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Egypte : Entre l’urne et la place Tahrir

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le 28.11.11 | 01h00 1 réaction

 

 

 

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L’Egypte file vers sa première élection démocratique sur fond de contestation populaire qui risque de perturber sérieusement le déroulement des opérations de vote.

 

La révolution égyptienne, qui a fait chuter le clan Moubarak, s’apprête donc à affronter l’épreuve des urnes dans un climat d’incertitude politique doublée d’une crainte de l’opinion. La tension est à son paroxysme.
Le conflit est ouvert entre le pouvoir militaire et les autres forces politiques. Les tractations de dernière minute n’ont pas réussi à faire bouger les lignes. L’armée est déterminée à aller au bout de sa logique, alors que l’opposition peine à se mettre d’accord. Unie pendant la révolution de janvier, elle aborde le scrutin en rangs dispersés, sur fond de divergences profondes. Trois principales forces se dégagent : le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui tient le pouvoir, l’opposant Mohamed El Baradeï qui s’appuie sur les manifestants de la place Tahrir et, enfin, l’influente confrérie des Frères musulmans qui va vers les élections en position de force. L’emblématique place Tahrir est le théâtre où se livre cette bataille préélectorale. El Baradeï, qui affiche sa disposition à diriger un gouvernement de salut national en renonçant même à ses ambitions présidentielles, est prié par le maréchal Tantaoui de soutenir le gouvernement de Kamel Al Ganzouri. L’armée semble opter pour un passage en force.

Tandis que la guerre de tranchées se poursuit au niveau des états-majors politiques et militaires, la rue est dans l’expectative. Et la complexité du système électoral n’est pas pour faciliter les choses. Les élections vont se dérouler en trois tours et s’étaleront sur une période de quatre mois. Les élections d’aujourd’hui, qui dureront deux jours consécutifs, concernent seulement 9 gouvernorats du pays : Le Caire (54 sièges), Alexandrie (24 sièges), Assiut (24 sièges), Fayoum (18 sièges), Domiete (12 sièges), Kefr Eichiekh (18 sièges), Port Saïd (6 sièges), La mer Rouge (6 sièges) et enfin Luxor (5 sièges). Les électeurs sont complètement désorientés par un climat politique flou et un système électoral complexe, unique au monde. «Les électeurs vont se perdre dans un tel mode d’élection, même pour les gens lettrés, il n’est pas facile de faire son choix», estime le politologue Amr Chobaky. «Je ne vois pas comment voter dans ce climat d’instabilité. La situation est très confuse.

Non seulement l’occupation de la place Tahrir se poursuit, mais il y a également des risques de violence dans les autres gouvernorats où l’absence de sécurité est palpable», confie Walid, un des leaders du Mouvement du 6 avril, rencontré dans le camp du mouvement, place Tahrir. Alors que les coalitions des forces révolutionnaires ont réclamé le report des élections, le chef du CSFA, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, a assuré : «Les élections auront lieu comme prévu et aucune pression ne saurait nous empêcher de la tenue de ces élections. Les forces armées ne permettraient à aucune force faire pression sur elles.» «Nous sommes fin prêts à réussir ce test démocratique avec le ministère de l’Intérieur, avec le concours de l’armée et le peuple», a-t-il déclaré à la presse, hier matin, lors de son déplacement dans la zone militaire centrale, au Caire.

Même le sulfureux prédicateur Youssef El Karadhaoui s’est impliqué dans la campagne pour inciter les Egyptiens à aller voter en masse. A partir de la mosquée d’El Azhar où il s’est entretenu avec Cheikh Tayeb, il a appelé les Egyptiens «à saisir ce moment historique et à se rendre en masse aux urnes». La place Tahrir a connu, hier, une autre grande mobilisation réclamant «le transfert rapide du pouvoir aux civils et la formation d’un gouvernement de salut national». Les avis sont partagés. «Bien évidemment, je vais aller voter, nous nous sommes battus aussi pour arracher ce droit. Il faut surtout aller voter pour barrer la route aux ‘fouloul’ (les résidus de l’ancien parti de Moubarak, le PND)», estime Rany, un jeune qui se dit de tendance libérale. Les anciens membres du PND, qui se sont recyclés dans d’autres formations politiques tels que le Wafd et le Parti des Egyptiens libres de l’homme d’affaires Naguib Sawiriss, hantent les esprits. D’autres cadres du PND ont même pu créer 9 partis politiques qui participent aux élections d’aujourd’hui.

