Actualité | vendredi 18 mai 2012

 

Législatives : les dessous (pas nets) d'une élection
PV vierges, antidatés, extraits de fichier électoral, rapports de la Commission de surveillance… Depuis vendredi, le fax de la...
 

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Législatives : les dessous (pas nets) d’une élection

le 18.05.12 | 10h00

| © Souhil. B.
 

PV vierges, antidatés, extraits de fichier électoral, rapports de la Commission de surveillance… Depuis vendredi, le fax de la rédaction n’arrête pas. Tous les documents que nous avons reçus attestent de nombreuses irrégularités – pour ne pas dire de fraude – qui remettent en cause la transparence du scrutin. 

Le mode de scrutin ? La loi du plus fort

Abdelaziz Belkhadem en a rêvé, l’Etat l’a fait. En 2010, le secrétaire général du FLN propose la proportionnelle comme mode de scrutin pour les élections communales. Deux ans après, le pouvoir décide d’introduire une dose de proportionnelle aux législatives. En clair, cette loi élimine de facto les listes qui n’ont pas atteint 5% des suffrages inscrits, et les voix de ces listes sont automatiquement reportées sur les autres listes. Une loi taillée sur mesure pour favoriser les grandes formations politiques et qui constitue un écueil difficilement franchissable pour les petits partis. «C’était un piège dont nous savions, lorsqu’il a été adopté par la précédente APN, qu’il nous coûterait cher en termes d’élus, souligne Noureddine Bahbouh, secrétaire général de l’Union des forces démocratiques et sociales (UFDS). Ce mode de scrutin est injuste et terriblement pénalisant pour la grande majorité des partis et extraordinairement bénéfique pour quelques-uns.»

Lors des élections du 10 mai, le FLN a grandement profité de ce mode de scrutin. Avec seulement 1,32 million de voix sur les 7,63 millions exprimées, le parti de Abdelaziz Belkhadem s’est vu attribuer 221 sièges. Soit une moyenne de presque 6000 voix pour chaque député ! Quant au FFS, avec seulement 188 275 voix, il s’est vu attribuer 21 sièges alors qu’il a obtenu moins de voix et plus de députés que le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati, Al Adala de Abdallah Djaballah et le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune. Ce qui fait dire à Mohamed Rachedi, secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs (PST), que «la nouvelle majorité issue de ces élections est en réalité une minorité et que ce scrutin est antidémocratique et favorise les grands partis».

Un rôle de figuration pour la Commission de surveillance des élections

Les partis politiques avaient exigé la mise en place d’une Commission nationale de surveillance des élections (CNSEL)… Ils l’ont obtenue… mais ont très vite déchanté. En acceptant la revendication des partis politiques, l’Etat a pris le soin de délimiter les prérogatives de la commission, en ne lui accordant qu’«une mission de suivi et de contrôle des opérations électorales et de la neutralité des agents en charge de ces opérations», comme le stipulait la loi du 12 janvier 2012. En clair, la CNSEL n’avait aucun pouvoir durant les élections et s’en est tenue à un rôle limité, en l’occurrence  l’élaboration de constats et de rapports sur le déroulement du scrutin. «On s’est fait trimbaler par le pouvoir, souligne Samir Larabi, militant du Parti socialiste des travailleurs et membre de la commission.

Mais devant l’ampleur des problèmes auxquels les partis avaient à faire face, on n’avait pas le choix. La commission a permis d’en régler quelques-uns. Mais en définitive, on s’est bien fait avoir. Pour le pouvoir, la CNSEL ne devait servir qu’à justifier les résultats des législatives.» Même constat chez le représentant de l’Alliance verte, Redouane Benatallah, qui reconnaît aussi le rôle de «figurante» dévolu à la CNSEL, mais insiste sur la concession arrachée par les partis politiques : celle de nommer les membres de la commission. «C’est la première fois que cela se passe ainsi, explique Redouane Benatallah. D’habitude, les membres étaient désignés par le pouvoir comme lors des législatives de 2007, avec la Commission politique nationale de surveillance des élections législatives (CPNSEL), que présidait  Saïd Bouchaïr.»

