coefficient de remplissage moyen de 75% en été et de 62% en hiver, ainsi qu’une évolution de ses parts de marché sur le réseau international de 50% en 2012 et de 54% en 2015. La compagnie espère aussi réaliser une croissance du trafic de la compagnie de plus 8% sur l’international et 6% sur le réseau domestique, une hausse du chiffre d’affaires de 8% par an et, enfin, un taux de ponctualité minimale de 70% en 2012. Pour ce faire, Air Algérie prévoit de créer sous peu à l’aéroport d’Alger un hub pour se lancer dans le trafic de transit. Et afin de moderniser son réseau international, elle envisage par ailleurs d’adhérer à l’une des trois grandes alliances aériennes dans le monde : Sky Team, One World et Star Alliance.
Il faut rappeler que la compagnie n’en est pas à son premier plan de sauvetage. En 2009, le transporteur national, sous la houlette de l’ancien PDG Wahid Bouabdellah, avait bénéficié de 100 milliards de dinars (l’équivalent d’un milliard d’euros) pour le renouvellement de la flotte. Et malgré le soutien actif de l’Etat, Air Algérie semble toujours naviguer à vue, elle qui traverse périodiquement des zones de turbulences. Outre la mauvaise gestion mâtinée d’interférences politico-bureaucratiques, la compagnie nationale est souvent épinglée pour la mauvaise qualité des services et les défaillances techniques. C’est ainsi que la cherté des billets, les vols annulés ou retardés sont autant de goulots d’étranglement. Elle est aussi devenue, ces dernières années, le théâtre de conflits sociaux et de luttes syndicales.
La grève du personnel naviguant de l’été dernier, qui avait cloué au sol les avions de la compagnie, avait coûté à Wahid Bouabdellah son poste à la tête de l’entreprise. Les images pathétiques de ces milliers de voyageurs abandonnés dans les aéroports en Europe restent dans les mémoires comme une suprême humiliation.
Autre boulet : la pléthore des effectifs, pour beaucoup des «pistonnés», n’arrange pas une situation déjà peu glorieuse. A l’international, la compagnie avait échappé de peu, en 2010, à la liste noire européenne. L’inscription sur liste noire lui aurait signifié l’arrêt des vols en Europe, représentant les trois quarts de l’activité de la flotte nationale algérienne.
Autre difficulté : l’érosion de ses parts de marché par la forte concurrence et le retour des compagnies étrangères sur les réseaux extérieurs (France, Italie, Turquie, Arabie Saoudite...).
«Sur le réseau France, le marché global a augmenté de 12%, mais il a bénéficié beaucoup plus aux compagnies étrangères. Sur le réseau Arabie Saoudite, Air Algérie transportait les deux tiers des pèlerins, actuellement, en vertu de l’accord aérien signé entre les deux Etats, on ne transporte que 50%», reconnaissait en janvier dernier M. Boultif.
De plus en plus décriée par ses clients, la compagnie arrive à peine à contenir la montée en puissance d’Aigle Azur et Air France.