Une  militante du parti Wafd tente de convaincre un groupe d’étudiants de la nécessité de participer aux élections et de choisir les candidats les plus à même de défendre les objectifs de la révolution : «Nous devons nous rendre massivement aux urnes pour éviter une présence importante des fouloul dans le futur Parlement.» Mais peine perdue. «Votre parti a tout le temps été du côté du régime de Moubarak et vos listes sont truffées d’anciens membre du PND ; vous devriez disparaître de la scène politique comme le clan Moubarak», lui lance Essam, étudiant en sciences économiques, qui arbore avec fierté le portrait de Che Guevara. «Je suis un militant du Parti des socialistes révolutionnaires et je pense que le changement ne passe pas par les élections mais par la mise en place des comités révolutionnaires partout, si nous voulons vraiment un changement révolutionnaire. Il faut dépasser les simples revendications de type démocratique.» La division sur la voie à suivre est visible même au sein des forces révolutionnaires, sur la place Tahrir. Raoudha, de Hizb El Ghad El Gadid de Aymen Nour, s’interpose : «Nous pouvons aller voter et revenir ensuite reprendre possession du maydane et poursuivre la lutte. Si nous boycottons, nous aurons un Parlement dominé par les Frères musulmans et des anciens du PND et nous aurons fait une révolution pour rien.»

A seulement 24 heures de l’élection qui se déroulera en trois tours, le célèbre mouvement Kifaya a décidé de boycotter le scrutin. Son coordinateur, Mohemd Al Achkar, a déclaré qu’il boycotterait le vote. Le Parti des travailleurs démocratiques a également annoncé son boycott sous prétexte que les élections «serviront de légitimation pour le Conseil militaire. C’est le scénario du référendum de mars passé qui se répète», a estimé Hicham Fouad, membre dirigeant du parti. En somme, l’Egypte, qui s’acheminait tranquillement, au lendemain de la chute de Moubarak, vers un processus de transition démocratique, se retrouve coincée au grand carrefour de Tahrir sans savoir quelle direction prendre. L’entente qui a régné pendant le printemps a volé en éclats. Le printemps du Caire court le risque d’être stoppé dans son élan et l’automne de la révolution pourrait bien se pointer avant l’heure, estiment les plus pessimistes. Mais ce peuple qui a fait trembler la terre sous les pieds du pharaon saura faire vivre le plus longtemps possible son printemps révolutionnaire. C’est l’avenir des révoltes arabes qui se joue au bord du Nil. La crise que vit l’Egypte est un passage inévitable ; elle est la traduction d’un régime ancien qui refuse de mourir, l’attente de la naissance tardive d’un temps nouveau.

 

Un système électoral déconcertant :

Exportations gazières vers l’Europe

La position algérienne fragilisée par l’expansion russe

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le 28.11.11 | 01h00 Réagissez

 

zoom | © D. R.

 

 

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Le nouveau gazoduc Northstream mis en service le 11 novembre, reliant la Russie à l’Allemagne, n’aura, à première vue, pas d’impact direct sur la position de l’Algérie en tant que fournisseur traditionnel du vieux continent en gaz, comme l’attestent des experts nationaux et étrangers.

 

Et pour cause, les exportations gazières algériennes sont principalement destinées au sud de l’Europe, alors que le Northstream va desservir l’Europe de l’Ouest. Pourtant, la dépendance de plus en plus élevée du continent envers la Russie, qui est déjà son premier fournisseur, a de quoi inquiéter à en croire la presse européenne. «Le projet va renforcer la dépendance de l’Europe envers la Russie», souligne l’agence Reuters, tout en citant une experte allemande pour qui il s’agit davantage d’une relation d’interdépendance que de dépendance simplement.

