BENFLIS À ROUIBA "L'armée restera neutre"
BENFLIS À ROUIBA
"L'armée restera neutre"
«L'institution militaire ne veut pas accompagner un système qui a vieilli, un système médiocre, un système qui a atteint ses limites...»
C'est dans la localité de Rouiba, à 20 km à l'est de la capitale que Ali Benflis, candidat indépendant à l'élection présidentielle, a prononcé son dernier discours d'une longue et fatigante compagne électorale. 17 h, la salle omnisports de la ville de Rouiba, avait du mal à contenir les milliers de sympathisants venus l'entendre. La salle est archicomble à tel point que les organisateurs ont installé un écran géant pour la marée humaine qui attend à l'extérieur. Après un long périple qui l'a conduit dans les quatre coins du pays, 21 jours durant, Benflis fait son dernier discours.
Un discours d'une fin de campagne électorale, mais d'un début d'une Algérie, «celle du changement», comme il en fait le serment. «L'élection est une stratégie, un programme, une écoute...», entame Benflis dès son entrée en scène pour inviter l'assistance à ramener le silence afin de lui permettre d'entamer son discours par un communiqué en guise de mise au point aux accusations dont il fait l'objet.«Je sais que vous avez fait barrage à l'administration qui nous mettait sans cesse des batons dans les roues», lache-t-il avant d'inviter ses sympathisants à poursuivre leur lutte contre «ceux qui veulent enterrer les scandales de corruption pour poursuivre la dilapidation des biens de ce pays et se maintenir». «Quelle honte!», lâche-t-il en direction de «ceux qui tiennent le pays aujourd'hui en otage et qui versent dans les viles pratiques pour se maintenir». Il a consacré son intervention à une série d'appels en direction du peuple algérien. «Je fais appel à tous les fonctionnaires de l'Etat en charge de l'organisation et la gestion de l'élection pour faire barrage au plan de fraude qui s'est mis en oeuvre. Je fais appel à leur conscience», lance-t-il.«Vous connaissez le prix payé par des hommes et des femmes pour l'Algérie, alors je fais appel à votre conscience. Vous savez que le choix du peuple ne doit pas être violé. Je vous prie de protéger ce droit!», poursuit-il. Benflis lance encore un autre appel en direction de ceux qui hésitent à aller voter. «Je m'adresse à vous à coeur ouvert; je comprends votre position et je partage vos craintes, mais je vous prie de participer au vote afin de vous constituer en un véritable facteur de changement», poursuit-il.
L'orateur évoque un autre point qui a ses yeux, mérite d'être abordé: le rôle de l'instituion militaire dans cette élection. C'est à la fois un rappel des missions strictes de cette institution mais aussi un message. «L'Armée a un commandement et des prérogatives pour s'exprimer en ce qui la concerne. L'Armée a exprimé clairement sa neutralité. Cette institution ne veut pas accompagner un système qui a vieilli, un système médiocre, un système qui a atteint ses limites...», s'écrie-t-il.
Pour Benflis, «l'Armée a besoin de stabilité. Qu'ils ne viennent pas s'exprimer en son nom!», fulmine-t-il en direction des parties qui usent dans leurs discours de cette institution afin de peser dans cette élection. Pour Benflis, de ce côté-là, c'est déjà reglé; «l'Armée s'est exprimée en faveur de la démocratie et de la neutralité».
Par ailleurs, Ali Benflis a proposé, lors d'un meeting tenu hier matin à Guelma, l'adoption d'une loi sur la sécurité nationale sur la base de l'article 123 de la Constitution pour parachever la professionnalisation de l'Armée nationale populaire (ANP). «Il est de l'intérêt de la nation d'accélérer le rythme de professionnalisation de l'ANP». Cette loi vise, selon le candidat, à «régir les opérations de l'ANP face aux nouvelles menaces qui pésent sur le pays». M. Benflis a également promis d'adopter une autre loi sur «les règles générales de défense nationale» se référant à l'article 122 de la Constitution et d'assurer à «l'ANP un système stratégique visant» à cerner les menaces et permettre à l'Armée d'y faire face. Saluant l'héroïsme de l'ANP ainsi que le professionnalisme de tous les dispositifs de sécurité et le sens du sacrifice dont ils ont fait preuve lors de la lutte antiterroriste et lors de l'incident de Tiguentourine, il a rappelé que «le terrorisme a été vaincu grâce à l'Armée, aux forces de sécurité, aux forces d'autodéfense ainsi qu'au peuple algérien». Il a réitéré son engagement, une fois élu président de la République, à élaborer une Constitution consensuelle «limitant à deux le nombre de mandats présidentiels», instaurer un gouvernement d'union nationale, lutter contre la corruption et réviser la loi sur l'information.