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Le prétexte de charges sociales non payées est fallacieux

Pourquoi la CNAS veut étrangler El Watan

le 23.01.12 | 01h00

| © D. R.
 

 La CNAS réclame au journal plus de 22 milliards de centimes au titre d’arriérés de charges sociales non payées
pour les pigistes et collaborateurs. Ces deux catégories de travailleurs ne sont pourtant pas concernées, car elles ne sont pas permanentes et cotisent dans d’autres organismes. El Watan s’interroge sur ce revirement de la CNAS et sur son opportunité. N’y a-t-il pas volonté d’étrangler financièrement le journal ?

 

Une nouvelle forme de pression contre El Watan. La Caisse nationale d’assurances sociales (CNAS) vient de notifier à la direction du journal un redressement fiscal de 22 milliards de centimes (2,2 millions d’euros). Cette caisse reproche au journal son «manquement» à la déclaration de ses pigistes et collaborateurs à la Sécurité sociale. L’exigence de la CNAS serait justifiée et conforme à la loi s’il s’agissait d’employés permanents d’El Watan. Ce n’est pas le cas.Le métier du journalisme est particulier. De par le monde, les médias recourent souvent à des collaborateurs (enseignants, avocats, médecins, fonctionnaires, retraités…) qui sont déjà déclarés par leurs employeurs d’origine, pour offrir à leurs lecteurs, téléspectateurs et auditeurs des analyses, des éclairages et des informations supplémentaires.

Ce système est même appliqué dans des universités et des instituts qui font appel à des spécialistes sans les déclarer une nouvelle fois à la Sécurité sociale, car ils le sont déjà ailleurs. Les collaborateurs d’El Watan sont dans cette catégorie. De ce fait, la réaction de la CNAS reste énigmatique. Elle est même saugrenue, d’autant plus que ce problème a déjà été soulevé il y a trois ou quatre ans. A ce moment-là, des éditeurs, dont Omar Belhouchet (El Watan), Ahmed Fattani (L’Expression), Outoudert Abrous (Liberté) et Bachir-Chérif Hassan (La Tribune) avaient demandé une audience au ministre du Travail, Tayeb Louh, qui les avait reçus et avait promis de régler le problème.

«Il y a trois ou quatre ans, nous avons été surpris par la CNAS qui nous a demandé de déclarer nos collaborateurs. Nous avons, alors, constitué une délégation des éditeurs et nous avons demandé une audience au ministre du Travail, Tayeb Louh. Nous lui avons expliqué que ces collaborateurs sont des gens qui travaillent dans d’autres secteurs et qui sont déjà déclarés par leurs employeurs. Le ministre avait promis de résoudre la question», affirme Ahmed Fattani. Surpris pas le redressement fiscal imposé à El Watan, M. Fattani garde toujours l’espoir de voir le ministre du Travail intervenir pour mettre en application ses engagements. «Nous continuons à faire confiance à M. Louh. C’est un ministre crédible et je doute que ses engagements soient remis en cause. C’est un faux problème», déclare-t-il encore. Le directeur de L’Expression précise que la presse «a beaucoup plus besoin de subventions de l’Etat pour faire avancer la démocratie que de pénalités». Il souligne, dans ce sens, que les journaux qui font recours à des collaborateurs payent déjà l’IRG.

Une forme de chantage déguisé

Pourquoi la direction de la CNAS décide-t-elle d’imposer une double déclaration des collaborateurs des journaux ? Ces derniers n’ont-ils pas le droit de faire appel à des collaborateurs pour enrichir leurs contenus ? Selon un fiscaliste, «l’employé a un seul numéro de Sécurité sociale et il ne doit être déclaré que par un seul employeur».
C’est pourquoi la notification de la CNAS est étrange. Pour Cherif Rezki, PDG du groupe El Khabar, «c’est une forme de chantage déguisé». «Cela n’existe nulle part ailleurs. Tous les médias du monde ont recours à des collaborateurs et ils ne sont pas obligés de les déclarer à la Sécurité sociale. Ces médias sont contraints seulement de prélever l’IRG sur les salaires versés aux pigistes», précise-t-il. Et d’ajouter : «Ce sont des redressements fiscaux injustes et El Khabar en a déjà fait les frais. A travers cette pratique, on veut mettre au pas la presse après avoir domestiqué la société civile et les partis. L’Algérie n’a pas besoin de cela. Nous ne demandons que l’application des règles commerciales pour tout le monde.

