Faire de la politique par SMS. En Algérie c'est possible. Les autorités appellent par SMS les citoyens à voter. Les autorités restent cependant injoignables pour recevoir les réactions des citoyens une fois qu'ils ont reçu les messages de l'Intérieur,
...
Algérie : SMS appelant à voter aux législatives 2012, c’est possible !
Faire de la politique par SMS. En Algérie c’est possible. Les autorités appellent par SMS les citoyens à voter. Les autorités restent cependant injoignables pour recevoir les réactions des citoyens une fois qu’ils ont reçu les messages de l’Intérieur, mais beaucoup d’entre eux, n’ont pas de forfait pour effectuer des appels.
«Moi pour répondre, dommage que se sont seulement eux qui peuvent envoyer, je leur demanderai a priori de recharger mon compte et puis ils auront ma réponse…», indique un jeune chômeur. Mais il ne s’agit là que d’une seule réaction, car un mini sondage dans la rue révèle que les autorités se sont vraisemblablement trompées de destinataires. C’est du moins ce qui ressort des réponses de plusieurs personnes interrogées sur ce qu’elles pensent des appels au vote par texto. Plus qu’une colère, les réponses dévoilent un acharnement contre les responsables qui «du coup, communiquent et s’adressent à leur citoyens…».
C’est fou comme les SMS du ministère de l’Intérieur peuvent exacerber la colère des Algériens. Cette tentative de lutter contre l’abstention lors des prochaines législatives, risque bien d’avoir l’effet contraire ! Depuis la mi-janvier, le ministère de l’Intérieur a engagé des opérateurs économiques pour adresser des SMS aux citoyens pour accomplir leur devoir de citoyen aux prochaines élections. Néanmoins, la peur de l’abstention semble avoir trop effrayé le politique au point de ne pas se rendre compte qu’ils envoient le même SMS plusieurs fois, sans compter les autres différentes formules destinées à inciter les Algériens à se diriger vers les urnes le jour J.
Ces textos sont du genre «voter est un acte de citoyenneté et de responsabilité», «l’inscription sur la liste électorale de votre commune de résidence vous permettra d’avoir votre carte d’électeur et voter lors des législatives», «pour votre inscription sur la liste électorale présentez une pièce d’identité et un document justifiant votre résidence» ou encore «vous avez changé de résidence ? Exiger l’attestation de radiation de l’ancienne commune et inscrivez-vous auprès de votre nouvelle commune»… En somme, le département de Dahou Ould kablia ne semble louper aucun détail concernant les procédures de vote.
Toutefois, cette initiative semble plutôt «harceler» et atteindre les libertés individuelles et non pas appeler les citoyens au vote lors des prochaines législatives. Interrogée, une enseignante expliquera que «la seule force qu’ont les messages des autorités est celle de taper sur les nerfs. On ne fait pas de leçon de citoyenneté par SMS».
Ce rejet et le niet des appels est quasi totalement partagé par un bon nombre d’Algériens. «Pourquoi irons-nous voter pour des députés qui votent des lois antipopulaires, contre leurs électeurs ?», «les responsables ne pensent qu’à leurs intérêts», «le jour où ils auront (les dirigeants) la volonté d’accomplir leur devoir, nous accomplirons le notre», sont entre autres les réactions des citoyens concernant l’appel au vote lancé par le ministère de l’Intérieur. Plus moqueuses, certains réponses sont partagées sur le réseau social Facebook, à l’exemple de celles s’adressant aux opérateurs de téléphonie mobile. Un citoyen souligne : «Lorsque j’ai signé un contrat pour l’achat d’une puce, je ne me souviens pas avoir lu une clause vous donnant le droit de donner mon numéro au ministère de l’Intérieur pour des histoires de vote.
Pour d’autres affaires plus personnelles, j’ai saisi ce ministère plusieurs fois, jamais aucune réponse ne m’a été réservée ni sur mon mobile ni par courrier…». Sur un autre volet, une virée dans quelques mairies algéroises dévoilera qu’effectivement «les erreurs de la confiance ne seront pas reproduites».
Nous n’inventons rien, mais au niveau des APC, l’enthousiasme des citoyens pour s’inscrire sur les registres fait défaut. La révision exceptionnelle du ficher électoral, en prévision des élections législatives de mai 2012, fixée du 12 jusqu’au 21 du mois en cours n’a pas drainée du monde, apprend-on. Il y a lieu de conclure que la crainte des autorités d’un faible taux de participation aux prochaines élections a effectivement de quoi se justifier. Néanmoins, le combat de la sensibilisation engagé ne semble jusque-là jouer son jeu… En attendant, certains citoyens, n’ayant pas de crédit, nous ont confié faire passer un petit SMS : «Le peuple s’intéressera à la politique quand la politique s’intéressera à lui».