Ahmed le colonel et... Dinar

21-03-2010
ROUIBA
Ahmed le colonel et... Dinar

En décidant de prendre une semaine avant de décider du sort de cet Ahmed qui a usurpé les fonctions d’un colonel du DRS, la juge de Rouiba avait voulu examiner de près les faits pourtant clairs, mais surtout relire les larges passages de la plaidoirie de l’avocat qui a usé d’un peu de droit et de beaucoup d’humour,

car il avait estimé qu’en 2010, avec l’entrée en vigueur de ce rude code de la route, il fallait user de ruse pour reprendre le permis de conduire retiré à son copain. Or, ni les gendarmes, ni la juge, ni le procureur ne sont ligotés par... l’humour ni par l’humeur.

Ils sont ligotés par la loi. Et la loi lancée entre les lèvres du parquetier a exigé trois ans de prison ferme. Ahmed, l’inculpé, devra encore passer huit nuits en prison avant de connaître son sort. Et là, deux pronostics : si Ahmed a déjà eu affaire à la justice, c’est de la détention ferme.

A défaut, un  mignon sursis viendra rendre le sourire à Ahmed, mais certainement pas à Rachid, le conducteur à qui on a retiré le permis de conduire et qui risque même de ne plus revenir dans la poche de sitôt. Qui de l’inculpation ou de l’infraction fait le plus mal ? Le verdict le dit éloquemment. C’est même sûr. Et le sursis (dix-huit mois) aura été l’unique verdict...

La drôle affaire d'usurpation de fonction, fait prévu et puni par l’article 242 du code pénal, qui s’est tenue dimanche à Rouiba (cour de Boumerdès), avait été un bon moment d’esprit de justice né dans la bonhomie de maître Dinar Mohamed, l’avocat d’Ahmed R.,

un jeune qui avait la bizarre initiative de jouer à l’arbitre entre un copain à qui on venait de retirer le permis de conduire pour une grave infraction (conduite en état d’ivresse) et les gendarmes.

En effet, se rendant à deux reprises dans un taxiphone du coin, il appelle la brigade de gendarmerie sur le fixe et de demander à ce que l’on restitue le précieux document au contrevenant :

- «Bonjour monsieur. A qui ai-je l’honneur ?», dit une voix nasillarde, celle du chef de brigade, raide comme un i majuscule.
- «Je suis le colonel... du DRS. Je vous rappellerai dans trente minutes pour vous remercier de votre amabilité», répond sans prendre le risque de trembler, l’appareil à la main, Ahmed qui ne connaît vraisemblablement pas la «raideur» des gendarmes, éternellement méfiants, vigilants et surtout professionnels.

- «C’est bon colonel, ce sera fait», dit la voix anonyme qui peut être celle de n’importe quel militaire en fonction à la brigade. e pauvre Ahmed avait cru avoir fait avaler une couleuvre avec le «c’est bon, colonel» du gendarme. Ce dernier va avoir la lumineuse idée de vérifier la provenance de l’appel.

Et puis tout ira vite. Le gendarmes obtiennent les coordonnées de celui qui a voulu jouer au plus malin, l’appellent à leur tour sur son mobile. Il va être court. Il répond : «C’est impossible, gendarme. Je suis pris. Je suis même très pris par l’affaire Sonatrach !»

Cette réponse fit l’effet d’un seau de glace, jeté par-dessus les têtes des gendarmes. Pour un moment seulement, car si ces propos relatifs à l’affaire «Sonatrach» peuvent être réels, il n’en demeure pas moins que les gendarmes savent qu’aucun élément des services de sécurité, quel que soit son statut,

ne donne sa position et encore moins l’affaire dont il a la charge. Et c’est peut-être là où Ahmed allait perdre son équilibre et chuter lourdement à la barre du tribunal de Rouiba où la juge du jour, agréable comme tout, s’était confiné aux faits et surtout à la brève mais efficace plaidoirie de maître Dinar qui allait d’abord dédramatiser les faits avant d’asséner :

- «Madame la présidente, Ahmed n’a pas inventé ce colonel. Il a même fréquenté la même école avec son fils. Il a voulu rendre service à son copain. Il s’est souvenu qu’un colonel avait beaucoup d’autorité, donc il s’est fait passer pour lui, juste de quoi restituer le permis de conduire. Alors, trois ans de prison demandée par le procureur, oui, mais assortis de sursis», dit-il.