Malheureusement, ce n’est pas le cas. El Khabar et El Watan sont toujours dans le collimateur du pouvoir car ils dérangent par leur objectivité et leur droiture». Cherif Rezki dénonce énergiquement «l’utilisation de la CNAS à des fin politiques».
L’avocat Khaled Bourayou s’interroge, pour sa part, sur la finalité et le timing de ce redressement fiscal : «Pourquoi cette notification vient-elle en ce moment ? N’a-t-elle pas une relation avec ce qu’a écrit récemment El Watan sur les dettes de la CNAS auprès des hôpitaux français ? Pourquoi seul El Watan est concerné par ce redressement ?» Et d’enchaîner : «C’est un chantage qui ne dit pas son nom.» Selon lui, «la décision de la CNAS n’est pas objective». «Si c’était une question d’application de la loi, pourquoi la CNAS a-t-elle attendu tout ce temps pour passer à l’action ? On n’en est pas là. Je pense que c’est un règlement de comptes parce qu’El Watan dérange par ses positions courageuses».

De son côté, l’avocat Nasreddine Lezzar affirme qu’il y a un vide juridique qui doit être comblé : «Il faut préciser que la déclaration à la Sécurité sociale couvre trois aspects ou trois prestations : une couverture sanitaire, une future pension de retraite et une assurance sociale concernant la prise en charge en cas d’accident du travail et de maladie professionnelle. Pour les deux premiers aspects, une seule déclaration par un seul employeur suffit. On ne se fait rembourser qu’une fois et on ne perçoit qu’une retraite.»

 

Communiqué d’El Watan

 

C’est avec stupeur, indignation et inquiétude que le quotidien El Watan a pris connaissance d’une correspondance de la CNAS qui lui réclame une somme aussi faramineuse que fantaisiste de 221 084 409,75 DA (22 milliards de centimes) due, selon l’organisme, à des impayés de cotisations sociales de ses collaborateurs et pigistes sur sept années (2005-2011).
La même démarche a été faite, il y a deux ans, par la CNAS en direction de plusieurs journaux nationaux. L’organisme et son ministre de tutelle – qui avait pris l’engagement qu’une telle erreur ne se reproduirait plus – se sont rétractés suite aux réclamations des éditeurs. Ces derniers ont démontré que le recours à des collaborateurs et à des pigistes est une pratique universelle. La plupart des médias nationaux les sollicitent généralement en appui au travail des journalistes permanents. Ils interviennent épisodiquement sur un thème particulier ou spécialisé et leur rémunération est fixée par le biais d’une convention qui établit un prélèvement de 10% au titre de l’IRG.

 

Comme ils ne sont ni permanents ni salariés et qu’ils travaillent la plupart du temps ailleurs, ils ne sont pas assujettis aux cotisation sociales du journal qui sollicite leurs services. Ils ne peuvent être éligibles deux fois aux cotisations sociales. La CNAS ignore-t-elle cela ? Pourquoi se met-elle à contre-courant de la loi ? De plus, El Watan ne recourt que très peu aux collaborateurs et aux pigistes. Le journal fonctionne essentiellement avec des travailleurs permanents au nombre de 230 et verse à la CNAS 4 millions de dinars mensuellement au titre des cotisations sociales. Depuis sa création, le quotidien El Watan a toujours été en règle avec cet organisme comme il l’est au demeurant avec l’ensemble des autres institutions étatiques, parmi elles la Direction des grandes entreprises (DGE), relevant de l’administration fiscale, qui l’a félicité pour le sérieux de sa relation avec les services fiscaux.

Légitimement, El Watan s’interroge sur les vrais mobiles de cette démarche aussi inattendue que brutale de la CNAS qui intervient dans un contexte politique très particulier. L’organisme a-t-il été instrumentalisé par une quelconque autorité pour affaiblir le journal et l’empêcher de jouer un rôle d’information et d’éclairage sur les véritables enjeux des rendez-vous politiques à venir ?

Le journal pourrait le penser si la CNAS ne revenait pas à la raison sur son injuste et dangereuse réclamation, laquelle est en mesure d’étrangler financièrement le quotidien et l’amener carrément à disparaître. Tous les autres médias du pays recourant aux services des collaborateurs et pigistes pourraient subir le même sort. Pour l’heure, El Watan s’élève énergiquement contre une telle pratique qui n’honore pas l’idée généreuse que se font généralement les citoyens de cette institution qu’est la CNAS.                                                    

   Alger, le 22 janvier 2012 

   Le conseil d’administration de la SPA El Watan


      Madjid Makedhi

 

 

Logement social

Hauts fonctionnaires et riches citoyens en profitent aussi

le 23.01.12 | 01h00

 
 

Plus de 1,5 million de logements réalisés durant les deux premiers quinquennats du président Bouteflika, et pourtant les dernières manifestations, à travers plusieurs wilayas du pays sur le logement, relancent les interrogations sur les véritables bénéficiaires de ces réalisations.

