Egypte: La Constitution largement adoptée à 63,8% des voix
Egypte: La Constitution largement adoptée à 63,8% des voix
MONDE - L'opposition dénonce toutefois des irrégularités...
+++n Égyptien montre l'encre sur son doigt, prouvant qu'il a voté, le 22 décembre 2012 KHALIL HAMRA/AP/SIPA
Le projet contesté de Constitution égyptienne a été approuvé par 63,8% des voix exprimées lors du référendum des 15 et 22 décembre, annonce mardi soir la commission électorale. Ce résultat officiel est conforme aux estimations diffusées depuis ce week-end par les Frères musulmans comme par l'opposition, regroupée au sein du Front de salut national et hostile au texte qui dénonçait des irrégularités.
La victoire du «oui» ouvre la voie à des élections législatives dans un délai de deux mois environ. Ce scrutin va de nouveau polariser l'Egypte entre le bloc islamiste, vainqueur de toutes les consultations électorales depuis la chute d'Hosni Moubarak, et une opposition disparate mais qui a resserré les rangs à l'occasion de la campagne référendaire. «Nous avons examiné avec sérieux toutes les plaintes», a précisé le juge Samir Abou el Matti lors d'une conférence de presse.
Moins de 33% de participation
La participation officielle ressort à 32,9% des inscrits. Après les violentesmanifestations qui ont précédé le référendum, organisé en deux phases à sept jours d'intervalle, Le Caire semblait calme mardi soir à l'annonce des résultats définitifs, et les partis d'opposition n'ont pas lancé d'appels à manifester. «Les résultats (officieux) étaient très bizarres, et pourtant aucun changement n'a été opéré dans le score, ce qui prouve que rien n'a été fait pour prendre nos plaintes en ligne de compte», a réagi Khaled Dawood, un des porte-parole de l'opposition.
Le président Mohamed Morsi considère que l'adoption de la Constitution, qui ouvre la voie à des législatives dans un délai de deux mois, mettra un terme à la longue et turbulente période post-révolutionnaire qui a suivi la chute d'Hosni Moubarak en février 2011. Mais certains commentateurs estiment que la méthode forte employée par le chef de l'Etat pour faire passer le texte n'a fait que galvaniser l'opposition, qui dénonce une constitution dangereuse pour les libertés, les droits des femmes et des minorités, dont les chrétiens coptes (10% de la population).
Le président ne pourra donc pas s'appuyer sur un consensus national pour affronter les problèmes économiques au moment où Le Caire tente de boucler les négociations avec le FMI sur l'octroi d'un prêt équivalent à 3,6 milliards d'euros. L'agence de notation américaine Standard & Poor's a abaissé lundi la note souveraine à long terme de l'Egypte, qui a limité les mouvements d'argent à 10.000 dollars afin d'atténuer la pression sur la livre égyptienne et de prévenir tout retrait d'argent massif de la part des épargnants.
Une augmentation probable des taxes
Dans un communiqué publié avant l'annonce des résultats officiels, le Premier ministre, Hicham Kandil, a «souligné l'importance de la stabilité politique et de la sécurité pour la période à venir, pour que les investisseurs étrangers puissent revenir sur le marché égyptien, ainsi que les rentrées du tourisme qui aident à soutenir les réserves en devises et à réduire le déficit budgétaire».
«Les principaux objectifs sur lesquels travaille aujourd'hui le gouvernement sont la réduction du déficit budgétaire, et l'augmentation de la croissance pour augmenter l'emploi, réduire l'inflation et accroître la compétitivité des exportations égyptiennes», a-t-il ajouté.
Mohamed Morsi a renoncé à augmenter des taxes sur de nombreux produits comme les boissons alcoolisées, le tabac ou les téléphones mobiles peu avant la première phase du référendum, mais il pourrait devoir revenir sur ces décisions pour obtenir le déblocage du prêt du Fonds monétaire international.
Face à la colère populaire que ces mesures ne manqueraient pas de provoquer, les Frères musulmans, qui avec les salafistes ont balayé l'opposition laïque et libérale lors des premières législatives de l'après-Moubarak l'hiver dernier, auraient la tâche plus difficile lors des prochaines échéances électorales. Hossam El-Din Ali, un vendeur de journaux de 35 ans dans le centre du Caire, craint une vague d'austérité. «Les gens ne veulent pas de hausse des prix. Ils en ont assez de toute ça. C'est la récession, rien ne bouge, mais je souhaite le meilleur, si Dieu le veut», dit-il.
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Un Egyptien dépose son bulletin dans l'urne, lors des législatives au Caire, en Egypte, le 28 novembre 2011.AHMED JADALLAH/REUTERS
MONDE - La victoire du «oui» était attendue après le succès enregistré par les défenseurs du texte lors de la première phase du scrutin, le 15 décembre...
info 13h: L'opposition égyptienne va faire appel du résultat du référendum sur un projet de Constitution, estimant que la victoire du «oui» résulte de la fraude, a déclaré ce dimanche un chefs de file du Front du salut national, principale coalition de l'opposition.
Le projet de nouvelle Constitution a été adopté en Egypte, ont annoncé ce dimanche les islamistes, malgré la forte opposition des laïcs et des chrétiens. Près de 64% des Egyptiens se sont prononcés en faveur de la nouvelle Constitution lors du référendum dont la deuxième phase se déroulait samedi, a indiqué un responsable des Frères musulmans, citant des résultats non-officiels.
