ACTUALITÉS Du Dimanche 17 Novembre 2019
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Dimanche 17 Novembre 2019
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Début officiel de la campagne présidentielle aujourd’hui : Les candidats sur un «terrain miné»
November 17, 2019
La campagne électorale s’ouvrira officiellement aujourd’hui, dans un climat des plus tendus. Alors que les Algériens qui battent le pavé chaque vendredi sous le cri qu’il n’y aura pas «d’élections avec les îssabate (les bandes)», il est à s’interroger sur la manière dont se tiendront ces trois semaines de campagne au cours de laquelle les cinq candidats auront la lourde tâche de convaincre les électeurs d’aller aux urnes.
La mission est d’autant plus difficile que les Algériens contestataires dénoncent un simulacre d’élection présidentielle organisée par le régime pour se régénérer. Les premiers signes d’une «drôle de campagne» sont déjà là : à peine installés, les premiers panneaux d’affichage ont été ornés de tags rejetant les élections ou, pour les plus téméraires, de sacs poubelles.
Malgré tout, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) s’échine à sauver les apparences, en assurant que les élections se dérouleront dans de «bonnes conditions». Elle a rassemblé hier les cinq candidats au siège du Palais des nations à Club des Pins pour la signature d’une charte d’éthique des pratiques électorales.
Les responsables de l’ANIE multiplient les déclarations faisant croire à une élection ordinaire avec ses «débats», son «temps de parole» et ses règles.
Le vice-président de l’ANIE, Abdelhafid Milat, a ainsi indiqué, dans une déclaration reprise par l’APS, à propos du financement de la campagne électorale, que cette opération est régie par la loi, assurant que l’on «ne permettra pas que des fonds issus d’activités illégales et dont l’origine est inconnue soient utilisés et on interviendra en cas de dépenses excessives et injustifiées pour demander des explications». La répartition du temps de parole des cinq candidats à l’élection présidentielle a, par ailleurs, été fixée suite à un tirage au sort.
Quid des sorties sur le terrain et des meetings populaires ? Les candidats n’ont, pour l’heure, pas communiqué de programmes de sorties sur le territoire national ni de dates de meetings populaires.
Tout porte à croire que l’essentiel de la campagne sera basé sur les débats télévisés et sur les réseaux sociaux. L’ANIE souligne à ce propos que la campagne électorale verra «des débats entre candidats, en cours de préparation en coordination avec l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV)», mettant en exergue le rôle «prépondérant» des médias dans le déroulement régulier et loyal de la campagne électorale.
Cela au moment où la Télévision publique (ainsi que plusieurs chaînes privées) ne couvre pas le hirak et ne donne pas la parole à ceux qui rejettent les élections présidentielles.
Les candidats tentent néanmoins de faire bonne figure en dépit des railleries de la rue et sur les réseaux sociaux. Aussi présentent-ils leurs programmes électoraux comme si de rien n’était, en minimisant l’ampleur des manifestations. Tous affirment, la main sur le cœur, qu’ils aspirent à réaliser les vœux du hirak. Abdelmadjid Tebboune, place son programme sous le slogan «Engagés pour le changement, capables de le réaliser», comportant 54 engagements pour l’instauration d’une «nouvelle République».
Le président du parti Talaie El Hourriyet, Ali Benflis, livre un «serment pour l’Algérie» qui œuvrerait pour un «changement global», conformément aux demandes et aspirations «justes et légitimes» du hirak.
Le président du mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina, a déclaré, de son côté, que son programme s’appuie essentiellement sur «le principe de consultation des Algériens sur les voies de sortie de crise, la récupération des fonds volés, la concrétisation de la sécurité alimentaire et territoriale de l’Algérie», tout en apportant son soutien aux exigences du mouvement populaire, hirak.
Enfin, Ayant pour slogan de sa campagne, «Le peuple décide», le candidat Belaïd s’est engagé qu’une fois élu président de la République, il œuvrera à bâtir «des institutions fortes reflétant la place de l’Etat algérien».