Les images de la Télévision nationale diffusant régulièrement des familles qui ont réceptionné leurs nouvelles habitations à travers différentes régions du pays laissent perplexes beaucoup d’autres dont les dossiers de demande de logements sociaux sont en attente depuis des années au niveau des APC, notamment. Car pendant ce temps, d’autres accèdent plus ou moins facilement à l’une des nombreuses formules (logements sociaux, locatif aidé, AADL) mises en place par l’Etat au profit des différentes catégories sociales, alors même qu’ils ne remplissent pas les critères d’éligibilité.  

Le gérant d’une agence immobilière sur la place d’Alger raconte avoir eu pour client un particulier «qui en plus d’avoir hérité de la maison familiale de ses parents s’est offert un appartement avec ses propres moyens dans le cadre de la promotion libre et a même souscrit et obtenu un autre au titre du programme AADL. Aujourd’hui, il habite ce dernier, mais il est venu nous proposer de mettre en location le second appartement». Comment quelqu’un qui visiblement n’a pas de crise de logement a pu en obtenir un auprès de l’AADL ? «Simplement parce qu’il n’a pas déclaré celui qu’il possédait déjà», explique l’agent immobilier.

Des exemples comme celui-là sont nombreux et les critères d’éligibilité sont loin d’être respectés. Ainsi, un cadre au ministère des Affaires étrangères, qui touche l’équivalent de 8 ou 9 fois le SNMG avoue avoir pu obtenir un logement social participatif (LSP), alors même pour être éligible à ce type d’habitation, connu aujourd’hui sous l’appellation de logement promotionnel aidé, le revenu du demandeur ne doit pas dépasser 6 fois le SNMG. En attendant l’achèvement des travaux, il «recherche la location d’un appartement avec un budget de 50 000 DA par mois dont l’employeur prendra en charge au moins 70%», dit-il.

L’autre exemple concerne le cas d’un immigré fraîchement rentré de France pour s’installer en Algérie. «Après nous avoir chargés dans un premier temps de lui trouver un logement à acquérir, il est revenu un mois plus tard nous dire qu’il avait réglé le problème», nous explique le responsable de l’agence immobilière sollicitée. «Il n’a pas hésité un instant à nous dire qu’il a payé un pot-de-vin pour l’obtention d’un logement LSP».    
Pour certains acteurs du marché de l’immobilier, il ne sert à rien que l’Etat construise des millions de logements si cela n’est pas accompagné d’une réelle politique de distribution. Le clientélisme, la corruption, le laisser-faire de l’Etat font que celle-ci se trouve souvent biaisée.


Processus d’attribution opaque


«Il y a une très mauvaise politique de distribution du logement», déclare à El Watan Economie Abdelhakim Aouidet, vice-président de la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI). «N’importe qui peut venir construire une baraque dans une commune et bénéficier d’un logement, alors que les vrais habitants de la commune n’en profitent pas et ce sont eux qui protestent». Cela s’explique notamment par la volonté des pouvoirs publics «de liquider le problème des bidonvilles», explique-t-il. Dans ce cadre, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a fait savoir le 5 janvier qu’un programme de 450 000 logements a été décidé au titre du quinquennat 2010-2014 pour l’éradication de l’habitat précaire.
Toutefois, et comme le souligne M. Aouidet, «si vous construisez un million de logements pour répondre à une demande et que vous avez des gens qui quittent leurs terres pour construire des bidonvilles et obtenir des logements dans les villes», le problème ne sera pas réglé de sitôt. «Il y a eu environ 2 millions de logements réalisés et réceptionnés, depuis 1999, on se demande où ils sont passés», s’interroge-t-il.

Si nul ne peut nier les efforts de l’Etat en matière de construction de logements, les modes de distributions laissent en revanche à désirer. Noureddine Moussa, ministre de l’Habitat, a récemment fait savoir que pour la seule année 2011, plus de 200 000 logements ont été réalisés, alors que le triple de ces réalisations est en cours. Pour dégager la responsabilité du gouvernement quant à la mauvaise distribution des logements, il a déclaré que «le ministère n’intervient à aucun moment dans l’élaboration des listes» des bénéficiaires des logements sociaux qui sont affichées au niveau des communes.
La distribution des logements sociaux est confiée à une commission de daïra dans laquelle siège également le maire, ainsi qu’un représentant de l’OPGI.