En muselant la CNSEL, l’Etat avait pris le soin de mettre en place une instance parallèle, la Commission nationale de supervision des élections, constituée de 317 magistrats choisis et désignés par le président de la République, à qui il a accordé les pleins pouvoirs. «Ce sont les magistrats qui étaient les véritables maîtres du jeu, déclare Mahdjouba Chalabia, présidente du Mouvement pour la jeunesse et la démocratie. Ils ont été gâtés par le pouvoir qui leur a accordé tous les moyens matériels pour mener leur mission. En contrepartie, ils ont fait en sorte d’ignorer tous les constats et rapports que la CNSEL leur avait fait parvenir.» En voulant éviter l’extraordinaire trafic électoral commis lors du scrutin local de 1997, qui avait vu la victoire contestée du RND d’Ahmed Ouyahia, les partis politiques avaient cru faire du 10 mai une leçon de démocratie. Le pouvoir n’avait pas le même objectif.

Observateurs internationaux : un «échange» entre dirigeants

Analysant le travail de l’économiste britannique Paul Collier, auteur de Wars, guns and votes : democracy in dangerous places, la parlementaire colombienne et observatrice d’élections pour le compte de l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, Tana De Zulueta, est catégorique : l’évaluation par les observateurs étrangers d’une élection est «un jeu auquel les dirigeants se prêtent en échange de la légitimité internationale». Dans son article repris par la revue française Books*, Tana De Zulueta pointe d’abord l’élément qui fait défaut dans ce genre de mission d’observation : l’évaluation de leur tâche. L’autre fait pointé : le manque d’intérêt des puissances occidentales quant aux conclusions des missions d’observation. «On fait voter les citoyens d’un pays avant d’abandonner leurs fragiles espoirs aux tyrans de service, chefs de bande, dictateurs ou seigneur de guerre déguisés en démocrates le temps d’un scrutin organisé à la hâte», constate, amèrement, l’ancienne observatrice. «L’élection ne peut à elle seule garantir le caractère démocratique d’un Etat, souligne la parlementaire colombienne. Bien au contraire.» Et de citer Paul Collier : «Si la démocratie se résume à une élection, celle-ci nuira au processus de réforme.» Chaque engagement d’observateurs internationaux, écrit Tana De Zulueta, ne peut faire l’économie d’une «réflexion sur les objectifs politiques et le contexte dans lequel se déroule ce genre de mission».   *Le mirage des urnes africaines, n°11, janvier-février 2010.

 

-à Oran : dans ce bureau de vote à Oran, le taux de participation à Oran n’a visiblement pas atteint les 44,38% . Un seul inscrit figure sur ce PV.

-à la Casbah, les encadreurs étaient des militants du FLN. Sur ce document nous avons masqué les noms.

-à Tindouf : du procès-verbal du dépouillement du bureau n°3 du centre de vote El Bachir El Ibrahimi, il ressort que le nombre d’enveloppes est égal à celui des inscrits. Ainsi le nombre d’inscrits dans ce bureau de vote est de 685, le nombre d’enveloppes trouvées à l’intérieur est de 685. Alors que le nombre de votants, empreinte digitale faisant foi, est de… 669. Sur le PV, les surveillants mentionnent que le nombre d’enveloppes dépasse celui des votants. Toujours dans la wilaya de Tindouf, selon des témoignages, les rédacteurs des PV octroient un résultat au FLN, comme démontré dans ces deux PV, puis inscrivent d’autres résultats en face des autres partis jusqu’à atteindre 685. Le résultat obtenu par le FLN est le même dans deux bureaux différents, soit 317. Dans le bureau n°11,  ils sont 100% à avoir voté… Un bureau dédié aux militaires inscrits dans cette wilaya. Par ailleurs, l’opération de vote s’est poursuivie jusqu’à 21h30.      