«Si l’Europe a besoin du gaz russe, la Russie a besoin, elle, des devises européennes», estime Claudia Kemfert.  Le nouveau gazoduc va sécuriser les livraisons de gaz vers l’Europe de l’Ouest en évitant de passer par l’Ukraine et la Pologne. L’Europe est en effet restée traumatisée par les crises répétées entre l’Ukraine et la Russie qui avaient conduit notamment durant l’hiver 2009 Moscou à couper l’approvisionnement à l’Europe de l’Ouest.
Mais d’ici à la fin de 2012, le nouveau gazoduc pourra fournir 55 milliards de mètres cubes aux consommateurs européens, de quoi renforcer davantage la position russe sur le marché gazier européen et réduire la marge de manœuvre pour les autres exportateurs gaziers actuels et potentiels, dont l’Algérie.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande européenne de gaz devrait augmenter de 50% d’ici 2020, et selon le gouvernement russe, le pays pourrait fournir d’ici là 70% du gaz importé par les pays européens.
«D’ici à 2030, le flux de gaz arrivant en Europe à travers les gazoducs de Gazprom pourrait atteindre 50% de l’ensemble des importations européennes ; c’est un motif de préoccupation pour la sécurité de nos approvisionnements», a analysé Colette Lewiner, directrice du secteur énergie chez Capgemini, cité par le journal français La Croix. La commission européenne a souvent insisté sur la nécessité de diversifier ses sources d’approvisionnement gazières surtout après les crises russo-ukrainiennes et c’est d’ailleurs pour cela que d’autres projets de gazoduc contournant la Russie sont envisagés.
Il en est ainsi du gazoduc Nabucco, qui vise à amener vers le sud de l’Europe du gaz venu d’Azerbaïdjan, d’Iran ou du Turkménistan. Mais rien n’indique qu’il sera réalisé.

Il en est ainsi également des autres options représentées par les projets «Interconnecteur Turquie-Grèce-Italie» (IGI-Poseidon) et le Transadriatic Pipeline (TAP). Mais, selon la presse russe, une quatrième option d’une infrastructure gazière «low cost» est actuellement à l’étude et pourrait supplanter tous les autres projets pour acheminer le gaz naturel de la mer Caspienne, vers l’Union européenne.

Par ailleurs, le Sunday Telegraph a rapporté récemment l’information selon laquelle le projet Nabucco serait abandonné pour laisser place au gazoduc «Southstream» qui acheminera du gaz depuis la Russie jusqu’au sud de l’Europe, plus précisément l’Italie. Le journal La Croix se demande toutefois si ce projet sera «politiquement acceptable, si l’Europe entend garder une certaine maîtrise de son destin». Pour l’Algérie, il est aussi à se demander quelle place pourra-t-elle garder sur son marché naturel sud-européen si le Southstream, projet commun entre Gazprom et l’italien, ENI, venait à voir le jour ?              

 

Safia Berkouk

 

Lutte contre le terrorisme et révision de l'accord de 1968

Claude Guéant la semaine prochaine à Alger

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le 28.11.11 | 01h00 4 réactions

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Claude Guéant reviendra à Alger dimanche 4 décembre pour une autre visite. Cette fois-ci, il ne viendra pas en tant que «chargé de mission» du président Sarkozy mais en tant que ministre de l’Intérieur.

 

Avec Jean-Claude Levitte, conseiller diplomatique du président français, Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, était venu à deux reprises en Algérie en 2010 pour tenter de «relancer» les relations politiques avec Alger. En apparence, les rapports entre les deux pays s’étaient «refroidis» en raison de l’inscription de l’Algérie sur la «black list» des pays à risques, l’affaire du diplomate Mohamed Ziane Hassani, arrêté puis relâché à la faveur de l’enquête sur l’assassinat de l’avocat opposant Ali Mecili, et les questions relatives à l’histoire. Officiellement, Alger a cessé de demander à la France de reconnaître les crimes du colonialisme.