En juillet 2011, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement, Raquel Rolnik, en visite à Alger, avait été très critique vis-à-vis de la politique du logement pratiquée par le gouvernement qui reste «opaque avec une faiblesse démocratique dans le processus d’élaboration des demandes et des attributions», avait-elle noté.
Elle avait considéré que les manifestations observées dans le pays autour du logement «sont une conséquence directe du manque de participation citoyen dans le processus d’établissement des critères d’attribution», estimant que «les diverses institutions participant au processus d’attribution de logements disposent d’une marge de discrétion qui ouvre la voie au clientélisme et à la corruption».                 

Safia Berkouk
 

Dévaluation, dépréciation, glissement,…

La lente dérive de la monnaie algérienne

le 23.01.12 | 01h00

 
 

Dévalué de 40,17% sur injonction du FMI le 10 avril 1994, la dérive du dinar algérien s’est poursuivie tout au long de cette dernière décennie à coups de «dépréciations» périodiques orchestrées par un marché interbancaire totalement assujetti à la Banque d’Algérie qui lui fournit la quasi-totalité de l’offre en devises échangeables. Alors qu’il ne fallait à la date de la dévaluation que 36 DA pour acheter un dollar, il en faut aujourd’hui pas moins de 92 lorsque le change est, évidemment, effectué au niveau d’une banque et non pas au marché parallèle où il était coté le 20 janvier à environ 110 DA. La monnaie unique européenne s’échangeait, quant à elle, à 144 DA pour 1 euro.    

Le marché interbancaire du change où s’opèrent les dépréciations (les appréciations sont très rares) n’est en effet qu’un espace artificiel inféodé à la Banque d’Algérie, elle-même soumise aux injonctions des autorités politiques qui décident de la parité du dinar.
La toute récente dévaluation opérée au début du mois de janvier 2012 pour faire face à l’envolée spectaculaire des dépenses de fonctionnement de l’Etat en est la preuve concrète. La décision de dévaluer d’environ 10% la valeur du dinar par rapport au dollar et à l’euro (de 98 DA pour 1 euro la parité a subitement été portée à 107 DA pour le même euro) a, de toute évidence, été imposée par le ministère des Finances pour confectionner un budget de l’Etat capable de prendre en charge, même si c’est avec de la «monnaie de singe», les fortes hausses de salaire, indemnités consenties aux fonctionnaires durant les années 2011 et 2012.


Un taux de change très éloigné du contexte économique mondial


Le budget de l’Etat étant en bonne partie alimenté par les ventes d’hydrocarbures exprimées en dollars, leur conversion en dinars est, en effet, de nature à gonfler les recettes budgétaires lorsque le dinar est faible. L’Etat peut ainsi faire face aux augmentations des salaires des fonctionnaires émargeant sur son budget, en leur distribuant des dinars, dont le pouvoir d’achat s’est considérablement amenuisé. Les fonctionnaires bénéficieront certes de salaires plus conséquents, mais dont ils se rendront rapidement compte de la faiblesse dès qu’ils se rendront sur les marchés où ils constateront que les prix ont pris une envolée autrement plus importante que leurs gains salariaux.

Cette dévaluation décidée en catimini en dépit des effets considérables qu’elle induit sur les citoyens et les entreprises subitement contraints de payer plus cher leurs approvisionnements a par ailleurs été prise dans un contexte qui ne semble pourtant pas le justifier.
L’Algérie dispose, en effet, de confortables réserves de change estimées à environ 180 milliards de dollars. La monnaie européenne (euro) utilisée pour le paiement de plus de 60% de ses importations a, par ailleurs, perdu en 2011 pas moins de 15% de sa valeur par rapport aux dollars rapportés par les ventes d’hydrocarbures. L’Algérie est donc censée dépenser, à volume égal, moins de devises en importations. Une tendance à décaisser moins de devises du reste confortée par la forte baisse constatée sur les marchés internationaux, des prix du blé et certaines autres denrées, que l’Algérie est contrainte d’importer en masse.   
Le taux de change actuel paraît, de ce fait, très éloigné du contexte économique mondial (baisse de l’euro, remontée du dollar, forte hausse des prix du pétrole, baisse des prix à l’importation, etc.) ainsi que des réalités économiques et financières du pays (balances commerciales et des paiements largement excédentaires, importantes réserves de change, pas d’endettement extérieur, etc.) avec lesquelles, à l’évidence, il n’embraye pas du tout. La logique voudrait, en effet, que la valeur d’une monnaie traduise, aussi fidèlement que possible, l’état des lieux économique et financier d’un pays, la logique exigeant que mieux un pays se porte, mieux devrait se porter sa monnaie.