-à Tamanrasset : selon le candidat tête de liste de l’Alliance de l’Algérie verte, M. Dahimi, les autorités «ont commis une grave erreur en injectant les militaires dans le fichier électoral de notre wilaya». «Pourquoi avoir impliqué nos chers soldats dans cette opération ? Comment voulez-vous que des gens qui ne sont pas de la région connaissent les candidats ?», appuie le candidat de l’Alliance islamiste. «Ici, l’Etat a pris ce qu’il voulait», enchaîne un autre candidat qui évalue la proportion des militaires inscrits dans le corps électoral de la wilaya à un tiers. «Et cela avec un objectif : donner le maximum de voix au FLN et au RND !», ajoute le candidat. «Le grand nombre de militaires qui ont voté a fortement influé sur le résultat final, nous le regrettons», conclut Dahimi de l’Algérie verte.

-à Tizi-Ouzou : lettre de recours et de réclamation signée par les représentants de 5 partis : le MNL, le FNJS, El Fadjr Djadid, le RPR et le RA, qui viennent de lancer une initiative pour entamer une démarche juridique afin de dénoncer la fraude et les conditions dans lesquelles se sont déroulées les élections. N. Douici


 

Salim Mesbah
 
 

FLN : Belkhadem sursitaire ?

le 18.05.12 | 10h00

Le sursis accordé à Abdelaziz Belkhadem, actuel secrétaire général du FLN, tire à sa fin. Au lendemain de la victoire contestée de l’ex-parti unique aux législatives du 10 mai dernier, les contestataires FLNistes reviennent, cette semaine, à la charge.

Après les déclarations incendiaires à l’encontre de Abdelaziz Belkhadem, actuel secrétaire général, émises par Boudjemaa Haïchour, ex-ministre des Télécommunications, un des chefs de file des frondeurs du comité central du FLN, c’est au tour des redresseurs de faire leur entrée. Ils sont plus que jamais déterminés à poursuivre leur combat pour la destitution de Belkhadem et maintiennent donc la date du 19 mai pour une réunion extraordinaire du comité central. Une rencontre décisive dans le processus de destitution de Belkhadem de la tête du parti. Ainsi, passés les clivages et les dissensions, c’est en rang unifié que frondeurs et redresseurs passent à l’action. «Nous partageons le même point de vue que les frondeurs du comité central», nous déclare Mohammed Seghir Kara, ex-ministre du Tourisme et porte-parole des redresseurs.

Pour Haïchour, «le noyau dynamique des contestataires qui préparent la réunion du 19 mai a finalisé la résolution réquisitoire qui liste l’ensemble des transgressions, atteintes aux statuts et règlement intérieur du parti et déviance de tout genre». Des réunions intenses ont eu lieu et se poursuivront jusqu’au 19 mai, regroupant les redresseurs et les frondeurs, dans la mouhafadha de Hussein Dey à Alger. Une invitation officielle a été envoyée à Abdelaziz Belkhadem en tant que «secrétaire général» du parti, même si ses détracteurs, lors d’une réunion, le 9 avril dernier, du comité central, ont déclaré le retrait de confiance à Belkhadem. Afin de préparer la réunion extraordinaire du comité central, les contestataires ont donc décidé de solliciter le secrétaire général pour l’octroi d’un budget, ce dernier aurait refusé de répondre à cette demande.

«Jusqu’à présent Belkhadem n’a pas répondu à notre requête, et à la veille de la réunion, nous cotisons avec les moyens dont nous disposons pour régler les factures des hôtels nécessaires à l’hébergement ainsi que les autres frais», confie Mohamed Seghir Kara. Ce silence du secrétaire général pourrait donc être interprété comme un refus catégorique de répondre aux revendications des contestataires. Abdelaziz Belkhadem aurait intimé l’ordre aux gardiens et aux employés du siège du FLN à Hydra «de fermer les portes et d’évacuer les lieux le 19 mai», révèle le porte-parole des redresseurs.

Dans ce cas de figure, les contestataires observeront un sit-in devant le siège du parti et une motion de destitution sera donc lue devant les membres du comité central, signée par ses membres devant un huissier de justice. En cas de refus de Abdelaziz Belkhadem de répondre à l’invitation et en se référant aux statuts du parti, un processus judiciaire sera donc actionné, nous dit-on, pour le déchoir de son poste. En attendant, quelle sera la réaction du président d’honneur du FLN, Abdelaziz Bouteflika ?
 