Auparavant, nous avons eu droit à une campagne sans candidat – on se rappelle notamment des campagnes électorales où le président Bouteflika avait brillé par son absence –, peut-être aurons-nous cette fois-ci des candidats sans campagne !
Des partisans de l’élection hués et raillés dans plusieurs wilayas : Une campagne présidentielle sous tension
Le pouvoir en place essuie de nouveaux échecs. Après son incapacité à faire taire le mouvement populaire exigeant un réel changement du système, sa stratégie visant à créer un rapport de force favorable à la présidentielle du 12 décembre prochain s’effrite.
A moins d’un mois du rendez-vous électoral, qualifié déjà de passage en force, les tenants du régime et leurs soutiens peinent à s’imposer sur le terrain. Leurs tentatives d’organiser des marches – faussement qualifiées de «spontanées» – en faveur de la prochaine joute électorale butent sur deux écueils majeurs : défection des marcheurs et réactions hostiles des citoyens pro-hirak.
Mis en branle depuis une dizaine du jours, le plan des tenants du pouvoir s’avère inefficace, voire pernicieux et dangereux pour l’unité nationale. En effet, ce qui s’est passé, hier, dans plusieurs régions du pays renseigne, on ne peut plus clairement, sur ce qui pourrait se produire dans les jours à venir. A Oran, à Sidi Bel Abbès, à Tébessa, à Constantine et à Bordj Bou Arréridj, des manifestations de partisans de l’élection ont tourné court.
Les organisateurs, ayant déployé de gros moyens pour convaincre quelques personnes à tenir des rassemblements en faveur du prochain scrutin et en guise de «soutien à l’armée», ont été contraints de quitter les lieux précipitamment.
Raison : l’arrivée massives des citoyens opposés «aux élections avec la bande». Ces derniers ont hué et raillé les participants à ces actions en les traitant de tous les noms.
«Djabouhoum me zaouïa, 3tawlhoum teltemya !» (Ils les ont ramenés des zaouïas et leur ont donné 3000 DA) et «Makench le vote ya shab l’casse-croûte !» (Il n’y aura pas de vote, mangeurs de casse-croûtes), lançaient notamment les anti-élection à Oran.
Dans cette ville, plusieurs dizaines de citoyens ont cerné le groupuscule de partisans du scrutin présidentiel qui tentaient d’organiser leur action sous haute surveillance policière.Même scénario dans d’autres villes où les activistes pro-hirak ont démenti les allégations de leurs adversaires qui tentent de faire croire que le hirak est contre l’institution militaire. «Non, l’armée nous appartient.
Ce sont ses chefs que nous dénonçons», lancent des manifestants s’exprimant dans des vidéos postées sur les réseaux sociaux. Ils traitent aussi les soutiens du pouvoir de «cachiristes» en faisant allusion aux militants FLN réunis, au début de l’année en cours, à la Coupole du complexe olympique du 5 Juillet pour appeler à un 5e bail pour Abdelaziz Bouteflika et qui avaient eu droit à un sandwich au cachir.
Le système reconduit ses anciens procédés
Pour organiser ses marches, comme constaté depuis quelques jours, le pouvoir reconduit les mêmes procédés du système. Il fait appel à sa clientèle et aux représentants de ses organisations satellites en vue de donner l’illusion d’un soutien populaire au prochain scrutin.
Ce sont, effectivement, des militants des partis et des organisations ayant pris fait et cause pour le 5e mandat du président déchu qui tentent de faire croire aujourd’hui qu’ils sont «les nationalistes qui veulent sauver l’Algérie de cette crise politique».
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont réussi, grâce à un système appelé VAR (en référence à la vidéo-assistance de la FIFA) à démasquer les meneurs de ces actions en faveur de la présidentielle en montrant leurs anciennes interventions en faveur de l’ex-Président.
En tout cas, les derniers développements sur le terrain ne feront que compliquer la tâche des cinq candidats à la présidentielle qui devrait inaugurer, aujourd’hui, leurs campagnes électorales. La présidentielle sera-t-elle maintenue dans de telles conditions ?