Signe d’un malaise économique chronique


Fidèle reflet de la santé économique d’un pays, la dépréciation d’une monnaie, notamment lorsqu’elle est, comme chez nous, continue, est en effet perçue par les hommes d’affaires comme un signe évident de malaise économique chronique auquel le gouvernement n’arrive pas à remédier. Le constat qu’on est, malheureusement forcé d’établir au regard de la réalité des faits, est qu’en Algérie ce lien de causalité quasi universel ne constitue nullement une préoccupation pour ses gouvernants qui ont, depuis 2003, conduit la valeur du dinar au paradoxe suivant : plus on se flatte de la bonne santé de l’économie algérienne et plus sa monnaie dégringole. C’est, en tout cas, ce que permet d’affirmer un examen rétrospectif des taux de change pratiqués au cours de ces 20 dernières années, mettant clairement en évidence que le dinar était mieux coté durant la pénible décennie 1990 durant laquelle le pays était surendetté, sans réserves de change et moins nanti par les recettes d’hydrocarbures, qu’au cours de ces dix dernières années d’embellie financière quasi permanente. A titre d’exemple, le dollar, qui valait à peine 36 DA en 1994 en vaut aujourd’hui près de 100, alors que le pays a soldé pratiquement toute sa dette extérieure et dispose, de surcroît, de réserves de change encore plus importantes.

Une amélioration aussi significative des indicateurs macro-économiques aurait dû, au minimum, empêcher le dinar de glisser, ce qu’à l’évidence, la Banque d’Algérie n’a, pas voulu prendre en considération.  Pour quelles raisons, cette dernière tient-elle à maintenir à coups de «glissements» et «dépréciations» périodiques le dinar en situation de faiblesse, autrement dit, à le sous-coter par rapport aux devises, notamment les plus fortes d’entre elles, l’euro et le dollar ? Alors qu’il s’agit d’authentiques opérations de dévaluation qui ont durablement fait perdre plus de 150% de sa valeur au dinar par rapport au dollar, on remarque que le gouvernement tout comme la Banque d’Algérie évitent d’utiliser le concept de dévaluation très mal perçu par les citoyens du fait des sinistres connotations auxquelles il renvoie.  

La principale raison que la Banque d’Algérie et son marché interbancaire du change semblent appliquer comme un dogme a trait à la politique monétaire imposée par le Fonds monétaire international à la faveur des ajustements structurels de 1995, recommandant entre autres à l’Algérie un dinar faible pour inciter les sociétés étrangères à investir en Algérie, stimuler les exportations hors hydrocarbures et doper le budget de l’Etat par simple conversion en dinars des recettes de la fiscalité pétrolière. Il s’explique également par la crainte, pas du tout fondée, mais sciemment entretenue, qu’un dinar fort exacerbe nécessairement les importations et pénalise les exportations. Une affirmation largement contredite par la persistance de la faiblesse de nos exportations (à peine 800 millions de dollars en 2010 et sans doute moins en 2011) en dépit d’un dinar maintenu depuis plus d’une décennie à des niveaux exagérément bas. Les importations n’ont par contre jamais connu une aussi forte augmentation que durant ces dix dernières années passant de 22 milliards de dollars en 2000 à environ 50 milliards de dollars en 2011.