Belkhadem réunit les nouveaux députés : «Merci Bouteflika !»

 

«La victoire du FLN aux dernières législatives du 10 mai a été réalisée grâce aux hommes de bonne volonté… Nous avons prouvé, dans les moments difficiles que le pays a connus, qu’il (FLN) était en mesure d’unifier les Algériens et rester fidèle aux principes du 1er Novembre  1954.»

C’est ainsi que Abdelaziz Belkhadem a commenté devant les nouveaux députés les résultats des dernières législatives. Il a profité de l’occasion pour rendre grâce au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui «a œuvré pour la consécration de la sécurité et la stabilité de l’Algérie». Une manière à Abdelaziz Belkhadem de souligner et avouer le rôle majeur joué par le Président pour la victoire du FLN aux dernières législatives. Aux contestataires des résultat du scrutin du 10 mai, il lance : «Seuls ceux que les urnes ont désavoués se sont avisés de contester la crédibilité du scrutin.»

Et de poursuivre, ironique : «La fraude, dont parlent certains, n’est qu’une illusion due au choc de 220 volts». Le  Printemps arabe a été évoqué à nouveau par Abdelaziz Belkhadem, il pense que ceux qui avaient prédit un tel scénario en Algérie ont commis une grande erreur politique. «Les Algériens n’aiment pas ressembler aux autres», a-t-il conclu.  

 

Zouheir Aït Mouhoub

 

147 femmes à l’Assemblée, qu’est-ce que ça va changer ?

le 18.05.12 | 10h00

 
 

Plus de 140 femmes ont été élues jeudi dernier à l’APN. Un grand pas en avant, s’accordent à dire les défenseuses des droits des femmes. Mais elles mettent en garde les nouvelles députées sur les tentations et les dérives partisanes, portant préjudice à la condition de la femme.

 

Les femmes ont remporté lors des dernières élections législatives 145 sièges dans la future Assemblée populaire nationale (APN), soit 31,38% des 462 sièges à pourvoir. Une première dans le pays où il y a encore quelques mois, la majorité des partis politiques s’opposait à réserver un quota de 30% aux femmes au sein de leur formation. Certains saluent cette consécration propulsant l’Algérie de la 122e place mondiale à la 26e. Un groupe de femmes dont Nacéra Merah, sociologue et militante pour les droits des femmes et Nadjia Zeghouda, syndicaliste et militante des droits humains, signataires d’une déclaration conjointe, affichent leur satisfaction. «Nous appelons les femmes à vous encourager, à imposer une vision et une pratique politique différentes, à refuser une position de potiches, réductrice, contraire à l’image des Algériennes, fières et dignes, qui ont lutté pour obtenir cette loi et atteindre le tiers de représentativité. Nous appelons les femmes à vous soutenir tout en restant vigilantes sur les éventuelles dérives, perversion de la loi organique et l’exclusion des femmes», exhortent-elles.

Les féministes, loin d’être euphoriques, émettent toutefois quelques réserves et dénoncent vigoureusement les propos discriminatoires et misogynes associant la féminisation de la vie politique à de la médiocrité. «Nous nous méfions des manipulations des dirigeants des partis politiques, de leurs choix et de leurs orientations, car ils ont contesté la loi organique qui les a contraints et forcés à présenter des candidates», mettent en garde les auteurs de la déclaration.

                                                                                   *****************************

 

-Nadia Aït Zaï.Directrice du Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef) : Appuyer les projets de loi en faveur des femmes

Les députées femmes ont dû comprendre que leur élection n’est pas pour rien dans ce scrutin et c’est grâce à la société civile et les citoyens qu’elles ont pu obtenir leurs sièges. Pour cette raison, elles doivent répondre aux attentes de leurs électeurs et appuyer les projets de loi comme celui criminalisant la violence à l’égard des femmes. La société civile va également les interpeller à la rentrée, car une responsabilité majeure les attend à l’APN. Mais avant cela, la société civile est prête à les orienter, former et travailler avec elles afin d’avancer dans le même sens, dépassant les sensibilités politiques. Un forum dans lequel chacune d’elles doit apporter son savoir-faire pour la promotion des droits humains. Par ailleurs, la présence importante de femmes dans la future APN est un grand pas en avant, alors à ces députées d’être à la hauteur de cette avancée.  