@@Tags ExtraitNombre d'occurencesahmed9colonel6gendarmes6affaire5permis4conduire4dit4juge3rouiba3faits3surtout3copain3prison3sursis3brigade3prendre2sort2drs2plaidoirie2avocat2humour2code2retiré2procureur2ligotés2loi2trois2ans2ferme2passer2justice2rendre2risque2infraction2verdict2fonction2moment2maître2dinar2jouer2effet2voix2répond2gendarme2pris2sonatrach2allait2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@
21-03-2010
ROUIBA
Ahmed le colonel et... Dinar
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En décidant de prendre une semaine avant de décider du sort de cet Ahmed qui a usurpé les fonctions d’un colonel du DRS, la juge de Rouiba avait voulu examiner de près les faits pourtant clairs, mais surtout relire les larges passages de la plaidoirie de l’avocat qui a usé d’un peu de droit et de beaucoup d’humour,car il avait estimé qu’en 2010, avec l’entrée en vigueur de ce rude code de la route, il fallait user de ruse pour reprendre le permis de conduire retiré à son copain. Or, ni les gendarmes, ni la juge, ni le procureur ne sont ligotés par... l’humour ni par l’humeur.Ils sont ligotés par la loi. Et la loi lancée entre les lèvres du parquetier a exigé trois ans de prison ferme. Ahmed, l’inculpé, devra encore passer huit nuits en prison avant de connaître son sort. Et là, deux pronostics : si Ahmed a déjà eu affaire à la justice, c’est de la détention ferme.A défaut, un  mignon sursis viendra rendre le sourire à Ahmed, mais certainement pas à Rachid, le conducteur à qui on a retiré le permis de conduire et qui risque même de ne plus revenir dans la poche de sitôt. Qui de l’inculpation ou de l’infraction fait le plus mal ? Le verdict le dit éloquemment. C’est même sûr. Et le sursis (dix-huit mois) aura été l’unique verdict...La drôle affaire d'usurpation de fonction, fait prévu et puni par l’article 242 du code pénal, qui s’est tenue dimanche à Rouiba (cour de Boumerdès), avait été un bon moment d’esprit de justice né dans la bonhomie de maître Dinar Mohamed, l’avocat d’Ahmed R.,un jeune qui avait la bizarre initiative de jouer à l’arbitre entre un copain à qui on venait de retirer le permis de conduire pour une grave infraction (conduite en état d’ivresse) et les gendarmes.En effet, se rendant à deux reprises dans un taxiphone du coin, il appelle la brigade de gendarmerie sur le fixe et de demander à ce que l’on restitue le précieux document au contrevenant :- «Bonjour monsieur. A qui ai-je l’honneur ?», dit une voix nasillarde, celle du chef de brigade, raide comme un i majuscule.- «Je suis le colonel... du DRS. Je vous rappellerai dans trente minutes pour vous remercier de votre amabilité», répond sans prendre le risque de trembler, l’appareil à la main, Ahmed qui ne connaît vraisemblablement pas la «raideur» des gendarmes, éternellement méfiants, vigilants et surtout professionnels.- «C’est bon colonel, ce sera fait», dit la voix anonyme qui peut être celle de n’importe quel militaire en fonction à la brigade. e pauvre Ahmed avait cru avoir fait avaler une couleuvre avec le «c’est bon, colonel» du gendarme. Ce dernier va avoir la lumineuse idée de vérifier la provenance de l’appel.Et puis tout ira vite. Le gendarmes obtiennent les coordonnées de celui qui a voulu jouer au plus malin, l’appellent à leur tour sur son mobile. Il va être court. Il répond : «C’est impossible, gendarme. Je suis pris. Je suis même très pris par l’affaire Sonatrach !»Cette réponse fit l’effet d’un seau de glace, jeté par-dessus les têtes des gendarmes. Pour un moment seulement, car si ces propos relatifs à l’affaire «Sonatrach» peuvent être réels, il n’en demeure pas moins que les gendarmes savent qu’aucun élément des services de sécurité, quel que soit son statut,ne donne sa position et encore moins l’affaire dont il a la charge. Et c’est peut-être là où Ahmed allait perdre son équilibre et chuter lourdement à la barre du tribunal de Rouiba où la juge du jour, agréable comme tout, s’était confiné aux faits et surtout à la brève mais efficace plaidoirie de maître Dinar qui allait d’abord dédramatiser les faits avant d’asséner :- «Madame la présidente, Ahmed n’a pas inventé ce colonel. Il a même fréquenté la même école avec son fils. Il a voulu rendre service à son copain. Il s’est souvenu qu’un colonel avait beaucoup d’autorité, donc il s’est fait passer pour lui, juste de quoi restituer le permis de conduire. Alors, trois ans de prison demandée par le procureur, oui, mais assortis de sursis», dit-il.


21/03/2010
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