Algérie : Bouteflika va réviser la Constitution pour "renforcer la démocratie"
Algérie : Bouteflika va réviser la Constitution pour "renforcer la démocratie"
Des réformes qui vont "dans la bonne direction". C'est ainsi que le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a qualifié samedi 16 avril les décisions annoncées par le président algérien Abdelaziz Bouteflika dans un discours à la nation prononcé vendredi.
En marge d'un colloque sur le "printemps arabe" organisé par son ministère à Paris, Alain Juppé a souligné que "le grand mouvement d'aspiration populaire à la liberté et à la démocratie, qui touche l'ensemble du Maghreb et au-delà , jusqu'au Golfe persique, concerne aussi l'Algérie bien sûr". "La France n'a pas plusieurs langages par rapport à tout ce qui se passe au sud de la Méditerranée et jusqu'au Golfe persique. Il est le même partout", a-t-il indiqué. "Il y a à l'évidence une profonde aspiration populaire à la liberté, à la démocratie. Il faut que les régimes en place en tiennent compte et que des réformes audacieuses soient entreprises", a-t-il ajouté.
Le ministre a en outre proposé un dialogue avec les mouvements islamistes dans le monde arabe dès lors qu'ils appliquent les règles du jeu démocratique et refusent toute violence.
"RENFORCER LA DÉMOCRATIE"
Le discours du président Bouteflika à la nation était attendu avec impatience par le peuple algérien. Le président a annoncé vendredi, dans une allocution télévisée, une prochaine révision de la Constitution en vue de "renforcer la démocratie". "Pour couronner l'édifice institutionnel visant à renforcer la démocratie, il importe d'introduire les amendements nécessaires à la Constitution" de 1996, a affirmé le dirigeant algérien dans un discours à la nation de vingt minutes.
Les attentes des Algériens étaient d'autant plus fortes qu'il s'agissait du premier discours présidentiel adressé au peuple depuis que le pays est agité par de nombreux mouvements sociaux. En janvier, des émeutes avaient fait cinq morts et huit cents blessés.
"J'ai exprimé, à maintes reprises, ma volonté de faire réviser la Constitution", a rappelé Abdelaziz Bouteflika, en annonçant la création d'une commission constitutionnelle "à laquelle participeront les courants politiques agissants et des experts en droit constitutionnel". La commission "me fera des propositions dont je m'assurerai de la conformité avec les valeurs fondamentales de notre société, avant de les soumettre à l'approbation du parlement ou à vos suffrages par la voie référendaire", a-t-il expliqué.
RENFORCER LES LOIS ÉLECTORALES
Il a également annoncé une "révision profonde" de la loi électorale pour permettre aux Algériens d'"exercer leur droit dans les meilleures conditions, empreintes de démocratie et de transparence". Les partis politiques, qu'ils soient représentés ou non à l'Assemblée nationale, seront associés à la révision de cette loi, a assuré le chef de l'Etat. La loi sur les partis sera elle aussi révisée. Elle permettra, a dit M. Bouteflika, une contribution "plus efficace de ces partis au processus de renouveau du pays".
Une source officielle avait plus tôt dans la journée laissé entendre que le président devrait donner des gages aux partisans de réformes démocratiques, et annoncer "d'importantes décisions concernant l'approfondissement du processus démocratique, le renforcement des bases de l'Etat de droit, la réduction des disparités et l'accélération du développement socio-économique".
DES ANNONCES ATTENDUES PAR LES MOUVEMENTS D'OPPOSITION
Déjà , M. Bouteflika avait promis d'ouvrir une "nouvelle page" sur "la voie des réformes globales", soulignant qu'elles ne sauraient "être fructueuses en l'absence de réformes politiques", selon les mots du président rapportés par un de ses conseillers le 19 mars, lors de la commémoration du cessez-le-feu de 1962. A 74 ans, le dirigeant célèbre ce mois-ci ses douze ans de pouvoir dans un pays où l'armée joue un rôle politique important depuis 1992, année où les islamistes avaient tenté de s'emparer du pouvoir.
Jusqu'ici, la levée de l'état d'urgence, instauré en février 1992 pour endiguer l'insurrection islamiste, a été la seule concession accordée par le chef de l'Etat. En revanche, d'importantes concessions ont été faites sur le plan économique et social en matière de salaires, d'emploi des jeunes ou de construction de logements. Des concessions qui ont engendré une demande de plus en plus forte de la population, à l'origine des manifestations.
Avant le discours de vendredi soir, le Front de libération nationale (FLN), ex-parti unique, le Rassemblement national démocratique (RND) du premier ministre Ahmed Ouyahia et le Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste) se sont dits favorables à une révision "même profonde" de la loi fondamentale, amendée il y a deux ans pour permettre à M. Bouteflika de briguer un troisième mandat. Ces partis ne souhaitent en revanche pas l'élection d'une Assemblée constituante, revendiquée par le FFS (Front des forces socialistes) et le Parti des travailleurs (trotskyste-extrême gauche).
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