 

-Nadjia Zeghouda. Syndicaliste et militante des droits humains : pousser les hommes à mieux se conduire !

C’est une grande victoire pour les Algériennes ! Et elle nous offre la première place dans le monde arabe ! Ces deux textes ont suscité de vives polémiques parmi les députés hommes qui les considèrent injustes. Presque tous les partis étaient contre ces réformes, mais dans leurs listes, il leur fallait des femmes pour passer ! La féminisation de l’APN n’est pas dégradante comme beaucoup le disent. Je pense, au contraire, que leur présence poussera les hommes à mieux se conduire et à revoir leur position vis-à-vis des problèmes des femmes et de la société. Les femmes battues, l’enfance abandonnée, l’accès des femmes aux postes supérieurs, les handicaps et surtout le code de la famille… tout cela doit figurer dans l’agenda de nos 145 députées. Objectif : débattre et trouver des solutions qui permettent aux femmes d’être des citoyennes à part entière !

 

-Nacéra Haddad. Membre de l’Association des femmes chefs d’entreprise (SEVE) : démontrer que la société algérienne n’est pas rétrograde

Avoir autant de femmes au Parlement est une excellente nouvelle. Dans cette vague du Printemps arabe, la liberté et les droits des femmes algériennes sont menacés. Il ne faut pas oublier que la femme représente la première cible des islamistes qui ont pris le pouvoir dans les pays voisins. Mais la présence des femmes à l’APN nous donne une marge de manœuvre inespérée, un signal fort à l’international. Les femmes peuvent y croire dorénavant au lieu de s’enfermer et de se plier au bon vouloir du machisme. Elles peuvent démontrer que la société algérienne n’est pas rétrograde, comme on veut le faire croire à travers un discours obscurantiste. Nous espérons que ces femmes fraîchement élues porteront des messages novateurs en faveur de la femme, et pourront influencer l’APN pour changer la culture de certains partis appelant à réduire les inégalités hommes-femmes et préserver les grands acquis constitutionnels. Mais également, promouvoir la visibilité des femmes aux postes et fonctions de commandement dans la pratique quotidienne. Même s’il est à craindre que les députées de l’Alliance verte ne fassent que porter la voix de leurs partis respectifs, portant ainsi préjudice aux efforts consentis de part et d’autre afin de promouvoir la situation de la femme.  

 

-Nasséra Merah. Militante féministe : en finir avec l’image des femmes potiches en politique

L’élection de ces femmes est un pas vers une réelle représentativité, pour en finir avec l’image des femmes potiches en politique. Le nombre est une victoire pour nous. Le quota du tiers est une étape vers la parité et vers la qualité. Les partis ont toujours refusé les femmes sous plusieurs prétextes, dont celui que le peuple – qui n’a jamais été consulté – les aurait refusées. Et puis, on a tout entendu sur leur prétendue incompétence, incapacité à s’engager, leur manque de motivation… Donc, la contrainte de présenter des femmes est une victoire pour les luttes des femmes algériennes. Durant des années, nous avons été accusées de vouloir soumettre la souveraineté nationale au diktat des instances internationales, à leur ingérence.

Or, on remarque que les islamo-conservatrices, qui nous accablaient de tous les maux, se sont empressées auprès des partis les plus prometteurs. Mais les femmes présentes au Parlement sont comptables devant les citoyennes. Elles ont bénéficié de la loi sur les quotas, alors nous sommes en mesure de leur demander d’inclure dans leurs interventions les problèmes des femmes. Elles n’ont pas été proposées par la seule volonté des partis, mais imposées par la loi pour représenter les femmes. Aux femmes de faire pression sur elles pour qu’elles incluent les statut et condition des femmes dans leurs activités, en plus du programme de leur parti. Elles sont tenues d’apporter le plus que les femmes attendent d’elles, c’est-à-dire une vision et une pratique de politiques différentes de ce que nous avons connu.

Lamia Tagzout
 
 

 



18/05/2012
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