Ingérence de la sphère politique


L’absence de marché du change, l’interventionnisme de la Banque d’Algérie et les injonctions des autorités politiques (notamment depuis la révision de la loi sur la monnaie et le crédit) ont fait de la cotation du dinar un acte beaucoup plus administratif qu’économique. C’est cette ingérence de la sphère politique qui a, de l’avis de nombreux observateurs, perverti le marché interbancaire du change, au point qu’il n’est reconnu que par les opérateurs, notamment publics, qui n’ont pas d’autre choix que de passer par cette voie officielle. De nombreux demandeurs et offreurs de devises préfèrent, en effet, aujourd’hui encore s’adresser au marché parallèle de la devise qui n’arrête, de ce fait, pas de prospérer en dépit des coups de buttoirs qui lui sont périodiquement donnés par les agents de répression.
La Banque d’Algérie avait, on s’en souvient, en projet un certain nombre d’actions déterminantes pour la mise en place progressive d’un authentique marché des changes. Sans doute parce qu’elle ne veut pas que ce marché transparent prenne de l’ampleur, cette dernière ne mettra en œuvre aucune des actions projetées, à commencer par l’ouverture de simples guichets publics et privés de change courants, dont la réglementation avait pourtant été promulguée en 1998. Actuellement, tout semble être fait pour encourager les demandeurs de devises (entrepreneurs et simples citoyens) à s’adresser au marché parallèle aujourd’hui très sollicité par ceux, de plus en plus nombreux, qui souhaitent placer leurs avoirs à l’étranger, voyager ou se soigner.

Il est aujourd’hui quasi certain que si les autorités en charge des questions monétaires persistent dans cette manière de gérer la parité du dinar, il est bien évident que notre monnaie n’a aucune chance de se redresser, quand bien même, l’économie du pays enregistrerait de meilleures performances. Pour que la valeur d’échange du dinar soit effectivement le reflet de la situation économique du pays, il faudrait que la Banque d’Algérie rompe avec la logique bureaucratique dans laquelle elle a enfermé la cotation de notre monnaie et aille résolument vers la mise en place d’un authentique marché des changes. S’il venait à être constitué, ce marché offrirait de nombreux avantages parmi lesquels on peut citer : la disparition du marché parallèle de la devise avec toutes les nuisances qui le caractérisent, la possibilité pour les entreprises de se financer directement sur ce marché, le raffermissement du dinar du fait d’une plus grande disponibilité des devises, un regain de pouvoir d’achat du fait de la baisse des prix des produits importés, etc. Le gouverneur de la Banque d’Algérie a estimé, lors d’un de ses derniers passages à l’APN, être satisfait de ce mode de cotation. Il y a malheureusement peu de chances de voir émerger à brève échéance cet authentique marché des changes auquel les opérateurs économiques, tout comme les simples citoyens, aspirent.               

Nordine Grim
 
 

Air Algérie : Le PNC brandit la menace de grève

le 23.01.12 | 01h00

| © D. R.
 

La compagnie nationale Air Algérie n’est toujours pas sortie de la zone de turbulences.

Après les pilotes de ligne, le Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC) menace de reprendre le chemin de la contestation. Le syndicat compte déposer aujourd’hui un préavis de grève à compter du 31 janvier. «Nous avons informé toutes les instances concernées. Nous allons déposer officiellement notre préavis de grève demain lundi (aujourd’hui, ndlr) et le personnel navigant pourrait entrer en grève dès le 31 janvier. La direction aura huit jours pour répondre à nos doléances», nous précise, au téléphone, Yassine Hamamouche, président du SNPNC. Par cette menace de grève, le syndicat veut mettre la direction de la compagnie devant ses responsabilités.

«Nous avons fait preuve de sens des responsabilités et de beaucoup de patience. Mais notre patience a des limites», souligne
M. Hamamouche. Le principal point de discorde est la non-application du protocole d’accord issu des négociations engagées entre la direction générale et le syndicat, après le débrayage de quatre jours observé du 11 au 14 juillet 2011. Cette grève ayant bloqué tous les vols de la compagnie nationale et provoqué la  pagaille dans des aéroports étrangers, notamment français, avait été observée, faut-il le rappeler, pour obtenir une  revalorisation du salaire et du statut.

Le syndicat avait accepté de suspendre la grève après une médiation du Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
Aujourd’hui, la direction d’Air Algérie tarde à mettre en application ce protocole d’accord. Et le personnel navigant ne veut plus attendre.
Ainsi, les quelque 900 hôtesses de l’air et stewards d’Air Algérie réclament l’application rapide de cet accord salarial.
Le syndicat a également décidé de rejeter le programme de vols du mois de février, a précisé M. Hamamouche.

La compagnie Air Algérie a réalisé un chiffre d’affaires de près de 56 milliards de dinars en 2011, en légère hausse par rapport à l’année précédente, a annoncé hier son PDG, Mohamed Salah Boultif.
Mais la situation globale de la compagnie demeure fragile ; les charges ont augmenté de 31%, alors que les produits n’ont connu, ces cinq dernières années, qu’une hausse de 25%. Les créances de l’entreprise sont également importantes et les résultats d’exploitation ont baissé de 71%.    

Mokrane Ait Ouarabi
 
 




23/01/2012
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