La victoire du «oui» était attendue après le succès enregistré par les défenseurs du texte lors de la première phase du scrutin, le 15 décembre, avec 57% des électeurs favorables au projet, selon des estimations non-officielles. «Selon nos calculs, le résultat final du second tour est de 71% de 'oui' et le résultat final (des deux phases) est de 63,8%», a dit le responsable de la confrérie islamiste dont est issu le président Mohamed Morsi.
Fraudes et irrégularités
Les sondages sortie des urnes du Front de salut national, la principale coalition de l'opposition égyptienne, confirment également la victoire du «oui», selon un responsable du FSN. «Ils (les islamistes) dirigent le pays, organisent le vote et influencent les gens, à quoi d'autre pouvions-nous nous attendre?», s'est interrogé ce responsable.
Avant même l'annonce des premiers résultats, le vice-président Mahmoud Mekky a annoncé samedi sa démission, expliquant que sa qualité de magistrat ne lui permettait pas de remplir correctement ses fonctions auprès du chef de l'Etat.
Le projet de Constitution ne prévoit plus de poste de vice-président et Mekky avait déjà indiqué qu'il démissionnerait si le projet était adopté par les électeurs.
Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont de nouveau dénoncé samedi des fraudes et de nombreuses irrégularités.
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L'Egypte se prononce sur un projet de Constitution controversé
Une femme vote le 22 décembre 2010 à Guizeh, au sud du Caire GIANLUIGI GUERCIA AFP.COM
REFERENDUM - Mais selon des analystes, l'adoption de la nouvelle Constitution ne devrait pas mettre fin à la crise et l'instabilité pourrait se prolonger...
Les Egyptiens votent ce samedi pour la deuxième et dernière phase d'un référendum sur un projet de Constitution défendu par les islamistes, qui semble en passe d'être adopté malgré une campagne acharnée de l'opposition et une profonde crise politique. Signe des tensions persistantes, partisans et adversaires du projet de loi fondamentale se sont encore affrontés vendredi à Alexandrie, la deuxième ville du pays, faisant plusieurs dizaines de blessés.
Tôt samedi, des queues se sont formées devant plusieurs écoles à travers les 17 gouvernorats appelés à se rendre aux urnes, dont Guizeh, qui jouxte le Caire, et Louxor (sud), avant même l'ouverture des bureaux vers 8h. «Je vais voter oui parce que l'Egypte a besoin d'une Constitution pour être stable», a dit à l'AFP Mohamed Hamza, un chauffeur de 49 ans qui patientait devant un bureau de vote de Guizeh.
25 millions de personnes appelées aux urnes
Non loin de lui, Sayyed Mostafa, un comptable de 25 ans, affirme au contraire qu'il va «bien sûr voter non». «Cette Constitution ne respecte pas les Egyptiens, elle oublie qu'en Egypte il y a eu une révolution. Nous méritons mieux», a-t-il fait valoir. Le vote doit s'achever à 19h pour les quelque 25 millions de personnes appelées aux urnes mais la semaine dernière, la commission électorale l'avait prolongé de quatre heures, jusqu'à 23h.
Selon des chiffres officieux, le «oui» l'a emporté par près de 57% des voix lors de la première partie du vote samedi dernier, une avance qui laisse présager une approbation du projet de Constitution à l'échelle nationale. La division du pays en deux zones de vote successives avait été décidée pour faire face au boycott de nombreux magistrats chargés de superviser le scrutin, en conflit avec le président islamiste Mohamed Morsi qu'ils accusent de porter atteinte à l'indépendance de la justice.
Pour le camp présidentiel, l'adoption d'une nouvelle Constitution doterait enfin le pays d'un cadre institutionnel stable, qui viendrait clore la transition tumultueuse que vit l'Egypte depuis la chute d'Hosni Moubarak en février 2011. L'opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux, estime que le texte ouvre la voie à une islamisation accrue et présente de graves lacunes en matière de protection des libertés. Elle a dénoncé de nombreuses «fraudes et irrégularités» pendant la première phase du vote.
«Risque d'une islamisation accrue»
Le référendum a été précédé par plusieurs semaines de manifestations qui ont parfois dégénéré en heurts entre adversaires et partisans de Mohamed Morsi et de la formation dont il est issu, les Frères musulmans. Vendredi encore, la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser partisans et opposants au projet de Constitution à Alexandrie.
Si le projet de loi fondamentale est approuvé, des élections législatives sont prévues dans les deux mois pour remplacer l'Assemblée dissoute en juin. Mais selon des analystes, l'adoption de la nouvelle Constitution ne devrait pas mettre fin à la crise et l'instabilité pourrait se prolonger, les divisions étant profondes entre les deux camps sur leur vision de la société égyptienne de l'après-Moubarak.
Mohamed ElBaradei, le chef du Front national du salut (FSN), principale coalition de l'opposition, a estimé que «le pays est au bord de la faillite», dans un message vidéo posté sur Internet. Ce référendum se tient en effet dans un contexte de grave crise économique. Les incertitudes politiques ont déjà provoqué l'ajournement d'une demande de prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), et conduit M. Morsi à geler des hausses de taxes qui auraient pesé sur le climat social.
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Egypte: La Constitution adoptée, l'opposition va faire appel