La célébration du 50e anniversaire des massacres parisiens du 17 Octobre 1961 est passée inaperçue en Algérie. L’événement, qui n’a pas été banalisé en France, a été réduit à une simple activité. Hier, dans les colonnes d’El Khabar, Xavier Driencourt, ambassadeur de France, a encore une fois écarté toute «repentance» de la France sur les crimes de guerre. Il a évoqué sa visite à la prison Serkadji, à Alger, le 10 octobre 2011, pour rappeler l’exécution de 57 nationalistes algériens par guillotine. Il a noté qu’aucun diplomate avant lui n’avait pris une telle initiative, perçue comme un signal fort.
Paris n’a pas apprécié le fait que des députés algériens prennent l’initiative de préparer une loi criminalisant l’acte colonial. Elle l’a fait savoir par des canaux non officiels. Le FLN, pourtant sensible à cette question, n’a pas «suivi» ni «soutenu» ses députés pour faire aboutir le projet.

M. Guéant aura plusieurs rencontres avec les responsables algériens, dont probablement le président Bouteflika. La libre-circulation des personnes et la lutte contre l’immigration clandestine seront au menu des discussions. Paris souhaite «approfondir» les discussions sur la révision de l’accord de décembre 1968 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et leurs familles. Un dossier qualifié de «sensible», surtout à l’approche d’échéances électorales majeures en France (les présidentielles notamment). «Nous n’avons pas encore vraiment commencé les discussions», avait confié l’ambassadeur de France lors d’un entretien à El Watan.  La lutte contre le terrorisme dans le Sahel est inscrite également à l’ordre du jour de la visite du ministre français.

La prolifération des armes dans la zone sahélo-saharienne et le retour du phénomène du kidnapping de ressortissants non africains suscitent les inquiétudes. Contrairement à Washington, Paris n’a pas réellement adhéré à la volonté d’Alger de «fédérer» les efforts militaires et sécuritaires régionaux pour contrer l’action subversive dans le Sahel. Hier, une dépêche de l’Agence France Presse (AFP), datée de Dakar, a remis en cause «la coopération militaire» entre les pays de la région. «Cinq enlèvements et un meurtre d’Européens en moins de 48 heures dans le nord du Mali, illustrent l’échec de la coopération militaire entre les pays de la bande sahélo-saharienne face aux activités des groupes armés, dont la branche maghrébine d’Al Qaîda», a écrit Stéphane Barbier de l’AFP. Un constat qui risque de déplaire à Alger.
 

 

Fayçal Métaoui

Manifestation à Casablanca contre les chiffres officiels

le 28.11.11 | 01h00 

Plusieurs centaines de manifestants ont défilé, hier à Casablanca, pour contester les chiffres officiels de participation aux législatives qui ont vu une forte poussée des islamistes modérés.

 

Cette démonstration, qui a rassemblé 1500 à 2000 personnes dans les quartiers populaires de la ville, selon des correspondants, s’est mobilisée à l’appel du Mouvement du 20 février qui avait prôné le boycott du scrutin de vendredi. Dans leurs slogans, les manifestants ont notamment contesté le taux officiel de participation de plus de 45%, assurant que «le peuple n’a pas voté». Le Mouvement du 20 février est composé de radicaux islamistes et de gauche ainsi que d’étudiants. Cette mouvance manifeste régulièrement, chaque dimanche, pour réclamer plus de démocratie, des réformes politiques et dénoncer la corruption.

Le Mouvement et trois partis de gauche avaient appelé au boycott du scrutin, comme ils l’avaient fait auparavant pour le référendum constitutionnel du 1er juillet dernier. Le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste modéré), premier parti d’opposition, est déjà crédité de 80 sièges dans le futur
Parlement, selon les chiffres officiels provisoires. Les résultats définitifs pour les 395 députés de la Chambre devaient être annoncés hier en fin d’après-midi. Le PJD s’attend à dépasser les 100 sièges dans le nouveau Parlement et plus que doubler ainsi son actuelle représentation.
 

 

AFP

 


28/11/2011
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