AP - il y a 10 heures 55 min

Ahmadinejad et Moussavi crient tous deux victoire en Iran

Les médias officiels ont annoncé vendredi soir la victoire du chef de l'Etat sortant Mahmoud Ahmadinejad à l'élection présidentielle iranienne, mais son principal rival, le modéré Mirhossein Moussavi, affirme lui aussi l'avoir emporté et évoque des irrégularités. Lire la suite l'article

A l'issue d'une Ă©lection marquĂ©e par une trĂšs forte participation - les autoritĂ©s ont repoussĂ© Ă  trois reprises la clĂŽture du scrutin -, le prĂ©sident de la commission Ă©lectorale a dĂ©clarĂ© qu'Ahmadinejad Ă©tait en tĂȘte avec 69% des voix aprĂšs dĂ©pouillement de 20% des bulletins, devant Moussavi, crĂ©ditĂ© de 28% des suffrages.

"Le docteur Ahmadinejad, en obtenant la plupart des suffrages lors de ce dixiÚme scrutin présidentiel, remporte la victoire", a affirmé de son cÎté l'agence officielle Irna.

Peu auparavant, l'ancien Premier ministre Mirhossein Moussavi, soutenu par les réformistes, avait déclaré qu'il était "le vainqueur indiscutable" du scrutin.

"Il y a encore beaucoup d'électeurs devant les portes closes qui n'ont pu déposer leur bulletin dans l'urne. Nous avons des bureaux qui, malgré la prolongation des heures de vote, ont reçu l'ordre de fermer leurs portes", a dit Moussavi.

"Nous avons dû faire face à une livraison tardive des bulletins. Dans de nombreux endroits, on a manqué de bulletins de vote, par exemple à Tabriz, à Shiraz, à Isfahan...etc...", a-t-il ajouté.

"Nous attendons la fin officielle du comptage des voix et les explications qui nous seront données sur ces irrégularités", dit encore Moussavi.

"Nous espĂ©rons que les autoritĂ©s feront leur travail dans ce domaine, avec la sagesse du Guide suprĂȘme", a-t-il dit.

FORTE PARTICIPATION

Si aucun candidat ne rĂ©unit sur son nom plus de 50% des suffrages, un second tour aura lieu le 19 juin entre les deux prĂ©tendants arrivĂ©s en tĂȘte au premier tour.

La participation élevée pourrait plaider en faveur d'une mobilisation des électeurs réformistes, qui étaient restés à l'écart de l'élection de 2005 et de la victoire d'Ahmadinejad.

Deux autres candidats sont en lice, l'ancien président du parlement Mehdi Karoubi, un réformateur, et l'ancien chef des Gardiens de la révolution Mohsen Rezaï, un conservateur.

De longues files d'attente se sont formées dÚs le matin devant les bureaux de vote et le ministÚre de l'Intérieur a prédit un taux de participation dépassant 70% des 46 millions d'électeurs inscrits.

La participation pourrait approcher le record de prÚs de 80% enregistré lors de l'élection triomphale du réformiste Mohammad Khatami en 1997.

Les témoignages recueillis à Téhéran montrent que les bureaux de vote ont attiré autant d'électeurs dans les quartiers aisés du nord de la capitale, réputés favorables à Moussavi, que dans les quartiers plus déshérités du sud, pro-Ahmadinejad.

Le rĂ©sultat de l'Ă©lection est attendu avec grand intĂ©rĂȘt par la communautĂ© internationale qui espĂšre une dĂ©tente aprĂšs quatre annĂ©es de politique Ă©trangĂšre jugĂ©e isolationniste.

A Washington, Barack Obama a déclaré que son administration se passionnait pour le débat en cours en Iran qui, a-t-il espéré, débouchera sur "une nouvelle voie" dans le dialogue entre les deux pays.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a estimé de son cÎté que la forte participation constituait "un signe trÚs positif du fait que le peuple iranien veut que sa voix et son vote soient entendus et pris en compte".

PAS DE CHANGEMENT RADICAL

Personne ne s'attend toutefois, mĂȘme en cas de dĂ©faite d'Ahmadinejad, Ă  un changement radical de la position iranienne sur les grands sujets internationaux, Ă  commencer par le nuclĂ©aire, qui reste dictĂ©e par le guide suprĂȘme de la RĂ©volution, l'ayatollah Ali Khamenei.

Moussavi, qui est ùgé de 67 ans, a exclu d'interrompre les activités d'enrichissement d'uranium s'il est élu mais les analystes estiment qu'il aborderait différemment les relations avec les Etats-Unis. Washington n'a plus de liens diplomatiques avec l'Iran depuis la révolution islamique de 1979 mais Barack Obama a proposé une relation nouvelle si Téhéran "desserre le poing".

La politique économique de Mahmoud Ahmadinejad, élu il y a quatre ans sur la promesse de redistribuer largement la manne pétroliÚre, est également un critÚre décisif aux yeux de nombreux électeurs iraniens, alors que le taux d'inflation officiel atteint 15% et le taux de chÎmage 10%.

La campagne électorale a été marquée par de vifs échanges entre Ahmadinejad et ses rivaux qu'il a accusés de corruption.

Les opposants du président ont appelé le ministÚre de l'Intérieur mais également l'ayatollah Khamenei à s'assurer qu'il n'y ait pas de fraudes.

De son cĂŽtĂ©, le prĂ©sident sortant a exclu toute possibilitĂ© d'irrĂ©gularitĂ©s, les reprĂ©sentants des diffĂ©rents candidats Ă©tant autorisĂ©s selon lui Ă  ĂȘtre prĂ©sents comme tĂ©moins dans chacun des 45.000 bureaux rĂ©partis sur le territoire.

Version française Pierre Sérisier, Jean-Stéphane Brosse et Pascal Liétout



14/06/2009
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